Critique Candyman #1 [1992]
Avis critique rédigé par Lucie M. le mardi 21 février 2006 à 21h02
Des douceurs pour les Doux…
C’est en effectuant une thèse sur les légendes urbaines qu’Helen Lyle découvrira qu’il n’est pas bon de ne pas croire à certaines d’entre elles. Accompagnée de sa collègue Bernadette Walsh, leur enquête les mènera dans un quartier banlieusard, Cabrini Green, où il ne fait pas bon vivre. Meurtres, dégradation murale et insalubrité sont le quotidien des pauvres habitants de ces immenses complexes HLM. Peu à peu, embrigadée dans le sort misérable des habitants de Cabrini Green, Helen Lyle n’aura de cesse de vouloir découvrir ce qui se cache réellement derrière la légende du Candyman.
Vue plongeante sur une route qui nous conduit vers de grands buildings. Une voix sombre se met à nous déclarer “ Il sera dit que j’ai versé le sang de l’innocent. A quoi sert le sang si ce n’est à être versé ? Avec mon crochet en guise de main, je t’écorcherai de bas en haut comme un porc “. Des paroles sanglantes annonciatrices d’horreur. Tout cela accompagné par la sublime bande son composée par Philip Glass toute d’orgues vêtue.
Mais tout d’abord qu’est-ce qu’une légende urbaine ?
Une légende urbaine n’a pas de réel fondement. C’est une rumeur, une histoire qui navigue par le bouche à oreille et qui peut être transformée. Néanmoins, la légende urbaine a une spécificité qui est celle d’inclure, dans la rumeur qu’on rapporte, une personne que l’on connaît. Comme par exemple celle-ci :
“ Il est arrivé quelque chose de terrible à l’amie d’une amie. Un soir celle-ci faisait du baby-sitting pour gagner quelques sous. Mais ne voilà-t-il pas que le garçon, dont elle est folle amoureuse, append où elle travaille et vient la rejoindre. L’enfant qu’elle garde est bien sûr couché et celle-ci entame un flirt avec le garçon. Ils montent tout d’eux dans la salle de bain et s’embrassent devant la glace. La jeune fille se retourne face à la glace et se met à rire. Le garçon lui demande la raison de son hilarité et celle-ci commence à lui conter une drôle d’histoire : “Si devant une glace tu prononces par cinq fois le nom de Candyman; un homme pourvu d’un crochet en guise de main apparaît et t’étripe“. C’est au jeune homme de rire et tout d’eux, sous le coup de la folie, entament en chœur : Candyman, Candyman, Candyman, Candyman, Candyman…“. Et ce qui doit arriver arrive ! La jeune fille termine étriper, l’enfant également et le jeune homme en est tellement traumatisé que ses cheveux deviennent blanc de terreur“.
Mais pourquoi le garçon est-il épargné ? Et bien il faut bien un survivant à l’histoire pour perpétrer la rumeur et qu’elle devienne légende urbaine.
La légende du Candyman est née sous la plume du génialissime Clive Barker et elle fut publiée dans l’un de ses Livres de Sang. Elle porte le titre de The Forbidden – Lieux Interdits à la traduction française – et elle figure dans le tome 5 qui est Prison de Chair. Bien sûr il y a quelques différences d’adaptation. Néanmoins, l’esprit de The Forbidden reste en partie entier et la légende du Candyman en est même renforcée puisque dans le film nous avons la possibilité d’en découvrir un peu plus sur sa personnalité. En revanche, le Candyman du film diffère beaucoup de celui de la nouvelle. Et même si Bernard Rose excelle dans l’art de nous captiver ; l’efficacité littéraire de Clive Barker qui est de nous démontrer le scepticisme de son héroïne, face à la rumeur, est bien plus fort dans la nouvelle. De même, que le fondement même de la thèse de celle-ci qui est tout à fait différente du film. Là Helen fait une thèse sur les graffitis et ce qu’ils veulent dire. C’est à cause de l’un d’eux : “Des douceurs pour les doux“ qu’elle découvrira le repaire du Candyman. Par contre, ce graffiti fort important est légèrement changé pour le film est devient : “Des douceurs pour ma douce“. Ce qui néanmoins correspond mieux à la transformation de la relation qu'entretient Helen avec le Candyman. Mais qu’importe, Clive Barker a écrit le scénario du film en compagnie de Bernard Rose et le tout reste super correct.
D’ailleurs, Bernard Rose se prête bien au jeu de la légende urbaine. Il nous campe son récit dans un univers très réaliste où la plupart des décors sont sombres et inélégants. Son héroïne, Helen Lyle est une femme intelligente qui a besoin de preuves pour croire à ce qu’elle entend et découvre quand elle se rend dans le quartier de Cabrini Green. Un quartier peuplé de gens superstitieux. Pourtant lors d’un diner en compagnie de son mari et de leurs amis universitaire, l’un d’entre eux lui raconte la véritable histoire du Candyman. Et là comme pour nous faire encore plus remarquer que les yeux verts d’Helen Lyle sont importants la caméra se fixe sur son regard verdoyant au passage le plus ultime de l’histoire.
Mais voilà plutôt ce qu’il en est de la sombre histoire du Candyman :
“Celui-ci était le fils d’un esclave. Son père avait fait fortune en inventant une machine à fabriquer les chaussures après la guerre civile. Candyman avait été dans les meilleures écoles et avait été élevé dans le monde. C’était un artiste de grand talent et ses services étaient recherchés. On lui commandait des portraits immortalisant fortune et rang social. C’est dans ce cadre qu’il fut engagé par un riche propriétaire terrien pour capturer la beauté virginale de sa fille. Bien entendu, ils tombèrent amoureux et elle se retrouva enceinte. Pauvre Candyman ! La vengeance du père fut terrible“.
-C’est à ce moment là que le fameux cadrage sur les beaux yeux de Virginia Madsen a lieu avec en bruit de fond les cris de douleur du pauvre Candyman-
“Il paya une bande de vandales pour s’en charger. Ils chassèrent Candyman à travers la ville, jusqu’à Cabrini Green où ils lui tranchèrent la main à l’aide d’une scie rouillée. Personne ne vint à son aide. Mais ce n’était que le début de son calvaire. Il y avait un rucher non loin de là. Des ruches pleines d’abeilles furieuses. Ils brisèrent les ruches, en volèrent les rayons…et étalèrent le miel sur son corps nu plaqué au sol. Candyman fut brûlé sur un bûcher géant puis ses cendres furent dispersées sur Cabrini Green“.
Envoûtée par l’histoire, Helen Lyle est sous le choc. D’ailleurs, elle n’a pas fini d’être choquée puisqu’en seconde partie du film, sa crédulité va être mise à dure épreuve. La Candyman va lui apparaître et c’est à ce moment là qu’on pourra découvrir le gigantesque et fabuleux Tony Todd dans un Candyman sobre et classieux. Enfin classieux sauf quand il ouvre son manteau ! A partir de ce moment là, Helen Lyle est prise dans un dédale sanglant où toute sa vie s’effondre. D'ailleurs, Bernard Rose a su inclure dans sa réalisation des touches d'hémoglobine et pas des moindres. On retiendra celle où l'on découvre Helen Lyle en position de tueuse et celle où l'on voit le sort d'un pauvre garçon dans les toilettes publiques du quartier de Cabrini Green. De plus, j’apprécie fort la dualité que Bernard Rose nous démontre dans son Candyman. Je parle de celle qui est mise en avant avec Cabrini Green, ce sordide quartier de banlieue, et celui où vit Helen. Les deux sont séparés par un pont et chose marrante Helen vit exactement dans la même configuration immobilière que les habitants de Cabrini Green. Sauf que leur degré de vie n’est pas le même. Pourtant, Helen sera bien plus proche de ces habitants que des siens. Elle en deviendra même l’icône ou plus simplement leur légende urbaine.
La conclusion de Lucie M. à propos du Film : Candyman #1 [1992]
Personnellement, je trouve que Candyman est l'un des seuls films d'horreur qui traite avec efficacité et sobriété du thème de la légende urbaine. On retrouve ce sentiment dans un simple dialogue du Candyman:"Je suis les graffitis sur les murs, le chuchotement au fond des classes...sans tout cela, je ne suis rien". C'est peut être tout simplement un dialogue parmi tant d'autres mais il renforce le film comme la réalisation de Bernard Rose qui est croissante. Bernard Rose sait nous plonger dans une atmosphère bien captivante où il ne laisse rien au hasard. N’oublions pas, surtout pas, la présence de Clive Barker à la scénarisation de sa nouvelle The Forbidden en compagnie de Bernard Rose. Ce qui fait une bonne base de récit où des personnages déjà développés ont pu prendre encore plus de matière grâce au film. Egalement grâce aux interprétations de Virginia Madsen et d’un Tony Todd élégant. Un film à voir qui a de plus très bien vieilli.
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