Critique Syberia II #2 [2004]

Avis critique rédigé par Bastien L. le dimanche 1 juin 2025 à 09h00

Dernier train vers Mamouths

La critique qui suit dévoile fatalement des éléments très importants de l'intrigue du premier opus. Vous voilà prévenus.

Critique de la version PS3.

Dans la famille des suites de jeux vidéo, il y a celles qui embrassent pleinement ce statut avec une volonté d'être un véritablement prolongement de l'opus précédant comme après une simple coupure. Syberia II est ce celles-là.

Cela s'explique avant-tout par le fait que Syberia et sa suite ont été pensées comme un seul et même jeu par son créateur, le Belge Benoît Sokal. A la base scénariste et dessinateur de bandes-dessinées, il pense réellement cette histoire comme un tout mais son équipe ne peut réaliser l'ensemble en une aventure sous peine de prolonger bien trop longtemps le développement. Au moment où Syberia sort en 2002, la suite est déjà sur des rails avec notamment une histoire déjà arrêtée dans ses plus grandes lignes. Il s'agit une nouvelle fois d'une production Microïds avec un développement au sein de son studio canadien. Un développement qui reprend l'adage bien connu du changement dans la continuité puisque les principes restent les mêmes à savoir un jeu d'aventure style pointer-et-cliquer assez accessible où l'on déplace son personnage dans des décors en 3D précalculée mais où l'on va essayer d'améliorer la technique, les animations et la mise en scène... Le développement est aussi marqué par la quasi-faillite de Microïds qui fusionne avec la société MC2 créée en catastrophe et qui accompagne la sortie du jeu en 2004 sur PC avant de nombreux portages d'abord sur Xbox la même année puis sur PS2 début 2005. Microïds disparaît ensuite avant de ressusciter en tant que label chez l'éditeur Anuman Interactive qui commande des portages HD sur PS3 et Xbox 360 en 2015. Puis c'est au tour de la Switch d'avoir sa version en 2017...

Syberia II reprend quasiment après les événements du premier opus alors que l'avocate new-yorkaise Kate Walker a enfin mis la main sur le génial inventeur d'automates Hans Voralberg. En enquêtant sur lui, elle a appris la passion du vieil homme pour les mammouths qui existeraient encore, selon un mythe, sur la mystérieuse île de Syberia au large de la Sibérie. Elle décide donc de faire équipe avec lui dans ce périlleux voyage. Accompagnés de l'automate Oscar qui conduit leur train, Kate et Hans vont devoir faire face à un climat de plus en plus rude d'autant plus que la santé déjà vacillante de l'inventeur est mise à rude épreuve. Ils sont par ailleurs bloqués dans la gare de Romansbourg sorte de dernier vestige de la civilisation avant de traverser le reste des espaces vides de la Sibérie. Malheureusement plusieurs mésaventures les y attendent dont un malaise très sérieux de la part de Hans que Kate va devoir guérir. Leur chemin pour arriver auprès du peuple des Youkols (ayant créé une civilisation basée sur les mammouths durant la préhistoire) va être semé d’embûches... En parallèle, la famille et les employeurs de Kate s'inquiètent de sa disparation dans cette quête insensée et emploient un détective privée pour la ramener...

Pas de doute encore une fois, Syberia II est la suite assumée du premier opus et ne pourra s'apprécier pleinement que si vous y avez joué. On retrouve donc avec plaisir le personnage de Kate Walker qui a enfin su lâcher prise pour vivre l'aventure de sa vie sans se départir de son ironie comme de sa volonté à toute épreuve. A ses côtés, l'automate Oscar aussi poli que dévoué, mais un poil froussard, reste toujours aussi attachant. Au même titre que Hans Voralberg qui s'accroche à ce rêve d'enfant comme un vieil homme à la vie car il sent qu'il n'a pas encore tout accompli. Cette suite s'apparente bien plus comme une fuite en avant de personnages allant devoir se battre (contre le scepticisme, les forces de la nature, l'avarice ou la bigoterie...) pour atteindre leurs rêves alors que tout jouera contre eux. Si l'histoire se veut plus mouvementée et plus vivante que le premier opus, elle s'avère néanmoins moins inoubliable car on perd un peu cette ambiance mélancolique et désolée pour avoir un rythme plus présent et surtout bien plus de présence humaine. On apprécie toutefois l'ambiance douce-amère qui se dégage de l'ensemble avec des rencontres marquantes et des dialogues assez bien écrits. Syberia II est une conclusion satisfaisante même si l'originalité est forcément moins présente. 

En revanche, là où le jeu ne déçoit pas c'est clairement au niveau de sa direction artistique qui reste toujours aussi magnifique et indescriptible. La découverte de chaque décor est un réel bonheur d'autant plus que le titre nous emmène surprises en surprises. Que cela soit la ville de Romansbourg sorte d'avant-poste de bout du monde fait d'acier et de charbon, un monastère sublime perché sur les montagnes où une foret enneigée... Mais cela n'est rien comparé aux derniers décors du jeu qui nous plongent au sein d'un peuple vivant grâce aux mammouths dont la découverte est un des plus grands plaisirs du jeu. Benoît Sokal se paye même le luxe d'avoir créé un dernier décor sidérant de beauté alors qu'on y reste que peu de temps. On traverse le jeu comme autant de tableaux dont on se délecte de la beauté faisant que les allers-retours passent bien mieux. Syberia II est le genre de jeu qu'on peu relancer juste pour retrouver une ambiance incomparable. L'ensemble est par ailleurs magnifié lors d'une belle séquence de rêve. On pourrait simplement lui reprocher quelques personnages qui jurent un peu avec le reste. Le jeu continue de flirter avec les limites du fantastique (la créature imaginaire du youki, du chamanisme...) et de la science-fiction (l'automate, le train tendance steampunk...) qui se superposent au réel pour améliorer ce sentiment d'aventure incroyable. Par ailleurs les cinématiques en images de synthèse qui rythment l'aventure ont plutôt bien vieilli.

Le plus gros défaut de cette version console de Syberia II est son aspect technique. Déjà dommageable sur PS2, il devient franchement inexcusable sur PS3. Le portage HD reste donc aussi paresseux avec des problèmes de ralentissement, de saccades des musiques et des dialogues ou des changements de décors anormalement longs... Cela se ressent dans la jouabilité qui est hachée car Kate doit souvent prendre une route aussi balisée que peu intuitive pour changer de décors ou mettre en évidence un objet à utiliser ce qui pourra engendrer quelques frustrations. L'aspect aventure/énigmes reste aussi accessible que le premier opus avec néanmoins une plus grande complexité par moments où l'on réussit à se défaire de mécanismes au petit bonheur la chance démontrant que tout n'est pas parfait. Mais néanmoins, l'ensemble reste assez logique et varié afin de contenter tous les amateurs de jeu d'aventure. L'accent a été bien plus mis sur les dialogues qui servent de marqueurs de progression et certaines énigmes démontrent bien cette fuite en avant avec une progression assez linéaire entre des niveaux plus ouverts demandant plus d'allers-retours comme une réelle exploration. Tout cela fonctionne même si on progresse bien plus pour l'histoire que pour le gameplay. On aura en tout cas été globalement charmé par ces deux aventures de Kate Walker toujours aussi bien doublée par Françoise Cadol.

On vous le conseille si vous aimez Syberia, La Compagnie des Glaces, Snowpiercer, Le Transperceneige...

La conclusion de à propos du Jeu Vidéo : Syberia II #2 [2004]

Auteur Bastien L.
70

Syberia II est une suite réellement pensée comme telle qui nous charme toujours autant grâce à sa direction artistique faîte d'une magnifique 3D précalculée. Une ambiance incomparable qui nous charme aussi grâce à une histoire prenante et des personnages attachants. Les mécaniques de gameplay restent aussi basiques mais fonctionnent bien pour qui veut progresser sans trop se creuser les méninges. On reste néanmoins très déçu de l'aspect technique qui n'est clairement pas au niveau d'un portage HD de 2015...

On a aimé

  • La direction artistique sublime magnifiée par la 3D précalculée
  • Une histoire prenante menée par des personnages attachants
  • Une progression assez fluide

On a moins bien aimé

  • Le portage PS3 est techniqement assez honteux
  • Forcément un peu moins magique que le premier opus
  • Quelques énigmes brouillonnes

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