Critique Kung Fu Panda 4 [2024]

Critique de la version française

Déjà le quatrième épisode de Kung fu Panda, une des licences les plus lucratives de l'écurie DreamWorks qui continue son petit ursidé de chemin dans le divertissement familial de qualité.

Même si cette saga créée en 2008 en est à son quatrième épisode, il y a pourtant eu une pause de 8 ans après le très sympathique Kung Fu Panda 3. Alors qu'à l'époque ses équipes créatives semblaient partantes pour rempiler rapidement, d'autres projets semblent avoir eu la priorité. Il faut attendre 2022 pour que DreamWorks officialise l'existence du quatrième opus totalement produit en interne et qui connut quelques tergiversations créatives notamment la possibilité d'un mélange animation/live action avec des personnages humains avant de finalement rester plus fidèle à l’œuvre originale. Le projet est confié au réalisateur américain Mike Mitchell qui est autant un spécialiste de la comédie (L'Ecole fantastique...) qu'un contributeur cheveronné de l'écurie DreamWorks après avoir réalisé Shrek 4 et Trolls. Il a par ailleurs déjà travaillé sur la licence Kung fu Panda en étant consultant créatif sur le premier opus et producteur exécutif sur le troisième. Il est accompagné de Stéphanie Stine (ayant travaillé sur les story-boards de Dragons 3 et Raya et le dernier dragon notamment) créditée comme co-réalisatrice. Le scénario a été confié au duo Jonhathan Aibel & Glenn Berger à qui l'on doit tous les scripts de la saga et qui sont ici accompagnés par Darren Lemke (Turbo, Shazam!...). Produit pour environ 85 millions de dollars aux studios DreamWorks Animation Glendale, le film sort sur les écrans du monde entier en mars 2024. Pour un succès public dépassant les 500 millions de dollars au box-office mondial un mois après sa sortie accompagné de critiques assez positives.

Le film se déroule un temps indéterminé après Kung Fu Panda 3 alors que Po le Panda est toujours le légendaire guerrier dragon protégeant le peuple de la Vallée de la Paix à l'aide de sa grande maîtrise du Kung Fu. Néanmoins, son Maître Shifu lui annonce qu'il va bientôt devoir désigner son successeur en tant que guerrier dragon pour devenir un guide spirituel après tant de combats. Néanmoins Po rechigne énormément devant cette tâche d'autant plus que son premier ennemi Tai Lung semble s'être échappé. Cela coïncide avec l'affrontement que Po a eu avec la renarde voleuse Zhen. Après l'avoir battue, Po décide l'enfermer mais cette dernière semble en savoir plus sur le retour de Tai Lung et apprend à notre héros qu'il s'agit en fait de La Caméléone, une sorcière polymorphe dont le pouvoir et la soif de conquêtes ne cessent de grandir. Son repaire se situe dans la grande cité de Juniper que Zhen connaît bien obligeant Po à une alliance qui s'annonce compliquée. D'autant plus que son départ n'est pas du goût de ses pères qui décident de se lancer à poursuite pour tenter de l'aider au mieux.

Sans être au panthéon des films d'animation en images de synthèse, la saga Kung fu Panda a néanmoins toujours réussi à se maintenir à un bon niveau qualitatif. Le genre de divertissement familial que l'on a toujours plaisir à visionner grâce à ses scénarios solides et son action plaisante. Le quatrième opus n'échappe pas à la règle et se révèle sympathique pour de nombreuses raisons. Certes, il n'est clairement pas le meilleur épisode de la saga mais reste fidèle à ses racines tant on passe un bon moment en le visionnant. C'est surtout au niveau de son scénario que le film souffle le chaud et le froid. La structure est un poil trop classique mais terriblement efficace notamment auprès d'un jeune public. Le personnage de Zhen qui est la seconde héroïne du récit a néanmoins un arc narratif vraiment très cliché dont n'importe quel spectateur adulte aura rapidement deviné l'évolution. L'autre problème vient du duo de pères (l'un naturel, l'autre adoptif) qui partent à la recherche de Po sans être pourtant des guerriers ou aventuriers aguerris. Comme ils sont loin de leur fils, les scènes avec eux sont avant-tout des intermèdes comiques qui fonctionnent moyennement nous coupant de la quête de Po et en étant un peu trop répétitif dans l'humour. Un temps qui aurait été mieux employé à développer le personnage de La Caméléone très intéressante ou encore la ville de Juniper. Les deux auraient pu être mieux exploitées.

Néanmoins, le film s'avère plutôt pertinent dans sa thématique du changement (dont le fait de grandir) en ce qui concerne Po qui a du mal à passer du statut d'élève à celui de maître ni à renoncer à ce qu'il est par peur de ce qu'il pourrait devenir. Une thématique universelle assez bien traitée. Le tout évidemment dans un mélange d'action, de dépaysement et d'humour censé nous faire vivre un tourbillon d'émotions positives pour petits et grands. Et Kung Fu Panda 4 y parvient sans soucis même si on pourra émettre un petit bémol en ce qui concerne l'humour qui n'est pas toujours des plus efficace quand bien même il fonctionne sur les plus jeunes. De toute manière, le film n'est jamais aussi bon que quand il se lance dans l'action qui est un mélange parfait entre les films d'arts martiaux très acrobatiques et le comique assez physique à la Tex Avery. Le pus novateur est la nature polymorphe de l'antagoniste principale changeant constamment de formes en plein combat offrant un véritable cachet et une bonne originalité à la saga. Pour ce qui est de la direction artistique du film, on est toujours aussi émerveillé par cette approche médiéval fantasy de la Chine avec ses espaces ruraux comme urbains où sont plongés des animaux à forme humaine oscillant entre le mignon et le comique. On en prend encore une fois plein les mirettes.

On ne peut pas dire que l'on soit surpris mais le travail d'animation de DreamWorks est absolument sublime avec une très grande qualité d'animation de tous les instants. Pourtant le studio ne s'est pas facilité la tâche avec une véritable ambition en ce qui concerne le nombre de personnages à l'écran comme les effets d'eau, de vent et de nature qui pullulent dans le film. De même que la magnifique cité de Juniper respire de vie entre sa haute-tour, repaire de La Caméléone et de son armée de dragons de Komodo, et ses bas-fonds peuplés de voleurs. Et c'est quand l'action parle que cette maîtrise de l'animation se fait encore plus sentir notamment via la nature polymorphe de la grande vilaine du film. C'est aussi là que Mike Mitchell semble s'être fait le plus plaisir dans la réalisation où il mélange parfaitement son sens du rythme et de la comédie notamment lors d'une (certes classique) séquence de bagarre dans un bar malfamé. Mais il offre aussi des atmosphères différentes dans certaines séquences d'action qui si elles se basent sur le Kung Fu se renouvellent constamment. Tout en étant toujours très lisibles donc cela offre un spectacle très satisfaisant au niveau de l'action. Pour le reste, la mise en scène est surtout aussi classique qu'efficace. En ce qui concerne le casting vocal français, on retrouve avec plaisir Manu Payet et Pierre Arditi dans les rôles de Po et de Shifu qui maîtrisent parfaitement leur personnage. A leurs côtés, on retrouve des comédiens de doublage professionnels notamment Olivia Dalric et Virgine Emane parfaites en Zhen et La Caméléone.

On vous le conseille si vous aimez Kung Fu Panda, Zootopie, Crazy kung-fu...