Avis sur Duel [1973]

Item: Duel [1973]
Rating: 67
Author: Christophe B.

Avis critique rédigé par Christophe B. le dimanche 27 février 2005 à 13h12

Admirablement maitrisé

La conclusion de Christophe B. à propos du Film : Duel [1973]

Christophe B.

Duel est en fait un téléfilm destiné à une chaîne de télévision américaine. Devant la qualité inespérée de 1'oeuvre, il est décidé de la "gonfler" afin de permettre une diffusion dans les salles obscures du vieux continent.
En 1973, le téléfilm obtient, grâce à cette initiative sa sélection dans le cadre du premier Festival du Film Fantastique d'Avoriaz. Surprise, il fait l'unanimité au sein du jury et reçoit le grand prix. Léger hic, soit dit en passant, Duel n'est pas vraiment ce que l'on peut appeler un film fantastique. Seuls éléments évoquant l'imaginaire, l'acharnement dont fait preuve le semi-remorque à l'encontre de l'automobiliste à vouloir le tuer, ainsi que la probable absence de chauffeur du camion.
Qu'importe, après tout, l'essentiel était d'intéresser le public avec un scénario réduit à sa plus simple expression. Avouons-le, Steven Spielberg fait montre d'une maîtrise admirable, parvenant à tenir en haleine son monde avec presque rien à sa disposition, si ce n'est une voiture, un camion et une étendue désertique gigantesque. Il distille le suspense avec une maestria remarquable. La crédibilité du récit fait sa force. On se prend même au jeu. Lorsque l'automobiliste n'a plus le camion dans ses rétroviseurs, on respire, lorsque ce dernier réapparaît et se rapproche inexorablement de la voiture, on tremble en même temps que le chauffeur. Le but du film est donc atteint.
Malgré tout, Duel ne peut se venter d'être un chef-d'œuvre, car à plusieurs reprises, et c'est dommage, on s'emmerde. Eh oui, le mot n'est pas trop fort. On s'emmerde. Bien sûr, ce ne sont que quelques moments dans le film, mais c'est déjà beaucoup.
Ce premier essai s'avère tout de même concluant. Un essai transformé qui permettra à Spielberg de concrétiser des projets plus ambitieux. Cinq ans plus tard, il signera Les dents de la mer, chef-d'œuvre incontesté du cinéma d'horreur et de suspense. Le cinéaste était né, ne restait plus qu'à utiliser son immense talent au service de scénarios davantage élaborés et lui accorder des budgets conséquents, permettant d'imprimer sur les pellicules, les délices visuels qu'il nous offrira par la suite. Il faut donc savoir apprécier cette oeuvre très originale, et surtout jamais égalée sur son terrain. A noter aussi que ce film a été tourné en seize jours seulement, ce qui constitue un petit exploit, et en renforce le caractère exceptionnel.