Critique La Course au paradis [1995]
Avis critique rédigé par Manu B. le dimanche 31 octobre 2010 à 10h43
La course au paradis
"- Sauvez les albatros! Arrêtez les essais nucléaires! Immédiatement!
Ruisselante d'écume, dressée à la proue du canot pneumatique, le Dr Barabara Rafferty se retenait à l'épaule de Neil tandis que l'embarcation oscillait sur la mer capricieuse. Remplissant ses poumons fatigués mais encore indignés, elle pressa le mégaphone contre ses lèvres et hurla à l'adresse des plages désertes de l'atoll..."
Neil est à peine sorti de l'adolescence quand il rencontre le Dr Barbara. L'étrange docteur anglais dont il apprend qu'elle ne pratique plus à cause d'une affaire d'euthanasie s'est tournée vers l'écologie, en particulier la sauvegarde des albatros. Sur l'île de Saint-Esprit, ces oiseaux sont menacés par les essais nucléaires que la France s'apprête à effectuer. Après avoir manifesté en solitaire devant les Autorités françaises, elle réussit à enrôler Neil dans une expédition risquée: débarquer sur Saint-Esprit. Au cours de l'opération Neil est blessé. La communauté internationale s'en émeut et fait pression sur le gouvernement français en donnant son soutien au Dr Barbara. A son retour, elle réussit à convaincre d'autres militants écologiques de se rendre sur l'île...
Ecrit en 1994 après the kindness of women (suite d'Empire du soleil), La Course au paradis s'inscrit dans les romans prophétiques de J. G. Ballard. En effet, un an plus tard, la France rompait le moratoire et réalisait sa dernière campagne d'essais nucléaires dans le pacifique. Ce roman est réédité aux éditions Denoël.
Ne vous fiez pas à la première partie de ce roman. Ce n'est pas un roman écologiste. Même si l'auteur anglais a anticipé la reprise des essais nucléaires français dans l'atoll de Fangataufa en 1995 à plusieurs milliers de kilomètres de Espiritu Santo (Saint-Esprit) et même s'il se sert de l'épisode du Rainbow Warrior (qui se solde par la mort d'un photographe néerlandais) pour décrire le coup de force du Dr Barbara, toute la première partie n'est qu'une mise en bouche, un décor pour ce qui va produire ensuite sur l'île.
Toute l'intrigue tourne ensuite autour de l'instigatrice de l'opération: le docteur Barbara. Le malaise prend racine dans le passé de la femme, lorsqu'on apprend qu'elle a pratiqué l'euthanasie. La question se pose en ces termes: comment le docteur qui donnait la mort a pu se reconvertir en partisane de la survie des albatros?
Quelle est la nature de ce revirement? Ce bout de terre au milieu de nulle part peut-il devenir le nouvel Eden? Mais quelle sorte d'Eden?
Après avoir refermé la dernière page, on ne peut s'empêcher d'éprouver un grand trouble. Comment les acteurs de cette pièce ont-ils pu se laisser enrôler dans cette folie? La peur du nucléaire n'explique pas tout. Celle de Neil est compréhensible puisque son père est mort des radiations auxquelles il a été exposé. Celle du couple japonais Saito aussi: les fleurs de mort ont dévasté leur pays. Mais les autres?
Ils ont pourtant bien compris que l'utopie devenait un cauchemar, que l'Eden devenait un enfer.
De La Course au paradis débouche en fait une intéressante réflexion sur la nature humaine. Un écho de roman tels que Le Monde englouti ou La Forêt de cristal.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : La Course au paradis [1995]
Roman moins abouti que ses oeuvres plus marquantes, notamment sa tétralogie de l'apocalypse (La Forêt de cristal, Sécheresse, Le Monde englouti), crash !, la foire aux atrocités ou super-cannes, La Course au paradis s'avère néanmoins prophétique. La deuxième partie est moins politique et plus sociale, plus palpitante aussi, où l'on y retrouve le grand Ballard.
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