Critique Le Petit dinosaure et la vallée des merveilles #1 [1989]

Avis critique rédigé par Bastien L. le vendredi 12 janvier 2024 à 09h00

Long Cou contre Dent Tranchante

Critique de la version française

Quand on parle de cinéma d'animation américain, on pense inévitablement à Disney même si on sait très bien que le géant aux grandes oreilles a subi de fortes concurrences notamment dans les années 1980 face à un de ses anciens employés, Don Bluth.

Au milieu des années 1980, Don Bluth c'est un peu le nouveau génie de l'animation qui a créé son studio, Sullivan Bluth Studios, en 1979 faisant parler de lui avec Brisby et le secret de Nimh en 1982. Une œuvre aussi excellente qu'atypique dans le paysage de l'animation. Face à un Disney moribond, Bluth va trouver des alliés de poids avec Universal et Steven Spielberg afin de proposer en 1985 un autre grand classique : Fievel et le nouveau monde. Une collaboration fructueuse puisque Spielberg (en tant que producteur exécutif via sa firme Amblin), produisit le projet suivant de Don Bluth mettant en scène des dinosaures. Parmi les autres producteurs exécutifs, Spielberg fit aussi intervenir son grand ami George Lucas comme ses partenaires privilégiés Kathleen Kennedy et Frank Marshall. De sacrés pointures aux côtés desquelles on peut aussi rajouter le compositeur James Horner. La production ne fut néanmoins pas de tout repos puisque le script des scénaristes de Fievel fut longuement remanié et l'idée de Bluth, Spielberg et Lucas de faire un film sans dialogue à la manière de certains segments de Fantasia fut abandonné. De plus, la production coïncida avec le déménagement en Irlande des studios de Don Bluth. Enfin, une querelle importante éclata en salle de montage quand Spielberg et Lucas trouvèrent certaines séquences impliquant le Tyrannosaure trop violentes au grand dam de Bluth. Il dû néanmoins accepter la coupe de 11 minutes d'un film qui sortit aux Etats-Unis en 1988 et l'année suivante en France. Pour un succès autant public que critique créant une franchise lucrative comprenant aujourd'hui 13 suites, une série animée, des jeux vidéos et pléthore de produits dérivés. Sans qu'aucun des créateurs originaux n'y ait participé néanmoins. Steven Spielberg étant notamment parti jouer avec d'autres dinosaures...

Le film nous plonge donc dans un très lointain passé au temps des dinosaures. On fait la connaissance du Long Cou (un brontosaure) Petit-Pied qui naît dans un moment terrible : son troupeau très réduit doit impérativement rejoindre une vallée fertile car leur lieu de vie connaît la sécheresse, des volcans en éruption comme des tremblements de terre. Alors que le jeune dinosaure découvre la vie, il s'écarte un jour des siens pour jouer avec la Trois Cornes (une tricératops) orgueilleuse Cera. Les deux amis tombent malheureusement sur un Dent Tranchante (un tyrannosaure) qui les prend en chasse avant qu'ils soient sauvés par la mère de Petit-Pied. Au même, un tremblement de terre violent entraîne la séparation de nombreux troupeaux comme la chute fatale de la mère de Petit-Pied qui se trouve seul. Paralysé par son chagrin, le jeune héros va néanmoins devoir tout faire pour rejoindre la vallée fertile pour survivre comme retrouver les siens. Un chemin qu'il ne fera pas seul puisque, outre Cera, il sera accompagné de Becky une Grande Bouche (une saurolophus) joviale, Petrie un Volant (un ptéranodon) ne sachant pas voler et Pointu un Queue à Pointes (un stégosaure) vorace.

Si les films de Don Bluth ont autant concurrencé Disney, c'est aussi parce qu'ils pouvaient beaucoup s'en rapprocher. En effet, à la naissance du projet, Bluth et Spielberg souhaitaient faire une œuvre dans la veine de Bambi. Une influence que l'on retrouve ici via cette idée d'un jeune orphelin devant survivre avec des amis d'autres espèces tandis que la menace ayant éliminé sa mère rôde toujours. La structure du scénario est assez proche des classiques Disney avec une intrigue principale assez ténue où les péripéties sont réellement le cœur du scénario. De même le métrage est assez court (70 minutes) permettant aux jeunes enfants de ne jamais s'ennuyer. Personnellement, ce film est un de ceux que j'ai le plus vu dans mon enfance, le revoyant pour la première fois avec un regard d'adulte. Et c'est un peu la douche froide sur certains points tant le métrage a pris son petit coup de vieux. Il n'y a pas vraiment de temps morts et tout s'enchaîne de manière trop facile avec une équipe de héros à peine constituée qu'il ne reste que 20 minutes de films. Le plus surprenant reste la séquence finale qui nous offre un flash-back qui résume le film montrant même des images vus à peine 15 minutes plus tôt... Bref, on ne regarde pas vraiment Le Petit dinosaure et la vallée des merveilles pour son scénario.

Ce qu'on retient le plus finalement, c'est l'ambiance assez sombre et pessimiste du film. Alors ne vous inquiétez pas, la fin heureuse est bien présente et il s'agit d'un divertissement pour toute la famille. Mais la quête de Petit-Pied commence par une perte violente puis se fait dans un monde désolé, vide où la mort rode néanmoins à travers un Dent Tranchante au design très inquiétant se comportant comme la bête féroce qu'il devait être. Cette lutte pour la survie qui s'accompagne d'une amitié naissante entre les membres d'un groupe où les tensions sont fortes et où chaque « étranger » est une menace potentielle plongerait presque le film dans du post-apocalyptique... Cette ambiance particulière est renforcée par la belle musique de James Horner qui se fait surtout mélancolique. Par ailleurs, ce premier épisode de la saga du Petit dinosaure est le seul à ne pas être une comédie musicale... Comme il a été dit, le film reste quand même un divertissement familial regorgeant de bons sentiments sur l'amitié, sur l'amour parental inaltérable et sur la nécessité de collaborer pour s'en sortir. Les héros sont aussi mignons qu'attachants avec quelques séquences d'humour assez efficaces. Et on ne va pas bouder notre plaisir de voir à quel point les jeunes enfants restent captivés et charmés par un spectacle aussi grandiose à leurs yeux.

Encore une fois, le film a quand même vieilli même si sa direction artistique maîtrisée et son animation font encore des merveilles. Les âmes positives des héros contrastent avec les environnements froids traversés et certains décors deviennent joliment plus abstraits quand il s'agit de vastes paysages. Pour l'animation, on sent encore qu'on a affaire à des anciens de Disney se reposant sur des décennies de maîtrise. Chaque dinosaure voit transparaître son identité comme sa morphologie avec une excellente fluidité. Les quelques morceaux de bravoure impliquant courses-poursuites et combats sont magnifiquement faits. En tant que réalisateur, Don Bluth se révèle un chef d'orchestre très efficace aimant notamment jouer sur les différences de tailles entre les jeunes héros face à leurs parents, les carnivores ou encore les environnements gigantesques. Le rythme est impeccable et le montage fonctionne aussi bien pour la comédie que les scènes d'action. Pour ce qui est du doublage français, il est de qualité avec des professionnels dont l'inévitable Roger Carel qui aura décidément bercé l'enfance de générations de Français. Et comment ne pas citer le « oui oui oui » cultissime de Becky reprenant le « yep yep yep » improvisée de la doubleuse originale Judith Barsi, enfant-star au destin tragique.

La conclusion de à propos du Film d'animation : Le Petit dinosaure et la vallée des merveilles #1 [1989]

Auteur Bastien L.
72

Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles a certes vieilli mais propose encore aujourd'hui un spectacle capable de captiver les jeunes spectateurs comme enchanter des parents devant une telle maîtrise dans l'animation. Les péripéties sont bien rythmées, les personnages sont attachants et l'ambiance assez sombre tranche avec ce qu'on a l'habitude de voir. On regrette surtout un scénario manquant de consistance et un film paraissant un peu précipité par moments.

On a aimé

  • Un divertissement famlial culte
  • Artistiquement et techniquement grandiose
  • Son aspect sombre et parfois pessimiste

On a moins bien aimé

  • Le scénario trop précipité sur la fin
  • Le flash-back final
  • Ca a pris son coup de vieux...

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