Critique Je suis partout #2 [2006]
Avis critique rédigé par Lucie M. le mercredi 18 janvier 2006 à 14h44
Il est partout…
Comment Nirta Omirli, un homme mort 23 ans auparavant sous les balles d’un peloton d’exécution, peut-il avoir été de nouveau tué ce 31 décembre 2999 ?
Après un atterrissage en catastrophe sur Nève-RiKoSSe, l’amiral Hammarskjöld et ses quatre consoeurs sont recueillis par une troupe de soldat patrouille. Les conduisant vers la ville Gergovia, où se trouve le QG, les cinq casques bleus apprennent que l’officier Nirta Omirli est mort, que son enterrement est pour bientôt et que déjà on attend son retour. Quel n’est pas leur surprise d’apprendre la mort d’un homme mort 23 ans auparavant sous les balles même d’une femme soldat présente parmi les casques bleus ? Et de l’annonce de son retour ? D’ailleurs les cinq survivants à la destruction du Transporteur n’en sont pas à leurs dernières surprises. Leur mission de pacification a apparemment échoué sur la planète Nève-RiKoSSe et les autochtones, les Pétzétatis-Qcouzinaz et les troupes de l’officier Nirta Omirli, sont encore en conflit. Au cours de toutes ces découvertes fort déstabilisantes, l’amiral Hammarskjöld donnera l’impression d’en savoir un peu plus sur la mystérieuse réincarnation de l’officier Nirta Omirli…
C’est en 2001 lors des 6èmes Rendez-vous de la bande dessinée d’Amiens, que le dessinateur mexicain Bachan fait la connaissance de l’un des scénaristes les plus prolifiques de notre temps Jean-David Morvan. De cette rencontre naîtra la série Nirta Omirli, dont le premier tome Un jeu cruel est paru en 2004 chez les Humanos, contant l’histoire bien mystérieuse d’un officier qui apparemment ressusciterait sans fin. En ce début d’année 2006, on peut enfin lire la suite de cette série, teintée de science-fiction, avec Je suis partout.
Bachan est issu du milieu DC Comics et cela se remarque dans sa manière de traiter le dessin et la mise en page de Je suis partout. Il y a énormément de gros plan sur les visages des personnages ainsi que des incrustations de ces derniers hors champs voire en pied de page. Cela donne un effet très rythmé ne laissant malheureusement que très peu de place à la conception des décors. Néanmoins, cela met en avant les expressions des divers protagonistes tout en privilégiant leurs actions. Le coup de crayon de Bachan ne s’embarrasse pas de fioriture ; il va droit au but. Et ce but est l’histoire qui dessert agréablement ce fameux coup de crayon.
Je suis partout se déroule sur la planète Nève-RiKoSSe dont le QG des troupes humaines se trouve dans la ville Gergovia. Cette dernière est régie à l’identique de certains villages collectivistes du temps de l’URSS, plus communément appelé kolkhoze. D’ailleurs on retrouvera au gré des pages de nombreuses références à l’URSS et de son système politique. Depuis longtemps, les Pétzétatis-Qcouzinaz – à la consonance très mexicaine – se battent contre les troupes de l’officier Nirta Omirli. Celui-ci, à la troublante ressemblance avec le défunt homme d’état Lénine, possède une singulière faculté quand il décède ; celle de ressusciter. Etrangement, cette perpétuelle possibilité nous fait penser qu’il fut un temps, à la mort de Lénine, le mouvement russe de cosmisme avait prévu de conserver son corps en le "cryogénisant" afin de lui redonner vie dans le futur. Cette piste ne pourrait-elle pas être un indice vers ce que sont réellement les incessants renouveaux de l’officier Nirta Omirli ?
Jean-David Morvan s’applique à troubler le lecteur avec cette éventualité, les petites références au communisme, sans oublier la ressemblance de Nirta Omirli avec Lénine. Tout cela dans le but d'entraîner le lecteur vers une énigme pour le moment indissoluble. Même si Je suis partout est le second tome de cette série, on n’en apprend guère sur le don de Nirta Omirli. Oui, on en apprend un tout petit peu plus grâce à un flash back du temps où Nirta Omirli était sur le point de se faire fusiller et où l’amiral Hammarskjöld venant lui proposer un pacte proposé par les autorités terriennes. Néanmoins quel pacte ? D’ailleurs l’amiral semble bien troubler en y repensant. Ensuite penchons-nous un peu plus sur les dialogues. Ils sont efficaces et quasi omniprésents. Ils comportent de bonnes pointes humoristiques rendant les personnages très attachants. Tout ce qu'il y a de plus normal pour un scénariste de la trempe de Morvan.
La conclusion de Lucie M. à propos de la Bande Dessinée : Je suis partout #2 [2006]
Jean-David Morvan et Bachan dirigent le lecteur vers une série qui à mon avis comportera bien plus que trois tomes. Avec le tome 1, on assistait simplement, dans une ambiance space opéra, à une présentation des personnages, et de l’histoire en général, à l’exemple d’un pilote de série TV. Avec le tome 2 et connaissant déjà les faits, nous sommes constamment surpris de la tournure des événements, de même que le sont les protagonistes de l’histoire. Un bien bel album à la lecture fort intéressante qui captive de par son énigmatique personnage Nirta Omirli.
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