Entretien avec... Benoît Cherel pour Les Chroniques d'Altaride
Découvrez ce webzine qui parle de jeu de rôle...
Les Chroniques d'Altaride viennent de sortir leur vingt-troisième numéro sur la thématique de "La Folie". Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas (encore) cette publication, sachez qu'il s'agit d'un webzine mensuel qui parle du jeu de rôle. Mais ici, point de news et de critiques, peu de scénario et d'aides de jeu, juste des articles de fond sur ce loisir, et une ligne éditoriale suffisamment différente pour lui donner une véritable identité.
Afin d'en savoir un peu plus sur Les Chroniques d'Altaride, nous avons donc contacté son rédacteur en chef, Benoît Chérel, qui a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions. Benoît est le créateur de la revue, mais également de l'association La Guilde d'Altaride (qui propose un site internet collaboratif rassemblant des éléments pour ses jeux de rôles, ainsi que des documents autour d'univers connus tels que Star Wars, Vampire : la Mascarade, James Bond 007, Les Secrets de la septième mer) ainsi que le cofondateur de feu Univers Fantastiques (un site de jeu de rôle par forum qui, malgré sa fermeture, a été un tremplin pour plusieurs initiatives rôlistes 2.0).
SFU : Que sont les Chroniques d'Altaride ?
Benoît Chérel : C'est une revue mensuelle et gratuite, distribuée sur Internet, consacrée aux jeux de rôle et à l'imaginaire en général. D'une trentaine de pages au début, on est monté peu à peu jusqu'à une centaine par mois, ce qui commence à faire pas mal. Le contenu est intégralement réalisé par des bénévoles, qui sont orientés par le thème du mois, défini très longtemps à l'avance sur le forum de la guilde d'Altaride.
SFU : Les Chroniques d'Altaride, c'est un nom bien mystérieux, non ?
Benoît Chérel : C'est un peu un clin d'œil historique. Altaride, c'est le nom du premier monde imaginaire que j'ai développé. C'était un univers médiéval-fantastique, à la base assez classique, qui s'est peu à peu étoffé, avec notamment une surcouche de science-fiction. Au final, ça donne un univers futuriste post-apocalyptique où la civilisation s'est effondrée il y a des siècles avant de revenir à un âge médiéval. Le tout sur un monde imaginaire (la planète Altaride), avec des créatures locales et de la magie. Le jeu est devenu compliqué avec les années et n'a jamais été concrètement présenté sous la forme d'un document clair et lisible pour des gens au-delà de notre entourage immédiat. Les règles et le background sont surtout passés par le bouche à oreille, ce qui fait que notre création [NDR : Altaride est une cocréation signée par Benoît Chérel et Cédric Laborde-Boutet] n'a jamais vraiment dépassé les limites d'un cercle d'une centaine de personnes. C'est cependant le point de départ du petit collectif mouvant que forme la Guilde d'Altaride. Chroniques d'Altaride était déjà, dans les années 90, le nom d'une sorte de micro-newsletter dans laquelle Cédric et moi faisions évoluer nos créations et présentions nos avancées. À la base, on y chroniquait Altaride, c'était logique. Quand j'ai lancé la revue, j'avais vraiment en tête de remettre un peu en route les vieux projets de la guilde, en particulier Mythe d'Altaride. D'ailleurs il y a des aides de jeu qui lui sont consacrées dans tous les premiers numéros. Mais peu à peu les contributions extérieures ont pris le pas et, de mon côté, j'en ai profité pour me concentrer sur mon nouveau gros projet de jeu.
SFU : Quelle est la ligne éditoriale des Chroniques d'Altaride?
Benoît Chérel : La ligne consiste à proposer du contenu généraliste à un lectorat de rôlistes, qu'ils soient des joueurs actifs ou de vieux sympathisants. Moi-même, je ne joue plus beaucoup... Pourtant je suis toujours très intéressé par l'actualité du milieu du jeu de rôle. Être rôliste, c'est plus qu'être un joueur, c'est un état d'esprit, c'est presque une école de pensée, une façon de voir le monde. J'adore la presse rôliste mais avec les Chroniques d'Altaride, j'essaie de proposer quelque chose de différent : aborder des sujets un peu inhabituels, de manières inhabituelles. Bien sûr, il ne s'agit que d'une orientation puisque le contenu final dépend surtout de ce que les contributeurs voudront bien proposer... Mais de mon côté j'encourage à creuser là où peu de rôlistes sont allés avant. À trouver de nouvelles perspectives. Ça passe en particulier par une ouverture aux non-rôlistes. Le jeu de rôle est un petit monde où tout le monde se connaît déjà plus ou moins, avec ses stars, ses râleurs, ses pros, ses amateurs... Et du coup aussi toujours un peu les mêmes idées qui tournent en boucle. À ma petite échelle, j'ai envie d'ouvrir un peu l'univers ludique à d'autres horizons : la science et les arts en particulier. Au final, la revue s'adresse en priorité aux rôlistes en leur proposant d'explorer un thème dans plusieurs directions, à travers des supports variés : aides de jeu, interviews, scénarios, réflexions de fond, nouvelles, histoires dont vous êtes le héros, bandes-dessinées...
SFU : Contrairement à d'autres revues, on ne trouve pas dans les Chroniques d'Altaride les traditionnelles rubriques news ou critique, et les scénarios sont minoritaires sur la pagination. Pourquoi ce choix ?
Benoît Chérel : L'idée à l'origine était de présenter un point de vue différent sur le jeu de rôle. Je considère que le rôliste d'aujourd'hui dispose déjà d'excellents outils pour obtenir des informations fraîches sur son loisir. Le format mensuel est certes relativement rapide pour une revue mais il est aussi incroyablement lent comparé aux mises à jour quasiment en temps réel de sites d'information tels que le vôtre ou le GROG. Publier une news qui apparaîtrait dans nos pages plusieurs semaines après qu'elle ait été diffusée sur la toile, alors que nous sommes nous-mêmes proposés sur Internet, ce sera redondant. Les Chroniques d'Altaride évoquent parfois l'actualité mais en se focalisant sur la dimension humaine, en particulier en mettant en avant un auteur ou un événement, plutôt qu'en axant sur le produit. En ce qui concerne les critiques, c'est un peu différent. Elles ne seraient pas contraires à la logique de la revue, même si, là encore, les sites de référence font ça de manière exemplaire et qu'on n'aurait sans doute pas grand chose à dire de plus sur le sujet... Là, c'est plutôt que, pour l'instant, aucun bénévole ne s'est lancé sur ce défi. La revue ne contient que ce que les gens y apportent. Actuellement, personne ne nous propose de critiques de jeux... Du coup, on n'en publie pas. C'est aussi simple que ça. Si un jour quelqu'un vient nous en proposer, on en discutera. Comme on pourrait discuter de n'importe quel autre projet de rubrique, d'ailleurs. J'ai déjà proposé à plusieurs structures de prendre en charge dans la revue une rubrique, pour parler de leur actualité, de leurs produits, de leurs événements... ou d'autres choses. Quelques-uns ont répondu et j'en suis très heureux, comme nos amis de la websérie The Fumble Zone ou du collectif d'écriture Fragments d'imaginaires. Mais tout le monde est invité à se joindre à nous ! Pour les scénarios, c'est encore dans la même logique : pourquoi faire ce que tous les magazines et fanzines font déjà ? Aujourd'hui, si vous voulez un scénario pour un jeu de rôle, vous avez des sites comme la Scénariothèque qui vous en proposeront des brouettes ! Du coup on préfère garder notre spécificité en mettant l'accent sur les articles de réflexion, les entretiens, les nouvelles, la bédé... Des rubriques qui ne se démodent pas, qui servent à tous (et pas seulement aux amateurs d'un jeu de rôle particulier). Au final, les scénarios que nous proposons sont systématiquement pour des jeux de rôle en marge : de l'indépendant, du jeu de rôle amateur, des vieilleries "coup de cœur"... C'est mieux quand il y a une vraie raison à leur intégration dans la thématique du numéro.
SFU : Sortir cent pages à un rythme soutenu (tous les mois), ce n'est pas compliqué lorsque le travail est bénévole ?
Benoît Chérel : L'important, c'est le plaisir. Ce n'est pas compliqué quand on est bien organisé (certains contributeurs diraient même "quand on fouette bien ses rédacteurs pour qu'ils rendent leur texte dans les temps" !). En fait le volume de pages n'a pas une grande incidence sur le temps de réalisation parce qu'il est toujours en lien avec le nombre de collaborateurs. Un numéro avec peu de pages est fait par peu de gens, un gros implique une plus grande équipe. Et en groupe, on abat plus de boulot, plus vite et plus facilement. La principale difficulté est de conserver l'esprit d'origine intact, l'envie de continuer, d'explorer de nouvelles directions pour ne pas se lasser. Les vingt-trois numéros déjà parus en bientôt deux ans m'ont tous apporté quelque chose de différent. Tant que ça continuera, je serai partant pour en faire un de plus.
SFU : Quel avenir souhaitez-vous aux Chroniques d'Altaride ?
Benoît Chérel : Plein de bonnes choses ! C'est pour moi un outil extraordinaire, l'occasion de réaliser quelque chose de concret dans le domaine du jeu de rôle, après plus de vingt ans à écrire sans cherche la visibilité. J'aimerais développer l'équipe pour que la revue soit moins dépendante de ma disponibilité, c'est le meilleur moyen de lui assurer une bonne durée de vie. Pour ça, il faudrait trouver des bénévoles prêts à participer à l'un des nombreux aspects qui orbitent autour de la publication en elle-même : la communication, les réseaux sociaux, le site web, le forum, les partenariats, les stands en convention... L'autre envie serait d'augmenter suffisamment le lectorat pour pouvoir proposer une version papier à un tarif pas trop moche. Pour l'instant, faute de temps et de moyens pour faire connaître la revue, le nombre de lecteurs n'augmente pas très vite... Et imprimer un mensuel demande de gros moyens, sans parler de l'aspect administratif qui aurait alors à évoluer fortement. Tout cela n'est pas accessible à une structure aussi microscopique... Du coup en attendant je me focalise sur l'essentiel : produire la meilleure revue possible chaque mois. Je me dis que si le produit est apprécié, le reste finira forcément par suivre un jour ou l'autre.
Et voilà, on en sait plus maintenant. Alors pour aller directement dans le vif du sujet, il ne vous reste plus qu'à vous rendre sur le site officiel des Chroniques d'Altaride, où les vingt-trois numéros sont proposés en téléchargement. Et pour faire un focus sur le dernier en date, consacré à la thématique de la Folie, voici ce que vous allez pouvoir y trouver.
-Fenêtre sur… Le Fou qui était sage
-L’Entrée • La Folie
-Portrait de rôliste • Luna, rôliste à tout faire
-Feuille de perso • La Feuille de personnage de Christophe LuNyarlathotep
-Salle de jeu • Grand dossier – La Folie en jeu de rôle
-Aide de jeu – Folies
-Les Auteurs contre la psychiatrie
-Des jeux de fous (Patient 13, Kult, Crimes, Sombre)
-Bédé – Gigi et Juju : Vengeance démentielle
-Fumoir • Entretien avec Grégory Privat, auteur de Bimbo
-Culture rôliste – La reconstitution historique : quelles affinités avec le jeu de rôle ?
-Rencontre – Cédric Cassam-Chenaï, auteur du Le Dernier bastion
-Atelier du créateur • Aide de jeu Le Dernier bastion – Le Dément
-Recueil de synopsis sur la folie
-JdR1page – L’Asile d’Ulysse
-Home Cinema • The Fumble Zone épisode 5
-Bibliothèque • Histoire dont vous êtes le héros - La Folie des grands cœurs
-Nouvelle – Grincement
-Le Monde de la Tour – « L’unique différence entre un fou et moi, c’est que je ne suis pas fou »
-Nouvelle – ΤΡΕΛΑ !
-Nouvelle – Remise à zéro
-Bar • Chronique et antichronique
-Hangar aux scénarios • Système de jeu – Mentia Mancie
-Scénario pour Mentia Mancie - De la Psychose à la névrose
-Véranda graphique • Star Wars, le jeu de rôles – Épisode 23
Publié le samedi 12 avril 2014 à 09h00
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