[Bifff 2013] Notre avis sur Ghost Graduation de Javier Ruiz Caldera
Quand SOS Fantôme rencontre The Breakfast Club
Attention nouvelle pépite d'humour tout droit sortie d'Espagne !
On ne peut pas vraiment dire que Modesto fait figure de modèle de sociabilité. Même à l'époque des Booms le garçon avait déjà tendance à rester dans son coin. Autant dire que les choses ne se sont pas arrangées depuis qu'il s'est découvert une faculté pour voir et communiquer avec les fantômes. Désormais instituteur, il passe son temps à se faire virer d'établissement en établissement pour n'avoir pas su faire abstraction de ses visions douteuses. Manque de chance, la nouvelle école dans laquelle il emménage est une nouvelle fois habitée par des ectoplasmes, victimes il y a de cela plusieurs années, d'un incendie. Les circonstances vont faire que Modesto va pour la première fois de sa vie devoir assumer son don et trouver une solution à ce problème de fantômes.
Au premier abord, Ghost Graduation (Promocion Fantasma) n'était pas l'un des films dont nous attendions grand-chose. Le premier film de Javier Ruiz Caldera, Spanish Movie, bien qu'ayant eu un grand succès en Espagne, était loin d'avoir attiré notre attention. Mais voilà, entre les deux films les noms des scénaristes ne sont plus les mêmes. Spanish Movie était écrit par Paco Cabezas et Eneko Lizarraga, alors qu'ici nous trouvons (toujours un duo) Cristóbal Garrido et Adolfo Valor. L'air de rien cela va jouer beaucoup sur le résultat qualificatif du film. Cristóbal Garrido et Adolfo Valor, peut-être par nostalgie, conçoivent une histoire qui semble toute droite issue du regretté John Hugues, plus particulièrement de ses débuts. L'ombre de The Breakfast Club n'est jamais loin et elle s'additionne ici, à celle de SOS Fantômes, autre film des années 80, mais écrit cette fois par Dan Aykroyd et Harold Ramis. Le résultat est juste grandiose, les répliques font mouches perpétuellement, les personnages sont remarquablement construit et placés là où il faut, l'humour joue sur divers registres, l'émotion et la nostalgie ne sont pas oubliées au détriment d'autres éléments, enfin les rebondissements semblent toujours arriver aux bons moments. Il est vraiment très difficile de faire fine bouche devant une écriture que l'on pourrait presque qualifier de subtile, cela même si certains gags peuvent paraître complètement démesurés.
La réalisation n'est pas en reste, Javier Ruiz, certainement tombé amoureux du scénario, donne l'impression de donner le meilleur de lui-même, il se dégage une énergie, voire une folie, qui devient quasi communicative avec le spectateur. Par exemple, comment rester indifférent à une séquence bibliothécaire, reprenant quasiment l'efficacité de l'introduction de SOS Fantômes, pour ensuite, revoir une situation assez proche, mais sous l'angle des fantômes. De même qu'il paraît impossible de ne pas avoir en tête à l'issue du film la musique "Total Eclipse of the Heart" de Bonnie Tyler ici magnifiée et incrustée avec grande intelligence dans le film. Javier Ruiz trouve une inspiration à travers le passé (du moins celui des années 80), mais tout en n’oubliant pas d'y conférer une personnalité au demeurant bien hispanique donnant au film une identité propre.
À travers ce film, on remarquera que le réalisateur semble vouloir se créer une « famille du cinéma » puisqu'il retrouve ici quelques noms associés à son précédent film comme Alexandra Jiménez, Carlos Areces (décidément très côté ces derniers temps en Espagne) ou encore Sílvia Abril. Les petits nouveaux semblent n'avoir pas pour autant été intimidé et semble avoir bien pris leur marque à l'instar de Raúl Arévalo (qui pour l'anecdote faisait une apparition dans Balada Triste de Trompeta où jouait aussi Carlos Areces) représentant parfait du monsieur tout le monde, légèrement intimidé par les femmes, un poil gaffeur, mais cachant une énergie et une persévérance qui finira bien entendu par se dévoiler.
Reste donc plus qu'espérer voir arriver en France – et si possible en salles – cette pépite du bien-être, et que la foule se précipite pour encourager des films tels que celui-ci qui respectent le spectateur en offrant une histoire et une mise en scène dignes de ce nom.
Publié le jeudi 11 avril 2013 à 09h05
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Promocion Fantasma
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