Critique Elves

Avis critique rédigé par Jonathan C. le mercredi 1 juin 2011 à 14h04

elves

Elves jaquette

Dans la lignée des Troll, Leprechaun, Ghoulies, Hideous, Critters et autres Munchies provoqués par le succès de Gremlins dans les années 80, le moins connu Elves, commis en 1989 (soit bien avant Leprechaun), met en scène un elfe maléfique réveillé par erreur par trois poufiasses vociférant sur la fête de Noël alors qu’elles s’amusaient à pratiquer un rite satanique dans la forêt (normal, ça nous arrive tous au moins une fois dans notre jeunesse…non ?). Rien à voir avec Legolas, donc.

Elves s’impose rapidement comme un sous-Gremlins fauché, l’elfe diabolique étant d’ailleurs à deux reprises comparé à un « gremlins » par les témoins. Comme dans le classique de Joe Dante, réalisé 5 ans plus tôt (et un an plus tard sort Gremlins 2) et suivi d’une flopée d’avatars nanardesques (Charles Band en est accroc), l’histoire de Elves se passe à Noël, ici à Colorado Springs (ça change de Docteur Quinn, femme médecin). D’un coté, une héroïne, inévitablement jolie, tragiquement vierge et logiquement serveuse dans le fast-food d’un centre commercial, passe un pitoyable Noël (sa mère est une connasse de mégère, son grand-père un taré en fauteuil roulant…) et déteste cette fête, comme Phoebe Cates dans Gremlins ; de l’autre, un ancien inspecteur déchu (le vétéran et ancien biker Dan Haggerty, un routard du bis depuis 40 ans, relativement connu notamment pour son personnage de Grizzly Adams dans le film The Life and Times of Grizzly Adams, le téléfilm The Capture of Grizzly Adams et la série Grizzly Adams), dépressif et SDF, bosse comme père Noël (ça tombe bien, il ressemble au Père Noël) dans ce même centre commercial minable. Comme Gremlins (et, dans un autre genre, Bad Santa), Elves fait dans le mauvais esprit de Noël : il ne neige pas, les pères Noël font des avances, se défoncent à la cocaïne et se font trucider les parties intimes, personne ne croit au père Noël, les personnages ne sont pas heureux…Même la jaquette (la créature qui sort d’un paquet emballé) renvoie à Gremlins.

Dan Haggerty dans Elves

Bien entendu, Elves s’éloigne peu à peu de son modèle. L’elfe maléfique, quand il ne fait pas peur aux enfants (faut dire qu’il est nettement moins sympa que le Dobby de Harry Potter) ou ne mange pas le cadavre d’un chat, une grenouille ou une main, commet quelques meurtres : un faux Père Noël, deux bimbos…Futur violeur et pervers actif, le petit lutin prend même plaisir, avec la complicité du spectateur, à reluquer une MILF qui entre dans son bain (toute nue, cela va de soi), et il s’éclate encore plus à la mater en train de se faire griller dans l’eau après y avoir jeté un appareil électrique, ce qui nous vaut une mémorable scène d’électrocution. Bon, le budget ayant sans doute été volé dans la gamelle d’un clochard, il ne faut pas s’attendre à de gros effets spéciaux ni à beaucoup de sang ni à beaucoup de créatures, d’ailleurs contrairement à ce qu’annonce la jaquette il n’y a qu’un seul monstre au « générique ». Il y a cependant des monstres humains qui valent bien les elfes tueurs et fornicateurs, par exemple la mère qui noie le pauvre chat dans les toilettes sans aucune raison, le gros porc de faux Père Noël (pas l’ex inspecteur, l’autre), ou encore le grand-père qui se révèle particulièrement dégueulasse.

les biatches d'Elves

Tandis que les trois biatches, dont les dialogues se limitent à « La vie est dure, comme le truc de Kevin et celui de Dave, hihihihi » ou « C’est vrai que Kevin en a une longue ? hihihi ! », font la teuf dans le centre commercial dans lequel bosse l’ancien inspecteur Père Noël, des gangsters débarquent, ce qui permet au réalisateur de trousser une gunfight aussi molle que si Derrick flinguait des pandas dans un gymnase vide. Au milieu de tout ça, l’elfe coquin se cache parmi des mannequins (il ne passe pas inaperçu pour autant, malgré sa paralysie faciale), a peur des jouets de Noël, met un bonnet de Noël ou trucide quelques gonzesses qui hurlent à la mort. Jusqu’ici, rien de transcendant, nous sommes devant un nanar banal, ennuyeux, potache, gentiment méchant (quelques élans de sadisme) et méchamment mal torché (les points de vue de l’elfe sont illisibles, la majeure partie du film est dans l’obscurité, c’est plan-plan, aucun travail de lumière…), si ce n’est que l’elfe a vraiment une sale tronche (les seuls effets spéciaux sont pour lui et sont assez réussis, malgré une animation figée) et, armé de son couteau, se montre particulièrement coriace, ce qui ne l’empêche pas de provoquer des rires involontaires lors de chacune de ses apparitions furtives, quand il daigne sortir de ses cachettes.

Elves

Mais Elves devient assez incroyable lorsqu’il révèle l’origine plus que tordue de l’elfe et donc les méandres de son scénario plus « riche » qu’au premier abord. Lors d’une hilarante séquence d’explication dans laquelle l’ex inspecteur Père Noël débarque chez un scientifique le soir de Noël pour en savoir plus, on apprend que la créature maléfique est une mutation génétique créée par les nazis. Oui, non seulement les nazis croyaient aux elfes, mais en plus ils en auraient capturé pour en faire des expériences et les transformer en vrais petits soldats (car ils sont petits, invisibles, fourbes, résistants…).

A partir de là, c’est un grand n’importe quoi d’une énorme audace nanardesque et proche d’un Larry Cohen (par exemple du Monstre est vivant). L’héroïne n’est pas au bout de ses surprises puisqu’elle apprend que l’elfe doit s’accoupler avec une vierge (elle suppose pertinemment qu’il s’agit d’elle) pour créer la race supérieure qui dominera le monde (« Je m’appelle Elves, je viens pour détruire le monde », nous indique une jaquette un brin excessive) ! L’objectif de la bestiole hideuse est donc de se taper l’héroïne (et non de la tuer) plutôt que de détruire le monde ! Mais attention, ce n’est pas finit ! Tout cela a en fait été manigancé par le grand-père de l’héroïne, qui se révèle non seulement être aussi son père (« Kirsten, your grandfather is your father too ?! »), mais également un ancien nazi qui a crée sa propre lignée (dont sa fille) afin de l’accoupler avec l’elfe des nazis et de créer cette race destructrice qui donnerait naissance à l’Antéchrist !!! Et que dire de l’origine du sigle démoniaque de la créature : le signe nazi dessiné sur un sein ! « Il se passe quelque chose de grave ? », demande le gamin à sa sœur qui vient d'apprendre tout ça dans une autre séquence d'explication tordante. « Ouais, ton grand-père est un nazi ! ». Tout ici est dédramatisé, comme si personne n’en avait rien à cirer de toute cette mascarade surréaliste, à commencer par le scénariste Jeffrey Mandel, un "auteur" complet puisqu'il est aussi le réalisateur (on lui par ailleurs doit deux autres longs métrages obscurs ainsi que la série SF Super Force avec Ken Olandt, qui deviendra le héros de…Leprechaun !).

victime d'Elves

C’est ainsi que les vrais méchants de l'histoire se révèlent être des nazis. L’elfe flingue un nazi (une revanche sur le passé ?) et va essayer de violer l’héroïne, ce qui donne lieu à la seule scène de sexe (pas très sensuelle) de l’Histoire du Cinéma entre une humaine et un elfe mutant ! Vu le piètre jeu de l'actrice, pas très motivé pour jouer cette scène (on peut la comprendre), on se demande tout de même si son personnage est dégouté d'être violé par un elfe hideux, ou si elle y prend plaisir. Le meilleur pour la fin, qui se conclut sur un plan hallucinant sur le foetus de l'elfe à l’intérieur du ventre de l’héroïne, plan durant lequel défile le générique de fin !! C’est par ailleurs de loin le plus beau plan du film. Une suite était prévue (un scénario avait même été écrit), mais on ne s’étonnera pas qu’elle soit restée dans les cartons…

héroïne d'Elves

Au charme eighties (costumes, coiffures, musique qui n’est pas de Henry Mancini contrairement à ce qu’annonce la jaquette, décors, véhicules, mise en scène…) de ce film de monstre old school (d’autant plus que la copie du dvd est celle d’une VHS d’époque : aspect grindhouse assuré) vient s’ajouter de façon improbable un soupçon de film d’exploitation nazi : un mélange absurde qui nous vaut quelques grands moments de Z. Dommage cependant que ce Elves, qui est déjà plus fun que le Elfe de Jon Favreau, ne soit pas à la hauteur de son histoire abracadabrantesque et ne possède pas la folie cartoonesque d’une production Charles Band comme ses prédécesseurs Troll ou Ghoulies, ni une créature aussi fun que les Gremlins ou les Critters.

jaquette dvd Elves

La conclusion de à propos du Film : Elves

Auteur Jonathan C.
35

Mélange absurde entre Gremlins, Leprechaun et les films de nazisploitation, Elves est un piteux nanar qui réserve quelques franches rigolades, notamment dans les explications improbables d’un scénario sans scrupules que n’arrive même pas à suivre la mise en scène (désespérément plate) et dans le tableau sordide des fêtes de Noël (ceux qui n’aiment pas Noël seront ravis). A voir au moins pour une séquence d’anthologie unique au cinéma (si du moins on peut parler de « cinéma » dans ce cas) : le viol d’une femme vierge par un elfe mutant lubrique.

On a aimé

  • La gueule visqueuse et difforme de l’elfe maléfique
  • Des personnages dégueulasses : le grand-père, la mère, le faux Père Noël…
  • L’esprit de Noël égratigné
  • Le dernier plan
  • Une scène de sexe entre un elfe et une humaine

On a moins bien aimé

  • Tout est d’une nullité confondante
    L’histoire, totalement improbable, est plus folle et fun que le film en lui-même
    Une réalisation miteuse qui peine à instaurer du rythme

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