Critique Les Diablesses [1974]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 20 août 2007 à 15h03
Réunion de famille
La jolie et jeune Corringa se rend au manoir familial des McGrieff afin d’y retrouver sa mère et sa tante. A son arrivée, elle constate que l’ambiance est délétère. Le dîner ne se passe guère mieux, surtout lorsque qu’apparaît son cousin James, le hobereau des lieux, et qu’il se montre extrêmement insultant avec les convives présents à sa table…
Tout d’abord, que fi des Diablesses! ce titre français étant ridicule et fort inapproprié, préférons lui sans détour le titre original La morte negli occhi del gatto (La mort vue par les yeux du chat), nettement plus justifié par le fait qu’un simple matou sert de lien entre les différentes séquences, et qu’il est en fait l’unique témoin des meurtres qui parsèment ce film à la fois anodin de par sa structure et intéressant sous d’autres aspects.
Dans un premier temps, il est judicieux de noter que ce film de Antonio Margheriti peut se voir cataloguer comme une œuvre gothique italienne tardive. En effet, alors qu’en ce milieu des années 70, le cinéma transalpin se consacre plus particulièrement au giallo et au polar sanglant, Antonio Margheriti nous propose une histoire bien classique, puisant dans la même veine que des métrages comme La Chute de la maison Usher, Le Corps et le Fouet, Danse Macabre ou La Vierge de Nuremberg. On retrouve donc dans ce film tous éléments propre au genre fantastique gothique : malédiction familiale, personnages inquiétants, meurtres mystérieux, enquêteur nonchalant, dualité entre jeunes femmes apeurées ou perverses, multiples fausses pistes, conspirations criminelles et même un petit écart dans le domaine de l’horrifique, avec la présence ponctuelle d’un orang-outang inquiétant.
Dans ce style de film, qui tire principalement son efficacité de la faculté d'un cinéaste à mettre en avant une atmosphère musicale angoissante et des cadrages pertinents, la mise en scène se doit donc d’être irréprochable. En vieux briscard du genre, aidé par une bonne composition de Riz Ortolani, Antonio Margheriti s’en sort très bien. Ainsi, et même si le thème est si usité que l’intrigue en devient que trop prévisible, on suit avec intérêt les interactions entre ces différents protagonistes qui affichent quasiment tous des têtes de coupables, expressions mis en valeur à grand renfort de gros plans sur des regards obliques ou concupiscents. Evidemment, le véritable criminel est celui auquel on s’attend le moins. Et à l’occasion de cette révélation, le film introduit soudainement des aspects plus modernes, en retirant tous les aspects fantastiques. Un peu à la manière d’un Chien des Baskervilles.
Mais, et il faut bien le dire, cet écart structurel dans un canevas classique ne suffit pas à insuffler suffisamment de neuf pour faire de ce film une œuvre originale. Par conséquent, mis à part un hommage aux grands classiques du genre, on ne voit pas trop où Antonio Margheriti veut en venir dans sa démarche. On ne peut même pas dire que cela vient de la consécration d’un coup de cœur envers une performance d’acteur. Car, en effet, l’un des principaux points faibles de La morte negli occhi del gatto est la triste transparence de Jane Birkin dans une prestation qui se voulait torturée, et qui se retrouve, par excès d’apitoiement, tout simplement niaise. Et ce n’est pas l’arrivée de son mari de Serge Gainsbourg en détective d’un flegmatisme peu naturel (on dirait plutôt qu'il est bourré, ce qui était peut-être le cas d'ailleurs) qui sauve la mise.
Heureusement, autour du couple, les seconds rôles rattrapent plutôt bien le coup. Si Hiram Keller n’est pas transcendant dans la peau d’un châtelain irascible (il est notamment peu impressionnant lors de ses accès de colère), Françoise Christophe, Anton Driffing et Doris Kunstmann (très sexy et très venimeuse) remonte le niveau dés la moindre de leur apparitions. Quand à Venantino Venantini, malgré l’importance de son personnage dans le déroulement de l’histoire, on le voit finalement assez peu.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Les Diablesses [1974]
Film mineur mais pas inintéressant, Les Diablesses (un titre trompeur) est l’un des derniers représentants de la vague italienne dite de « gothique fantastique ». On y voit d’ailleurs souvent apparaître les stigmates des influences modernes issues du giallo, notamment lors des séquences mettant en scène la « femme fatale » (icône polar par excellence) et surtout à l’occasion d’un dénouement privé de toute fantasmagorie. Assurément, Antonio Margheriti a fait bien mieux (et bien pire aussi, cela va sans dire).
On a aimé
- Un classicisme soigné et une réalisation consciencieuse
- Seconds rôles de qualité
- Bande originale efficace
On a moins bien aimé
- Manque d’originalité dans le thème
- Trop classique, donc prévisible
- Une Jane Birkin manquant de texture
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