BIFFF 2017 : Les nouveaux films d'Orel Paulo, Ben Wheatley et Jeremy Gillespie
De l'avocat, du flingue et des tentacules...
On a attaqué ce deuxième jour du BIFFF plutôt sobrement avec le visionnage de seulement trois longs-métrages : The Invible Guest, Free Fire et The Void. réalisés respectivement par Oriol Paulo, Ben Wheatley et Jeremy Gillespie. Petite review !
Oriol Paulo, scénariste des Yeux de Julia (un film de fantôme vraiment pas top qui doit surtout sa notoriété à son producteur, Guillermo Del Toro), passe derrière la caméra pour nous proposer The Invisible Guest, un thriller très largement inspiré de Usual Suspect (tant dans sa structure narrative que dans sa volonté de perdre le spectateur pour mieux le surprendre). Et c'est raté... Le film souffre en effet de très nombreux problèmes qui en font un film très médiocre : une histoire abracabrantesque, beaucoup d'incohérences, des personnages à peine écrits, des dialogues mécaniques et utilitaires, un twist final que l'on a commencé à sentir venir au bout d'une heure (soit quasiment la moitié du métrage),... Au final, le film cherche constamment à être plus malin que le spectateur, mais n'y parvient jamais. En terme de mise en scène, The Invisible Guest est froid et sans personnalité, un parti-pris visiblement recherché (et appuyé par la photo et tout le travail sur les décors), mais qui participe assez largement à l'absence d'empathie que l'on a vis à vis des protagonistes de cette histoire. On ajoutera enfin à cette liste (déjà pas mal chargée) une durée excessive vu de la minceur de l'histoire (110 minutes quand même !) et un rythme mal entrentenu. Au final The Invisible Guest s'impose comme un bon petit ratage, pas une série Z honteuse, mais juste un téléfilm Hollywood Night de plus. 3,5/10
On a enchainé ensuite avec Free Fire, le nouveau long-métrage du talentueux Ben Wheatley (Kill List, Touristes, High Rise) qui s'appuie sur un pitch simple : huit personnes se tirent dessus dans un entrepôt. Mais simple n'étant pas forcément simpliste, et Wheatley étant bourré de talent, on avait hâte de voir ce que ça allait donner ! Et au final, et bien, on s'est un peu ennuyé. Il faut dire qu'en l'état, le pitch est effectivement simpliste, puisque le film ne propose absolument aucun enjeu. D'ailleurs, Free Fire ne nous ment pas là-dessus, puisque très rapidement, on comprend qu'il n'y a aucune issue à la situation et qu'on va juste regarder des gangsters s'entretuer jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un. En terme de réalisation, ce n'est pas la folie non plus. En dépit d'une structure en huis-clot, Ben Wheatley ne parvient pas à mettre en scène de façon lisible l'ensemble de la situation. Le spectateur est ainsi souvent perdu dans l'espace, ne sait finalement plus trop qui tire sur qui et qui est caché où. Ceci étant dit, on ne passe pas non plus un moment désagréable devant le film. Déjà, Wheatley sait poser une ambiance, et en allant chercher son inspiration chez Tarantino (époque Reservoir Dogs) et Ritchie (époque Snatch), il pose une atmosphère gangster années 70 plutôt cool. De plus, si l'histoire est simpliste, les dialogues, eux, sont vraiment bien écrits : il y a des punch-lines tout le temps, et au moins les trois-quart d'entre-elles fonctionnent vraiment bien. Enfin, le film bénéficie d'un casting d'enfer (Sharlto Copley, Armie Hammer, Brie Larson, Cillian Murphy) qui parvient à rattraper le manque de caractéristation de leurs personnages (mention spéciale à Armie Hammer, génial de bout en bout). Au final, Free Fire est un film qu'on peut prendre plaisir à voir une fois, avec des potes, une binouze et des cahuètes, c'est encore mieux. 5/10
On a terminé la journée avec The Void, de Jeremy Gillespie et Steven Kostanski. On avait repéré les deux réalisateurs en 2011 avec Father's Day, une production Trauma très correcte, et on avait envie de voir de qu'allait donner leur nouvelle collaboration. Avant toute chose, sachez que The Void a pas mal divisé le public du BIFFF. Ici, on a plutôt bien aimé le film. Alors certes, ce n'est pas un chef d'oeuvre et ça souffre d'un grand nombre de défauts : les comédiens sont proches de l'amateurisme, l'aspect référentiel est tellement omniprésent qu'il en devient génant, la fin est cryptique, il y a un gros ventre mou au milieu,... Malgré tout, Gillespie et Kostanski ont réussi a créer une bonne histoire lovecraftienne comme on en voit assez rarement au cinéma. Tous les ingrédients y sont : des cultistes fous, des visions insaisissables, des horreurs rampantes, la folie qui s'empare des protagonistes. Le tout est de plus bien emballé dans un huis-clot plutôt efficace (malgré quelques longueurs) qui réserve quelques bonnes séquences bien fichues, contient quelques plans iconiques franchement sympas et, au final, semble avoir compris ce qu'était l'essence d'une bonne histoire de Lovecraft. 6,5/10
Publié le jeudi 6 avril 2017 à 10h00
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