Critique Dragon Ranch [2018]

À l’ouest du pays d’Avganïr, le gouverneur du Royaume a conservé jalousement des essences de créatures désormais éteintes, les Dragons ! Aujourd’hui, il vous a choisi, avec quelques autres éleveurs de la région, pour faire renaître et prospérer ces êtres de légendes. À l’aide de ces essences offertes, défiez vos concurrents pour faire de votre Ranch le plus célèbre de l’Ouest.

Si vous aussi vous attendez avec impatience la sortie du film d’animation Dragons 3 : Le monde caché le 06 février prochain, voici un jeu qui vous fera patienter. Dragon Ranch est un jeu de cartes de Guillaume Pelletier et Ronan Le Maître, édité par Azao Games, pour 2 à 5 éleveurs de Dragons.

Chérie, il reste encore du griffon pour le petit dej du dragon ?

Dans Dragon Ranch, le but est d’être l’éleveur de dragons le plus prolifique pour tenter d’obtenir le plus de Points de Victoire et devenir ainsi l’éleveur de dragons du gouverneur. Chaque partie se déroule en 2 saisons de 3 phases chacune. Une première phase d’actions durant laquelle les joueurs jouent des combinaisons de cartes pour développer leur élevage, une 2e phase où l’on nourrit son élevage et enfin vient la phase de reproduction. Avant de commencer une saison, 2 médailles sont retournées face visible. Ces médailles sont attribuées en fin de saison au joueur majoritaire selon la condition indiquée (le plus de dragon, le plus de mandragore…).

Durant la première phase, les joueurs jouent chacun leur tour jusqu’à ce que la pioche de cartes soit vide. A votre tour, vous avez le choix entre 3 actions : faire une combinaison avec 2 cartes ou plus de votre main, piocher une carte et prendre un lingot d’or ou défausser 2 cartes pour piocher 2 nouvelles cartes et prendre un lingot d’or. Pour développer votre élevage, tout se joue sur les combinaisons de cartes. Vous pourrez ainsi obtenir un jeton Mandragore, Griffon, Œuf de dragon, Lingot d’or, faire évoluer un œuf ou faire éclore un œuf.

Une combinaison de carte se forme à l’aide de deux cartes de votre main pour obtenir un jeton (deux pour les lingots) ou faire une fois l’action indiquée. Un seul jeton c’est peu… C’est là qu’interviennent les cartes Fermier. Il est possible d’ajouter autant de carte Fermier de sa main (sachant que la main est limitée à 7 cartes) pour amplifier l’effet de 4 des 6 combinaisons possibles. 

A la fin de votre tour, vous piochez des cartes jusqu’à en avoir 5 en main. Lorsque la pioche est vide, on passe à la phase 2.

La deuxième phase est simple. Vous nourrissez votre élevage selon la chaîne alimentaire suivante :

• Les griffons mangent chacun une mandragore. Les griffons qui ne sont pas nourris meurent et leurs jetons sont défaussés.
• Puis Les dragons mangent chacun un griffon. Les dragons qui ne sont pas nourris meurent et leurs jetons sont défaussés.

On passe enfin à la phase 3 qui consiste à faire reproduire ses créatures restantes. Chaque couple de créatures identiques permet d’obtenir un jeton de sa catégorie, et un dragon peut couver un œuf pour le faire éclore. Chaque jeton peut être utiliser qu’une seule fois durant la phase, et les nouveaux jetons ainsi gagné ne peuvent pas servir pour se reproduire. Mais attention, seule une reproduction est gratuite. Vous devez ensuite payer un lingot d’or par reproduction supplémentaire si vous le souhaitez.

Lorsque la phase 3 est terminée, on passe au décompte de fin de saison. Vous obtenez 1, 2 ou 3 points par dragon selon leur niveau et les points de vos cartes pouvoir rouge. (Des cartes pouvoirs ??? Oui. On vous en parle juste après). Les points de victoire des médailles ne sont comptabilisés qu’en fin de partie.

On refait ensuite une 2e saison avant de faire un décompte final.

Par le pouvoir des dragons !

Les dragons, étant des créatures magiques, sont dotés de pouvoirs. Durant la phase 1, vous piochez une carte bleue ou rouge, selon le niveau du dragon, chaque fois que vous faite éclore un œuf. Les pouvoir bleus sont gardés en main et peuvent être joués à votre tour pour un effet à usage unique, tandis que les pouvoirs rouges sont posés devant vous et sont des objectifs de fin de saison rapportant 1 ou 2 points de victoire. Mais ce n’est pas tout ! Si vous faite éclore un œuf de niveau 2, vous piochez un jeton supplémentaire de base (Mandragore, griffon, œuf ou lingot) selon sa couleur. Et si vous faites éclore un œuf de niveau 3, vous pouvez voler un jeton de base de votre choix chez un adversaire. Ce pouvoir peut être dévastateur.

Tu vois, c'est pas si compliqué !

Les règles de Dragon Ranch sont denses et pas évidentes à retenir avant de commencer la première partie, et on ne peut pas dire que l’aide de jeu nous rassure quant à sa complexité. Pourtant cette aide s’avère finalement complète et claire. Même constat pour les règles. On se sent un peu perdu au début de la première saison, mais on prend rapidement en main les mécaniques et une vision sur le long terme de la gestion de notre élevage se dessine. Le jeu nécessite tout de même une partie complète pour comprendre l’importance d’avoir une stratégie sur deux saisons.

Dans Dragon Ranch l’enjeu est de rentabiliser au maximum ses combinaisons lors de la Phase 1 pour obtenir un maximum de jeton, tout en s’assurant de pouvoir les nourrir en phase 2. On a beaucoup aimé le système de chaine alimentaire qui nous pousse à bien réfléchir notre développement tout au long de la partie pour ne pas avoir de créatures qui meurent bêtement. Le jeu étant basé sur les cartes, la pioche peut s’avérer frustrante. Une fois de plus, il faut jouer une première partie pour avoir conscience de l’importance des lingots d’or. Ils peuvent être joués comme joker pour remplacer n’importe quelle carte dans une combinaison (créature ou fermier) dans la limite de 2 lingots par combinaison. L’action piocher une carte et un lingot qui semble moins rentable que former une combinaison à chaque tour, est finalement essentielle pour s’assurer de former la combinaison que l’on souhaite ou augmenter la productivité d’une combinaison. Même avec beaucoup de chance au tirage, il me semble compliqué de gagner en négligeant les lingots d’or.

La plupart du temps on joue surtout dans son coin, mais heureusement le pouvoir des cartes bleues et des dragons niveaux 3 sont là pour se faire quelques coups bas de temps à autres. Faire un dragon niveau 3 prend du temps mais son effet peut s’avérer particulièrement dévastateur pour un adversaire. Voler un griffon qui aura pour conséquence la mort d’un dragon (donc moins de point pour l’adversaire) qui aurait pu couver un œuf pour le faire éclore (donc moins de point pour l’adversaire) et qui lui permettait de remplir un objectif ou être majoritaire pour une médaille (donc encore des points en moins pour l’adversaire), ça fait mal. Dit comme ça, cet exemple fait figure de cas particulier, mais c’est arrivé plusieurs fois lors de nos parties. Si on a l’impression de jouer dans son coin, c’est donc qu’on n’observe pas assez le jeu de ses adversaires. Il est important de regarder si on peut nous faire une crasse pour l’anticiper, surtout si on pense être celui qui va faire le plus de point, et donc être la cible numéro 1.

Au niveau de la configuration, Dragon Ranch est aussi agréable à jouer à 2 joueurs comme à 5. Une règle Solo est disponible sur le site d’Azao Games mais nous n’avons pas encore eu l’occasion de l’essayer.