Critique Le Secret de Sinharat #2 [1969]

"L'animal éperonné par son cavalier noir fuyait à travers le désert martien depuis des heures, et il arrivait à bout de forces. Il chancela et rompit la cadence. Quand l'homme jura et enfonça les talons dans ses flancs écailleux, la bête ne fit que se tourner vers lui avec un sifflement chuintant. Elle s'avança encore un peu titubant avant de s'arrêter de côté sous le vent d'une dune. Alors elle s'écroula dans la poussière..."
Eric John Star est poursuivi par quatre cavaliers et se sent acculé. Il est prêt à se rendre. Or, il reconnaît en celui qui s'avance vers lui un ancien mentor qui lui confie, en échange de l'effacement de ses méfaits, la mission de s'introduire au sein d'une organisation illégale et armée sur Mars militant pour l'indépendance de la planète. Une révolution est mise sur pied. Une fois sur place, John Star sent que la tâche va être plus ardue que prévue...
Si ça ne vous a pas échappé, la scène d'ouverture sent le déjà vu, celle d'un tautaun mourant dans un désert de glace, vous serez moins surpris lorsque vous saurez que Leigh Brackett est la scénariste de l'empire contre-attaque. Ceci étant dit, le héros de la saga de ce roman a plus les caractéristiques d'un Riddick que d'un Skylwalker. Fin de la parenthèse. Eric John Star est né dans le magazine de pulp Planet stories dans les nouvelles "queen of the martian catacombs" puis "Black Amazon of Mars" en 1949. Elle en fera de courts romans par la suite: le secret de Sinharat et le peuple du talisman. Un héros est apparu sur la scène du space opéra. Mais ce qui le différencie des personnages principaux de l'époque est qu'il est Noir. Fait unique en cette période de l'après guerre, aux Etats-Unis. En même temps, puisqu'il est originaire de Mercure, à une volée de flèches du soleil, façon de parler, l'auteur est on ne peut plus cohérent. Sauf qu’Eric John Star a un secret, lourd de conséquences, dont elle dévoile quelques indices dans ce roman.
Si l'on peut (peut-être injustement) aussi classer ce roman dans les pulps, écrit en plein âge d'or de la science fiction, le secret de Sinharat est surtout un space opéra, typique de cette période. Prenez des héros, des mercenaires, des hors la loi, se baladant de ville en ville, écumant les saloons, le six coups pendu et encore fumant à la ceinture, recherchant la fortune, la vengeance ou bien la justice. Transposez cela mille dans le futur et vous avez le western moderne. Le space opéra. Ici, Eric John Star est ce genre d'anti-héros, mais aussi un agent double. Leigh Brackett introduit le polar ou les intrigues policières dans les aventures spatiales. Ce qui fait que les romans de cet auteur se place un cran au-dessus de ce qui existait à l'époque.