Critique Astro Boy [2009]
Avis critique rédigé par Vincent L. le mardi 22 février 2011 à 14h14
Un reboot pas inintéressant...
Publié dans le courant des années cinquante, le manga Astro Boy est devenu, au fil des décénies, une oeuvre culte au pays du Soleil Levant. Se passant dans un futur assez éloigné - 2003, soit le passé proche pour nous - ce manga raconte l'histoire d'Astro, robot créé par un scientifique à l'image de son films décédé, dont les capacités physiques sont telles qu'elles font finalement de lui l'un des premiers super-héros de la bande-dessinée. Cette histoire quelque peu universelle, véhiculant nombre de valeurs assez naïves (le robot au coeur pur car doté de l'esprit d'un enfant, la tolérance vis à vis des machines, etc.), aura ainsi eu le droit à nombre de déclinaisons, de la série télévisée aux jeux vidéos. En 2009, Imagi Animations Studio récupéra la licence pour offrir à l'histoire un reboot via un film d'animation entièrement conçu sur le territoire de l'Oncle Sam.
Le fait qu'Astro Boy ait été récupéré par des créatifs américains n'a finalement pas alteré l'état d'esprit dans lequel Osamu Tezuka avait conçu son personnage. Il faut ainsi reconnaître que l'histoire de cette machine aux allures de petit garçon entre pleinement dans les canons des studios hollywoodiens, s'appuyant sur une morale bien pensante pas tellement éloignée de la leur (si on ne chipte pas trop). Ainsi, pour cette adaptation, si quelques détails ont subit de légères modifications (l'histoire ne prend plus place au Japon, mais dans la ville imaginaire de Metro City), les grandes lignes demeurent toujours présente. On assiste donc à la mort du personnage de Toby, puis à la génèse et à l'abandon d'Astro Boy par son géniteur, avant de voir la machine prendre son envol pour devenir le protecteur de la ville et de ses habitants (humains comme robots).
Sur le fond, Astro Boy conserve donc le classicisme de l'oeuvre original, qui, avec le temps et l'extrême multiplication des oeuvres relatives aux super-héros, sont finalement devenus des poncifs. Il faut ainsi aller au delà de ses préjugés pour apprécier le film, et ne pas se sentir bloqué par le concept un rien niais (un robot bourré de bons sentiments), les figures de plus en plus exploitées au cinéma (encore un enfant qui sauve le monde...), l'histoire manichéenne (le gentil robot bleu contre le méchant robot rouge) ou cet aspect très kitch dans lequel baigne l'ensemble (un enfant en slip avec des bottes-réacteurs qui sauve le monde). Finalement, Astro Boy ne pouvait sortir que très difficilement de ces schémas sans trahir l'oeuvre d'origine. Dire que le script du film est daté reviendrait presque à affirmer que le scénario du Seigneur des Anneaux est ultra-bateau ; c'est vrai, sauf que comme c'est le premier, on pardonne plus volontiers les clichés dans lesquels baigne l'histoire.
D'autant qu'une fois passé ces a priori négatifs, il s'avère que le scénario de Timothy Harris est très qualitatif sur un certain nombre de points. Ainsi, si le tout s'adresse en priorité à un public d'enfants, il n'en a pour autant pas retiré toutes les thématiques qui faisaient le charme et la force de l'oeuvre de Tezuka. On va ainsi y voir nombres d'éléments intéressants, les questions liées au deuil (la mort de Toby n'est pas évacuée hors champs et fait partie intégrante du scénario), l'humanité des robots (notamment sur les rapports entre Toby/Astro et son père), les relations entre les hommes et la technologie qui les entoure, plus quelques petites piques aux sociétés modernes (la course à l'armement, le fait d'aller polluer chez les autres, etc.). Certes, le tout n'est pas thématiquement très poussé, et les adultes pourront légitimement trouver cela simpliste, il n'empêche qu'Harris a réussi à mettre ces réfléxions aux niveau des plus jeunes.
Le scénario parvient de plus à être très qualitatif sur nombre de points plus formels : les personnages sont attachants (même Astro parvient à être charismatique, c'est dire !), les touches d'humour bon enfant sont plutôt sympathique (entre gags visuels et répliques amusantes), et le scénario est calibré pour ne laisser au spectateur aucun temps mort. Là dessus, David Bowers applique une réalisation efficace, parvenant à mettre en valeur les qualité du script tout en mettant au second plan ses défauts ; on pourra toujours lui repprocher quelques passages faciles (la scène de l'arène, notamment, peu logique) ainsi qu'une utilisation des couleurs simplistes (là encore, on retrouve la dichotomie bleu/rouge), mais au final, la qualité de l'ensemble s'avère plus que correct. Si les enfants accrocheront volontiers à l'univers qui défile sous leurs yeux, les adultes, quant à eux, ne s'y ennuiront certainement pas.
Techniquement, enfin, le tout s'avère être particulièrement léger. Certes, Imagi Animations Studio (à qui l'on doit également le récent rebbot des Les Tortues Ninja) n'a pas les moyens des gros studios hollywoodiens, mais l'ensemble paraît tout de même aussi creux (les environnements sont vides) que lisse (les personnages sont peu expressifs). Heureusement, la colorimétrie rend l'ensemble un minimum chaleureux, le strict nécessaire pour que l'on ne se sente pas exclu du film. Au niveau sonore, en revanche, Imagi a mis les petits plats dans les grands, offrant à son film un casting vocal quatre étoile ; pas uniquement sélectionnés pour participer à la campagne promotionnelle du long-métrage, les acteurs choisis disposent tous d'une voix particulière qui donne à leurs personnages respectifs énormément de caractère. Tendez bien l'oreille, vous pourrez notamment y entendre Donald Sutherland, Bill Nighy, Eugene Levy, Samuel L. Jackson ou Nicolas Cage.
La conclusion de Vincent L. à propos du Film d'animation : Astro Boy [2009]
Film d'animation conçu à destination des plus jeunes, Astro Boy n'en a pourtant pas oublié de doubler son propos de considérations intelligentes. Si l'on pourra ainsi reprocher au film un scénario très manichéen (le bleu est gentil, le rouge est méchant), on ne pourra cependant pas lui retirer toutes ses qualités d'écriture, d'une histoire qui ne fonctionne finalement pas si mal à des personnages attachants, en passant par des thématiques intéressantes sur le concept d'humanité et sur le rapport aux machines. Bien entendu, le tout n'est philosophiquement pas très poussé, mais s'avère tout de même être à portée de sa cible principale : les enfants. Les adultes, quant à eux, s'amuseront volontiers de l'esprit aventureux et de l'humour bon enfant qui traversent le film, pas bien subtils il est vrai, mais jamais vraiment désagréable non plus.
On a aimé
- Réalisation efficace,
- Humour bon enfant,
- Personnages charismatiques,
- Thématiques intéressantes,
- Globalement, un film intelligent à portée des plus jeunes.
On a moins bien aimé
- Animation perfectible,
- Scénario manichéen,
- Malgré tout assez simpliste pour les adultes.
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