Critique The Witcher
Avis critique rédigé par Bénédicte C le lundi 23 décembre 2019 à 19h00
Tuer du monstre et garder la tête froide
Arrivé sur Netflix le 20 décembre, la série The Witcher est tiré des romans de Andrzej Sapkowski. Déjà plébiscité par le grand public, l’univers du Sorceleur a été décliné sous plusieurs supports : un jeu de rôle ainsi qu’une série de trois jeux vidéo. Beaucoup se souviennent d’ailleurs de The Witcher 3 : Wild Hunt, figurant parmi les plus grands jeux narratifs et d’aventure de la PS4. Si beaucoup connaisse l’univers par le prisme de la console, Netflix a annoncé dès le départ que la série serait bien différente : plus proche des écrits de Andrzej Sapkowski, suivant la chronologie et les éléments racontés dans les romans. Alors qu’en est-il vraiment ?
L’histoire
The Witcher raconte l’histoire de Geralt, Sorceleur, chasseur de monstres et mutant. Dans un univers de dark fantasy, Geralt de Riv est payé à tuer des créatures malfaisantes quand il n’est pas tout bonnement chassé et craint pour ce qu’il est.
Yennefer, elle, est une bossue aux yeux violets. Elle possède des capacités, une magie qui terrorise sa famille. Vendue dès que son père en a l’opportunité, elle finit à Aretuza, sorte d’académie de sorcellerie. Là-bas, les mages sont mis au service des puissants pour leur servir de conseiller.
A Cintra, l’un des pays du continent, la reine et sa petite-fille font face à une attaque de grande ampleur. L’enfant, Cirilla, réussit à fuir avec pour recommandation de trouver Geralt de Riv, celui qui la sauverait.
Trois personnalités, trois temporalités, trois destins qui ne font qu’un et qui se tissent au fil des épisodes.
La timeline
Vous ne connaissez pas du tout l’univers de Witcher ? Vous n’avez joué qu’aux jeux ? La timeline de la série va vous paraître très obscure dans un premier temps (et pendant presque toute la saison 1). En effet, la construction narrative hasardeuse fait se chevaucher trois époques, trois destins qui ne sont pas contemporains sauf sur la toute fin de la saison. Pour l’expliquer simplement : la série suit le parcours de trois personnages, Yennefer, Geralt et Ciri. Chacun d’eux possède une temporalité différente qui se lit dans les épisodes. Ainsi, la « naissance » et l’avènement de Yennefer comme sorcière se déroule 30 ans avant les histoires de Geralt et de Ciri. La naissance de Ciri ayant elle-même lieu bien après certains événements présents notamment dans les épisodes 4 et 5. Déroutant ? Totalement. D’autant que comme les personnages sont soit mutants (Geralt), soit plus ou moins immortels (Yennefer), il n’y a pas vraiment de différences physiques. On apprend au détour d’une évocation dans un dialogue qu’il s’est écoulé tantôt trente, tantôt dix ans entre certaines scènes sans d’autres indications. Il faudra donc avoir l’esprit affuté et prêt à capter les moindres détails pour réussir à comprendre une narration aussi brouillonne que complexe. C’est dommage : parce qu’ainsi, la série s’ampute d’une partie du public, les néophytes n’ayant ni lu ni joué dans cet univers. D’autant que certains personnages ne sont nommés que plusieurs épisodes plus tard, augmentant la confusion.
Il faudra attendre l’épisode 7 (sur 8) pour comprendre comment les arcs narratifs de Geralt et Ciri se croisent (ou non) et dans quel ordre saisir les particularités de la série. Si en soi, ce choix est discutable, il l’est d’autant plus pour ceux qui n’auront pas la patience d’attendre et de nager dans le flou en attendant.
Les personnages et les acteurs
Parlons du positif maintenant. Malgré une photographie inégale, enchainant les effets visuels magnifiques à des effets spéciaux parfois approximatifs (surtout dans la réalisation de certains monstres et morphing), la série se pare d’une véritable force dans la chorégraphie de ses combats. La première scène de bataille, dans les rues de Blaviken, dans le premier épisode est superbe, dynamique, très bien rythmée. Un plaisir à regarder et à suivre, dans la lignée des talents d’escrimeurs de tout bon Sorceleur. On en redemande ne serait-ce que pour ces petits moments de grâce.
Le choix des acteurs a longtemps fait parler sur internet. Henry Cavill parviendra-t-il à convaincre en Geralt de Riv ? Ce sera aux spectateurs de trancher, mais visuellement, dans le côté pragmatique froid et détaché, il est relativement bon. La grande question réside plutôt sur pourquoi l’acteur s’est vu obligé (par lui ou n’importe qui d’ailleurs) de parler dans un murmure grave perpétuel comme s’il avait trop fumé.
Concernant Triss, ses trop faibles apparitions ne nous permettent pas de vraiment nous prononcer sur le choix de l’actrice (Anna Shaffer). C’est du côté de Yennefer (Anya Chalotra) et Ciri (Freya Allan) que se trouvent les vraies bonnes surprises. Cette dernière faisant une Cirilla aussi convaincante que touchante (ou perdue selon les circonstances). De Yennefer, on en gardera le côté résolument moderne, femme fatale et charmeuse quand le cœur lui en dit. Un casting intéressant, que l’on terminera d’évoquer avec la performance de Joey Batey, alias Jaskier, qui nous fera l’honneur de pousser la chansonnette, certaines restant longtemps dans la tête (« Toss a coin to your witcher… »). Mais entre Geralt et Jaskier, la relation vire rapidement au cliché entre « héros et sidekick un peu drôle » parfois caricatural.
Mais encore ? On mate ou pas la série ?
De nombreux raccourcis et modifications ont été faits par rapport à l’œuvre originelle, provoquant quelques incompréhensions. La gestion des informations, données au compte-goutte et rarement au bon moment, donne un côté brouillon et renforce l’incompréhension, d’autant que certaines réflexions sont esquissées mais pas exploitées. Ainsi, on comprend difficilement la dispute de la fin de l’épisode 6. Mais la série risque d’être clivante pour le public : d’un côté l’univers sombre est respecté (d’une certaine façon), l’inclusion du « Moindre Mal » n’est pas suffisamment exploité mais donne un côté froid à Geralt et ouvre des pistes sans jamais y revenir, c'est dommage. D’un autre côté, on suit au moins le parcours de Ciri avec plaisir et interrogations.
On passera la tartine de bons sentiments et les quelques réactions complètement incohérentes de Geralt et de Yennefer. Cela dit, les déçus pourront toujours se rabattre sur le livre ou les jeux, nettement plus poussés et intéressants sur certains aspects.
La conclusion de Bénédicte C à propos de la Série Télé : The Witcher
Tout est affaire de choix : la temporalité se remet en place dans les 2 derniers épisodes, sans pour autant justifier la narration éclatée. Les acteurs sont plutôt bons et visuellement, la série n’a rien de déplaisant. Le bilan est mitigé, les quelques clins d’œil au jeu agréable, l’univers exploité sans être expliqué. En plus d’une ligne temporelle, c’est d’une carte, dont le spectateur aura rapidement besoin s’il veut comprendre pleinement les intrigues et complots politiques qui se jouent ici.
On a aimé
- Les chorégraphies des combats
- La surprise d'Henry Cavill plutôt convaincant en Geralt de Riv
- La photographie
On a moins bien aimé
- La temporalité explosée
- L'absence de repères (cartes, info sur l'univers)
- La gestion des informations générant des incompréhensions et des moments de flottements
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