Critique Indiana Jones et le Cadran de la Destinée #5 [2023]
Avis critique rédigé par Bastien L. le vendredi 30 juin 2023 à 14h00
Un retour satisfaisant
Monument du cinéma de divertissement fantastique autant qu'une déclaration d'amour de deux génies d'Hollywood aux films d'aventure d’antan, Indiana Jones revient pour ce qui est censé être sa dernière aventure et pour la première fois sans ses créateurs...
Ce qui est sûr c'est que Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal (2008), quatrième volet d'une saga culte a connu un accueil assez mitigé malgré un réel succès commercial. Largement considéré comme le moins bon épisode de la série, il a pourtant réveillé les appétits de Steven Spielberg comme de Harrison Ford afin de poursuivre ses aventures. Sauf qu'il faut un scénario et que c'est le travail habituellement dédié au producteur George Lucas qui décide finalement de vendre Lucasfilm dont la licence Indiana Jones à Disney en 2012. Lucasfilm devient alors dirigée par Kathleen Kennedy productrice historique de la saga qui va évidement vouloir en proposer un cinquième épisode. Les anciens sont ainsi de retour avec Frank Marshall associé à la production d'un film de Steven Spielberg que doit scénariser David Koepp, déjà responsable du quatrième opus, avec une partition de John Williams. Différentes versions du scénario vont s'enchaîner avec Koepp faisant la navette sur le projet mais n'arrivant jamais à convaincre tout le monde entraînant son départ (même s'il reste crédité au générique)... Début 2020, Steven Spielberg se retire du projet tout en restant producteur exécutif (au même titre que Lucas) laissant le champ libre à un nouveau cinéaste. C'est finalement Harrison Ford qui souffle le nom de James Mangold à la production, un cinéaste très à l'aise dans de nombreux genres que cela soit le drame (Une vie volée), le thriller (Identity), le polar (Copland), le western (3h10 pour Yuma) mais aussi capable de gérer de gros blockbusters comme il l'a prouvé avec Wolverine - Le combat de l'immortel et Logan. Il décide de reprendre le script aux côtés des frères Butterworth avec lesquels il avait collaboré sur Le Mans 66. La production peut enfin débuter avec un tournage en 2021 entre le Royaume-Uni, la Sicile et le Maroc voyant intervenir de nouveaux acteurs comme d'autres plus anciens dont Harrison Ford ayant près de 80 ans lors du tournage... Au final, le film vit le jour avec le budget hallucinant de 300 millions de dollars pour une sortie mondiale au début de l'été 2023.
Le film début en 1944 en pleine Libération de l'Europe durant la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'archéologue et aventurier Indiana Jones (Harrison Ford) et son collègue Basil Shaw (Toby Jones) tentent d'infiltrer une base nazie censée contenir la Sainte Lance. Ils sont néanmoins arrêtés et découvrent la Lance est un faux mais que le physicien nazi Jürgen Voller (Mads Mikkelsen) a mis la main sur la moitié de la machine d'Anticythère attribuée à Archimède et capable d'offrir un grand pouvoir à son possesseur. Indiana Jones réussit à la récupérer malgré tout. La suite se déroule en 1969 juste après le retour de la mission Apollo 11 alors que le professeur Jones donne son dernier cours à New York avant de partir à la retraite. Menant une vie morne et solitaire, il est néanmoins retrouvé par sa filleule Helena Shaw (Phoebe Waller-Bridge), fille de Basil, qui lui demande de l'accompagner retrouver la machine d'Archimède. Elle croit que l'objet a été perdu en 1944 mais Indiana Jones le lui remet alors qu'il l'avait caché depuis longtemps car il avait rendu fou Basil. Néanmoins, Helena semble ne pas avoir d'aussi bonnes intentions qu'elle le prétend tandis que Voller est toujours intéressé par l'objet alors qu'il travaille pour la NASA et dispose de ressources comme d'un personnel important. Va donc s'engager une course-poursuite à travers New York puis le pourtour méditerranéen entre différents camps pour mettre la main sur la machine complète d'Archimède. Indiana Jones devra aussi faire appel à ses anciens alliés dans cette nouvelle quête...
Indiana Jones et le Cadran de la Destinée est censé être la dernière aventure du héros au chapeau et au fouet même si l'on sait qu'avec Hollywood ça ne veut pas dire grand chose. Néanmoins, le film insiste d'emblée sur la vieillesse de son héros fatigué après le prologue de 25 minutes (sur 2h35) en 1944. Divorcé, isolé, désabusé face à un monde qu'il ne reconnaît plus et légèrement porté sur la boisson, Indiana Jones n'attend qu'une étincelle pour redevenir une dernière fois celui qu'il a été. L'apparition de Helena et la quête d'un nouvel objet aux propriétés apparemment surnaturels deviennent l'occasion idéal. D'autant plus s'il reste des nazis à dézinguer... Exit donc les Soviétiques du quatrième épisode dont la seule particularité gardée est la mise en scène d'un héros vieillissant. Mais pour ce qui est du reste, James Mangold et les frères Butterworth nous proposent une aventure dans la ligné des trois premiers films. Il y a toujours ce MacGuffin surnaturel convoité par plusieurs groupes passant de main en main avec différents lieux visités comme des inévitables temples pour un final aussi surprenant que fantastique. Le scénario fait tout pour nous redonner les sensations d'un Indiana Jones à l'ancienne avec une grande efficacité et on ne boude vraiment pas notre plaisir de retrouver cette ambiance, ce héros charismatique, ce jeu de pistes avec l'Histoire ainsi que des personnages secondaires attachants.
Ce cinquième volet reprend donc parfaitement le parfum de la licence pour une aventure digne des productions de 2023. Un film qui par ailleurs réussit parfaitement à être une forme d'hommage à un personnage, ses créateurs mais aussi un cinéma des années 1980 (trop souvent iconisé actuellement) mais sans jamais tomber dans le piège de la nostalgie comme du regard constant vers le passé. James Mangold nous propose son film avec ses propres personnages (Helena en tête) comme ses propres objectifs donnant le sentiment constant d'une nouvelle aventure et non d'un plat réchauffé souvent trop tiède pour pleinement exister. Le film trace aussi ses propres thématiques assez intéressantes comme sur l'appel de l'aventure pour un homme âgé retrouvant sa vraie nature. Il y a aussi le dilemme moral assez classique d'Helena coincée entre sa part d'ombre et sa part de lumière. Sa trajectoire est très classique mais plutôt efficace quand elle permet de chambouler Indiana Jones. Le film s'avère aussi touchant dans la passion qu'a Indina Jones pour l'Histoire et les civilisations qu'il a étudié et tant de fois imaginé. Enfin, le film n'hésite pas non plus à charger les Etats-Unis notamment l'Opération Parperclip voyant des scientifiques nazis invités à travailler pour l'Oncle Sam inspirant le personnage de Voller... Malgré toutes ces louanges, le scénario n'est pas exempt de défauts à commencer justement par Voller qui ne dépasse pas le cliché du vilain nazi manquant donc de consistance. Ensuite, il faut avouer que l'ensemble est au final trop scolaire. On nous propose une histoire d'Indiana Jones à la manière des anciennes avec un cahier des charges qu'on imagine précis sans pour autant égaler l'originalité et la folie des volets précédents. Le film apparaît donc comme trop scolaire, trop sage, du début à la fin.
Là où le film ne déçoit pas c'est dans les différentes ambiances qu'il propose à commencer par son prologue se déroulant dans une campagne européenne puis sur un train lancé à pleine vitesse. Un classique du cinéma d'aventure et d'action qui fonctionne ici parfaitement permettant aussi de se replonger comme il se doit dans l'univers d'Indiana Jones. D'autant plus que la technologie du rajeunissement numérique (de-aging) est parfaitement utilisée sur Harrison Ford rendant l'ensemble très crédible. Toute la séquence se déroulant à New York pendant la parade en l'honneur des membres de Apollo 11 est aussi assez réjouissante avec une course-poursuite délirante et une reconstitution très solide faisant appel à de nombreux figurants. Le reste du film n'est pas en reste et se suit sans réel temps mort avec des pauses bien amenées faisant que les 2h35 passent très bien. Il faut juste apprécier les courses-poursuites à outrance... On apprécie aussi quand nos héros arrivent enfin dans un temple où les attendent quelques énigmes. Le véritable problème encore une fois reste ce côté trop sage du film qui va certes nous offrir quelques bestioles peu ragoutantes par moments mais qui reste sans réelle folie et peut-être un poil trop grand public. Alors je me doutais bien qu'on aurait jamais une noirceur et une violence digne du Temple Maudit mais même les autres épisodes proposaient des effets qui sortaient vraiment de l'ordinaire. Parce qu'en termes de séquences d'action, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée ne se démarque pas forcément de la concurrence et seule la fin pourra sortir du lot. Cette dernière offre de magnifique visions et est un climax en terme d'action et d'émotions vraiment très plaisant. Ce qui ne bouge pas c'est la très grande qualité de la musique de John Williams qu'il s'agisse des anciens ou nouveaux thèmes.
La saga Indiana Jones connaît donc un nouveau réalisateur après l'intouchable Steven Spielberg. James Mangold lui succède, en étant accompagné de Phedon Papamichael son directeur de la photographie attitré. Et force est de constater qu'il s'en tire vraiment bien nous offrant un bon divertissement se montrant à l'aise dans tous les registres que cela soit des scènes d'action riches en effets spéciaux comme celles portées sur l'émotion. Petit bémol en ce qui concerne les moments comiques qui tombent un peu à plat. On sent que Mangold s'est autant inspiré du travail de Spielberg (notamment sur les introductions de personnages) que du cinéma de divertissement des années 1930 aux années 1950 avec notamment un travail intéressant sur les ombres. Il propose ainsi un travail très solide fluidifiant parfaitement son récit et offrant toute la lumière qu'il se doit à ses comédiens. A commencer évidemment par Harrison Ford (Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal, Le Réveil de la Force..) qui reste malgré tout crédible dans l'action et qui oscille parfaitement entre son côté bougon, sa passion juvénile pour l'histoire et son intransigeance face aux nazis. Il en devient un héros très humain sans jamais tomber dans la bouffonnerie ou la caricature de lui-même. A ses côtés Phoebe Waller-Bridge (Fleabag, Solo...) est un contrepoids très intéressant loin d'un décalque au féminin du héros dont l'ambivalence morale et la confiance en soi fonctionnent car ses failles apparaissent souvent via son jeu. Mads Mikkelsen (Casino Royale, Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore...) fait parler son charisme légendaire pour incarner un méchant tout en froideur cachant une explosivité bien exploitée. Pour ce qui est des seconds rôles, on est heureux de retrouver John Rhys-Davies en Sallah ou découvrir le jeune Français Ethann Isidore en acolyte d'Helena. Enfin sachez que Antonio Banderas vient faire coucou quelques instants...
On vous le conseille si vous aimez Les Aventuriers de l'Arche Perdue, Uncharted 2, Le Réveil de la Force...
La conclusion de Bastien L. à propos du Film : Indiana Jones et le Cadran de la Destinée #5 [2023]
Sans jamais parvenir à atteindre le Graal des trois premiers épisodes, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée est un film réussi. Grâce à une bonne arche d'alliance entre l'ancien et le nouveau, James Mangold propose un film très divertissant disposant d'un bon rythme, de séquences d'action palpitantes, de personnages attachants et d'une fin très satisfaisante. Du bon cinéma d'aventure qu'on aime découvrir au cinéma quand bien même il a du mal à se hisser au niveau des ténors du genre et apparaît souvent comme trop sage. Mais ne boudons pas notre plaisir et profitons de la possible dernière croisade d'Indiana Jones sur grand écran sachant qu'on est pas passé loin de la pierre sacrée...
On a aimé
- La qualité de la production dont les effets spéciaux
- Très divertissant comme un bon Indiana Jones
- Les comédiens, Harrison Ford en tête
On a moins bien aimé
- Trop scolaire
- Donc trop sage
- Des facilités de scénario
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