NIFFF : la compétition internationale
Nos avis et nos notes sur les films de la sélection 2014...
Alors que le jury est actuellement en train de délibérer pour remettre, ce soir, le prix à celui qu'il jugera être le meilleur film de la compétition internationale, voici notre bilan à nous des quatorze films présenté en compétition dans ce 14ème Neuchatel Fantastic Film Festival.
D'une manière générale, la compétition 2014 se sera montrée à la fois plus qualitative que l'an passé (la moitié des films a au moins décroché la moyenne, là où seulement cinq films avaient réussi l'an passé), mais également plus chiche en coup de coeur (seul White God se distingue très clairement du reste de la compétition, là où, l'an passé, nous avions quelques gros coups de coeur comme Dark Touch ou Ghost Graduation). A côté de cela, nous avons également eu moins de très mauvais films, les moyennes de notations étant supérieures à celles de l'an passé (pas de Der Ausflug, de The Crack ou de Here come the devil cette année). Deux longs-métrage nous aurons divisés : Extraterrestrial et It Follows, dont les places dans ce classement (respectivement à la fin et au milieu) sont avant tout dûs à la moyenne mathématique de deux notes, mais ne traduisent pas vraiment le sentiment des deux chroniqueurs.
Bref, en attendant le verdict du jury, voici les critiques de cette compétition internationale !
2/Housebound (7,5/10)
3/These Final Hours (7/10)
4/What we do in the shadows (5,8/10)
5/Honeymoon (5,7/10)
6/It follows (5/10)
7/Late phases (5/10)
8/Blind (4,8/10)
9/The mole song (4,5/10)
10/Der samourai (4,3/10)
11/Controra (4,2/10)
12/The canal (4/10)
13/Starry Eyes (4/10)
14/Extraterrestrial (3,3/10)
WHITE GOD
de Kornél Mundruczó
8,3/10
Afin de ne pas céder à une taxe sur les races croisées et suite à une légère altercation avec sa fille, Dániel décide d'abandonner le fidèle compagnon canin de Lili dans un coin sordide de la ville. Désormais seul et quelque peu désorienté, Hagen (c'est le nom du chien) va découvrir le vrai visage humain. Car oui, la pire des créatures est bien en l'homme qui n'hésite pas à trahir, torturer et tuer. Suite à ce constat, Hagen décide de rallier les chiens errants et de mener sa révolution.
Déjà vainqueur du prix « Un Certain Regard » de l'édition 2014 du Festival de Cannes, White God est très loin d'être un produit destiné à la jeunesse. N'espérez donc pas voir un Belle et Sébastien, un Rintintin ou encore un Benji. Non, Kornél Mundruczó livre un film politique autour de l'exclusion et, indirectement, la meilleure de plaidoirie pour la cause animale tout en lorgnant sur le film d'anticipation et d'horreur. Kornél Mundruczó, qui signe ici son sixième film, conserve sa maîtrise plastique et viscérale qui lui avait déjà permis par le passé de participer à quelques festivals (dont Johanna déjà présent en 2006 au NIFFF), tout en se laissant aller à un cinéma plus accessible, plus fluide, plus généreux.
Dès l'introduction, le réalisateur annonce le fort potentiel de son film, tout du moins visuellement. Nous sommes amenés à découvrir une petite fille de 13 ans sur son vélo traversant des rues entièrement vides de Budapest. En quelques secondes une armée de chiens apparaissent et tentent de rattraper la fillette. Cette dernière pédale de plus en plus vite, mais rien n’y fait, ceux qui sont à ses trousses sont plus rapides. Des images fortes, iconiques, à la photographie exemplaire et superbement chorégraphiée. Ces images nous interpellent déjà par leur beauté, mais aussi par l'impact immédiat qu'elles procurent. Et sur tout le long, la photographie de Marcell Rév et l'habileté de Kornél Mundruczó pour mettre en image le scénario nous amènera à découvrir un film dans lequel pas un plan ne semble de trop. Lorsque la violence apparaît, elle sera introduire de manière brutale pour marquer l'esprit et, par la suite, conduite par des hors champs laissant le spectateur imaginer, tel un savant calcul nous amenant à avoir les justes émotions en fonction de l'action. Et l'émotion ne manque pas. Entre dégout, amitié, amour, tristesse, sensation horrifique et exaltation, le scénario Kornél Mundruczó, Viktória Petrányi et Kata Wéber nous amène à un vrai festival, aidé en cela justement par des angles de caméra soigneusement choisis et une musique d'Asher Goldschmidt – qui réutilise merveilleusement le Tannhäuser Karajan de Richard Wagner ou encore le récital de piano de la Rhapsodie hongroise nº 2 de Franz Liszt (avec même un extrait à la télévision d'un épisode de Tom & Jerry) – accompagnant avec une permanente justesse les images. Une musique de plus introduite jusque dans la narration puisque l'héroïne se trouve jouer de la trompette et que l'instrument, de même que le thème qui est interprété régulièrement par la jeune fille, aura réellement son importance et rappelera ainsi l'importance de la musique sur notre état d'esprit.
Plus qu'une fable déjà extraordinaire pour la plaidoirie animale, démontrant la cruauté et la soi-disant supériorité de l'homme sur les humains, White God peut être aussi perçu comme un film sur l'exclusion, l'abandon, la différence des catégories sociales ou raciales. Le film compte aussi en parallèle le combat d'une adolescente qui lutte pour ses idées et se faire entendre. Diverses thématiques poussant donc une certaine réflexion, tout en offrant un divertissement de haute tenue, rappelant d'une certaine manière Les Oiseaux d'Alfred Hitchcock ou même une symbolique équivalente à La planète des singes (sauf qu'ici il serait question de la planète des chiens). Le film surfe aussi vers le suspense et l'horreur, voir par moment vers le « gore grand-guignolesque », mais le tout est si bien introduit que cela se mélange en une harmonie ou pas une seule fausse note n’apparaît (même si on reconnait que les périples de la jeune fille sont un poil moins intéressantes que les mésaventures que traverse ce pauvre chien (reste qu'il semblait en effet primordial que le scénario suive les destinées parallèles de la maîtresse et de son chien).
On ne peut pas décemment terminer de parler de White dog sans évoquer le jeu de la jeune Zsófia Psotta qui fait preuve d'un véritable panel d'émotion, arrivant parfaitement à la fois à être une gamine (rebelle et capricieuse) et un sauveur (c'est elle qui à la plus grande part d'ouverture d'esprit et de passion). Mais la star est bel et bien Hagen qui était en fait interprété par deux merveilleux chiens, l'un prénommé Body et l'autre Luke. Pour peu on donnerait bien un oscar à ces deux là tant ils sont merveilleux.
White dog est donc plus qu'un film d'anticipation, plus qu'une fable, plus qu'un film d'horreur, plus qu'une satire politique, plus qu'une histoire ses des rapports d'amitiés, il est un ensemble de toutes ces choses qui font qu'il paraît impossible pour nous de croire qu'il ne raflera pas le prix du jury.
Richard B. : 9/10
Vincent L. : 7,5/10
HOUSEBOUND
de Gerard Johnstone
7,5/10
Après un braquage raté, Kylie Bucknell est contrainte à devoir retourner vivre chez sa maman avec interdiction de quitter la maison, et afin d'en être certain de cela, on lui met un joli bracelet au pied. IIl va suffire de peu de temps pour que Kylie pense que sa mère soit totalement dérangée. En effet, cette dernière aurait dans l'idée que la demeure soit hanté. Néanmoins, lorsqu’elle entend quelques bruits étranges durant la nuit et que d’étranges événements commencent à se produire, il faut bien remettre parfois son jugement en question...
Housebound est un premier long-métrage (ils sont nombreux dans la compétition cette année), et, cette fois, le réalisateur néo-zélandais se prénomme Gerard Johnstone. On peut dire d'emblée que le réalisateur fait preuve d'énormément de maîtrise pour ce qui est de créer quelques tensions, de belles rigolades, mais aussi mener une histoire loin d'être avare en rebondissement. Son film, d'une certaine manière, pourrait être le digne héritier de Peter Jackson et de Jonathan King (Black Sheep), avec des débordements sanguignolants moindres mais un humour noir tout aussi décapant (sinon plus) et des personnages tout aussi dérangés. Le tout est en plus de plus tenu par un scénario solide qui sait jouer avec le spectateur.
Les acteurs sont eux aussi au top ! Certes Morgana O'Reilly n'est pas très connue dans nos contrées, mais elle sait parfaitement tenir son premier rôle, pouvant se montrer sympathique comme profondément détestable. Elle est aidée d'un bestiaire de seconds rôles tout autant formidable, à commencer par Rima Te Wiata, qui est exceptionnellement drôle dans le rôle d'une mère quelque peu déconnectée. On ne peut aussi ignorer la prestation de Millen Baird, génial en agent de sécurité qui se trouve à ses heures perdues passionnées par les cas de maison hantée. Bref, nous pourrions tout aussi bien mentionner le reste du casting tant il semble y avoir aucune fausse note.
En fait, il est très délicat pour nous de parler de Housebound sans vous gâcher quelque peu la découverte. Le mieux, ici, est limite de garder le maximum de fraicheur autour du film, en savoir le moins possible, éviter une bande-annonce et se laisser aller à la découverte. Dans tous les cas on espère que le film fera une bonne tournée des festivals, et on attend déjà avec impatience la sortie française, car Gerard Johnstone a fait un magnifique travail qui mérite d'être découvert de tous.
Richard B. : 8/10
Vincent L. : 7/10
THESE FINAL HOURS
de Zak Hilditch
7/10
C'est bientôt la fin. Une météorite s'est écrasée dans l'océan Atlantique, et le nuage de feu se répand sur toute la planète. Il reste une dizaine d'heures aux Australiens avant de connaître le même funeste destin que les autres habitants de la Terre. Certains attendent patiemment leur dernière heure, d'autres se suicident, d'autres font la fête et tentent d'oublier. En se rendant à l'une de ses fêtes de la fin du monde, Jimmy sauve une petite fille de deux agresseurs. Cette rencontre inopinée va lui permettre d'entamer un voyage initiatique...
Si le point de départ de These Final Hours n'est pas franchement nouveau (l'excellent Before The Fall ou, plus récemment, Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare, l'ont notamment exploité), il est toutefois suffisamment peu courant pour rester appréciable. Heureusement pour The Final Hours, d'ailleurs, tant ce dernier ne fait qu'exploiter toutes les figures récurrentes de ce genre "pré-apocalyptique". Il ne faut ainsi pas être un grand cinéphile pour rapidement comprendre tous les tenants, les aboutissants et les enjeux (la fin est jouée dès les premières minutes du film, et on sait d'ores et déjà comment tout cela va se terminer alors même que l'action n'a pas encore commencé).
Toutefois, si Zak Hilditch ne fait pas dans l'originalité, son film n'en demeure pas moins tout à fait correct : les personnages sont bien écrits, la mise en scène est correctement travaillée, la technique est bien maîtrisée (un petit budget d'implique pas forcément une image dégueulasse, la preuve), les comédiens sont très bons. Le long-métrage est ainsi doté d'une très bonne atmosphère, de quelques passages délicieusement décalés comme seuls les cinéastes australiens semblent savoir les faire, et si les thématiques ne sont pas nouvelles (et que leur traitement ne fait preuve d'aucune originalité), elles ont au moins le mérite d'être présente et de donner de la profondeur au film. On regrettera toutefois une absence d'émotion, le film ne suscitant pas outre-mesure la compassion en dépit du sujet (le bon côté, c'est que, du coup, il ne sombre pas non plus dans le pathos).
Pas original mais rigoureux et honnête, These Final Hours se place au final parmi les meilleurs films de cette compétition internationale. On a ainsi hâte de voir ce que Zak Hilditch fera par la suite, parce qu'aux commandes d'un scénario plus ambitieux, le metteur en scène pourrait révéler un potentiel intéressant.
Richard B. : 7,5/10
Vincent L. ; 6,5/10
WHAT WE DO IN THE SHADOWS
de Jermaine Clement et Taika Waititi
5,8/10
Vlad, Viago, Deacon et Petyr se préparent pour leur grand évènement annuel : le célèbre bal masqué de Wellington auquel sont invités tous les morts-vivants de la ville. Vampires, zombies et sorcières se parent de leurs plus beaux atours pour briller au sein de cet évènement mondain, et ainsi espérer être "l'invité d'honneur" de l'année. Une équipe de télévision, bardée de crucifix et bénie par un rituel à l'ail, est invitée à suivre la vie de ses quatre morts-vivants dans les semaines précédent le bal.
Long-métrage néo-zélandais, WWDITS est un faux documentaire (autrement appelé "mockumentary") racontant la vie d'une collocation de quatre vampires dans la petite vie de Wellington. Ecrit et réalisé par Jermaine Clement et Taika Waititi, créateurs de la série Flight of the Conchords, WWDITS assume son propos de bout en bout en jouant à fond la carte du décalage et l'absurdité. Ce faisant, il présente la vie de ces vampires sous un jour affreusement commun (dispute pour le partage des tâches ménagères, problèmes de comportements, sorties du week-end,...), à peine teinté, ici et là, de quelques rencontres surnaturelles (notamment une rivalité plutôt bien vue avec un gang de loups-garous locaux). Les deux réalisateurs/scénaristes (ici également comédiens) multiplient les gags et réussissent à faire cohabiter de façon assez adroite divers niveaux d'humour (on passe de l'humour ultra-référenciel qui va citer Nosferatu ou Lost Boys à de la comédie potache se situant sous la ceinture). Le postulat est donc exploité à fond et, objectivement, vu le nombre et la diversité des situations humoristiques proposées, il est aisé de trouver son compte pour rire des (mes)aventures de ces quatre bras-cassés.
On notera toutefois que le concept de WWDITS tend à s'essoufler en cours de route. Il faut dire que tenir un pitch de départ purement conceptuel sur quatre-vingt dix minutes tenait du défi, et que celui-ci n'est pas réussi de bout en bout. Ainsi, si la première demi-heure est un véritable festival de rire (certains dialogues sont génialement écrits, quelques situations fonctionnent du tonnerre), les choses se tassent progressivement par la suite : la redondance de certains gags ne fonctionne pas toujours, certaines scènes tombent à plat, quelques gags sont trop prévisibles pour vraiment fonctionner. Mais si la qualité offerte par la première partie va clairement en diminuant par la suite, le film n'en demeure pas moins sympathique et distrayant de bout en bout, proposant au final un divertissement honnête et amusant (mais jamais inoubliable).
Il aurait en effet fallu quelques petites choses en plus pour que le film quitte ce statut de "comédie sympathique" pour s'élever vers autre chose (à l'instar d'un Ghost Graduation par exemple). Au rang des petites imperfections, on notera ainsi que le casting est particulièrement inégal (Jermaine Clement et Taika Waititi sont géniaux de bout en bout, quand Cori Gonzalez-Macuer livre une prestation tout juste médiocre), que la mise en scène n'est que purement fonctionnelle (le concept du faux documentaire est exploité a minima, ce qui, certes, rend le film plus intéressant qu'un found footage de base, mais l'empêche d'atteindre l'adresse d'un This is Spinal Tap ou d'un Forgotten Silver) ou que le scénario n'arrive pas à renouveller ses enjeux ou à s'arrêter à temps (dix minutes en moins auraient probablement rendus le tout plus efficace).
Mais ne boudons pas notre plaisir, on ne s'est pas ennuyé devant WWDITS, on a même passé un moment plutôt fun dans une salle déchaînée et réceptive à l'humour du film. Finalement, l'objectif minimum du film (faire rire) est atteint, ni plus, ni moins.
Richard B. : 5/10
Vincent L. : 6,5/10
HONEYMOON
de Leigh Janiak
5,7/10
Fraîchement mariés, Paul et Béa partent pour une romantique lune de miel aux abords d’un lac, perdu en pleine forêt. Après une belle journée de bonheur intense et de guimauve, alors qu'il s'absente quelques minutes pendant la nuit, Béa disparaît. Après avoir hurlé son nom un grand nombre de fois et avoir cherché longuement dans les pièces de la baraque et divers endroits de la forêt, Paul fini par la retrouver en train d’errer dehors, nue et complètement désorientée. Le lendemain, au réveil, Béa se fait distante et son comportement devient de plus en plus étrange...
Après avoir officié en tant qu’assistante de production pendant plusieurs années, Leigh Janiak signe avec Honeymoon son premier long métrage. Pour celui-ci elle s'accompagne de Harry Treadaway (Hideaways, City of Ember) et de la magnifique rousse Rose Leslie (Ygritte dans Game of Thrones). Le film se doit de tenir 85 minutes principalement sur le couple d'acteurs puisque seuls Ben Huber et Hanna Brown viendront interagir avec eux pour deux scènes. Bref, Leigh Janiak n'avait pas le droit de se planter sur son casting et heureusement, elle a réussi son film sur ce point, les deux acteurs partageant une certaine complicité à l'écran (tout du moins au début). De plus, on ne peut nier que la réalisatrice se montre plutôt efficace et douée lorsqu'il s'agit d'instaurer une certaine ambiance ou de mettre en valeurs ses acteurs et visuellement le film tient plutôt la route.
Après, encore une fois, Honeymoon nous a que partiellement convaincus. En effet, le rythme est assez lent, et le scénario n'est pas toujours convaincant dans ces intentions réelles (simple film à la body snatcher ou réelle analyse sur l'après mariage ?) Dans tout les cas le mélange science-fiction et drame conjugal ne se marie pas toujours avec harmonie et des invraisemblances sur quelques réactions des personnages, tout comme sur l'histoire, apparaissent.
Honeymoon est donc un premier long-métrage bancal, mais pas inintéressant, qui sait surprendre le spectateur aussi surement qu'il va foncer la tête la première dans certains pièges inhérents à ce genre de production. Au final, sans être totalement emballés, on restera sur un sentiment plutôt positif et sur l'envie de voir ce que cette réalisatrice proposera par la suite.
Richard B : 5,5/10
Vincent L : 6/10
IT FOLLOWS
de David Robert Mitchell
5/10
Jay, 19 ans, est une bombe atomique. Tous les mecs sont amoureux de la jeune fille, cette dernière en a bien conscience et s'en amuse presque. Mais bon la demoiselle a déjà jeté son dévolu sur un jeune garçon, cela même si parfois il a quelques réactions étranges. Ce qui devait finir par arriver arrive et la demoiselle opte pour une expérience sexuelle dans la voiture du beau gosse. Ce qu'elle ne savait pas à ce moment c'est les conséquences que cela engendrerait. Depuis qu'elle s'est laissé aller à exprimer ses envies naturelles, Jay est poursuivi par une personne qui voudrait bien lui faire la peau. Mais pas facile d'expliquer que l'on est poursuivie lorsque vous êtes la seule à voir la personne qui vous traque.
POUR : L'idée de It Follows a quelques choses d'amusant, mais si le contexte amuse et que la morale peut-être interprétée de multiples façons, David Robert Mitchell (scénariste et réalisateur) finit par devenir assez répétitif dans son intrigue et, surtout, semble par moment un peu perdu quant à la manière de la résoudre. Par contre, la mise en scène de David Robert Mitchell fait preuve d'une très grande maîtrise et s'avère particulièrement bien pensé, cela même si, d'une certaine manière, elle fait souvent écho à celle de John Carpenter. Ainsi, le film est perpétuellement filmé en grand-angle, que ce soit lors des plans fixes ou des panoramiques précis. La menace peut donc arriver par n'importe quel coin de la caméra. Sans compter que les jeux de lumière sont magnifiques et contribuent eux aussi à l'ambiance. Ainsi, même si It Follows possède quelques soucis de rythmes, et que le dénouement n'apparait pas totalement satisfaisant, le film possède une idée amusante et originale (même si pas assez exploitée) et une réalisation assez élégante et angoisse pour susciter un intérêt réel.
CONTRE : It follows marie tous les tics de mise en scène du cinéma indépendant US avec ceux du film de genre, le tout en ne proposant aucune variation dans ce qu'il propose. Certes, les premières scènes sont particulièrement efficace (la séquence d'introduction est simplement parfaite), mais lorsque l'on a un unique procédé qui revient sans cesse en boucle, cela finit par ne plus très bien fonctionner, voire par tourner au grotesque pur et dur lors de la séquence finale. It Follows a donc le potentiel d'un excellent court-métrage que l'on aurait étiré artificiellement sur quatre-vingt dix minutes. D'ordinaire, on aurait crié à l'arnaque, mais comme David Robert Mitchell tourne ça à la manière d'un film indépendant, il pare son film d'un aspect intello qui peut faire illusion. Cependant, il ne faut pas gratter très longtemps pour s'apercevoir que sous le verni, le tout sonne bien creux. Au final, It Follows ne ressemble qu'à une grosse arnaque mis en boite pour plaire aux critiques...
Richard B. : 6/10
Vincent L. : 4/10
LATE PHASES
d'Adrian Garcia Bogliano
5/10
La journée se sera terminée avec Late Phases, dernier film d'Adrian Garcia Bogliano. Ambrose est un vétéran du Vietnam qui a perdu la vue. Placé par son fils dans une résidence de personnes âgées, il est la victime d'une étrange agression qui coûte la vie de sa voisinne et de son chien. Après une rapide enquête, Ambrose commence à suspecter la piste d'une attaque de loups-garous.
Regarder un film d’Adrian Garcia Bogliano, c’est un peu comme se faire agresser : l’expérience est douloureuse, désagréable, et on n’en ressort pas psychologiquement indemne. A titre personnel, I’ll never die alone aura réussi à relativiser deux décennies de cinéphilie en redéfinissant ce que pouvait être le « niveau zéro » du cinéma. Pour son premier film américain, Bogliano a, pour une fois, bénéficié d’un budget lui permettant d’assurer à son film une technique correcte. Photographie, son, cadrages, le film quitte le rendu très amateur de ses autres longs et cela change déjà le ressenti. Sans les images crados, le son inaudible et les cadrages foireux, force est de constater que le tout se pare d'un aspect très pro qui rend le résultat final regardable, que l'on apprécie ou pas l'histoire développée. Mais au delà de cela, force est de constater que Bogliano a réussi à instaurer un ambiance plus que correcte dans son nouveau film, transformant une histoire de loup-garou très simpliste en une sorte de drame mélancolique. Ceux qui attendent des tripes et des vicères seront forcément déçus, mais une fois que l'on a compris et accepté le procédé, on se laisse porter par l'histoire simple et, finalement, plutôt jolie, de cet homme condamné à assumer ses choix de vie.
Si le tout n'est pas d'une folle originalité, la qualité du casting parvient à faire la différence. Autour de Nick Damici, on retrouvera quelques visages connus : Tom Noonan, Lance Guest ou Ethan Embry. Tous jouent juste, de façon sobre (une première dans la direction d'acteur de Bogliano !) et s'avèrent, de temps à autre, assez émouvant. Du coup, on pardonne à l'histoire ses errances et ses incohérences pour se concentrer sur le côté humain de cette histoire de loups-garous.
Ceci étant dit, Late Phases souffre de trop de défauts pour être convaincant de bout en bout : soucis d'écriture, comme nous le disions (incohérences, facilités, raccourcis), mais également un thème traité par dessus la jambe (ce sont des loups-garous, ça aurait pu être n'importe quoi d'autre), des effets spéciaux ridicules (les transformations odschool sont sympathique, mais pour aboutir à des créatures nanardesques) ainsi que les détestables tics de mises en scène de Bogliano que l'on va retrouver lors de la séquence finale. Bref, Late Phases est, pour les détracteurs du réalisateur, une véritable surprise, mais pourra rester plus anecdotique pour les autres.
Richard B. : 5//10
Vincent L. : 5/10
BLIND
de Eskil Vogt
4,8/10
Dans Blind, nous découvrons une jolie femme blonde nommée Ingrid. Cette dernière est atteinte de cécité. Refusant d'affronter ce nouveau handicap, elle se terre chez elle et refuse de quitter le seul lieu où elle se sent en sécurité. Dès que son mari Morten part au travail, Ingrid commence tout d'abord à rêvasser, parfois écrire ce qui se passe dans sa tête ou prêter attention à la télé ou la radio, ses souvenirs et aux sons. Progressivement, elle se laisse absorber par les univers qui l'entourent et ne parvient bientôt plus à distinguer le réel de ses projections fantasmée...
Pour son premier film, Eskil Vogt tente de dresser un portrait d'une femme aveugle qui se complairait dans ses désirs pour se plonger dans une aliénation progressive. Le but est de perdre le spectateur lui-même entre le monde de la pensée et la réalité, et ce pour raconter les tourments d'une femme. Le montage de Jens Christian Fodstad, très bien construit, fait preuve de pas mal d'ingéniosité pour nous surprendre et nous déstabiliser. La photographie de Thimios Bakatakis parvient à retransmettre merveilleusement un univers froid et vide tout t'arrivant à y introduire des teintes plus chaleureuses quand le scénario le réclame. Les acteurs sont merveilleux, que cela soit Ellen Dorrit Petersen ou encore Henrik Rafaelsen. Le scénario ne manque pas non plus d'introduire quelques touches d'humours, parfois coquines, parfois plus subtiles, ainsi aue de l'émotion et des portraits de personnages touchants.
Dis comme cela Blind, semble donc une parfaite réussite. Certes, la touche « fantastique » est quasi invisible et n'existe que par se mélange de fantasme/réalité qui se confondent, mais on dénote pas vraiment une quelconque faute cinématographique. Et pourtant, si au début on est surpris par des choix qui se montrent sans concessions (par exemple en allant à afficher des images sortant tout droit de plateformes internet coquines) et pqr un humour qui fait mouche, le film s'essouffle très vitre et la monotonie gagne son chemin. Tout comme l'héroïne, on en vient à se trouver dans une pièce, s'ennuyer et se laisser aller à ses propres pensées. Le rythme est quasi inexistant et on commence à regarder l'heure. De temps en temps on retourne un peu dans ce film, car on y retrouve des idées (visuelles de narration) ou des passages drôles, mais on y est plus totalement et, parfoism on se retrouve un peu déboussolé, tentant de se raccrocher aux wagons.
On ressort de Blind fatigué, avec une impression que le film a été long, mais pour autant on ne peut pas nier que certains passages restent dans nos souvenirs : des choses saisissantes, des idées voire quelques dialogues - comme celui ou Ingrid affirme qu'il y a pas besoin de regarder la télé pour suivre celle-ci, mais qu'il suffit d'écouter. Mais au demeurant, il reste surtout une note d'insatisfaction, on aurait aimé être plus impliqué et ne pas persister à être si distant du film.
Richard B. : 5/10
Vincent L. : 4,5/10
THE MOLE SONG : UNDERCOVER AGENT REIJI
de Takashi Miike
4,5/10
Peu après avoir obtenu son diplôme de l'académie de police avec le plus mauvais résultat possible, Reiji se fait soudainement virer. Motif ? Problèmes de discipline. Il découvre rapidement que tout ceci fait partie d'une mascarade visant à l’infiltrer comme taupe dans l'un des gangs de yakuzas le plus extrême : les Sukiyakai. Devant faire preuve de son intégrité auprès des mafieux tout en gardant en tête son sens de la justice, Reiji gagne peu à peu la confiance de sa cible finale : Boss Todoroki.
Cette adaptation du manga Mogura no Uta de Noboru Takahashi, fera plaisir aux fans du réalisateur tant celui-ci s'offre ici un lot d'extravagances visuelles qui cherchent à rappeler les excès passés du réalisateur (les derniers films avant celui-ci était bien trop sage aux yeux de ses aficionados). C'est donc à un véritable cartoon live que nous livre ici le réalisateur japonais qui n'hésite pas à demander à ses acteurs de surjouer et d'être le plus extravaguant possible ou encore à opter pour un montage découpage osant un peu tout et n'importe quoi. Et pour certains du public, ce délire semble avoir marché. Pour notre part nous serons bien plus modérés, d'une part parce que le scénario reste simplement une histoire de « flic dans la mafia », ensuite parce qu'on se contrefout des enjeux et du destin des personnages et que, comme souvent, le réalisateur semble ne jamais savoir se contrôle Il donne donc l'impression de ne pas savoir quand il faut partir dans le cartoonesque et quand il faut créer ses personnages. Le dosage s'en trouve à notre goût assez mauvais et si on rigole d'une ou deux situations, on arrive rapideéent à saturation. Là encore, l'ennuie gagne et on regarde sa montre. Certes sur 90 minutes, mieux optimisé, l'exercice aurait put-être sympa, mais sur 130 minutes, on se lasse. Puis malgré les promesses, le film reste assez sage, les aspects gore ou coquin demeurent très éineurs, et rien ne viendra vraiment à faire tourner de l'oeil ou mettre mal à lèse (on est loin par exemple de son épisode des Masters of Horror).
The Mole Song : Undercover Agent Reiji est-il un mauvais film ? On peut pas vraiment dire cela, il y a plus d'idée de mise en scène en 1 minute dans ce film que sur les 100 de Extraterrestrial. Cependant nous ne pouvons pas dire que le film ait réussi à nous emballé, et l'impression commune des trois projections du jour furent les sensations suivantes "brouillons" et "ennui", après, qualitativement, les nuances demeurent toujours.
Richard B. : 4,5/10
Vincent L. : pas vu
DER SAMOURAI
de Till Kleinert
4,3/10
Jakob, un jeune policier, travaille dans un village reculé d'Allemagne. Depuis quelque temps, un loup semble sévir dans les parages et Jakob aime à tenter de le nourrir afin qu'il fasse moins de dégâts. Son rêve demeure cependant de rencontrer la bête. De nature discrète et introvertie, sa vie va commencer à basculer lorsqu'il se retrouve face à un mystérieux homme, vêtu d'une robe et armé d'un sabre. Ce samouraï d'un nouveau genre durant une nuit à semblant interminable et cauchemardesque va semer le chaos dans le village ainsi que dans la vie de Jakob.
Si le jeune cinéaste livre une œuvre visuellement envoûtante, jouant remarquablement sur un jeu de couleurs et de lumière maîtrisé, Der Samurai semble également arriver avec un train de retard avec son scénario tournant autour du dédoublement de la personnalité, surtout que son traitement, cartoonesque et orienté jeux vidéos, empêche de prendre la psychologie des personnages pleinement au sérieux. On pense constamment à Fight Club, The machinist, Identity, Haute Tension, ou même à That Demon Within (qui, lui aussi, fait partie de la sélection asiatique de cette année). La schizophrénie est donc devenue avec le temps une banalité et, sur ce point, Der Samurai enfonce des portes ouvertes, mais fait surtout moins bien. Certes Till Kleinert tente de distinguer son personnage de Jakob pour qu'il soit différent de celui du Samurai, et qu'ainsi un doute subsiste aux yeux du spectateur, mais la symbolique et le traitement lui ne le permet pas. Pour autant Michel Diercks se donne au maximum et offre une prestation assez juste et crédible et constitue, en plus du visuel à l'un des éléments qualificatifs du film.
Sur le fond, les intentions de Der Samourai sont tout à fait respectables, le réalisateur se servant de cette histoire pour développer des thématiques comme le respect des différences ou la difficulté à sortir des carcans sociaux. La métaphore sur l'homosexualité crève l'écran (un peu trop, d'ailleurs, pour être vraiment subtile) et s'avère tellement présente qu'elle empêche toute véritable progression dramatique. Certes, ce genre de film n'est jamais inutile, mais en l'occurence, on peut se demander à quel public il peut s'adresser.
Trop radical pour le grand public, pas assez pour les fans de genre, Der Samourai est pétri de bonnes intentions, mais celles-ci ne sont jamais concrétisées de façon convaincante.
Richard B : 5,5/10
Vincent L. : 3/10
CONTRORA - HOUSE OF SHADOWS
de Rossella de Venuto
4,2/10
Megan, jolie blonde à la peau particulièrement blanchâtre (voici une Irlandaise qui n'est donc pas copine avec le soleil) et artiste, se rend en Italie dans la famille de son mari, qui doit régler le testament de son oncle. Bien que la résidence se dévoile comme très poussiéreuse et bordélique, séduite par l'architecture et le mobilier, Megan persuade son homme de s’installer dans la demeure qui appartenait à un ancien prêtre faiseur de miracles. L’accueil familial plutôt froid et la chaleur dominante amènent Megan à ne pas trop sortir, ce qui a aussi pour conséquence de l'amener à farfouiller et découvrir de terribles secrets sur la famille et aussi à avoir quelques visions fantomatiques.
Controra ne manque pas de charme et d'éléments pouvant aller en sa faveur. Tout d'abord, le film offre des paysages et des architectures particulièrement bien mises en valeur. Cela permet aux spectateurs de ressentir un certain dépaysement. Et même si un aspect gothique est ouvertement présent - à l'inverse de beaucoup de productions du type « maison hantée » qui se veulent sombres - la réalisatrice tente d'instaurer cette atmosphère dans des ambiances souvent colorées et en journée ensoleillée. Cela fonctionne parfois, et cela à l'avantage de créer quelques touches qui lui permettent de se différencier, même si le schéma global demeure assez classique et que les plus habitués au genre devineront aisément le gros du scénario.
Globalement les acteurs sont plutôt crédibles, même si la similitude à l'écran de Federico Castelluccio avec Jackie Chan dégage quelque chose d'aussi amusant que déstabilisant. Par contre, nous ne pouvons pas pour autant nier les défauts qui apparaissent, cela même si on voudrait être conciliant comme spectateur puisqu'il s'agit là d'un premier film et que le budget de celui-ci doit demeurer assez étroit. Et c'est là la première chose qui se remarque : le scénario réclame par moment un budget que la réalisatrice ne possède pas, du coup, lorsque des accidents ou des meurtres arrivent, ils se veulent aussi spectaculaires sur papier que ratés à l'écran (parfois ridicule dans le cas d'un accident de voiture traité par un simple fondu au blanc).
L'autre souci de Controra est son montage parfois chaotique qui manque d'une certaine fluidité. Du coup on a parfois l'impression de voir des saynètes s'enchainer sans vraiment donner l'impression que celles-ci se suivent. C'est certainement le plus gros défaut du film de Rossella De Venuto, mais ce dernier est particulièrement gênant et empêche à ce qu'on rentre pleinement dans l'histoire.
Richard B. : 5/10
Vincent L. : 3,5/10
THE CANAL
de Ivan Kavanagh
4/10
David est cocu, et il le vit mal ! Un jour, le corps de sa femme est retrouvé dans le canal près de leur maison. Ravagé par cette mort, David se trouve soudain victime d'évènements surnaturels qui semblent en vouloir à son jeune fils. Entre enquête sur la mort de sa femme, invesitgations sur le passé de leur maison et apparitions diverses, David commence à petit à petit sombrer dans la folie...
The Canal est un film qui nous a également divisé. Entre un vrai manque de rigueur dans l'écriture du scénari et une mises en scène appliquée (notamment au regard du budget), il faut bien avouer que le film possède autant de qualités que de défauts.
Sur le fond, The Canal est donc très très léger : on peut deviner tous les tenants et aboutissants de l'histoire en quelques minutes, ls personnages sont peu intéressant, la descente dans la folie du héros est trop rapide pour avoir la subtilité voulue, les évènements manquent d'un double sens de lecture (ce qu'il aurait fallu pour que le scénario puisse bien fonctionner) et le final est tout simplement stupide (même si, pour le coup, il possède lui ce double sens de lecture). En terme d'écriture, les ambitions de The Canal apparaissent donc clairement, mais ne sont jamais correctement concrétisées.
Sur la forme, Ivan Kavanagh a tenté de faire quelque chose de plus profond, de plus psychologique, de plus travaillé. En terme de mise en scène, The Canal est un produit tout à fait correct. Malgré quelques effets de styles clichés (notamment au niveau sonore), le film bénéficie d'une bonne ambiance, d'une atmosphère bien travaillée sur la durée, de quelques scènes de fantômes/démons joliment mises en scène, d'une belle mise en valeur des lieux de tournage et d'un rythme bien entretenu durant tout le long-métrage. Avec un script un peu plus solide, nul doute que le réalisateur aurait pu nous livrer un film plus convaincant, peut être même un peu flippant.
Que vous cherchiez avant tout un scénario solide ou une belle mise en scène, The Canal pourra donc vous laisser sur des sentiments divergents, à l'image de notre ressenti pendant le film. Quoi qu'il en soit, The Canal n'est de tout façon pas un chef d'oeuvre, ni même un prétendant sérieux pour remporter la compétition, mais il permet de voir que son réalisateur en a sous le capot. A voir de quoi sera fait la suite de sa carrière.
Richard B. : 3/10
Vincent L. : 5/10
STARRY EYES
de Kevin Kolsh et Dennis Widmyer
4/10
Sarah veut être une grande comédienne, et elle est prête à tout pour atteindre ses objectifs de célébrité. Alors qu'elle est serveuse à la Potatoes Factory, une étrange boite de production lui propose de faire d'elle une star. Mais pour cela, elle devra faire de sacrifices, car une vie de strass et de paillette, ça se mérite !
Voici donc un film déconstruit le rêve hollywoodien, qui critique l'industrie cinématographique et qui propose un miroir peu flatteur aux valeurs liées à ce milieu particulier. Oui, voici un film peu original, qui tire sur les ambulances, qui enchaîne les propos convenus, qui propose des thématiques éculées et qui traite de tout mais surtout de rien. Pourtant, pendant la première heure, les choses fonctionnent relativement bien, Starry Eyes donnant l'impression de vouloir raconter quelque chose. Son scénario, qui joue à fond la carte du mystère (mais qui sont ces mystérieux producteurs ? mais qu'arrive t-il à l'héroïne ?), joue de son artificialité pour tenir le spectateur sur son siège. Si, au fond de nous, une petite voix nous disait que tout cela sentait quand même à plein nez la vacuité, on espère partir vers une histoire malgré tout intéressante (le classicisme n'exclut pas l'efficacité a priori).
Et puis, à un moment donné, on se rend compte de la supercherie à laquelle on est en train d'assister. En effet, alors que l'histoire est censée demarrer, on s'aperçoit de façon flagrante que les scénaristes repoussent ce moment fatidique. Au final, une fois le film terminé, force est de constater que Starry Eyes ne raconte rien, et qu'en dépit d'artifices narratifs parfois efficaces, s'avère creux de bout en bout. Avant cela, on sera passé par une phase un poil gore qui aura permis un déchainement de violence et d'effets "chocs" aussi convenus que somme toute peu utiles (le coup de l'ongle, c'est devenu tellement commun que ça en devient complètement inefficace). Donc oui, Hollywood, c'est sale. Donc oui, l'industrie cinématographuque baffoue l'humanité de ceux qui travaillent pour elle. Donc oui, il faut se déconstruire et se reconstruire (physiquement, psychologiquement et socialement) pour s'intégrer au système. Donc oui, on le sait. Donc oui, on l'a déjà vu. Donc oui, ce n'est pas intéressant.
La chose fonctionne d'autant moins que le personnage principal est tout sauf sympathique. Difficile, en effet, d'éprouver la moindre empathie pour ce protagoniste neuneu, gnangnan et concon (ou tout autre mot avec deux syllabes qui se répètent). Si son interprète, Alex Essoe, ne démérite pas vu le peu qu'elle a à jouer, le tout ne pouvait de toute façon fonctionner qu'avec un personnage pour qui le spectateur aurait ressenti de la sympathie, pas pour une cruche qui pleure toutes les trentes secondes en allant s'arracher les cheveux au toilettes. Le final, aussi convenu qu'abscon (on a l'impression qu'il manque des pans entiers de l'histoire) finit d'achever le spectateur, aussi ennuyé qu'agacé par cette histoire convenue et faussement incorrecte (le film est tout de même très moralisateur).
Richard B. : 4,5/10
Vincent L. : 3,5/10
EXTRATERRESTRIAL
des Vicious Brothers
3,3/10
April a promis à maman de faire des photos pour aider à vendre la vieille baraque familiale et, au passage, de récurer quelques babioles pour papa qui est aujourd'hui en dépression suite à son divorce et sa perte d'emploi. Son petit copain ne peut s'empêcher de proposer à d'autres collègues de venir les rejoindre pour profiter de la campagne afin de fumer et boire sans trop être observé. Nous avons donc cinq jeunes adultes qui décident de festoyer sans savoir que la région est depuis peu le théâtre d’étranges événements. Alors que leur débauche bat son fort, un OVNI s’écrase dans la forêt. Poussés par leur curiosité, ils décident d’aller jeter un œil sur la chose. Ce qui devait être une simple escapade se transforme alors en lutte pour la survie. Car oui, sachez qu'une fois sur leur route, les extraterrestres, sans raisons, aiment à vous kidnapper ou encore vous trucider en vous manipulant le cerveau.
TOTALEMENT CONTRE : Attention bouse intersidérale en approche. Après une expérience Grave Encounters que nous aurions aimé oublier, les Vicious Brothers tentent de nous proposer un film à la sauce X-Files. Rarement on aura pu voir autant de clichés et de bêtise réunis dans un seul film, à tel point que parfois, en vient à rire... de consternation. En fait, hormis un final si profondément stupide qui nous permettra d'éclater de rire devant autant de connerie, il n’y a pas grand-chose à retenir de ce Extraterrestrial qui cumule tout les clichés du slasher et du film de science-fiction, sans pour autant se soucier d'une cohérence entre les deux univers ou même de narration. Bref une catastrophe, le bas de gamme du DTV.
UN PEU MOINS CONTRE : Coupables de Grave Encounters, et coupables - avec circonstances aggravantes - de Grave Encounters 2, les Frères Vicieux avaient jusqu'ici livrés des films à l'image de leur pseudo : débiles et attardés. Alors certes, Extraterrestrial ne casse pas des briques, est convenu sur pas mal de points, souffre d'un gros quart d'heure de trop, mais, finalement, s'avère rythmé, distrayant et, sur pas mal de point, plutôt bien fichu. Il faut quand même reconnaître que les réalisateurs savent y faire avec pas grand chose, et qu'en terme de résultat à l'écran, vu leur budget, leur film à quand même de la gueule. Bien que peu originaux, les quelques plans numériques utilisés sont plutôt jolis (en tout cas, il ne souffre d'aucun gros problèmes de conception/incrustation), Pour le reste, Extraterrestrial n'est finalement qu'un X-Files à la sauce teenager, sans plans nichons mais avec de la drogue et de l'alcool.
Richard B. : 2/10
Vincent L. : 4,5/10
Publié le samedi 12 juillet 2014 à 10h00
Commentaires sur l'article
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Ouai, si on survole vos conclusions à la fin de chaque présentations des films, y a pas grand chose de formidable dans tout ça. Ceci dit, ça casse pas des briques tout ces films.
Kristoof, le 22 juillet 2014 19h16 -
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C'est vrai qu'à part White God, nous n'avons pas eu de gros coup de coeur... Une année ne fait pas l'autre, peut-être n'y avait-il pas d'excellents candidats pour cette édition.
Vincent L., le 24 juillet 2014 13h21