Dans Changelins, pas de taxis jaunes ou de buildings démesurés. Sophie Dabat, pour nous raconter cette histoire d’ados pas comme les autres, a opté pour un univers réaliste ancré dans notre bonne vieille France. Entre comic, bit-lit et gore, les genres se mélangent admirablement, au sein d’un décor particulièrement familier au lecteur. En effet, en plantant un cadre routinier et banal, qui peu à peu vole en éclats face à l’inquiétante étrangeté, l’auteur se prépare un terrain propice au fantastique, dans le sens traditionnel et todorovien du terme. Progressivement, la faille fragmente les certitudes de Syrine, qui tente de comprendre de façon rationnelle (plus réaliste que l’acceptation quasi immédiate du surnaturel dans la plupart des fictions de ce genre), et de continuer à faire face aux préoccupations quotidiennes qui demeurent.
En termes de développement, le monde de Changelins est riche de possibilités : il fonctionne comme un système, à l’image d’un univers de jeu de rôle : il comprend des typologies de personnages (adolescents jouissant de capacités surnaturelles), des opposants (les mystérieux MIB), et au moins un objectif universellement applicable (se cacher ou faire son coming out). Ainsi, à la lecture d’Évolution, on a l’impression de découvrir tout un « envers », dense et caché, dont on ne verrait que la partie émergée : c’est un véritable cadre diégétique, pas un simple arrière-plan. Dans le même ordre d’idées, les personnages sonnent juste, comme des personnes, et non pas comme de simples embrayeurs d’action narrative : on a affaire à de vrais ados, avec leur culture, leur humour, leur langage, et leurs difficultés : racisme, intolérance, maladie sont autant de problèmes sociaux abordés sans tabou.
L'oeuvre Changelins est composée de 1 roman.
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