Critique La Revanche des mortes vivantes [1987]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 13 novembre 2010 à 15h07

« Vous faites des heures-sup’ chez Playtex ? »

Alors, si vous désirez voir des zombinettes se planquer derrière des pierres tombales et des piliers comme dans un épisode de Scoobidoo, si vous rêvez de voir des goules se jeter sur leurs victimes comme des groupies sur des rock-stars et si vous désespérez de n'avoir jamais vu une voiture conduite par un trio de mortes vivantes, je vous le dis de suite, jetez-vous sur La revanche des mortes vivantes, un film d'horreur français réalisé en 1987 par Peter B. Harsone ! Vous ne le regretterez pas, je vous le promets !

En fait, sous ce pseudo à consonance américaine se cache Pierre B. Reinhard (qui est peut-être aussi un pseudo, allez savoir...), un réalisateur de films pornographique qui connut une florissante carrière entre la fin des années 70 et la première moitié des années 80 (période charnière du genre qui voit la généralisation du support vidéo à usage domestique).  D'ailleurs, pour la petite histoire, apprenez que ce film utilise les mêmes décors et les mêmes acteurs que Dressage, un film X (peut-être le plus connu de Reinhard) réalisé la même année. La revanche des mortes vivantes est donc un film d'horreur mis en forme (dans le cas présent, l'expression est un peu exagérée) par une équipe spécialisée dans la réalisation de films X.

Pas vraiment stupéfiant. En effet, il faut savoir que, sur la scène pornographique francophone, Pierre B. Reinhard n'est pas un cas unique. Durant cette période, d'autres « spécialistes » de films pour adultes se sont consacrés à la réalisation d'un, voire plusieurs, films d'horreur,  et souvent avec un certain bonheur. On peut, par exemple, citer L'emmuré vivant et Docteur Jekyll et Mister Hyde, deux films de Gérard Kikoïne ou Le Démon dans l'île, de Francis Leroi. Des films qui, sans être des chefs d'œuvre, présentent un niveau d'intérêt mesurable. Malheureusement, force est de dire que ce n'est pas vraiment le cas pour La revanche des morts vivantes...
Sauf si vous aimez les séries Z.

Le scénario du film (fruit du « travail » de John King, alias Jean-Claude Roy) réussit l'exploit d'être à la fois très simple et extrêmement fumeux. On y voit se dérouler plusieurs conspirations liées entre elles par les quelques personnages de l'intrigue. Un truc si embrouillé que l'on a l'impression que l'histoire a été directement improvisée sur le plateau de tournage. Et je ne vous raconte pas le twist final, totalement abracadabrant, qui, rétroactivement, fout tout en l'air et rend certains passages encore plus débiles qu'ils ne l'étaient déjà... ce qui, quelque part, est un véritable exploit.  Bon, essayons d'y voir un peu plus clair. Commençons par répondre à la principale interrogation : qui sont et d'où viennent ces zombies femelles ou, du moins qu'essaie-t-on de nous faire croire? Du cimetière, pardi ! En fait, elles ont été réanimées par des déchets toxiques, déversés ici par un employé d'usine peu scrupuleux (en même temps, il obéit aux consignes de son directeur, il mérite, c'est sûr, sa distinction d'employé du mois... et du con de l'année). Ensuite ; quel est le point commun qui relie ces trois mortes vivantes (oui, car elles ne sont que trois) ? En fait, elles sont toute décédées après avoir ingurgité un lait empoisonné par la secrétaire de direction de l'usine et son amant. Bizarre, n'est-ce pas ?

On en arrive à se demander pourquoi la secrétaire se prête à cette machination. En fait,  elle a vraiment une dent contre son patron. La preuve, elle va même aller jusqu'à le filmer en compagnie d'une prostituée, juste histoire de le compromettre (et de nous montrer une scène érotique).  La prostituée va d'ailleurs payer très cher sa lubricité et sa vénalité au cours d'une séquence de lesbianisme macabre au dénouement mortel. A coté de cela, il faut dire que la femme du directeur n'est pas non plus exempte de tout reproche puisqu'elle est la maitresse de Christian, dit la nouille, chimiste de l'usine. Un Christian qui, lui aussi, trompe sa femme, une véritable cruche totalement en cloque. Bref, vous l'avez compris, La revanche des mortes vivantes est un film terrifiant, plein de gore et de stupre. Ou pas.

Car finalement, mis à part quelques plans sur des luxuriants minous aux allures de forêt amazonienne  - avant qu'elle ne soit victime de la déforestation - et les efforts assez vains du regretté Benoît Lestang dans le registre du gore, La revanche des mortes vivantes n'est ni excitant ni terrifiant. En fait, seuls trois plans arrivent à retenir notre attention par leur aspect malsain ; une fellation castratrice, un empalement vaginal à l'épée et un avortement à l'acide. Vous me direz, c'est déjà pas mal pour un film de quatre vingt minutes mais le problème c'est que Benoît Lestang, sans grand moyen et probablement pressé par le temps, coupe à l'essentiel et nous propose pas grand-chose de saisissant. Par exemple, la prostituée, apparemment peu habituée aux sexes de bonne taille, décède brusquement quand dix centimètres de la lame d'une épée pénètre dans son vagin. Et quand je dis brusquement, je pèse le mot.

En fait, La revanche des mortes vivantes ne vaut le coup d'œil que par son niveau élevé de nullité. Dés le générique, totalement pourri (un défilé de noms sur un fond de hurlements de femmes) jusqu'au dénouement, véritablement ubuesque, le métrage est un véritable défilé de n'importe quoi dirigé par une bande de fumistes. Ici, on touche le summum dans le registre de la série Z bâclée et stupide, c'est le Nirvana du cinéphage goguenard. Avec ses « zombies » qui n'ont le profil de l'emploi que par l'intermédiaire de masques et d'UNE main en latex ; son rythme de film paillard et ses acteurs au jeu calamiteux (mention spéciale à l'endive sur pied qui interprète Christian le petit chimiste) ; ses dialogues de films de boules ; ses scènes érotiques à deux balles entrées au forceps dans la narration, son lot de plans idiots (comme quand les mortes vivantes décident de faire une longueur de brasse dans une piscine) ; ses faux raccords ; ses coupes abruptes et sa photographie frôlant le misérabilisme absolu (ah ! Quel régal ces effets de fumée !), le film de Pierre B. Reinhard atteint un tel degré de surréalisme qu'il en devient désopilant, une apocalypse zygomatique! La revanche des mortes vivantes rejoint ainsi dans le panthéon du Z bidonnant Le Lac des Morts-Vivants et L'Abîme des morts-vivants. Rien que ça...

Cerise sur le gâteau, le carton de fin, hommage incompréhensible au film Les Diaboliques (surtout si l'on n'a pas visionné la version complète) :
Ne soyez pas démoniaques.
Ne détruisez pas pas l'intérêt que pourraient prendre vos amis à ce film.
Ne leur racontez pas ce que vous avez vu.
Merci pour eux
.

 N.B. : le dvd de Neo Publishing procure un film avec une fin alternative. La véritable fin, complètement débile, se trouve les bonus. Des bonus par ailleurs très intéressants puisque comprenant une discussion entre Jean-Claude Roy et Benoît Lestang. Manquent aussi sur la version NP, il me semble, quelques plans coquins, notamment lors de la séquence du moulin.

La conclusion de à propos du Film : La Revanche des mortes vivantes [1987]

Auteur Nicolas L.
20

Sorte d’eurotrash tardif réalisé par des spécialistes du « boulard » franchouillard, La revanche des mortes vivantes est un spectacle qui se montrera désopilant lors d’une lecture au dixième degré. Nul dans tous ses aspects, le film de Pierre B. Reinhard est une véritbale bouse cinématographique qui apparait aujourd’hui comme un truc improbable, limite surréaliste… ce qui tend à en faire une véritable œuvre culte.

On a aimé

  • Une série Z, une vraie

On a moins bien aimé

  • Nul dans tous ses aspects.

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