Bifff : action, suspense et mode !
Nos avis sur Let Me survice, L'Honneur du Dragon 2, Control, Helter Skelter
Ce mercredi, au programme : survival dramatique, bastons thaïlandaises, chantage à HK et procès contre chirurgie esthétique. Nous avons commencé par découvrir Let Me survive, film de nationalité belge et plus particulièrement luxembourgeoise mais tourné en anglais pour des raisons de vente « internationale » et diffusée au public du Bifff vendredi dernier.
Afin de faire plaisir à sa fille, Kate accepte de rejoindre Sean, son ex-mari, sur un bateau à destination de la côte ouest d’Afrique. Après plusieurs jours en mer et un petit arrêt sur terre ferme, toute la petite famille doit faire face à une tempête qui les oblige à abandonner le navire et à prendre le canot de sauvetage.
Let Me survive est tiré d'un livre intitulé « Elle dort dans la mer » dont l'auteur Louise Longo a réellement vécu l'histoire, que les scénaristes Greg Latter, Eduardo Rossoff et Rafa Russo semblent avoir un peu arrangé à leur sauce dans le but de la rendre plus cinématographique. Mais lorsqu'on voit le résultat à l'écran, nous sommes un peu surpris de remarquer la présence du film au Bifff ; seule la nationalité belge du film peut indiquer une piste sur le choix de ce dernier dans la sélection. Car il n'y a pas le moindre aspect surnaturel ici et encore moins d'effets gores, et il ne faut pas non plus espérer voir une fable fantastique ou un psychopathe arpentant le navire. Tout juste le film peut-il se glisser dans la thématique du survival, bien que ce terme reste fortement exagéré dans le cas présent. Nous sommes plutôt devant un drame familial, construit sous la forme d'une enquête avec un inspecteur (Sam Louwyck) cherchant à cerner pourquoi Kate (interprété assez sobrement par la plutôt mignonne Kierston Wareing) se trouve être la seule survivante.
Globalement la mise en scène de Eduardo Rossoff demeure correcte même si on n'en retient aucune idée de plans renversants, voire surprenants, ni un quelconque point de vue. Nous nous situons dans un produit finalement très académique. Si l'on ne s'ennuie pas et que la curiosité autour de la survie de l'héroïne est bien présente (et c'est là l'essentiel), le film n'apporte réellement rien à une thématique déjà mille fois abordée autour de la survie (en mer), d'autant plus que ni le scénario ni la mise en scène ne tenteront de venir bousculer le spectateur par des choix affirmés ou extrêmes. Si le trio d'acteurs principaux s'en sort honorablement, ce n'est pas toujours le cas de quelques seconds rôles à l'instar de Janine Horsburgh (qui joue la mère) qui à une tendance à surjouer, et d'Isabella Blake-Thomas, qui malgré son son joli minois ne nous convainc pas totalement dans un rôle pourtant pas inintéressant. Et donc l'impression globale qui ressort du produit est que si Let Me survive se suit sans déplaisir, il y a des grandes chances pour qu'on en oublie rapidement la vision (entendez par là qu'il se noiera indéniablement dans la masse).
(Avis sur Let Me survive par Richard B.)
Au Bifff, il n'y a pas que du fantastique, il y a aussi de l'action pure. Et la projection de L'Honneur du Dragon 2 est un petit évènment pour les amateurs d'action-stars et de performances martiales. Avec L’Honneur du Dragon 2, Skin Trade (avec aussi Michael Jai White, Dolph Lundgren, Peter Weller et Ron Perlman, rien que ça) et Fast and Furious 7, Tony Jaa est bel et bien de retour, après quelques années d’absence. Onk-Bak ayant eu deux suites (nettement inférieures), c’est aujourd’hui son autre gros titre qui se voit affublé d’une séquelle, celle-ci plus tardive : L’Honneur du Dragon 2 alias Tom Yum Goong 2 alias The Protector 2. Le premier opus, il y a déjà 9 ans, était marqué par des morceaux de bravoure ahurissants, sur une trame très rudimentaire dans laquelle Tony Jaa était à la recherche de son éléphant (« Ou est mon éléphant ?! », répétait-il toutes les cinq minutes). Et pas de bol, il le perd à nouveau dans L’Honneur du Dragon 2. Comme le dit son ami flic (toujours le complice Petchtai Wongkamlao) dans le film, « T’as encore perdu ton éléphant ?? Mais comment tu fais, t’es sûr que c’est pas plutôt un chat ? ». Bref, notre héros se lance donc à la recherche de son namour d’éléphant (« Il est comme mon frère ») et va, heureusement pour nous, devoir castagner plein de méchants pour le retrouver.
L’intrigue est toujours aussi con, mais on est là pour voir Tony Jaa en pleine action, et à ce niveau-là L’Honneur du Dragon 2 remplit son contrat…mais sans éclats. Prachya Pinkaew et son chorégraphe Panna Rittikrai (crédité en tant que coréalisateur) élaborent de nouveau des affrontements très ludiques et fun. Ce(ux) qu’on retiendra le plus, c’est l’incroyable et surréaliste baston contre les motards sur les toits avec une cascade toutes les 10 secondes (ça dure bien 10 bonnes minutes, ça semble ne jamais s'arrêter et ça rappelle pas mal la séquence ou Tony Jaa affronte rollers et motos dans le premier film), mais aussi les combats entre Tony Jaa et son grand adversaire (l’impressionnant Marrese Crump, qui était d’ailleurs la doublure martiale de RZA dans L’Homme aux poings de fer) dont celui, délirant, sur la rame du métro (sur des sons de sabres-lasers !), et les interventions de la balèze "Jeeja" Yanin (dont le personnage ne sert pas à grand-chose), justement révélée par le même réalisateur avec Chocolate en 2008. On s’interrogera tout de même sur la crédibilité de voir Tony Jaa se faire dérouiller par RZA : même si les combats en question sont assez bien foutus, on n’y croit pas une seconde, et le pauvre RZA surjoue mais reste malgré tout attachant (on sent qu’il réalise là un rêve de gosse). Dommage pour le combat manqué entre Tony Jaa et la femme fatale de RZA jouée par Yayaying Rhatha Phongam (remarquée dans Only God Forgives), et le choc Tony Jaa VS Jeeja Yanin déçoit un peu. Tony Jaa nous ressort ses coups de prédilection made in muay thai et ça fait toujours aussi mal.
Le problème de L’Honneur du Dragon 2, c’est qu’il y a The Raid 2 : Berandal juste en face de lui, et que le premier The Raid avait déjà changé la donne comme l’ont fait Onk-Bak et L’Honneur du Dragon en leur temps. A côté de The Raid, les fights ont l'air ici plus inoffensives. C’est d’ailleurs amusant que Tony Jaa soit annoncé pour jouer dans le remake américain de The Raid. Après le passage d’Iko Uwais et de Gareth Evans, les affrontements de Tony Jaa filmés par Prachya Pinkaew semblent plus lents, trop découpés, relativement plus balourds et plus « sécurisés » (on voit même que certains coups ne sont pas portés), même si Tony Jaa reste un artiste martial casse-cou aux coups puissants (« Ce mec est une légende », peut-on entendre à son propos dans le film) et que Prachya Pinkaew sait toujours filmer les combats, ici en 3D mais toujours très lisibles. Par ailleurs, c'est en 2.35 et la photo est honorable même si trop étalonnée dans certaines séquences. A noter l'utilisation de la GoPro lors d'une cascade risquée (Tony Jaa qui saute d'un immeuble à l'autre).
Le plus gros défaut de cette suite reste l’utilisation de CGI et de fonds verts (on voit d’ailleurs clairement dans le bêtisier pendant le générique de fin qu’ils en ont mis partout), qui gâchent en partie les performances physiques, tandis que le tournage en 3D pose certaines contraintes. En abusant des CGI (pas dégueulasses au demeurant mais bel et bien visibles), L’Honneur du Dragon 2 perd le côté défi technique et martial du premier opus. L’équipe a pris beaucoup moins de risques ici que dans Ong-Bak et L’Honneur du Dragon, et pas une scène d’action de cette suite n’arrive à la cheville de l’ascension en plan-séquence dans le restaurant ou des trois combats pieds dans l’eau dans le temple du premier film. Pire, les CGI rendent certaines séquences complètement débiles (l’explosion finale, holàlà).
En dépit de quelques longueurs dans une intrigue dont on se contrefout pas mal tout comme de ses rebondissements et ses trouvailles pas du tout exploitées (par exemple la décharge électrique fixée dans le dos du héros), L’Honneur du Dragon 2 est assez généreux en bastons bourrines, matinées de quelques gunfights et poursuites, sur une musique électro toujours aussi miteuse. Trépidant et ludique, L’Honneur du Dragon 2 reste inférieur au premier mais assure tout de même le spectacle avec panache et on ne voit d’ailleurs pas le temps passer (1h40), malgré quelques artifices narratifs grossiers (l’intro qui revient ensuite au cours du récit) et des blablas fonctionnels entre deux scènes d'action.
(Avis sur L'Honneur du Dragon 2 par Jonathan C.)
Avec Control nous avons pu découvrir une coproduction peu courante puisque Hong-kongaise, chinoise et taïwanaise, le tout dans un thriller exploitant un univers de science-fiction (plutôt influencé, via des plans aériens, par Blade Runner) et une intrigue à tiroirs via une structure qui fut particulièrement courant au milieu des années 90 après le choc Usual Suspects.
Après quelques hésitations, Mark (Daniel Wu) finit par céder et commettre un parjure en justice pour son entreprise afin de pouvoir aider sa mère. Peu de temps après, une mystérieuse personne le contacte en lui annonçant qu'il possède assez de preuve du délit pour le dénoncer et l'envoyer en prison, sauf s'il accepte d'effectuer quelques missions pour lui dont la première serait de commettre un braquage.
Basé sur une histoire de Jack Messit, Kennerh Bi scénarise et réalise avec Control un produit efficace. Certes le film n'est pas si atypique si l'on suit de près le cinéma coréen, mais l'approche futuriste est bien moins répendue dans le cinéma Hong-kongais. Il n'empêche que Control semble recycler diverses formules, parfois même assez maladroitement du fait que situer son histoire dans le futur n'apporte rien de particulier à l'intrigue ; Control aurait finalement bien pu se dérouler à notre époque sans qu'il fût réellement changé. mais la mise en scène proche d'un manga live puis le rythme trépidant du film font qu'on se laisse entrainer dans l'aventure, d'autant plus que Daniel Wu (Tai Chi zero, Hero, New Police Story...) compose un personnage attachant, tout comme on s'amuse à retrouver Simon Yam (Ip Man, Election, Breaking News…), toujours sur tous les fronts.
Pour ce qui est du dénouement, sans trop spoiler, certains le trouveront tiré par les cheveux, mais pour ma part j'y ai trouvé quelque chose d'assez réjouissant, fun, et au final plutôt en adéquation avec l'esprit d'un cinéma asiatique que j'apprécie, même s’il se situe ouvertement dans "l'entertainment" et non dans du "cinéma d'auteur".
(Avis sur Control par Richard B.)
Nous terminerons ce compte-rendu journalier avec Helter Skelter de Mika Ninagawa.
Parait-il qu'en Grande-Bretagne, le terme "helter-skelter" désigne une attraction de fête foraine, et d'une certaine manière au vu de la représentation que se fait Mika Ninagawa du monde de la mode et de la chirurgie esthétique, le titre international est plutôt bien choisi. Lilico, jeune mannequin à la plastique parfaite, est au sommet de sa carrière et rien ne semble pouvoir nuire à celle-ci. Cependant, tout son corps à l'exception de quelques rares éléments a été refait. Si au plus profond d'elle Lilico sent qu'elle ne sait plus trop qui elle est, elle profite largement du système, jouant les stars capricieuses et se servant de ses atouts physiques pour obtenir tout ce qu'elle veut des hommes. Mais lorsque son corps va commencer à rejeter la chirurgie, ça sera le commencement d'une très longue descente aux enfers pour la demoiselle.
Le monde de la mode derrière ses paillettes et sa machine à faire rêver est un milieu de caprices, de sexe, aussi éphémère que cumulant toutes les formes d'hypocrisie. C'est du moins la vision que s'en fait Mika Ninagawa, et pour exprimer au mieux cet esprit autant festif que superficiel il y soigne particulièrement l'aspect visuel de son film. Tout y est coloré, cadré remarquablement, avec même l'utilisation par moment de musique classique (Beethoven, Verdi...) pour accentuer folie et luxure. Helter Skelter est donc un film visuellement attirant et attrayant, accompagné d'un véritable propos aussi intéressant que sans concession. Mais voilà, le film dépasse la durée des 120 minutes et au bout d'une heure on a l'impression que le réalisateur a réussi à dire tout ce qu'il voulait, ce qui par conséquent fait qu'une fois passé ce laps de temps on s'ennuie, et pas qu'un peu ! Comme quoi parfois le trop est l'ennemi du bien, et si la production avait eu la bonne idée de faire un film de 90 minutes nous aurions pu profiter d'un film fortement interessant. En l'état, nous sommes plus dans le cadre d'une berceuse.
(Avis sur Helter Skelter par Richard B.)
(Avis sur L'Honneur du Dragon 2 par Jonathan C.)
Publié le jeudi 17 avril 2014 à 00h37
Fiches de l'encyclopédie de l'imaginaire en rapport avec l'article
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