Critique Sphère [1998]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 5 octobre 2005 à 11h04

Méfiez-vous des abysses, on peut y mourir d’ennui

Au fond des eaux (en fait à 300 mètres), les autorités américaines ont repéré un vaisseau spatial. Décidés à en savoir plus, ils convoquent à cette occasion quatre singes savants et leurs confient la mission d’explorer les parties intimes de l’astronef. Non, ce ne sont pas des gynécologues. Cette équipe de choc se compose en fait du pilote du vaisseau et chef de l’expédition (Peter Coyote), d’un astrophysicien prétentieux (Liev Schreiber), d’une jolie biologiste dépressive (Sharon Stone), d’un mathématicien taciturne (Samuel L. Jackson) et d’un psychothérapeute bavard (Dustin Hoffman). Ils doivent auparavant retrouver, dans un habitat attenant au vaisseau, deux autres scientifiques.
Après avoir pénétré dans le mystérieux vaisseau, les membres de l’expédition découvrent une gigantesque et luminescente sphère entreposée dans la soute. Ils découvrent également que cet objet contient une forme d’intelligence qui essaye de communiquer avec eux via le système informatique de l’appareil – J’me présente, je m’appelle Henry (air connu). Cependant, les affaires se corsent lorsque l’un des membres d’équipage décide de pénétrer à l’intérieur de la Sphère, alors que les scientifiques commencent à subir des agressions diverses de la faune environnante. Mystère, mystère…
Surfant sur la mode d’Abyss, Barry Levinson voit plus ambitieux et tente de nous offrir une réflexion métaphysique sur la nature et les conséquences de nos rêves et de nos cauchemars. Cette sphère, qui peut être considérée comme une sorte de cadeau extraterrestre, n’est plus ni moins qu’un catalyseur d’énergie psychique ayant la capacité de matérialiser nos peurs et nos désirs les plus profonds. Et c’est là, en grande partie, que le bas blesse car on va assister à un déroulement filmique complètement abracadabrant.
En effet, bizarrement, la plupart des matérialisations sont destinées à créer des effets horrifiques – Hoffman à peur des méduses, hop des méduses attaquent, Jackson a peur des calamars, hop des pieuvres attaquent, etc. – destinés à mettre une tension artificielle au sein du film, un climax comme on dit aujourd’hui. On peut penser que cela n’est pas si mal, un peu dans le style de Planète Interdite, ou même de Event Horizon tiens, cependant il y a quelque chose qui cloche. Pourquoi, comme la dernière partie du film en confirme la possibilité, les fantasmes des personnages ne se matérialisent pas eux aussi ? Ce qui, je l’admets, avec Sharon Stone au générique, n’aurait pas été sans me déplaire (et m’aurait plus facilement tenu éveillé). Au début, je me suis dit que seules les pensées négatives pouvaient être concrétisées, (à la Event Horizon donc) mais la dernière séquence affirme le contraire. En effet, dans une scène d’un mielleux écoeurant (nous – la race humaine - ne sommes pas prêts, déclarent les zigotos avant d’agir, main dans la main), les trois survivants décident d’oublier, d’un commun accord, qu’ils ont rencontré la Sphère… et ça marche (mais pas pour moi, dommage). Celle-ci émerge alors de l’eau et s’envole vers l’espace, sous le regard médusé de l’assistance. On retrouve alors nos héros complètement amnésiques et, en fait, si on suit le raisonnement jusqu’au bout, l’aventure sous-marine ne devrait jamais avoir existé. Alors là, messieurs les scénaristes, j’ai bondis ; puisqu’ils peuvent matérialiser ce genre de pensée, pourquoi donc n’ont-ils pas essayé de neutraliser par cette méthode le compte à rebours de la bombe, voir causer purement et simplement sa disparition (au lieu de paniquer comme des malades). Ils auraient pu également souhaiter se ‘’téléporter’’ sur le pont des bateaux présents en surface, ou bien dans un bar d’Acapulco devant un Martini Dry, pendant qu’on y est. Bref, cette fin met en l’air toute la ‘’logique’’ du film, et tout cela pour nous faire avaler une justification bidon sur l’absence de données concernant la Sphère dans les dossiers de cet astronef américains, qui vient probablement du futur (par un trou noir, ben voyons !).
Bon, à la limite, on pourrait se dire que des scénarios tirés par les cheveux, ce n’est pas ce qui manque. Et y faire abstraction en se contentant de regarder le spectacle. Le seul problème, c’est qu’avec Sphère, il est impossible de procéder comme cela. Car le ton est trop sérieux, voire solennel et pompeux. Se prenant pour Jung, les protagonistes nous gavent en plus de dialogues à la substance plus proche des théories de piliers de comptoir que de celles de candidats au prix Nobel (comme pourrait le prétendre le c.v. des personnages). En un mot, c’est chiant.
Le choix et la construction des personnages prête aussi à sourire. On passera sous silence les deux scientifiques de la station qui ne sont là que pour crever dans des scènes d’actions aussi molles qu’un Babybel. Non, intéressons-nous plutôt aux quatre intellos. Et oui, quatre seulement car la NASA est un organisme très décontracté qui envoie des scientifiques explorer les recoins d’un vaisseau extra-terrestre sans aucune escorte militaire (à part le pilote). Ces quatre personnes ont été choisies en fonction d’un bouquin écrit par le volubile psychologue qui les désigne comme les meilleurs – ils se connaissent donc tous, certains ont même couchés ensemble, pratique pour construire des rapports humains ambigus (ils sont malins ces scénaristes !) – et ils sont envoyés au fond sans une véritable expertise médicale ou psychiatrique (le personnage de Sharon Stone est complètement drogué et sort d’une dépression!). On ne s’étonne plus qu’il se produise des catastrophes, avec un tel laxisme des autorités !
Plongés dans cette mixture pseudo intellectuelle aussi indigeste qu’un vieux pudding rance, les comédiens réagissent différemment. Jackson a choisi, probablement comme beaucoup de spectateurs, de s’endormir, Stone se lamente et geint tout le temps, la goutte au nez et les yeux rouges, et Hoffman a décidé de nous offrir un one-man-show en nous saoulant de supputations vaseuses. Un véritable supplice je vous dis. Et si à ce spectacle déprimant, on ajoute une réalisation aussi morne que la plaine de Waterloo, on obtient un des films les plus barbants de ces dix dernières années (qui a dit ‘’avec Solaris ?’’).

La conclusion de à propos du Film : Sphère [1998]

Auteur Nicolas L.
10

Pour conclure, je dirais que Sphère est un film de studio à gros budget doté d’un scénario de série Z. Le film est d’une absolue prétention, bancal, linéaire et mou du genou. De manière peu convaincante, Levinson s’acharne à nous présenter les aventures soporifiques de cette poignée de stars cachetonnant dans un drame psychologique à la sauce fantastique, tout en essayant de nous faire passer ce navet pour le dernier cri de l’underground intello new yorkais. Mais finalement, le spectateur s’aperçoit que le tout est aussi vide que la fameuse Sphère.

On a aimé

  • La photographie de qualité

On a moins bien aimé

  • Le scénario bancal
  • La réalisation, molle et prétentieuse
  • Interprétation sans conviction

Acheter le Film Sphère en un clic

Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Sphère sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.

Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux

Sur Facebook | Sur Twitter