Critique Le Chat Potté 2 : la dernière quête #2 [2022]

Critique de la version française

Géant de l'animation, DreamWorks mise souvent sur de nouvelles licences chaque année accompagnées de valeurs sûres comme Le Chat Potté 2 : la dernière quête.

Mine de rien, il faut remonter à 2011 pour la sortie au cinéma du premier Chat Potté qui faisait suite à Shrek 4 sorti en 2010. Deux long-métrages qui venaient célébrer les 10 ans d'une licence prolifique avec pas moins de 5 sorties au cinéma depuis 2001. Mais depuis 2011, plus rien... Il faut dire que Shrek 3 et 4 démontraient clairement un essoufflement de la licence tandis que Le Chat Potté était loin d'avoir convaincu tout le monde malgré un réel succès public. De quoi plancher très sérieusement sur une suite dès 2012 mais le projet pataugea et retomba dans les limbes avant de refaire surface en 2018 sous la coupe de Chris Meledandri (créateur du studio Illumination et producteur exécutif du film) qui relança le projet en débauchant un des réalisateurs de Spider-man : The New Generation qui servit de principale source d'inspiration en termes de direction artistique. Le projet pataugea encore un peu, en étant malheureusement victime de la crise du Covid-19, pour finalement être confié au scénariste du premier opus, Tom Wheeler, accompagné de deux autres collègues. La réalisation échoue quand à elle à un homme de la maison DreamWorks Animation (qui prit en charge toute la production) en la personne de Joel Crawford qui fut longtemps en charge de story-boards (notamment la trilogie Kung fu Panda) avant de se voir confier la réalisations des Croods 2. Il enchaîne donc ici avec un second film accompagné d'un co-réalisateur, Januel Mercado, au CV plus confidentiel. Aidé par le producteur Mark Swift, les deux Américains se virent confier le budget confortable de 90 millions de dollars, un casting de star et une certaine liberté d'animation pour un résultat plusieurs fois repoussé avant d’atterrir sur les écrans mondiaux fin 2022. Pour un succès critique comme commercial assez mérité.

Situé après le premier opus, mais aussi après Shrek 4, Le Chat Potté 2 : la dernière quête remet donc en scène le félin parlant aventurier vivant de fêtes et d'aventures comme d'affrontements tant envers les représentants de l'ordre que des créatures magiques. Lors d'un affrontement titanesque contre un géant, le Chat Potté est malheureusement écrasé par une cloche d'église. En se réveillant chez le docteur, il est frappé par une cruelle évidence : il vient de perdre la huitième de ses neuf vies. Alors qu'il erre seul dans un bar en refusant de voir en face la réalité, il est abordé par le Grand Méchant Loup, un chasseur de primes bien décidé à le récupérer mort. Le Chat Potté subit alors une cuisante défaite et fait une crise de panique face à sa mort bien trop probable. Il décide alors de se retirer chez Mama Luna, une veille dame vivant avec de très nombreux chats. Alors qu'il se laisse aller, il fait la rencontre avec un chien déguisé en chat, Perrito, cherchant désespéramment un ami au moment où Boucle d'Or et les trois ours sont à deux doigts de le retrouver. Il apprend néanmoins qu'il sont à la recherche de l'étoile à vœu qui pourrait lui permettre de récupérer ses 8 vies. Pour cela, il va devoir récupérer une carte en possession de « Big » Jack Horner collectionneurs d'objets et créatures magiques. Il décide donc de voler cette carte quitte à alerter le Grand Méchant Loup de son retour mais aussi de retomber sur d'anciens alliés...

Le scénario du film est une réussite grâce à plusieurs points. C'est d'abord un film d'aventure, largement inspiré du western spaghetti, très bien rythmé où différents groupes de personnages courent après un mac guffin après une mise en place très efficace. Les enjeux, les différents héros et ennemis sont bien introduits permettant de comprendre comme il faut les motivations de chacun pour offrir une dernière ligne droite aussi riche en spectacle qu'en émotions. On retrouve par ailleurs avec plaisir Kitty Patte de Velours, la chatte aussi alliée que rivale du Chat Potté. Ils vont devoir notamment affronter Boucle d'Or et les trois ours, une troupe de brigands offrant une famille plutôt fonctionnelle dont les défauts de chacun les rendent attachants. Mais le personnage le plus impactant est sans conteste le Grand Méchant Loup qui agit comme une menace aussi discrète qu'implacable pendant tout le film. Il personnifie de manière très classieuse le principal thème du film qui est la mort. Un thème assez osé pour un divertissement familial mais très bien utilisé. Notre grand héros arrogant va faire l'épreuve de sa propre mortalité ici symbolisée par ce loup qui est derrière lui quoi qu'il fasse. Le film joue habilement avec les étapes du deuil et permet surtout de plus ou moins réinventer ce héros qui va devoir se concentrer sur ce qui le rend vivant pour s'en sortir. Chaque personnage est en quête de quelque chose pour différentes raison où l'égoïsme affronte l'altruisme. Le message principal du film semble être que pour retarder la mort, il faut savoir pleinement vivre. Assez classique mais plutôt bien amené.

Au-delà de ça, le film reste un divertissement familial hautement recommandable qui offre plusieurs moments de bravoure ainsi qu'un humour plutôt efficace de différents registres. Le film saute souvent entre plusieurs groupes de personnages de manière très efficace dans une relecture de contes de fée parlant autant aux plus jeunes qu'aux adultes. L'ensemble n'est évidemment pas exempt de défauts à commencer par le personnage de Perrito qui est un peu le cliché du sidekick horripilant qu'on aime bien quand même. Ensuite, le film semble s'être forcé à offrir une fin bien plus grandiloquente que nécessaire alors qu'il aurait pu se terminer sur un des meilleurs moments du métrage. Là où le film innove le plus c'est dans sa direction artistique qui se rapproche parfois de celle des Bad Guys avec une sorte de finition façon dessins à la main sur des modèles 3D. Alors ce n'est pas aussi appuyé que sur le métrage cité mais on sent cette volonté sur de nombreux plans notamment les scènes d'action où l'ensemble apparaît plus stylisé pour des effets plutôt réussis. On s'écarte ici de la saga Shrek qui avait certes son propre style mais cherchait ensuite l’esbroufe technique plus que la diversité artistique. On sent ici plus de libertés avec l'influence de Spider-man : The New Generation vraiment palpable pour un spectacle qui ose prendre un peu plus de risques pour offrir des univers visuels assez différents quitte à bousculer les spectateurs qui ne sont au final nullement perturbés, au contraire. Cela permet aussi de souligner les différentes étapes du film justifiant parfois des ambiances différentes.

Et cela se ressent aussi au niveau de l'animation qui elle aussi veut nous offrir des expériences différentes notamment durant les scènes d'action. Cela se ressent sur certains combats où l'on a l'impression d'avoir affaire à des animatroniques avec un rendu quelque peu saccadé qui a son charme au début mais qui frise un peu l'hommage forcé. Des scènes d'action où les personnages connaissent des formes plus différentes rompant avec le classisisme d'une animation très efficace. On le sait DreamWorks Animation fait clairement partie du haut du panier et ils le prouvent ici encore une fois. Le zoo-anthropomorphisme fonctionne parfaitement où les personnages animaux sont crédibles gardant des caractéristiques des espèces qu'ils représentent. Pour ce qui est du travail de Joel Crawford, on sent que l'Américain a un bagage visuel fort et qu'il a su rendre justice à ces différentes ambiances mélangeant bien les contes de fée avec le western tout en donnant toute la place qu'il faut à ses différents personnages. On peut à ce niveau saluer la qualité du montage qui permute toujours efficacement sur les différents groupes que l'on suit. On sent aussi que Crawford s'est fait plaisir durant les apparitions du Loup et qu'il maîtrise bien les scènes d'action. On ira pas jusqu'à en faire un auteur au sein d'une industrie américaine de l'animation qui ne semble pas la plus épanouissante pour les réalisateurs, mais c'est en tout cas un faiseur ce qui il faudra compter. Pour ce qui est du casting vocal français confié à des comédiens de doublage expérimentés, il est de grande qualité participant activement au succès du film.

On vous le conseille si vous aimez Shrek 2, Le Chat Potté, Fables.