Interview de Fred Henry, l'auteur de "Batman : Gotham City Chronicles"
Le point sur le projet, alors que le Kickstarter vient juste de commencer
Nous sommes le 28 février et la France est tétanisée par le froid. Ça tombe bien, car nous avons d’excellentes nouvelles qui vont sérieusement réchauffer l’ambiance. En effet, la nouvelle campagne de financement participatif de Monolith vient tout juste de commencer. Celle-ci est exclusive à Kickstarter et propose de soutenir leur prochain jeu de plateau sobrement intitulé Batman : Gotham City Chronicles.
Notre petit doigt nous dit que cette campagne va rapidement affoler les compteurs et les réseaux sociaux, et qu’elle sera probablement au centre des discussions dans les semaines à venir. Après tout, le Caped Crusader est sans aucun doute le justicier masqué le plus célèbre au monde et l’impatience des fans est énorme. Et puis, Monolith est un habitué des records en tout genre. Ce sont déjà les auteurs de Conan, un des plus gros succès de la célèbre plate-forme de financement participatif du haut de ses 3.3 millions d’€uros.
Notre équipe est allée à la rencontre de Frédéric Henry, l’auteur du jeu, afin d’en savoir un peu plus sur ce projet dantesque.
SFU : Est-ce que cela a été difficile d'obtenir les droits du Caped Crusader ? DC Comics est connu pour ne pas les lâcher facilement.
Fred : En fait cela s’est révélé beaucoup plus simple que nous ne l’imaginions. Il m’a suffi de me rendre aux Etats-Unis afin de rencontrer la Warner et de leur présenter ce que nous avions préalablement réalisé avec Conan. Warner s’est montrée très impressionnée par le jeu et sa réalisation et nous a rapidement mis en contact avec DC. C’est avant tout l’immersion proposée par le jeu qui a retenu leur attention. Par ailleurs il s’est trouvé que certains membres de chez eux connaissaient très bien le projet Conan pour l’avoir pledgé.
SFU : Est-ce que DC Comics vous a imposé des contraintes particulières sur le projet ? Sont-elles difficiles à respecter ?
Fred : Finalement assez peu, si ce n’est l’interdiction de faire mourir les Héros et bien sur un contrôle très pointu de l’esthétique et du background des personnages. Les validations se sont toujours très bien déroulées et aucune n’a demandé plus de quelques allers retours.
SFU : Conan avait fortement impressionné par son respect absolu de l'univers et de la licence. Vous vous étiez notamment assuré l'appui de Patrice Louinet, l'un des principaux exégètes de R. E. Howard. Est-ce que ce sera aussi un axe fort sur Batman ? Avez-vous engagé des experts pour vous seconder ?
Fred : Nous entourer d’experts des thèmes que nous abordons est une marque de fabrique de Monolith. Nous avons été les premiers à le faire et je pense que c’est quelque chose qui va se populariser. Sur Batman nous nous sommes attachés les services de deux spécialistes de renom du comics, Xavier Fournier et Alex Nickolevitch.
SFU : Batman est un personnage qui a énormément évolué au travers du temps et des médias, avec un spectre ultra-large allant du kitsch intégral au personnage sombre et torturé. Ou vous placez-vous ? Quelles ont été vos principales sources d'inspiration ?
Fred : Alors nous nous sommes particulièrement centrés sur l’univers New 52. Batman aura 80 ans l’année prochaine aussi il nous fallait choisir une période précise afin de conserver une certaine unité graphique et thématique.
SFU : Quel est le degré d'avancement du projet ? Est-ce que vous êtes encore en phase de polissage et d'ajustement des règles, ou est-ce que tout est complètement finalisé ?
Fred : Je dirais qu’en termes de développement le projet est finalisé à 90%. Il nous reste quelques scénarios à terminer et certains éléments graphiques à peaufiner.
SFU : Vous vous appuyez sur des mécaniques très similaires à Conan, ce qui ravira les fans car elles sont vraiment fluides et offrent pas mal de possibilités tactiques. Quels ajustements avez-vous dû réaliser pour les transposer dans ce nouvel univers ?
Fred : Il y a eu pas mal d’ajustements réalisés, aussi il est difficile de les lister ici sans en expliquer les raisons. Globalement, le système de compétence a été unifié, les améliorations du Vilain ont été capées, les personnages du vilain se jouent désormais indépendamment, des caractéristiques ont été ajoutées, de nouveaux dés ont fait leur apparition, les héros ne peuvent plus mourir… Mais le plus gros changement réside dans la création d’un mode de jeu spécifique pour deux joueurs : le mode Versus. Il met en effet en opposition deux Command Boards (l’équivalent du livre de Skélos dans Conan) et permet d’offrir une approche beaucoup plus escarmouche du jeu. Il a demandé 9 mois de développement mais je suis particulièrement heureux du résultat que nous avons obtenu.
SFU : Les figurines ont toujours été un de vos très gros points forts et les premiers visuels diffusés le prouvent avec brio. Quels sont les illustrateurs / modeleurs impliqués sur le projet ? Avez-vous limité leur nombre afin de renforcer la cohérence de l'ensemble et éviter les critiques qu'on a pu vous faire sur Mythic Battles Pantheon ?
Fred : Oui. Nous avons réduit l’équipe à essentiellement quatre sculpteurs : Arnaud Boudoiron, Edgar Skomorovski, Edgar Ramos et Aragorn Marks. Tous ont tenté de converger vers un style le plus homogène possible.
SFU : A sa sortie, le manque de maturité du contenu éditorial de Conan avait surpris. Règles obscures et contradictoires, scénarios absents des achats optionnels, nombre de scénarios très loin des 100 annoncés pour la livraison, gros soucis d'équilibrage... Avec le temps, ces problèmes se sont arrangés, mais comment pouvez-vous rassurer les futurs Backers sur le degré de finition à la naissance de votre futur bébé ?
Fred : Nous avons beaucoup appris des erreurs de Conan. A l’époque nous étions trois, aujourd’hui nous sommes une quinzaine avec des postes bien définis notamment dans les domaines de la scénarisation et de la rédaction des règles. Ces dernières sont d’ailleurs consultables en ligne depuis un certain temps déjà. Nous avons œuvré massivement depuis l’arrivée de Conan à la réparation de nos erreurs et ce à coup de dizaines et dizaines de milliers d’euros, entièrement à notre charge. Si en dépit de tout ce que nous avons montré, certains doutent encore de notre capacité à bien faire les choses, le mieux est encore qu’ils ne pledgent pas nos jeux.
SFU : L'univers de Batman offre énormément de super-vilains iconiques, mais en revanche peu de héros pouvant rivaliser avec le Caped Crusader lui-même. Est-ce que cela a été difficile de trouver un roster équilibré ? Combien y aura t'il de héros jouables ?
Fred : Dans la mesure où les héros coopèrent et que le jeu "scenario dependent", la question ne se pose jamais en ces termes. Mais au-delà de ça je ne suis pas tout à fait d’accord avec l’idée que Batman est le héros le plus puissant du batverse. Un Azraël, une Cassandra Caïn, une Katana ou même une Katie Kane n’auraient guère de mal à soutenir la comparaison avec un Batman, au moins en termes d’opposition physique. Par ailleurs il existe de nombreux domaines de compétences nécessaires à réunir pour mener à bien un scénario, or Batman est loin de tous les maîtriser. A La fin de la campagne nous devrions atteindre une trentaine de Héros jouables.
SFU : Quand on parle de Monolith, on a tous en tête le succès phénoménal du KickStarter Conan en 2015. Est-ce que ça ne vous mets pas trop la pression sur ce nouveau projet ?
Fred : Disons simplement que nous ne pouvons pas nous contenter pour Batman de ce qui fut à l’époque un succès pour Conan. Dans le cas où nous n’atteindrions pas les 2 millions après un mois nous annulerions tout simplement la campagne.
SFU : Quels sont vos objectifs ? En combien de temps pensez-vous les atteindre ?
Fred : C’est très difficile à dire. J’ai bricolé un outil maison d’estimation qui me fait dire que nous devrions obtenir le premier million de dollars dans les six premières heures et que nous finirons la campagne autours des huit millions. Mais bon, encore une fois c’est du bricolage. Disons que ce sera justement l’occasion de confronter l’outil à la réalité empirique.
[NdR : et il a eu raison... Le premier million a été atteint en moins de 4 heures]
SFU : Pouvez-vous détailler dans les grandes lignes le planning de développement ? Quelle est la date de livraison estimée ?
Fred : Nous livrerons en Avril 2019. Le développement est pour ainsi dire terminé et nous avons déjà négocié avec les transporteurs.
SFU : Eh bien merci Fred pour toutes ces précisions. L’équipe vous souhaite de tout cœur de recevoir un accueil du public à la hauteur de vos ambitions, même si nous n’avons pas beaucoup de doutes là-dessus.
Pour tout ceux qui souhaiteraient aller plus loin, toutes les infos sont disponibles sur le facebook de Monolith.
Publié le mercredi 28 février 2018 à 09h00
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