Dossier : Metal Hurlant Chronicles
Compte-rendu et interviews
Nous avons pu assister à une projection exclusive de trois épisodes de Metal Hurlant Chronicles dans les bureaux de France Télévisions et en présence du créateur-réalisateur Guillaume Lubrano, du légendaire Jean-Pierre Dionnet et d’une partie du casting des épisodes présentés, à savoir Scott Adkins, Michael Jai White, Dominique Pinon et Eriq Ebouaney. Compte-rendu.
Comme son titre l’indique, Metal Hurlant Chronicles adapte les histoires bizarres du magazine culte créée en 1975 par Les Humanoïdes Associés (Jean-Pierre Dionnet, Philippe Druillet et Moebius), après deux précédentes adaptations sous la forme de films d'animation en 1982 et 2000. Il n’y a ici aucun lien entre les épisodes (tous réalisés par le créateur Guillaume Lubrano) si ce n’est la météorite qui traverse chacun d'eux (bouleversant ainsi le destin des personnages aux quatre coins de l’univers) et la provenance des histoires, ce pourquoi cette série présente une telle diversité, rien que dans les trois épisodes qui nous ont été révélés : de l’actioner médiéval mixant SF et arts martiaux, du huis-clos psychologique paranoïaque et du space opera humoristique. Metal Hurlant Chronicles s’inscrit ainsi dans la mouvance de séries fantastiques cultes « à sketchs » comme La Quatrième Dimension, Au-delà du réel, Masters of Horror ou Les Contes de la crypte, pour ne citer que les plus connues. Cette première saison compte 6 épisodes (dont un en deux parties), chacun d'eux est totalement autonome (malgré le dénominateur commun de la météorite) et dure 26 minutes.
Guillaume Lubrano avait d’abord commencé par autoproduire, en 2009 via WE Productions, un épisode pilote ; « En adaptant Metal Hurlant, nous voulions montrer qu’il est possible de faire rêver le public avec des histoires uniques issues de la culture française, que représentait Metal Hurlant dans le patrimoine français, et bien sûr que la science-fiction a finalement elle aussi une place dans l’univers télévisuel, au même titre que dans la bande-dessinée, la littérature et le cinéma. Nous devons montrer qu’en France aussi nous pouvons être novateurs ! » Novatrice, la série l’est plus pour ce qu’elle représente que pour ce qu’elle raconte, et c'est déjà beaucoup. Pour des raisons commerciales évidentes, on ne retrouve pas dans cette adaptation télévisuelle la violence graphique, le sexe et le trash (tendance SM) des BD de Metal Hurlant (disons que ça manque de « boobies »), mais la folie et la magie de l’univers sont là. La série offre un spectacle généreux en dépit d’un petit budget (un épisode de Metal Hurlant Chronicles coute « à peine moins qu’un épisode de Plus belle la vie ») parfois visible mais conférant aussi un aspect bricolé charmant et inventif. Ainsi chaque épisode prend l'apparence d'une sympathique série B au charme pulp indéniable.
Financé grâce aux préventes à l’international (la réputation de Metal Hurlant va au-delà des frontières), vendue dans une trentaine de pays avant même sa diffusion, la série se paye un casting classe de tout horizon qui dégage d’emblée un gros capital sympathie : Scott Adkins, Michael Jai White, Kelly Brook (cf. ci-dessous), David Belle, Dominique Pinon, Eriq Ebouaney, Rutger Hauer, James Marsters, Michelle Ryan, Joe Flanigan et même Grégory Basso alias Greg « je suis dur de partout » le Millionnaire ! Le plus beau dans tout ça, et même si le résultat est loin d’être parfait, c’est que Metal Hurlant Chronicles est la toute première série de science-fiction produite en France (et par des indépendants) et qu’elle est diffusée sur une chaine du service publique (France 4). Et on est déjà accroc au générique de début, avec la voix française de Morgan Freeman.
Voici la présentation de la projection par Jean-Pierre Dionnet, le réalisateur-créateur Guillaume Lubrano et une partie du casting :
Retour maintenant sur les trois épisodes qui nous ont été présentés :
La Couronne du roi : Dans un monde futuriste au contexte médiéval, contrôlé par un roi mourant et ses robots, un tournoi a lieu pour le seul plaisir du seigneur. Parmi les combattants, deux humains (Scott Adkins et Michael Jai White) se disputent la récompense ultime : sa succession. Mais c’est sans compter sur les machines…et sur la réelle signification du mot « succession » !
Dans un univers cyber-médiéval romanesque et violent, le réalisateur Guillaume Lubrano enchaine les duels dans l’arène (dont un opposant Scott Adkins à cette tronche de Darren Shahlavi) jusqu’au clou du spectacle : un affrontement titanesque entre les toujours aussi impressionnants Michael Jai White et Scott Adkins, deux Universal Soldiers (le premier dans Universal Soldier 2 : Le combat absolu le second dans Universal Soldier 4 : Day of Reckoning) qui se mettaient déjà sur la gueule dans l’excellent Undisputed 2 (qui révélait Scott Adkins dans le registre du film d’arts martiaux et marquait le grand retour de Michael Jai White à la castagne). Cet épisode ressemble d’ailleurs à un sympathique DTV d’action/heroic fantasy, avec ses action-stars déballant des punch-lines à foison, son esthétique télé, ses CGI un peu cheap et ses nombreux combats dans le cadre d'un tournoi. Malgré l’abus de ralentis, ces combats sont filmés avec style et habileté (pas de surdécoupage ici), certes entourés par des figurants miteux dans un décor kitsch et limité mais aussi chorégraphiés avec fougue par Larnell Stovall, qui secondait Michael Jai White à la réalisation de Never Back Down 2 et qui fut cascadeur et/ou chorégraphe des combats sur des films comme Bienvenue dans la jungle, Ultraviolet, Urban Justice, Black Dynamite, Blood and Bone, Undisputed 3, L’Art de la guerre 3, Bunraku, Le Flingueur, Green Lantern, Hunger Games, Abraham Lincoln, Chasseur de Vampires, Dragon Eyes, Universal Soldier 4 : Day of Reckoning ou la série Mortal Kombat : Legacy. Si les artifices pour masquer le low-budget sont grossiers et trop visibles, le réalisateur trousse de beaux plans iconographiques tout droit sortis d’une BD (notamment autour des très charismatiques Scott Adkins et Michael Jai White) et des plans larges qui ont de la gueule (la vue sur la cité flottante). Cette volonté d’en montrer un maximum avec aussi peu de moyens rend cet épisode plaisant et fait oublier ses nombreux défauts, ce qui semble être valable pour l’ensemble de la série. Scott Adkins fait un formidable héros vaillant et valeureux (prouvant de nouveau qu’il peut parfaitement tenir une tête d’affiche), Michael Jai White cabotine génialement en faux bad guy étonnement touchant, et Darren Shahlavi (Kano dans Mortal Kombat : Legacy, vu aussi dans Ip Man 2, Watchmen et quelques films d'Uwe Boll) est amusant en méchant too much.
Protège-moi : Une jolie jeune femme (Michelle Ryan, de Doctor Who) se réveille dans un abri anti-nucléaire. Elle est seule avec un homme (James « Spike » Marsters) qui lui explique qu’il l’a sauvée car la fin du monde a eu lieu. Mais lui dit-il la vérité ?
Protège-moi s’inscrit donc dans le huis-clos psychologique teinté de paranoïa et n’est pas sans rappeler le très bon The Divide de Xavier Gens. Si cette paranoïa tente de nous amener sur une fausse piste, on voit rapidement ou le récit va en venir et les comportements des personnages ne sont pas très crédibles (la fille tombe bien rapidement dans les bras de son voisin). Cependant, Guillaume Lubrano maitrise une tension toute en crescendo grâce à de bonnes idées de mise en scène (malgré l’espace exigüe), un décor oppressant, une atmosphère feutrée, un montage qui traduit efficacement le temps qui passe et deux acteurs très convaincants (James Marsters vieillit bien). Mais cet épisode trop pudique aurait eu bien plus d’impact s’il avait été plus sulfureux, plus glauque et plus sensuel (il manque de la chair, de l’organique, du sale…) à l’image de The Divide.
Oxygène : Un vaisseau spatial explose après avoir été percuté par une météorite. Trois astronautes (deux inquiétants soldats, Craig Fairbrass et Eriq Ebouaney, et un petit ingénieur campé par Dominique Pinon) survivent grâce à une navette de secours. Une fuite dans la coque va toutefois les forcer à se battre pour les dernières réserves d’oxygène.
Malgré ses maladresses narratives (par exemple le flashforward introductif), voilà sans doute l’épisode qui renoue le mieux avec l’esprit punk, pulp, fantaisiste et décalé de Metal Hurlant : un peu de trash et de sexe (cf. la scène d’intro mi-SM mi-gonzo), de l’humour (les commentaires beaufs des deux gardes devant la porte), des clins d’œil (Dominique Pinon prenant un numéro de Metal Hurlant pour passer le temps), de la tension (qui sera encore vivant à l’arrivée ?), du mystère (cf. l’histoire du petit vaisseau indestructible), une certaine cruauté envers les personnages, des gueules cassées sur des physiques cartoonesques (y compris la capitaine du vaisseau, qui n'est pas sans rappeler la Angelina Jolie de Capitaine Sky et le monde de demain), des répliques cinglantes (pauvre Dominique Pinon), un pur cadre de science-fiction (le space opera), de l’action (notamment une baston violente entre Eriq Ebouaney et Craig Fairbrass) et un twist vachard plein d’ironie. Il y a un joli travail sur la production design et de nombreux effets spéciaux réussis (les plans spatiaux font illusion), ça ressemble d’ailleurs un peu à du Jean-Pierre Jeunet (surtout avec Dominique Pinon, ici génial en petit bonhomme plus chanceux et malin qu’il n’en a l’air). Et c’est pas tous les jours qu’on voit du space opera français (et du bon) ! Enthousiasmant et jubilatoire.
Après la projection, Guillaume Lubrano et les acteurs se sont livrés au jeu des questions :
Le plaisir de découvrir une série aussi spectaculaire au cinéma est cependant modéré par un état de fait : la série n’étant pas adaptée à un grand écran, on y voit des défauts (figuration médiocre dans le premier épisode, mise au point approximative dans le deuxième, certains SFX dans le troisième…) qui seraient restés invisibles sur une télé. Mais, à l’inverse, regarder cette série sur grand écran permet aussi d’apprécier pleinement les clins d’œil et le souci du détail de la prod design. Malgré ses nombreuses imperfections lui conférant parfois des airs de kitsch old school (ce qui a son charme), Metal Hurlant Chronicles est une série SF qui fait plaisir à voir en France de par son audace, son esprit foncièrement pulp, sa franchise (c'est du bis assumé), son ambition, ses histoires délirantes et son inventivité.
Metal Hurlant Chronicles sera diffusée sur France 4 à partir du 27 octobre et disponible en dvd et Blu-Ray dés le 2 novembre. Vous savez ce qu’il vous reste à faire…
Et pour finir, voici en exclusivité l'avis du grand Jean-Pierre Dionnet :
A venir prochainement : une interview du réalisateur Guillaume Lubrano et une interview des très sympathiques Michael Jai White et Scott Adkins.
de gauche à droite : Eriq Ebouaney, Dominique Pinon, Scott Adkins, Michael Jai White et Guillaume Lubrano
Reportage de Jonathan C. et Richard B.
Merci à Justine Veillot de WE Productions.
Publié le dimanche 7 octobre 2012 à 16h50
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Commentaires sur l'article
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Putain , j'ai vraiment hatte !!!
Kira14000, le 7 octobre 2012 20h44 -
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Ok je le prend !
Veidt, le 7 octobre 2012 23h58 -
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(¸.•´ (¸.•` ..il était temps que les auteurs français(es) soient adaptés dans des séries mondiales, mais j'ai peur comme beaucoup de ces projets du genre autre que des nanars franchoullards, que cette série qui se différencie miraculeusement soit avorté par les créanciers des chaines de la télévision française (car en france visiblement, ces gens n'aiment pas les beaux projets artistiques autre que des fictions ronflanflantes où il n'existe ni fantastique ni suspens). *´¨)
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TheAssociationRham, le 8 octobre 2012 05h04 -
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Une date de diffusion ?
Esgalduin, le 8 octobre 2012 10h30 -
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comme signalé : sur France 4 à partir du 3 novembre :) projet à soutenir car le paysage de la TV française pourrait - on l'espère - ainsi évoluer :)
Richard B., le 8 octobre 2012 10h42 -
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Enfin , voila une bonne nouvelle , et bravo aux producteurs et diffuseurs de cette nouvelle série , ils en ont dans le bénouze pour faire ça. Faites de la pub autour de vous les amoureux de Metal Hurlant parce qu ' a mon avis , on ne verra pas beaucoup de spots promo pour cette série ( contrairement a d'autres ) et en plus sur France4 , pas sur que tout le monde regarde cette chaine , en tout cas BRAVO !
Dudulle63, le 8 octobre 2012 19h04 -
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La série sera diffusée à partir du 27 octobre et non du 3 novembre ! :)
France 4, le 9 octobre 2012 17h13 -
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bravo a Guillaume lubrano pour son magnifique travail et a france4 d'aider au financement d'un tel projet, une série a soutenir
afin qu'elle fonctionne et puisse ouvrir la voie a d'autres.
Dwayne971, le 9 octobre 2012 20h57 -
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on peut avoir le tel de kelly brooke ?
pendragon, le 10 octobre 2012 07h48 -
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date de diffusion corrigée, merci
pendragon : si par chance j'avais le numéro de Kelly, je le garderais pour moi tout seul :)
Jonathan C., le 10 octobre 2012 20h13 -
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j'ai pas la télé, mais vous m'avez vendu les dvd!
Thôt, le 11 octobre 2012 15h35 -
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Espérons que cette série aille très loin !!
Polo, le 13 octobre 2012 21h36 -
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Alors là , j'ai eu beau essayé de rentrer dans les histoires.
Mais les effets spéciaux post image de synthèse en plein 2012 ont tous décrédibilisé. Surtout pour de la SF ...
Comment à notre époque oser sortir une bouse pareil....Voila la vrai question
Only, le 27 novembre 2012 09h04