Critique Le sommeil de la raison [2006]
Avis critique rédigé par Christophe B. le jeudi 31 août 2006 à 13h04
Un bonheur historico-fantastique
Cologne, 15 janvier 1516
La pleine lune resplendit entre les deux tours jumelles de la cathédrale de Cologne. Deux silhouettes encapuchonnées dans l'habit de laine noir et blanc de l'ordre des Dominicains se faufilent dans la nuit enneigée. Le plus vieux, presque mourant, est le Père Johannes, le plus jeune est le Père Bernardo. Introduits dans une crypte des caves de la cathédrale ils veulent prier devant les restes d’un des leurs, le frère Jacobus Sprenger, co-auteur avec Henricus Kramer, du plus important des traités contre la sorcellerie : Malleus Maleficarum. Retirant le linceul qui recouvre le corps de Jacobus, mort depuis plus de 21 ans, ils sont à peines surpris de voir que celui-ci à été épargné par le pourrissement et qu’il dégage une odeur de rose. Le jeune Père Bernardo sort alors un couteau d’un replis de sa bure, et se penche sur la poitrine du cadavre. Il doit peser de tout son poids sur le couteau pour parvenir à transpercer les côtes. Puis il introduit les mains dans le thorax ouvert de Jacobus Sprenger et, dans un terrifiant bruit de succion, il arrache le cœur noir qui dort à l’intérieur…
Gorges du Tarn, 22 juin 1516
Un batelier promène le long de la rivière, sur la poupe de sa barque, deux femmes très particulières. Il les emmène jusqu’à sa pauvre maison et les introduit auprès de son épouse, souffrant le martyr sur son lit d’accouchement. Il n’est jamais bon d’enfanter la veille de la Saint Jean... Les deux femmes sont des sorcières, la plus vieille se prénomme Mèg, la plus jeune Céleste. Il se passe des choses étranges et terrifiantes dans le pays depuis quelques temps : des feux follets s’élèvent des tombeaux, une exhalaison surnaturelle imprègne l’air et donne le frisson. Voulant préparer la jeune femme à la délivrance, Céleste veut poser sur son aine l’éclat de pierre jaspé qui aidera à la dilatation. Mais elle n’en a pas le temps, surgissant d’entre les cuisses de la pauvre femme quelque chose d’obscur et de tors saute en avant en émettant une plainte aiguë et terrifiante. Elle assène à Céleste un coup si violent, qu’elle est projetée dans les airs jusqu’à l’autre bout de la pièce.
Louvain, 23 juin 1516
Le jeune Luis Vives à du pain sur la planche, outre les cours qu’il doit dispenser à l’Université, il lui faut avancer sur ses propres travaux personnels : l’écriture de son Traité de l’âme qui vise à définir ce qu‘est cette chose intérieure, inconnue et obscure : l‘âme. Pour se faire il s’est initié à l’un des secrets des sarrasins : il tente d’entrouvrir les portes de la perception en consommant du haschisch, il veut entrer en extase, séparer son corps de son âme pour mieux l’étudier. Luis a pourtant les pied sur terre, étudiant à la Sorbonne, puis jeune élève d’Erasme, il a fréquenté les plus grands philosophe et scientifiques, dont le célèbre Copernic … Et voilà que le grand Erasme son maître lui propose un travail bien particulier : devenir le précepteur du neveu de l’homme le plus puissant de la cour…
Luis Vives, jeune humaniste de l'époque, n'est pas le seul personnage historique qui joue un véritable rôle dans ce roman, j'ai déjà cité Jacobus Sprenger, Henricus Kramer, Erasme et Copernic, je pourrais encore ajouter Ignace de Loyola à cette époque ou il n'était encore qu'un jeune spadassin coureur de jupons, le roi Charles Quint, Thomas Moore ou encore Jérôme Bosch.
Le peintre Jérôme Bosch et sa peinture aux images fascinantes et terribles, aux personnages qui semblent affectés par la folie, l’imbécillité, la frénésie ou la pure cruauté. Jérôme Bosch, l’alchimiste, contraint par commande de l‘archiduc de Bourgogne, de peindre un tableau sur le thème du Jugement dernier. Une peinture terriblement sombre, sans paradis, sans place pour l’homme, seulement une porte ouverte sur l’obscurité, à travers laquelle les démons pourraient pénétrer dans notre monde. Et Bosch à coutume de le dire : "L’Art est magique ou il n’est rien…" Mais la magie implique toujours une altération des lois naturelles, et plus cette altération affecte de gens, plus elle est dangereuse. La magie est comme un accroc sur le tissus même de la réalité, et plus il est grand, pire c’est. Un sort jeté à un humble paysan l’affectera lui, son épouse et ses enfants. Un sort jeté à un membre d’une famille royale peut changer la vie d’une nation entière. Des millions de personnes qui verront leur destin altéré par ce sortilège.
Luis Vives l'humaniste Valencien exilé et Céleste la jeune sorcière vont se rencontrer et devoir percer les secrets d'une secte apocalyptique.
La conclusion de Christophe B. à propos du Roman : Le sommeil de la raison [2006]
Avec sa verve moderne et ses connaissances érudites, Juan Miguel Aguilera nous entraîne à sa suite à la découverte de cette période charnière de l'histoire de l'occident. Le XVIème siècle, qui baigne encore dans l'obscurantisme du moyen âge mais qui s'achemine vers les lumières de la Renaissance. Dans la lignée de La folie de Dieu, Rihla ou de Nicolas Eymerich Inquisiteur, Le sommeil de la raison est un roman historico-fantastique de haut vol à classer entre les meilleurs oeuvres d'Umberto Eco et de Valerio Evangelisti. Passer à côté vous priverai d'un formidable et excitant moment de lecture.
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