Critique Aya et la sorcière [2021]
Avis critique rédigé par Bastien L. le vendredi 5 avril 2024 à 09h00
Aya la petite sorcière
Critique de la version française
Le studio Ghibli est synonyme d'excellence et surtout d’œuvres cultes témoins du savoir faire japonais en termes de film d'animation 2D depuis la fin des années 1980. Alors quand le studio se lance dans l'animation en images de synthèse avec Aya et la sorcière, il est forcément attendu au tournant.
A l'origine, Aya et la sorcière est un roman destiné à la jeunesse de la romancière britannique Dianne Wynne Jones publié après sa mort en 2011. Par ailleurs, le studio Ghibli s'était déjà penché sur son œuvre avec Le Château ambulant réalisé par le grand Hayao Miyazaki en 2004. Ce grand monsieur de l'animation est un admirateur de l'oeuvre de l'auteure puisque apparement c'est lui qui aurait mis Aya et la Sorcière dans les mains de son fils, Goro Miyazaki, marchant dans les pas de son père depuis 2007 et Les Contes de Terremer qu'il a réalisé. Comme dit précédemment, la particularité du projet est qu'il a été entièrement réalisé en images de synthèse, une première pour le studio. Peut-être une expérimentation de cette technique ayant explosé au tournant du XXIème siècle et ici destinée à être un téléfilm diffusé sur la chaîne NHK en décembre 2021. Le projet est ainsi confié à Goro Miyazaki qui s'est entouré d'une équipe de jeunes animateurs pour mener à bien un projet qui en a étonné, voire déçu plus d'un. Comme beaucoup de monde j'imagine, je me figurai le studio Ghibli comme un de ces bastions imprenables de l'animation 2D traditionnelle... Néanmoins, le film fut distribué en France par Wild Bunch avec une sortie en premier lieu sur Netflix en novembre 2021 avant une distribution en Blu-Ray au printemps 2022. Le tout pour un accueil mondial que l'on pourrait qualifier de glacial...
Le film semble se situer au Royaume-Uni à la fin du XXème siècle alors qu'une jeune sorcière dépose sa fille Manigance aux portes d'un orphelinat car elle est pourchassée par un ordre de sorcières. La fille est recueillie et vite rebaptisée Aya par la cheffe de l'établissement. Des années plus tard, Aya est une jeune fille pleine de vie et sincèrement heureuse de vivre à l'orphelinat notamment auprès de son meilleur ami Custard car elle se sent totalement libre. Malheureusement, elle est un beau jour adoptée par un étrange couple vivant non loin de là. Elle apprend rapidement qu'elle a été choisie par la sorcière Bella Yaga qui a besoin d'une aide afin de réaliser ses sorts et potions qu'elle vend aux habitants alentours. Vit avec eux l'étrange Mandrake qui ne souhaite qu’une chose : qu'on ne le dérange pas car ses colères peuvent prendre des proportions cataclysmiques. Au départ, Aya est excitée de devenir apprentie sorcière avant de vite déchanter ne trouvant que du réconfort auprès du chat Thomas. De plus, sa nouvelle maison recèle de mystères magiques comme de créatures inquiétantes...
Comme il a été dit, le film n'a pas une très bonne réputation sûrement car il est clairement en dessous des attentes que cela soit pour une œuvre du studio Ghibli mais aussi en termes de qualités d'animation en images de synthèse. Certes, ce studio phare nous a habitué à bien mieux et s'aventurer dans un domaine tellement dominé par les Américains était une sacré prise de risque. Néanmoins, rappelons toutefois qu'il ne s'agit à la base que d'un téléfilm avec les moyens que cela implique et au final une œuvre assez expérimentale pour ses créateurs. Et puis soyons aussi réalistes, le film n'aurait probablement pas connu une telle sortie mondiale s'il avait été fait par d'autres que Ghibli... Alors oui évacuons le principal problème du film : il a clairement une bonne décennie de retard en ce qui concerne les films d'animation en images de synthèse que cela soit dans la qualité et les détails des rendus mais aussi dans la fluidité de l'animation. Il y a des moments où cela passe et d'autres où l'on est franchement dubitatif tant l'ensemble peut paraître figé et sans vie...
L'autre problème vient d'un scénario finalement assez bancal dans le sens où sa structure est très mal répartie. C'est au bout d'une heure de film (sur 80 minutes) que l'on comprend que la fin risque d'être bâclée et ça ne rate pas. Tout l'enjeu du long-métrage est que Aya en apprenne plus sur les occupants de la maison, comme sur cette dernière, tout en se libérant de l'emprise de Bella Yaga qui la traite comme une esclave. Mais ses progrès se font à pas de fourmi à un tel point que tout s'enchaîne bien trop vite pour convaincre et trop de mystères restent sans réponses. D'autant plus que le film ne semble au final pas avoir grand chose à raconter. Néanmoins son introduction est plutôt intéressante et quelques péripéties nous tiennent en haleine. De plus, il faut avouer qu'il est très efficace auprès d'un jeune public qui va être scotché devant du début à la fin en s'attachant rapidement à cette petite Aya aussi espiègle que débrouillarde tout en étant fascinés par l'étrange demeure dans laquelle elle se retrouve enfermée. Aya et la sorcière est avant-tout un divertissement familial de fin d'année assez efficace où l'on peut s'émerveiller, rire et légèrement frissonner en famille.
Encore une fois, comparer ce téléfilm au reste de la filmographie du Studio Ghibli en termes de direction artistique peut être assez douloureux. On sent que les images de synthèse ont empêché l’œuvre d'être aussi riche en termes de détails comme d'éléments à animer. Néanmoins, le téléfilm s'en sort correctement réussissant à rendre cette maison magique intrigante à commencer par son agencement très particulier mais aussi à travers le couple Belle Yaga et Mandraka assez frappant. Les créatures oscillent entre le mignon et le gentiment répugnant fonctionnant encore une fois très bien pour un jeune public. Ce qu'on retient le plus finalement c'est la musique qui joue une place très importante dans le scénario et qui est très inspirée du rock des années 1970. Cela offre des morceaux sympathiques et plutôt originaux pour ce type de production. Quant à la mise en scène de Goro Miyazaki, il ne faut malheureusement pas s'attendre à autre chose que du très académique comme du très efficace tant le bonhomme devait être plus concentré à gérer les nouveaux outils à sa disposition. Enfin, le casting vocal français s'avère très correct.
La conclusion de Bastien L. à propos du Film d'animation : Aya et la sorcière [2021]
Et si le plus gros défaut de Aya et la sorcière est finalement d'être une production Ghibli ? Très loin des standards auxquels nous sommes habitués avec ce studio, le film semble surtout assez pauvre en ce qui concerne son utilisation des images de synthèse à des centaines de lieux de ce qu'on est capable de faire à l'époque de sa sortie. Malgré cela, et un scénario bancal, le téléfilm reste un divertissement familial honnête qui fonctionne sans aucun problème auprès d'un jeune public et peut facilement faire le taf lors d'un après-midi pluvieux...
On a aimé
- Un divertissement familial agréable
- Une héroïne attachante
- La maison magique
On a moins bien aimé
- Un scénario bancal
- Des images de synthèse peu impressionnantes
- Un Ghibli de seconde zone
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