Critique La Légende de Parva [2003]

Du Roi et l'Oiseau jusqu'à Super Mario Bros. le film, l'animation réalisée et produite en France a connu de nombreuses œuvres de qualité mais aussi quelques échecs aujourd'hui oubliés à l'instar de La Légende de Parva.

Je ne connais pas grand chose à la production de La Légende de Parva et c'est bien dommage car cela à du être aussi compliqué qu'un peu absurde quand on se retrouve devant le résultat final. Sans être à destination unique de spectateurs très jeunes, le film vise quand même un public familial en étant une adaptation d'une oeuvre de Milo Manara. Pour ceux qui ne connaissent pas l'Italien, il est un scénariste et dessinateur de bandes-dessinées surtout apprécié pour ses œuvres érotiques telles que Le Parfum de l'Invisible ou la série Le Déclic mais aussi Kama Sutra en 1997. C'est cette dernière œuvre qui sert de point de départ à La Légende de Parva avec la même histoire d'une jeune européenne connectée bien malgré elle à des forces mystiques indiennes qui ne cessent de l'appeler. Sauf que l'adaptation devient très libre et supprime toutes les scènes érotiques grâce au travail du grand scénariste italien Vincenzo Cerami. Un homme alors notamment connu pour ses collaborations avec l'acteur/réalisateur Roberto Benigni dont La Vie et Belle mais aussi Pinocchio pour rester dans le genre qui nous intéresse. Produit par Carrière Group, le film est confié au réalisateur Jean Cubaud que les amateurs de séries animées françaises connaissent bien puisqu'on le retrouve dans les génériques de Clémentine, Moi Renart ou encore Les histoires du Père Castor... Le film sortit sur nos écrans début 2003 doté d'un budget d'environ 5 millions d'euros dans une grande indifférence faisant qu'il est complètement oublié aujourd'hui.

Le film semble se dérouler dans un futur proche alors que Parva, une jeune étudiante en histoire de l'art, est plongée dans une sorte de rêve où elle découvre qu'elle est spirituellement liée à un prince Indien emprisonné. Cette révélation à distance est commandée par deux ermites qui voit en elle le moyen de remettre le prince sur le trône. Ce dernier a l'apparence d'un chien que souhaite récupérer le terrible usurpateur Malaw. Les deux ermites/opposants réussissent à faire en sorte que Parva et le chien se rencontrent. Parva l'adopte donc et se rend rapidement compte qu'il dispose de pouvoirs comme celui de grandir très vite ou de soigner les personnes qui le caressent. Elle est aussi surprise de voir que des Indiens souhaitent lui enlever ce qu'ils parviennent à faire lors d'une nuit. Aidée de son amie Lula, Parva s'infiltre sur un navire pour tenter de récupérer son chien. Elle échoue mais apprend qu'il se dirige vers le Bengale où elles finiront par arriver après quelques péripéties. Sur place, de nouvelles rencontres comme de nombreux danger les attendent...

Il n'est pas aisé de proposer un synopsis de La Légende de Parva notamment parce que l'adaptation de Vincenzo Cerami est un beau bordel notamment dans sa première partie. Le film va nous envoyer à la tête une tripotée d'informations et de personnages à une vitesse folle rendant l’ensemble aussi précipité que confus. On a pêle-mêle une sorte d'adaptation de la mythologie hindouiste en lien avec du folklore indien, des animaux qui parlent, une métamorphose en chien, une connexion spirituelle parce que Parva est née près d'un volcan frappé d'une étrange météorite, des technologies légèrement futuristes, une héroïne qui se retrouve dans un temple simulé en 3D par son ordinateur, des visions d'une mère pourtant disparue et des sbires indiens qui se baladent où ils veulent quand ils veulent... Si la phrase précédente vous a complètement paumé alors vous avez une idée de ce que provoque la vision de La Légende de Parva. Des facilités de scénarios ahurissantes, des incompréhensions perpétuelles et le sentiment que les personnages acceptent tout et n'importe quoi avec un sacré flegme... Bref, on y croit jamais et seul un jeune public pourra peut-être se sentir impliqué par le film. On a l'impression constante d'être enfermé dans un train lancé à grande vitesse sans qu'on sache réellement où il va. Le scénario ne semble rien raconter et on frôle souvent le nanar involontairement drôle.

Les personnages sont difficilement attachants à commencer par l'héroïne Parva qui est tantôt très passive, tantôt vraiment déterminée mais qui ne vainc quasiment jamais seule devant toujours compter sur l'intervention de ses alliés... Certes le film enchaîne les péripéties (via un rythme trop effréné) alors que certaines sont franchement dispensables permettant surtout au film d'atteindre les 85 minutes. Ce qu'on ressent le plus devant La Légende de Parva c'est ce sentiment de ne pas vraiment avoir affaire à un long-métrage complètement pensé pour le cinéma mais à un épisode de série animée bien plus long que la normale. L'idée de vivre des aventures exotiques et incroyables avec des personnages assez basiques comme on pouvait avoir à la télévision. Un sentiment renforcé par la direction artistique qui rappelle toutes les productions animées françaises des années 1980 aux débuts des années 2000 sans que l'on sente une réelle plus-value « cinéma » dans la production. Et l'utilisation des images de synthèse pour les décors ainsi que pour de nombreux effets fait mal au film surtout 20 ans après sa sortie. Je ne sais pas comment les spectateurs de l'époque l'ont ressenti mais le film est quand même moche aujourd'hui. Les images de synthèse trop basiques, les effets risibles et la coloration bien trop vive (avec parfois quelques choix artistiques douteux) font que le film pique les yeux...

Le réalisateur Jean Cubaud semble s'être bien investi dans le métrage puisqu'en plus de la casquette de réalisateur, il s'est occupé du story-board comme du montage. Là encore, l'ensemble manque d'ambition et la mise en scène est avant-tout fonctionnelle avec quelques effets parfois satisfaisants mais dès qu'il y a un peu d'action c'est très brouillon. Et l'on remarque souvent des séquences qui se répètent que le montage ne parvient pas à gommer. Cette critique semble un peu tirer sur l'ambulance d'une modeste production mais le constat est là, l'animation n'est pas au niveau. Elle est certes fluide par moments et offre une belle galerie de personnages dont de nombreux animaux correctement traités. Mais on voit bien les scories avec des saccades ou des démarches un peu incongrues. Le plus gros problème reste que de nombreux plans offrent des visages assez inexpressifs à l'image de Parva notamment... Pour ce qui est du casting vocal, on retrouve l'habitué André Dussolier à la narration mais dont la voix-off sonne comme un aveux d'échec. Les héroïnes disposent de voix d'actrices reconnues : Isabelle Carré pour Parva et Ludivine Sagnier pour Lula. Outre des comédiens spécialisés dans le doublage, on retrouve des noms tels que Sami Bouajila, Simon Abkarian ou Feodor Atkine... Un ensemble de comédiens qui ne parvient malheureusement pas à sauver le naufrage tant on sent qu'ils peinent à rendre crédible des dialogues et situations incongrues.

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On vous le conseille si vous aimez Kama Sutra, les dessins-animés français des années 1980 aux années 2000, les nanars animés...