Critique Zombie Ass: Toilet of the Dead
Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 6 décembre 2012 à 23h20
Killer Prout From Space
Alors qu’elle se balade dans la campagne en compagnie d’un groupe d’amis, une jeune femme gobe un ver dégueulasse déniché dans l’estomac d’un poisson crevé. Evidemment, ce geste inconsidéré (elle pense qu’un ténia va contribuer à entretenir sa silhouette de bimbo asiatique) ne va pas rester sans conséquence. Peu de temps après, la jolie post-ado aux gros nichons et un brin décérébrée se voit prise de violents maux de ventre et délivre, sous le regard dégoûté de ses camarades, des rafales de flatulences bruyantes, odorantes et, plus étrange encore, colorées. Heureusement, non loin, dans la cour d’une ferme apparemment déserte, elle aperçoit des latrines.
Pétaradant et fumant du pot comme une vieille guimbarde, la jeune femme se rue dans la cabane d’aisance. Le plan suivant nous donne l’occasion de découvrir son postérieur. Et en contre-plongée, s’il vous plait ! Pas vilain, ma foi (normal, Noboru Iguchi aime les jolies filles). Mais notre plaisir est un peu gâché (hormis les scatophiles qui, eux, apprécieront le spectacle… et jusqu’au terme du film) par les grimaces de la fille et les cadrages sur l’eau de la fosse, dans laquelle navigue des flottilles de navires de matière fécale. Soudain, une main émerge de ce mélange peu ragoûtant, pour peloter le cul de la jeune fille accroupie au-dessus de la fosse. La main est rapidement suivie d’une tête car, mesdames et messieurs, sachez que ces Toilets of the Dead sont occupés par un zombie-étron, ou zombiétron. Au choix.
La créature qui émerge du trou des chiottes est en fait la victime d’une contamination par un parasite alien qui a transformé une grande partie de son anatomie en excréments, miasmes et autres humeurs. En plus de sa tronche au teint de merde, de la chiasse et de l’urine lui sortent des yeux, de la bouche et des oreilles, et l’on devine qu’il pue terriblement, même si le métrage ne bénéficie pas du fameux Odorama de John Waters. De fait, horrifiée à la vue de cet horrible individu, la jeune femme sort en sautillant des latrines, la culotte sur les chevilles, pour découvrir que d’autres créatures titubantes et pestilentielles se dirigent vers ses amis.
Le groupe essaie alors d’échapper aux zombis merdeux en se réfugiant dans la maison (la fille, gênée dans ses mouvements par son slip récalcitrant, n’aura pas cette chance et se retrouvera dans la merde (au propre comme au figuré). Sommairement barricadés, les jeunes gens ont le plus grand mal à empêcher les créatures de pénétrer dans la pièce – il faut dire que le geek de service préfère hurler et gesticuler plutôt que bloquer la porte. Heureusement qu’une fille en tenue d’écolière, experte en arts martiaux, que l’on croirait tout droit sortie d’un hentai, est là pour repousser les hordes de zombies pilotées par ces parasites, des ténias mutants en recherche permanentes d’hôtes sains. Et d’où viennent ces vers solitaires ? Des travaux d’un savant fou, bien sûr, qui cherche par ce moyen à maintenir en vie sa fille malade. Oui, c’est n’importe quoi.
Noboru Iguchi est complètement barré. Cela fait longtemps que l’on en a pris conscience. On le sait aussi capable de nous surprendre par la qualité de son travail, comme avec les enthousiasmants The Machine Girl ou RoboGeisha – même si l’on peut à raison préférer les travaux de Yoshihiro Nishimura, un réalisateur plus rigoureux. Ici, cet ex-réalisateur de films pornos reconverti dans les comédies gores et déjantées nous offre la matérialisation de sa passion pour le craspec et le mauvais goût. Libéré des contraintes marketing imposées par Sushi Typhoon / Nikkatsu, il va même ici encore plus loin dans le domaine. Vomissures, diarrhées, pets et, occasionnellement, morsures de zombies et humour débile, sont donc au programme d’un spectacle qui se pose comme un long gag pipi-caca dans lequel des vers mutants en plastique surgissent du cul de leurs hôtes pour assaillir une improbable galerie de personnages de manga. Pour les amateurs du genre, le spectacle est assurément très drôle. Du moins, au début. En effet, au bout d’une vingtaine de minutes de déchaînement scatologique, le métrage commence à montrer les limites de ce scénario aux arguments limités – et cela même si Iguchi glisse, sans aucune finesse, histoire d’éveiller nos sens, une scène de douche à l’érotisme sympathique.
Heureusement, ce trublion a plus d’un tour dans son sac. Et comme ami un certain Yshihiro Nishimura. Avec la dernière bobine, le cinéaste passe à la vitesse supérieure et cette parodie de zombie-movie dégueulasse se transforme en une sorte de relecture craspec d’un épisode de Dragonball, la jeune étudiante ayant à lutter, à grand renfort de plans culotte, contre un gigantesque ténia mutant et tentaculaire (toujours ce fantasme des tentacules fouineurs) et son hôte au cours d’un combat aérien totalement loufoque – les personnages sont propulsés par leurs gaz intestinaux. Fruit du travail de Nishimura, le monstre de latex est aussi ridicule qu’original et amène le spectacle dans le domaine du surréalisme. Un niveau de connerie si élevé que cela en devient hypnotique. Bref, si vous avez apprécié des films comme les délires de Sushi Typhoon ou les débilités gores de Troma Film, nul doute que vous allez apprécier cette dernière partie complètement branque, aux effets spéciaux cheaps mais hilarants, et dotée de mouvements de caméra digne du plus hystérique des cartoons.
Du coté des comédiens, Iguchi a encore dégoté une petite brochette d’aidoru et d’actrice d’AV peu connues mais ravissantes (même si le contexte se prête peu à la séduction). On a également le plaisir de retrouver, dans un petit rôle, la charmante et énergique Asami, une habituée des films de Noboru Iguchi. Du coté masculin, les initiés pourront reconnaître quelques figures connues, comme Kentaro Kishi (The Machine Girl, RoboGeisha, Tokyo Gore Police) et Kentarô Shimazu (Alien versus Ninja).
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Zombie Ass: Toilet of the Dead
Avec Zombie Ass : Toilet of the Dead, Niboru Iguchi exploite à l’extrême son affection pour l’humour craspec et le mauvais goût. Assurant sa démarche jusqu’au bout, il nous offre un spectacle qui, hélas, tourne assez rapidement en une morne chiasse. Heureusement, cela ne dure pas, le cinéaste relançant sa boîte à caca avec une dernière partie totalement délirante, qui peut être interprétée comme une relecture scato d’un épisode de Dragonball.
On a aimé
- Du jusqu’au-boutisme dans le craspec
- Du cinéma généreux, du mauvais goût assumé
- Des effets spéciaux cheaps mais rigolos
- Une excellente dernière demi-heure
On a moins bien aimé
- Pour amateurs uniquement
- Niveau technique faible
- Interprétation perfectible
- Un essoufflement en milieu de métrage.
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