NIFFF Jour 7
C'est la fin du monde, les samourais sortent dans les rues !...
Décidément, la sélection « films of the third kind » du NIFFF est un peu l'endroit four tout qui sert à placer des films qui n'ont rien de fantastique et, dans le cas de White Bird in a Blizzard, on ne peut même pas dire qu'il s'agisse d'un film de genre (ou à peine).
Kat Connor a 17 ans lorsque sa mère disparaît sans laisser de trace. Alors qu’elle découvre au même moment sa sexualité, Kat semble à peine troublé par cette absence et ne paraît pas en vouloir à son père, un homme effacé. Mais peu à peu, ses nuits peuplées de rêves vont l’affecter profondément et l’amener à s’interroger sur elle-même et sur les raisons véritables de la disparition de sa mère…
Après Kaboom, Gregg Araki adapte un roman de Laura Kasischke (La vie devant ses yeux, Suspicious river). Visuellement, le film est plutôt très réussi, et il faut reconnaître que Gregg Araki sait réaliser des beaux plans et filmer ses acteurs (enfin à condition qu'ils soient bons) tout en apportant une belle atmosphère mélancolique.
Si White Bird in a Blizzard profite, sur le papier, d'un casting fortement sympathique avec en tête une Shailene Woodley (The Spectacular Now, Divergente) éblouissante qui arrive à véhiculer un panel d'émotion et de sensualité assez large, on peut pas vraiment dire que tous les acteurs offrent la même résonnance en terme de performance. Ainsi, la très belle Eva Green (Casino Royale, Dark Shadows) cabotine jusque parfois en être vraiment ridicule, et Angela Bassett (Strange Days) et Thomas Jane (Punisher, The Mist) font le minimum syndical (certainement du fait que leur rôle soit secondaire). Et si Christopher Meloni (New York Unité spéciale) au début se montre plutôt bon, sa prestation en toute fin demeure assez discutable.
Après, le plus gros problème de White Bird in a Blizzard découle de l'oeuvre originale, qui transforme un drame familial en farce, une histoire autour d'une adolescente perdue qui se cherche en une sorte de thriller psychologique à la dernière minute. Si le film se suit avec un fort intérêt au début, et qu'il vaudrait le détour pour les rapports qui existent entre les jeunes adultes, il dresse un portrait assez artificiel des parents, ou des adultes en général. Puis, plus le film avance, plus il perd de sa saveur. La fin explicative étant définitivement de trop.
Richard B : 5,5/10
Toujours dans le cadre de la compétition internationale, le réalisateur/scénariste allemand Till Kleinert est venu présenter son second long-métrage (le premier, Lange Nacht, avait été sélectionné au Raindance Film Festival de Londres).
Jakob, un jeune policier, travaille dans un village reculé d'Allemagne. Depuis quelque temps, un loup semble sévir dans les parages et Jakob aime à tenter de le nourrir afin qu'il fasse moins de dégâts. Son rêve demeure cependant de rencontrer la bête. De nature discrète et introvertie, sa vie va commencer à basculer lorsqu'il se retrouve face à un mystérieux homme, vêtu d'une robe et armé d'un sabre. Ce samouraï d'un nouveau genre durant une nuit à semblant interminable et cauchemardesque va semer le chaos dans le village ainsi que dans la vie de Jakob.
Si le jeune cinéaste livre une œuvre visuellement envoûtante, jouant remarquablement sur un jeu de couleurs et de lumière maîtrisé, Der Samurai semble aussi arriver avec un train de retard avec son scénario tournant autour du dédoublement de la personnalité, surtout que son traitement, cartoonesque et orienté jeux vidéos, empêche de prendre la psychologie des personnages pleinement au sérieux. On pense constamment à Fight Club, The machinist, Identity, Haute Tension, ou même à That Demon Within (qui, lui aussi, fait partie de la sélection asiatique de cette année). La schizophrénie est donc devenue avec le temps une banalité et, sur ce point, Der Samurai enfonce des portes ouvertes, mais fait surtout moins bien. Certes Till Kleinert tente de distinguer son personnage de Jakob pour qu'il soit différent de celui du Samurai, et qu'ainsi un doute subsiste aux yeux du spectateur, mais la symbolique et le traitement lui ne le permet pas. Pour autant Michel Diercks se donne au maximum et offre une prestation assez juste et crédible et constitue, en plus du visuel à l'un des éléments qualificatifs du film.
Sur le fond, les intentions de Der Samourai sont tout à fait respectables, le réalisateur se servant de cette histoire pour développer des thématiques comme le respect des différences ou la difficulté à sortir des carcans sociaux. La métaphore sur l'homosexualité crève l'écran (un peu trop, d'ailleurs, pour être vraiment subtile) et s'avère tellement présente qu'elle empêche toute véritable progression dramatique. Certes, ce genre de film n'est jamais inutile, mais en l'occurence, on peut se demander à quel public il peut s'adresser. Trop radical pour le grand public, pas assez pour les fans de genre, Der Samourai est pétri de bonnes intentions, mais celles-ci ne sont jamais concrétisées de façon convaincante.
On touchera rapidement un dernier mot sur l'aspect « gore » du film, puisque ce dernier dans sa deuxième partie offre un certain lot de têtes coupées ce qui devrait réjouir les adeptes du genre.
Richard B : 5,5/10
Vincent L. : 3/10
Nous avons ensuite découvert le dernier film de la compétition internationale : These Final Hours, de l'australien Zak Hilditch. C'est bientôt la fin. Une météorite s'est écrasée dans l'océan Atlantique, et le nuage de feu se répand sur toute la planète. Il reste une dizaine d'heures aux Australiens avant de connaître le même funeste destin que les autres habitants de la Terre. Certains attendent patiemment leur dernière heure, d'autres se suicident, d'autres font la fête et tentent d'oublier. En se rendant à l'une de ses fêtes de la fin du monde, Jimmy sauve une petite fille de deux agresseurs. Cette rencontre inopinée va lui permettre d'entamer un voyage initiatique...
Si le point de départ de These Final Hours n'est pas franchement nouveau (l'excellent Before The Fall ou, plus récemment, Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare, l'ont notamment exploité), il est toutefois suffisamment peu courant pour rester appréciable. Heureusement pour The Final Hours, d'ailleurs, tant ce dernier ne fait qu'exploiter toutes les figures récurrentes de ce genre "pré-apocalyptique". Il ne faut ainsi pas être un grand cinéphile pour rapidement comprendre tous les tenants, les aboutissants et les enjeux (la fin est jouée dès les premières minutes du film, et on sait d'ores et déjà comment tout cela va se terminer alors même que l'action n'a pas encore commencé).
Toutefois, si Zak Hilditch ne fait pas dans l'originalité, son film n'en demeure pas moins tout à fait correct : les personnages sont bien écrits, la mise en scène est correctement travaillée, la technique est bien maîtrisée (un petit budget d'implique pas forcément une image dégueulasse, la preuve), les comédiens sont très bons. Le long-métrage est ainsi doté d'une très bonne atmosphère, de quelques passages délicieusement décalés comme seuls les cinéastes australiens semblent savoir les faire, et si les thématiques ne sont pas nouvelles (et que leur traitement ne fait preuve d'aucune originalité), elles ont au moins le mérite d'être présente et de donner de la profondeur au film. On regrettera toutefois une absence d'émotion, le film ne suscitant pas outre-mesure la compassion en dépit du sujet (le bon côté, c'est que, du coup, il ne sombre pas non plus dans le pathos).
Pas original mais rigoureux et honnête, These Final Hours se place au final parmi les meilleurs films de cette compétition internationale. On a ainsi hâte de voir ce que Zak Hilditch fera par la suite, parce qu'aux commandes d'un scénario plus ambitieux, le metteur en scène pourrait révéler un potentiel intéressant.
Richard B. : 7,5/10
Vincent L. ; 6,5/10
Dans le cadre de la compétition « New cinema from asia », nous avons également vu Monsoon Shootout de Amit Kumar.
Sous la pluie battante de la mousson, dans les bas quartiers de Mumbai, un jeune flic tient son arme braquée sur un potentiel criminel. Ce dernier hésite à tirer. Quelle que soit sa décision, des conséquences se répercuteront.
Pour son premier film, Amit Kumar nous livre une histoire au concept intéressant, puisque via cette altercation, il sera proposé aux spectateurs de découvrir trois histoires partant d'un même point de départ qui explorent les conséquences d'un choix que doit prendre le personnage principal. À travers cela il sera confronté à la corruption, à des enjeux politiques, la loi des bas-fonds et découvrira que rien n'est blanc ou noir, mais bel et bien une multitude de nuances et que prendre la bonne décision n'est pas chose facile et qu'il n'existe pas de chemin réellement parfait.
Même si Amit Kumar fait preuve d'une belle maîtrise de mise en scène (les séquences dans les rues de Mumbai en pleine pluie sont assez impressionnantes), et possède un scénario plutôt intelligent démontrant qu'il est jamais facile de prendre la bonne décision, le film souffre d'une sensation de longueur. Cela est certainement dû au fait que, justement, on sait qu'à chaque fois on va être sujet à une boucle et que ce qui se déroule à nous n'est qu'une réflexion, un « Et si... » et que, du coup, les conséquences n'en seront pas forcément déterminantes (bien que...)
Pour autant Monsoon Shootout est très intéressant, particulièrement bien interprété par son acteur principal Vijay Verma et laisse un certain malaise après vision. Tous les films ne peuvent pas prétendre à ça et c'est déjà pas si mal !
Richard B : 5/10
Pour terminer, nous nous permettrons de faire un petit retour en arrière d'une journée puisque nous n'avions pas eu le temps de vous parler de Super 8 Madness ! passé dans le cadre de la sélection « Histoires du genre ».
Ce documentaire réalisé par Fabrice Blin se trouve être le portrait du premier festival du court métrage en super 8 organisé à Paris dans les années 80 autour de la thématique du fantastique. Qu'est-ce que le Super 8 ? Fort probable que ce format n'ait plus de secret pour vous depuis que J.J. Abrams en a fait le titre de l'un de ses films. Des noms aussi prestigieux que Steven Spielberg (le court-métrage Amblin marquera assez son réalisateur pour qu'il en fasse le nom de sa société) ou encore Sam Raimi (Evil Dead était à l'origine un film en Super 8) se sont amusés avec cette caméra.
En France, à partir de 1994 et durant 6 ans, apparut donc le Festival du Film Super 8 Fantastique. Ancien participant de ce festival créé par Jean-Pierre Putters et et Jean-Marc Toussaint, le réalisateur Fabrice Blin rend hommage à cette époque via une multitude d'interventions, d'images d'archives et d'extraits de films diffusé durant cette période tout en expliquant de manière ludique toute la difficulté et l'énergie que cela réclamé. Touchant et nostalgique sont les deux mots-clés de ce documentaire. Il y a aussi beaucoup d'humour, on reste admiratif devant certains films qui nous sont montrés comme ceux de Bruno Lermechin, aujourd'hui tragiquement décédé, et pourtant faisant preuve d'un véritable talent d'artiste dans ses travaux en Stop-Motion.
On regrettera certes que cet amour que porte le réalisateur pour cette époque l'empêche d'opérer certaines coupes puisque, par moment, ont dénotera quelques redondances. Mais dans l'ensemble, la mission de faire connaître à un public toute une époque de personnes passionnées et créatives via un média aujourd'hui quasiment disparu est bien là. Elle est communicative et, surtout, on est perpétuellement impressionné par l'énergie que ses réalisateurs ont développée pour mettre en image leurs rêves (c'était beaucoup moins facile techniquement hier qu'aujourd'hui de monter un film).
Richard B : 7/10
Publié le samedi 12 juillet 2014 à 08h49
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