Critique Sutures [2012]
Avis critique rédigé par Vincent L. le samedi 21 juillet 2012 à 15h44
La clinique de la forêt noire...
En dépit de sa qualité plus que discutable, il apparaît aujourd'hui qu'Hostel aura clairement influencé tout un pan du cinéma d'horreur de ces dernières années. Non pas que le film d'Eli Roth ait inventé quoique ce soit dans le genre (il aurait fallu, pour cela, qu'il soit un minimum innovant), mais il aura ouvert la voie à des dizaines de productions relevant de ce genre particulier qu'est le film de torture bête et méchant (on ne peut en effet pas vraiment parler de torture-porn, et ce étant donné que l'aspect "porn" n'est jamais vraiment exploité dans ces divers ersatz). Sutures, deuxième film de la réalisatrice Tammi Sutton, se pose clairement comme un Hostel-like de plus, reprenant les ficelles scénaristiques principales de ce type de long-métrage pour proposer un spectacle dans la même continuité.
Sutures base l'essentiel de son pitch sur l'aversion que tout un chacun peut avoir pour ce que représentent les hôpitaux, l'idée étant de faire subir à divers personnages conscients et enchaînés ce qui se fait habituellement dans un bloc opératoire sous anesthésie générale. Un pitch simple mais somme toute efficace, que les trois scénaristes ont tenté de justifier via une histoire à la fois plus complexe et bien peu convaincante. Sutures ne dépasse en effet jamais son simple pitch de départ, s'avérant bancal dès qu'il s'essaie à quelque chose de plus ambitieux, à l'image de son twist final, tellement grotesque qu'il finit par en devenir risible ; c'est ainsi dans ce qu'il a de plus primaire que Sutures s'avère être le plus réussi, pour peu, bien sur, que l'on parvienne à passer une première partie en tout point catastrophique.
Sutures s'ouvre en effet sur une première demi-heure faisant craindre le pire. Pendant un peu plus de trente minutes, le film s'apparente ainsi à un téléfilm de troisième zone à peine digne d'une production Asylum : image dégueulasse (que l'on croirait presque filmée au camescope), ringarde dans ses effets de style, scénario reprenant un à un tous les clichés du genre pour ce qui s'annonce être un slasher sans aucune once d'originalité. La chose est d'autant plus visible que les divers comédiens livrent des prestations catastrophiques ; à l'exception de l'héroïne, interprétée de manière assez juste par Allison Lange, le reste du casting fait preuve d'un amateurisme parfois consternant, la palme allant à Carlos Lauchu, qui s'apparente à une sorte de Lorenzo Lamas du pauvre (c'est dire !).
Et puis, au bout d'une grosse demi-heure, Sutures prend un virage à quatre-vingt dix degrés et quitte le genre du slasher pour s'aventurer dans celui du film de torture ; c'est à partir de ce moment que Tammi Sutton quitte l'amateurisme flagrant de sa première partie pour proposer un spectacle nettement plus trépidant. En se transformant en huis-clôt, Sutures semble mieux gérer le peu de budget dont il dispose. En s'enfermant dans ce qui doit être un vieil entrepôt en ruine, Tammi Sutton parvient à recréer un semblant d'hôpital donnant un cachet visuel efficace à son film ; certes, on ne cherchera pas l'originalité dans ce décorum, clairement inspiré de celui d'Hostel, mais force est de constater que cela permet de donner un minimum d'ambiance au tout.
De plus, Sutton semble nettement plus inspirée lorsqu'il s'agit de torturer ses divers personnages : amputations, inoculation de retro-virus, "dons" d'organe, Sutures propose un certain nombre de séquences sympathiques, certes pas très gores, mais suffisamment bien fichues pour que l'on se prenne au jeu. On retiendra, dans le lot, une ablation de prothèses mamaires assez réussie, ainsi que les diverses expériences pour maintenir en vie l'un des protagonistes. L'évasion des personnages, à coups de machette à travers le staff hospitalier, s'avère également plutôt plaisante et réserve quelques séquences réussies. Pas réellement effrayant, Sutures se pose à ce moment comme une série B plutôt amusante, apte à satisfaire les amateurs du genre.
Malheureusement, Sutures finit par quitter les sentiers de la série B basique pour s'intéresser aux tenants et aboutissants son histoire, et ainsi justifier la présence de ces savants fous et l'enlèvements de ces jeunes. En se prenant alors plus en sérieux, le film perd de son efficacité et devient alors plus bavard, se perdant dans un discours facile sur le commerce des organes. La chose était ambitieuse, mais force est de constater qu'en dépit d'une bonne volonté visible, cela ne fonctionne pas ; bien qu'écrit à six mains, le scénario ne raconte rien de vraiment orginal et les diverses révélations finales ne s'avèrent pas convaincantes. Le twist final, gratuit, inutile et ringard, tend à enfoncer le clou et à laisser le spectateur sur une mauvaise impression.
La conclusion de Vincent L. à propos du Film : Sutures [2012]
Enième Hostel-like à débarquer sur un marché déjà bien saturé, Sutures ne parvient pas franchement à tirer son épingle du jeu vis à vis de ses concurrents directs. Plombé par son aspect fauché, ses comédiens au rabais et son histoire bancale, ce DTV ressemble de prime abord à un téléfilm de seconde zone. Le film de Tammi Sutton s'améliore cependant à l'occasion d'une partie centrale plus efficace, qui devrait réussir à satisfaire les amateurs de spectacles gentiment sadiques, avant, malheureusement, de retourner s'enfoncer dans les méandres de la médiocrité à l'occasion d'un twist final ridicule.
On a aimé
- Partie centrale sympathique,
- Actrice principale convaincante.
On a moins bien aimé
- Histoire bancale,
- Twist final peu convaincant,
- Première partie catastrophique,
- Techniquement très médiocre,
- Casting très moyen.
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