Critique Horrific [2009]
Avis critique rédigé par Vincent L. le mercredi 22 juillet 2009 à 11h55
Nanardophile, tu peux y trouver ton bonheur...
Soyons honnête, Horrific n'a absolument rien pour plaire au premier abord ! Le DVD entre les mains, on sait pertinemment qu'on se trouve en présence d'une belle bouse, mais rien sur la jaquette ne permet vraiment de savoir si cet étron se révèlera être un sympathique nanar, ou bien si sa vision se révèlera pénible et douloureuse pour quiconque osera tenter l'expérience. C'est finalement à ce niveau que le concept du film - trois sketchs indépendants les uns des autres - va donc prendre toute son importance : la qualité peut-être fluctuante, le meilleur pouvant succéder au pire, car une histoire ne fait pas forcément l'autre, les sketchs, à cause de leurs courtes durées, vont nécessairement directement à l'essentiel, enfin, ces productions étant destinées au marché du direct to video, on peut potentiellement être en face d'une oeuvre érotico-gore assez plaisante.
Horrific relève au final un peu de tout cela à la fois ! Bien sur, si vous n'êtes pas amateur de nanar - ce qu'on appelle généralement un spectateur "normal" - ce long-métrage est simplement nul à tous les niveaux. Inutile d'y chercher une quelconque qualité artistique, que ce soit au niveau de la mise en scène, des effets spéciaux ou des jeux d'acteurs (ne soyez pas naïf enfin !). Néanmoins, si le Z est votre petit plaisir coupable, nul doute que vous trouverez votre compte devant une partie du film ; car si l'ensemble des sketchs n'est pas d'égal niveau, bien loin de là, au moins l'un d'eux mérite amplement le coup d'oeil tant son jusqu'auboutisme volontaire s'avère jouissif et, avouons le, totalement con. Petit passage en revue des différentes histoires proposées dans Horrific.
La crypte des morts-vivants
Réalisé par Victoria Sloan, pseudonyme connu et assumé de David DeCoteau, une référence incontestée dans le domaine du nanar propre destiné à l'exploitation télévisée, La crypte des morts-vivants s'apparente à une version courte de son Brotherhood III: Ensorcelés. A l'instar de ce magnifique étron télévisuel où un groupe de rôlistes était possédé par des esprits sado-masochistes, les jeunes bourgeois de ce sketch vont être confrontés aux corps et aux esprits de bourreaux sanguinaires qui vont les obliger à déambuler dans des couloirs en parlant latin, à coucher entre eux et à s'habiller dans des tenues de cuirs. On retrouve donc ici le style qu'avait utilisé David DeCoteau dans le troisième volet de Brotherhood : photographie bleue, balancement de la caméra, morts-vivants habillés comme La Crampe de Pulp Fiction, aucun semblant de gore et aucun début de véritable érotisme.
A l'instar de Brotherhood III: Ensorcelés, le sketch s'avère être plus amusant par son côté "fantasme sexuel du réalisateur" qu'autre chose. On savait que DeCoteau aimait punir les vilains garçons dans ses films, mais voilà qu'il se met à réserver le même sort aux méchantes filles dans cette Crypte des morts-vivants (ce qui, quant on connaît la filmographie du bonhomme, est une sacré originalité). Passé cela, il n'y a pas grand chose de mémorable à retenir de ce segment d'Horrific ; certes, les effets spéciaux miteux font sourire, et, avouons le, certaines lignes de dialogue sont vraiment drôles, mais le tout est filmé avec une molesse qui rendrait presque cette histoire hors concours pour les Jeudis de l'angoisse. Néanmoins, ça ne dure que trente minutes, et le meilleur et à venir juste après !
Vision d'horreur
Réalisé par Richard Chasen, autre peudonyme de David DeCoteau, cette Vision d'horreur est le sketch réussi d'Horrific, celui-là même qui justifie qu'on se soit ennuyé pendant une demi-heure sans pour autant avoir éteint la télévision. On est ici dans du nanar de l'acabit de L'attaque de la moussaka géante ou de Yogourt Attack. Voyez plutôt : un scientifique - ou plutôt un homme avec une blouse blanche - fait venir de la huitième dimension un oeil géant doté de tentacules ; ce dernier, en rut, veut à tout pris s'accoupler avec une femelle humaine. Coup de chance pour lui, la jeune épouse du chercheur, nymphomane avouée, est depuis quelque temps délaissée par son mari et l'oeil, loin d'être un macho, sait donner du plaisir aux femmes ! C'est totalement débile, certes, mais Vision d'horreur est tout de même sacrément drôle.
Tous les ingrédients du nanar sont ici réunis : les acteurs surjouent des dialogues hallucinants de stupidité, les situations ne sont jamais crédibles, les retournements de situation se révèlent d'une crétinerie assumée, les effets spéciaux sont à pisser de rire et le tout est saupoudré d'une légère dose d'érotisme en la personne de la très mignonne Jacqueline Lovell. Même le manque d'effets gores ne s'avère pas génant pour prendre plaisir à suivre les mésaventures des héros de cette histoire ! Bien sur, la courte durée du sketch - environ trente minutes - joue en sa faveur tant on a pas le temps de se lasser de ce pitch hautement débile. Notons, car c'est tout de même appréciable, que Decoteau a ici mis de côté ses vieux tics de mise en scène bien ringards pour s'assumer dans la bonne vieille série Z, et autant lui dire que ça lui réussi.
Les maîtres de la mort
Bien sur, passé Vision d'horreur, Horrific ne présente plus aucun intérêt. D'autant que Les maîtres de la mort, signé Ted Nicolaou - qui n'est pas un pseudonyme de David DeCoteau mais un fidèle collaborateur de Charles Band, ce qui n'est pas beaucoup mieux - est haut la main le segment le plus pénible du film. Mix totalement probable entre Jeu d'enfant, La revanche de Pinocchio et Faust, le sketch nous fait suivre une méchante poupée de chiffon qui tue les gens qui font du mal au héros. Bien sur, si la ringardise de certaines situations - l'attaque du drap notamment - et la laideur des effets spéciaux pourra encore une fois faire ricaner, le tout est totalement plombé par cette volonté du réalisateur de tout filmer avec un sérieux imperturbable, comme ci ce dernier était persuadé de tenir entre ses mains l'ultime chef d'oeuvre du film d'horreur.
On s'ennuie donc ferme devant cette troisième histoire sans intérêt, d'autant qu'une fois les meurtres de la poupée commis, la cérémonie destinée à la renvoyer d'où elle vient (l'usine ?) traine sérieusement en longueur. Comme si Nicolaou voulait créer un climax bouleversant, il appuie cette scène avec les larmes et les cris du héros visiblement très triste que sa grand-mère se sacrifie à sa place au cours de la cérémonie finale. A noter, enfin, que l'ensemble de l'histoire est noyée sous une musique gagsta-rap de seconde zone (question de budget, quand on a pas d'argent, on prend des artistes qui n'ont pas de talent) ; conséquence, que l'on aime ou que l'on déteste ce style de musique, le résultat est plus ou moins le même : une véritable torture qui ferait presque regretter de ne pas être sourd !
La conclusion de Vincent L. à propos du Film (Direct to Vidéo) : Horrific [2009]
Film à sketche inégal, Horrific vaut essentiellement pour son second segment particulièrement débile dans son pitch et dans son traitement (08/10). L'intérêt des autres est nettement plus discutable : si le premier pourra ne pas déplaire à certains (04/10), le dernier en fera sans aucun doute craquer plus d'un (01/10). Bien sur, tout cela est à mettre en guillemets, car Horrific est avant tout autres choses un nanar qui, en tant que tel, ne plaira pas à tout un pan de public allergique à ce type de film (01/10).
On a aimé
- Un second sketch vraiment savoureux,
- La ringardise générale du film.
On a moins bien aimé
- Techniquement mauvais,
- Mal interprété,
- Effets speciaux risibles,
- Sketches très inégaux,
- Effets gore inexistants,
- Aucune ligne directrice.
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