Bifff : un programme atypique
Notre avis sur OXV: The Manual, Patch town et Nymph.
Le BIFFF, c'est parfois des moments où faire des choix apparait comme quelque chose de très difficile. Que voir ? OXV: The Manual ou Aux Yeux Des Vivants ? (ouf heureusement nous avions déjà vu le deuxième), ensuite Monsoon Shootout ou Patch Town ? Ou enfin la suite de Dead Snow ou Nymph ? Une chose est certaine la diversité était au programme, et sur trois des films vus ce soir, deux nous ont offert une proposition de cinéma atypique.
Nous avons donc commencé par découvrir OXV: The Manual, film aussi déroutant que brillant, du moins avec du recul. L'action de ce long-métrage écrit et réalisé par Darren Paul Fisher nous place dans un monde où l’intelligence se mesure à la fréquence que chaque être humain émet. Ainsi, les basses fréquences apprennent très tôt ce qu'est l'échec, tandis que les hautes fréquences, en plus d'être amenées à des sommets de réussites, ne manquent jamais de chance. Mais voilà, Zack, homme de basse fréquence, tombe fou d'amour pour la jeune Marie qui, elle, côtoie les sommets. Une histoire d'amour qui n'aurait donc, dans les pronostiques, aucune chance d'aboutir et surtout de réussir. Zack va donc tout mettre en oeuvre pour se positionner sur la même longueur d'onde que Marie, quitte à bouleverser l'ordre établi.
Encore une histoire à l'eau de rose ? Encore un Roméo et Juliette camouflé à la sauce science-fiction ? OXV: The Manual part sur un terrain que l'on croirait banalisé, malgré l'aspect particulièrement froid assumé par le réalisateur. Pour autant, au fur et à mesure que l'intrigue se développe, le réalisateur et scénariste Darren Paul Fisher nous intrigue, nous fait réfléchir et tente de nous faire deviner là où il souhaite nous amener, parvenant même à nous manipuler au passage. Il y a bien quelques effets de styles qui agacent, un rythme volontairement lent, et parfois quelques séquences se répètent. L'histoire nous apparaît aussi par moment bien tordue, alors même que l'on se trouve dans ce qui s'apparente à une simple histoire d'amour pour laquelle on devine comment elle devrait se terminer... Mais peu importe, car OXV: The Manual se construit une identité propre qui fascine et désarçonne. Nous voilà comme manipulés, hypnotisés.
Le plus exaltant est certainement que l'on sort de la salle d' OXV: The Manual sans savoir trop quoi en penser. On y repense, on y cogite, on est encore prisonnier de la froideur du récit alors que l'atmosphère est censée s'être quelque peu réchauffée. Puis tout se dessine, prend forme, on reconstruit le puzzle, on pense au brillant travail du compositeur Blair Mowat (en particulier à une séquence de cours de piano ou, pour le coup, le compositeur n'est plus accompagnateur d'émotion mais acteur bel et bien réel de l'histoire). Au final, on est scotché par l'intelligence de l'ensemble et OXV: The Manual est le parfait exemple du film qui n'a pas eu besoin d'un gros budget ou d'un casting 4 étoiles pour marquer et nous offrir là une vraie proposition de cinéma.
Beau doublé avec un Patch Town de Craig Goodwill, certes dans un tout autre registre, tout en étant bien moins intelligent ou peut-être aboutit pour un type de public, néanmoins proposant là encore quelque chose qui ne sent pas le réchauffé et une proposition de cinéma qui tente de désarçonner les spectateurs par ses choix.
Il n'est pas si simple d'élaborer un synopsis de Patch Town sans trop en révéler de l'histoire. Mais nous allons essayer, cela même si la bande-annonce à elle-seule vous gâchera le plaisir de quelques découvertes. Alors voilà, il nous est amené ici de faire la connaissance de Jon, un homme qui est très loin d'avoir une vie facile. Travaillant dans une étrange usine dictatoriale qui cultive les choux, Jon doit aussi vivre dans la peur perpétuelle de voir sa famille détruite. Car, en effet, Jon cache un bébé chez lui, ce qui, dans ce monde, se trouve être chose interdite. Reste qu'entre deux chansons, et une révélation concernant sa mère, Jon va décider de prendre des risques et s'échapper de la ville voir si les cieux sont plus cléments ailleurs.
Entre Jean-Pierre Jeunet, Tim Burton ou encore Terry Gilliam, le réalisateur Craig Goodwill, tout en reprenant diverses similitudes avec l'univers de ces réalisateurs, arrive à se trouver une place bien à lui. . En effet, lorsqu'on voit Patch Town, la première chose qui saute aux yeux est de voir à quel point Craig Goodwill ne désire pas faire dans le déjà-vu, cela même s'il s'articule sur un schéma classique. A la base court-métrage, l'histoire écrite par Craig Goodwill, Trevor Martin, Christopher Bond et Jessie Gabepour est en tout point originale de par son traitement, sa façon de reprendre quelques légendes à son compte et l'affection qu'ont pu avoir quelques jeunes filles sur quelques objets par le passé. Qui plus est, Patch Town est un film qui ose passer du statut de fable dramatique et sérieuse à la comédie musicale décalée en un claquement de doigts, mettre en avant des acteurs qui seront loin d'être considérés comme beaux (encore moins au vu des critères actuels) et enfin jouer avec quelques clichés narratifs tout en se collant volontairement à quelques-uns justement afin de mieux surprendre. Il est vrai que, par moment, plane l'ombre de Dark City ou de La Cité des Enfants Perdus, mais Craig Goodwill choisis de créer une sorte de décalage musical ou graphique. Décidément, impossible de coller une étiquette au film. Il est fort possible que quelques-uns n'adhèrent pas au ton – surtout lorsqu'il devient très chantant - et aux dialogues volontairement naïfs (tout comme l'histoire, à y regarder de près), ou encore au rythme bancal. Il est vrai que Craig Goodwill s'égare par moment dans le sentimentalisme embarrassant, créant quelques ruptures dans le rythme. En effet, les plus critiques y verront là (à juste titre) des effets parfois dispensables, souvent gratuits, qui semblent servir surtout à prolonger la durée du film. Mais on peut aussi penser que ces choix renforcent le côté fable bon enfant, quitte à perdre au passage l'adhésion de certains spectateurs.
En tout cas, une chose est certaine, personne ne pourra affirmer que Patch Town n'est pas un film original, révélant ici un réalisateur à surveiller de très près, sans quoi ce serait de la forte mauvaise foi !
Nous terminerons sur un troisième film, là encore créant la surprise, mais dans le mauvais sens du terme. Avec Nymph (Mamula) de Milan Todorovic nous nous attendions à enfin voir un film mettant dignement en valeur les sirènes et les légendes qui tournent autour de celles qui causent la perte de temps de marins. Erreur de penser cela puisqu'en place de ça nous avons au final un slasher tout public qui de temps à autre rentre dans son sujet, mais cela que pour mieux nous narguer et nous énerver.
Lucy et Kelly sont enfin en vacances et comptent bien profiter du soleil, de la mer, des beaux mecs et en particulier d’Alex, une vieille connaissance qui a l'avantage d'avoir un gros bateau. Mais nos deux belles touristes se lassent assez vite de cette approche conventionnelle des vacances et acceptent la proposition de Boban, un ami de la fiancée d'Alex, de se payer quelques petits frissons en allant sur l'île maudite de Mamula, lieu devant être inhabitée, situé au beau milieu de l’Adriatique, dont la forteresse a servi de camp de concentration à Mussolini. Sauf qu'elles auraient mieux fait d'écouter les avertissements de ce vieux pêcheur interprété par le mythique Franco – Django – Nero. Du coup les voilà à devoir échapper à un vieux fou qui tente de les découper en plusieurs morceaux pour vider leur reste dans un puits.
Ça commence comme Les Dents de la Mer (plan subjectif sous-marin et musique grondante) , puis on sort de l'eau et on a le droit à une jolie blonde, à l'anatomie parfaite, dévoilant avec générosité sa jolie poitrine suivie d'une musique cette fois pleine d'entrain laissant entendre un mixe fortement amusant entre le film de Spielberg et le délire de Piranha 3D d'Aja à la sauce sirène. Tromperie sur marchandise puisque pendant une bonne heure nous découvrons que ça ne papote pour pas grand-chose. Le tout se résume à savoir que l'une des protagonistes à un trauma autour de l'eau et que l'autre aimerait bien retourner avec son ex qui est désormais fiancé. On s'ennuie, on subit cliché sur cliché et on n’a toujours pas vu la moindre queue de sirène ou même goutte de sang. Et lorsque le sang se met à couler (et encore il se fait discret), n'espérez pas que ce soit la sirène qui accomplisse tout le travail, non, celle-ci se sert d'un marin pour faire tout le travail et traquer pour elle ces beaux jeunes gens à la viande fortement appétissante. Heureusement, arrivé en toute fin on la verra notre sirène, mais qu'elle déception de voir que celle-ci soit réduite à un monstre gadget, là juste pour une ultime séquence amenant plus de frustration qu'autre chose nous laissant vaguement entrevoir ce qu'aurait pu être le film s’il avait réellement rempli son cahier des charges plutôt que nous servir un slasher inoffensif qui plus est même pas affriolant. Bref Nymph n'est pas que mauvais, il vend du vent !
Publié le vendredi 11 avril 2014 à 23h20
Fiches de l'encyclopédie de l'imaginaire en rapport avec l'article
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