rencontre avec Luke Ross pour Indiana Jones
Zoom sur l'adaptation officiel d'Indiana Jones en bande dessinée
Lors du mois de mai dernier, j’ai eu la chance de rencontrer le dessinateur Luke Ross lors de sa tournée promotionnelle pour la bande dessinée Indiana Jones éditée chez Delcourt.
Ce dessinateur de 35 ans, d’origine brésilienne, a travaillé pour toutes les plus prestigieuses sociétés américaines. Que cela soit, pour Image Comics avec Gen13, Marvel pour Spetacular Spider-Man, ou encore, DC Comics avec Green Lantern. Delcourt en plus d’éditer cette adaptation d’Indiana Jones publie aussi de cet auteur la série l’âme du Samouraï.
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Qu'avez-vous pensé quand vous avez appris avoir été choisi pour adapter le film en BD
Luke Ross : Pour moi ce n'est pas habituel de travailler sur des adaptations. C'est un travail particulier, car il faut suivre précisément les indications de la production, et il ne s'agit plus alors de créer de nouvelles choses, mais de reproduire des personnages connus qui ont déjà une identité qu'il faut respecter scrupuleusement.
J'ai donc commencé par réunir des informations visuelles sur les personnages réels qu'il me faudrait adapter comme des extraits de DVD, pour m'imprégner de la façon dans les personnages jouent, ainsi que leurs expressions de visage en fonction des situations dans lesquelles ils se trouvent. Au final, j'arrive à réunir une palette d'expressions différentes pour chaque personnage que je suis en mesure d'utiliser selon le contexte dans lequel il se trouve au moment où je dessine les planches.
Tout cela pour dire que quand je crée moi-même les personnages, j'ai beaucoup plus de liberté pour cette partie du travail, car je n'ai pas à m'inquiéter de leur ressemblance avec les acteurs réels.
Après cette adaptation du film Indiana Jones, avez-vous un autre projet?
Oui j'ai quelques autres projets, là je termine Green Lantern pour "DC comics" et après cela je commencerai à retravailler sur la série l'âme du Samouraï.
Et pensez-vous travailler sur d'autres adaptations d'Indiana Jones différentes de celle du film ?
Non, il n'est pas prévu d'en faire d'autres car nous nous limitons à ce qui aura été réalisé au cinema. Il n'y aura donc qu'une seule BD, à moins qu'il ait un Indiana Jones 5 ou 6 ! (rires)
Est-ce vraiment différent de travailler sur des personnages réels plutôt que sur des super-héros, comme par exemple sur Spider man ?
Oui, tout à fait, comme je le disais en introduction, la difficulté quand on travaille sur des personnages réels est de rester aussi fidèle que possible au modèle original. Cela implique donc un grand travail de recherche en amont, ce qui n'est pas nécessaire pour le personnage de Spider Man. En fait, dans le projet Spider Man, la seule référence à respecter était la ville de New York que je considère du coup comme un personnage à part entière puisqu'il a été nécessaire de faire attention à respecter la cohérence de ses représentations avec la réalité.
Pour moi, aujourd'hui, il est plus facile de travailler sur des Super héros, car c'est le domaine dans lequel j'ai le plus d'expérience et l'univers dans lequel j'ai toujours baigné depuis mon enfance.
Du coup, un projet d'adaptation du cinéma comme Indiana Jones est très intéressant, car il constitue un véritable challenge qui sort de l'ordinaire, qui diffère des réalisations sur lesquelles j'ai maintenant l'habitude de travailler.
Le film dure plus de 2 heures, mais vous aviez à le dessiner sur 96 planches, est-ce que cela a été facile pour vous ? Avez-vous reçu des recommandations de la production pour vous y aider ?
C'était assez dur en effet, faire tenir une scène par page n'était pas toujours évident. Je n'ai pas reçu d'indications particulières de la part de la production qui a dû en discuter avec le scénariste. D'une manière générale, c'est un travail qui s'est fait plus au niveau du scénariste que du mien.
Pour m'en sortir, il m'a tout de même fallu prendre quelques libertés avec le texte en ajoutant là où cela me semblait nécessaire des indications, de telle sorte à conserver une certaine fluidité dans l'histoire.
Prenons un exemple dans votre bande dessinée, la scène de la poursuite dans l'université entre Harrison Ford et Shia LaBeouf tient en 3 blocs, alors que dans le film cette partie est bien plus importante. Quel commentaire pouvez-vous donner à ce sujet ?
Oui, je pense que la scène doit être beaucoup plus longue dans le film, c'est effectivement une prise de partie de la faire tenir sur un espace restreint, dans le but de libérer plus d'espaces pour d'autres moments clefs qui nécessitaient plus de précisions dans le dessin. Malheureusement, comme nous venons de le dire, nous n'avons pas eu l'opportunité de détailler autant qu'on aurait pu le souhaiter certaines scènes à cause de la longueur imposée, courte au regard de la durée du film.
Certains blocs d'images semblent vraiment simplistes et épurés. Il y a par exemple des cases où il n'y a pas de décors, et on y retrouve que les personnages. Est-ce une démarche volontaire de votre part ?
Oui, tout à fait, il a plusieurs façons de dessiner une bande dessinée. Certains dessinateurs, plus particulièrement dans des projets comme Spider-Man, ont tendance à faire exploser les blocs et à faire apparaître les personnages en surimpression ou en relief dans le but de générer un effet de saut vers le visage du lecteur.
C'est intéressant, mais moi j'apprécie particulièrement la manière européenne de faire, plus académique où les éléments sont confinés dans les blocs et où l'on se concentre sur l'histoire plus que sur le décor. Il en résulte donc parfois l'impression que vous avez décrite... j'espère que mon explication vous semble clair !
Combien de temps avez-vous passé sur cette adaptation ?
J'ai eu 2 mois pour réaliser cette adaptation... à peu près 2 mois.
Quand avez-vous commencé et quand avez-vous terminé ?
Laissez-moi m'en souvenir.... je crois que j'ai commencé il y 3 mois, donc j'ai du commencer en février et j'ai du la terminer aux alentours de fin avril.
Vous aimez les aventures d’Indiana Jones ?
Oui, je suis un grand fan d’Indiana Jones, c’est une véritable icône des années 80. Ce personnage me rappelle d’agréables souvenirs. Je prends donc beaucoup de plaisir avec les aventures d’Indiana Jones. Je me rappelle que lorsque je regardais le film, j’étais souvent subjugué par les scènes d’action. Quand est sortie la trilogie en coffret DVD, je l’ai acheté avec tous les bonus et j’ai passé un très bon moment. Donc prendre part aujourd’hui au phénomène Indiana Jones c’est quelque chose de très particulier pour moi qui me renvoie de nombreuses années en arrière jusqu'à la dernière croisade.
Vous aviez travaillé - me semble-t-il - sur la série Gen13 ?
Oui en effet, c’est même une histoire amusante, parce que je travaillais sur Spider-Man pour Marvel Comics et mon agent à ce moment-là a eu un appel de Jim Lee qui me demandait de travailler sur la série Gen13. J’ai beaucoup aimé faire ça, car j’aimais beaucoup cette série.
Est-ce différent de travailler pour Image Comics, DC Comics, Marvel Comics, Dark Horse ou Lucas book?
Oui c’est très différent ! Quand j’ai travaillé pour Image Comics, c’était plus dans le monde des super héros, je devais donc manier les images de manière assez différente, je devais faire des cases beaucoup plus importantes et faire en sorte de mettre en valeur les personnages. Il fallait que je fasse éclater les images. La manière de raconter les histoires est assez différente. Alors que quand je travaille pour Dark Horse sur des comics comme Star Wars ou Indiana Jones, je dois être plus précis et me référer aux sagas originales. Je dois faire en sorte que l’histoire s’écoule avec fluidité, mon travail est donc plus retenu, plus académique.
Delcourt publie actuellement en France L’âme du Samouraï, que pouvez-vous nous dire sur cette série ?
Je peux vous dire que c’est le projet sur lequel je préfère travailler jusqu’à présent. Il me donne l’opportunité de créer une partie des personnages - du moins un bon nombre ont été développé par moi. C’est très important pour moi, car c’est la première fois que je contribue à cela.
Cette aventure de Asukai Shiro qui se lance sur les traces de sa bien-aimée Yoshiko est pour moi une belle expérience et je suis heureux d’y avoir contribué. Car aussi, pour la première fois, je voyais les scènes présentes dans mon esprit qui pouvaient être projetées sur le papier, et cela en toute liberté.
Je suis très heureux du résultat final et les retours des lecteurs, semble-t-il, ont démontré que c’était une belle histoire.
Les publications avec le support propre à la bande dessinée française sont assez différentes des américaines. Avez-vous vu l’édition française ? Qu’en avez-vous pensé ?
Quand j’ai reçu cette édition pour la première fois, mon corps entier s’est mis à trembler. Parce que je suis un grand fan de la façon dont on publie en France, et pour la première fois, je voyais cela adapté sur un travail pour lequel j’avais participé. C’était vraiment magique. Je suis très heureux du grand soin qui a été apporté sur cette œuvre et la manière dont elle a été éditée. Je pense que c’est la meilleure édition que l’on a de notre bande dessinée.
Ma dernière question revient sur Indiana Jones. On remarque qu’il est crédité aussi au dessin Cliff Richards. À quel stade s’est déroulée cette collaboration ?
Parce que quand on est venu vers moi, on m’a proposé de réaliser l’intégralité de la bande dessinée. Mais le fait est qu’il y avait une « deadline » à respecter. De plus, je devais faire valider chacune des planches que je créé. Du coup, on a eu quelques problèmes pour respecter les délais. La bande dessinée devait sortir en même temps que le film. Alors on a décidé de prendre un autre dessinateur pour s’assurer de respecter cette « deadline ». De mon côté, je suis très satisfait du résultat final, Cliff Richards a fait un très bon travail, je pense que son travail s’est très bien intégré avec le mien. On peut même dire que si le lecteur ne fait pas attention il ne réalisera pas que deux dessinateurs ont travaillé sur ce projet.
Merci pour cette interview
Merci à vous !
Publié le vendredi 27 juin 2008 à 12h00
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