Critique La Pythie #1 [2014]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 9 mai 2014 à 06h06

La vengeance de l’Oracle

La Pythie est le nom de l’oracle du temple de Delphes, dédié au culte d’Apollon. Dans l’histoire de la Grèce antique, l’oracle de Delphes, assistée de toute une pléthore de secrétaires et de prêtres, joua un grand rôle, de part sa capacité à servir de médiateur entre les différentes composantes de la complexe entité politique que formaient les grandes cité-états du Péloponnèse et de l’Attique. Faiseuse de paix, mais aussi déclencheuse de guerre, la Pythie était la plus consultée des oracles du monde grecque, et ses prédictions sibyllines, grâce aux écrits de grands hommes comme Hérodote ou Thucydide, ont traversé les siècles pour arriver jusqu’à nous.

Conscient du potentiel mythologique que représente une telle fonction (qui a réellement existée, force est d’insister sur ce fait), le talentueux Olivier Peru a profité de la création de cette nouvelle pentalogie fantastique des éditions Soleil (initiée après le succès d’Elfes) consacrée aux oracles pour nous offrir une digression sur le thème dont il a le secret. Il nous y raconte l’histoire dramatique d’Aspasie, pythie de Delphes, qui use de son influence pour se venger de son tuteur, le dieu Apollon. Elle va trouver un idéal instrument de vengeance en la personne du roi de Sparte Eurycratidès, un homme stupide, violent et ambitieux, et assassin de la précédente pythie. Aveuglé par les « prédictions » flatteuses d’Aspasie, le lacédémonien va oser lancer ses hommes à l’assaut de l’Olympe

Evidemment, il serait vraiment superflu de chercher une véracité historique dans ce récit qui se pose comme un véritable conte fantastique adulte et violent, mettant en exergue les travers de l’âme humaine. Mais c’est en prenant justement de grandes libertés que le scénariste a pu nous proposer une histoire aussi originale que surprenante. Il transforme les Spartiates, les plus pieux des grecs, en des iconoclastes ; il fait du dieu Apollon un violeur et un être détestable ; fait tomber la cité d’Athènes en une seule (et magnifique) planche ; et nous amène sur un mont Olympe aux allures d’Asgard, gardé par des Cylopes que l’on croirait sortis d’un roman de Tolkien. Et ça fonctionne ! Principalement parce qu’Olivier Peru est un grand conteur, qu’il ose transgresser les règles établies, et qu’il fait tout pour surprendre le lecteur.

Il faut aussi préciser que son récit bénéficie du magnifique travail de Stefano Martino. Un trait fin et réaliste qui accouche de planches dotées d’un véritable souffle épique. Certaines sont magnifiques, comme le sac d’Athènes ou la révélation d’Homère, le reste est de très belle facture. Le découpage, très cinématographique, tout comme les angles de vue, qui use énormément de contre-plongées et de plongées, donne à l’ensemble une allure de luxueux peplum. Certains reprocheront peut-être à Stefano Martino de manquer de personnalité, mais force est de dire que l’ouvrage est techniquement sans faille.

La conclusion de à propos de la Bande Dessinée : La Pythie #1 [2014]

Auteur Nicolas L.
85

Avec La Pythie, Oliver Péru et Stefano Martino ouvre la pentalogie Oracle de très belle manière. On peut même dire qu’ils mettent la barre sacrément haut et que leurs successeurs vont devoir cravacher dur pour les égaler. Le scénario, original, viscéral et plein de rebondissements, matérialise de la plus belle des manières les talents de conteur d’Olivier Péru. Quand aux dessins, rien à reprocher à Martino, avec un trait réaliste qui ajoute force et sens épique. Si vous aimez la mythologie et les récits fantastiques, ce premier tome d’Oracle se pose comme un incontournable.

On a aimé

  • Une relecture du mythe très intéressante
    Un scénario passionnant
    Un récit épique, doté d’un bon rythme
    Un aspect graphique très réussi

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