Critique Battlestar Galactica, le jeu de plateau [2009]

Battlestar Galactica est un jeu de plateau dont le concept est construit sur celui de la série du même nom. Ce jeu vous invite à prendre le rôle de l'un héros du show TV, votre but étant de faire parvenir la flotte humaine jusqu'à Kobol tout en évitant d'être détruit par les Cylons. Mais attention, car parmi les joueurs se cachent des agents ennemis qui vont essayer, par tous les moyens, de contrecarrer vos projets et ruiner vos efforts...

Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins: si vous êtes fan de la série et amateur de jeu de société, jetez-vous sur ce jeu. Car non seulement, comme nous allons le voir, sa mécanique est "presque" parfaite, mais j'ai rarement ressenti aussi fortement un thème dans un jeu de plateau grand public. A commencer par la cosmétique du produit, absolument fidèle à l'esthétique de la série télé produite par Sci Fi et un matériel d'excellente qualité, riche en pions divers et en petites miniatures de vaisseaux spatiaux.

Battlestar Galactica est donc un jeu de coopération pour 3 à 6 joueurs. Les participants doivent collaborer pour surmonter les différents périls (les Crises) qui vont mettre en danger la flotte coloniale - comme des attaques de cylons, des avaries ou des révoltes. Pour ce faire, ils doivent mettre en commun leurs compétences (qui sont représentées par des cartes et classées en cinq catégories: Politique, Commandement, Tactique, Pilotage, Mécanique) qui sont les conséquences directes de leur type de personnage (leader politique, leader militaire, Pilote ou Personnel) . En sachant que chaque Crise, pour être résolue avec succès, nécessite d'atteindre une certaine valeur de compétence donnée et que les joueurs gardent leur main cachée, on ne sait jamais, quand le joueur n'aide pas, s'il manque de cartes utiles ou s'il sabote le test. De plus, comme les cartes sont jouées face cachées et mélangées avant d'être dévoilées, les véritables intentions des joueurs restent en permanence voilées.

Mais pourquoi faire cela, me direz-vous? Pourquoi certains joueurs s'obstineraient à faire échouer les tests? Parce que, parmi eux, se cachent des Cylons!

En effet, au début de la partie, après que chaque joueur ait choisi un personnage parmi les héros de la série (au nombre de 10: de Laura Roslin à Helo Agathon, presque tous les personnages de la série TV sont représentés), il reçoit, face cachée, une carte Loyauté qui précise si son personnage est un Cylon ou non. Ainsi, ce n'est pas parce que vous incarnez Boomer ou le chef Tyrol que vous allez obligatoirement être un Cylon. Il est a noter que cet état, pour les humains, n'est pas définitif car quand l'on atteint le dernier tiers de la partie, une nouvelle carte Loyauté est piochée, ce qui peut soudainement transformer un humain en grille-pain (un système de révélation collant parfaitement à l'esprit de la série!). Le nombre confortable de personnages disponibles, les cartes Loyauté, deux variables qui permettent un bon renouvellement des parties.

Mais alors, quel est le but du joueur Cylon? Comment peut-il empécher la flotte humaine d'atteindre sa destination?

Il faut savoir que la santé de la flotte coloniale est gérée par quatre ressources dont les états sont matérialisés par des jauges: Carburant, Nourriture, Moral et Population. Que l'une de ses valeurs atteignent le seuil 0 avant que la flotte ne soit parvenu à Kobol et la partie s'achève: les Cylons ont gagné! Le (ou les) joueur Cylon doit alors s'acharner à faire baisser ces jauges, la meilleure (mais pas la seule) façon étant de faire échouer les tests de compétences exigés par le tirage des cartes Crise.

Il est aussi utile de savoir que deux postes sont importants dans le jeu: celui d'Amiral et celui de Président. Ces postes donnent accès à des capacités spéciales. Le président peut piocher des cartes Chorum très utiles pour résoudre des Crises ou interférer sur le jeu des autres joueurs. Quand à l'Amiral, en plus de bonus d'attaque contre les Cylons (deux charges nucléaires pouvant détruire des Spacebases cylons), c'est lui qui choisit secrètement les destinations de Saut. En effet, pour atteindre Kobol, le Galactica doit effectuer un certain nombre de Sauts, chaque Saut rapprochant (suivant sa valeur) la flotte coloniale de son objectif. Si l'Amiral est un Cylon, il peut donc choisir une carte Saut de valeur faible ou présentant des handicaps (chaque carte déclenche aussi un évènement) pour ralentir ou détériorer la flotte.

Evidemment, les postes d'Amiral et de Président ne sont pas attribués de façon définitive. Des évènements de jeu font que ces privilèges peuvent être perdus au profit d'un autre joueur.

En plus d'être un jeu d'intrigue et de suspicion, Battlestar Galactica présente aussi un module de combat, la flotte étant menacée par les attaques Cylons. D'ailleurs, la destruction du Galactica au combat est également une condition de victoire du joueur Cylon. Si tous les joueurs peuvent intervenir indirectement dans les combats (par le tirage de cartes Crise activant des vaisseau Cylons ou par la capacité Commandement pour activer les Vipers Humains), d'autres, les Pilotes, spécialistes en la matière (comme Starbuck ou Apollo) peuvent prendre la place à bord d'un Viper. Ce Viper acquiet à ce moment des capacités suplémentaires et devient plus efficace au combat (des combats qui sont toujours résolus par des jets de D10). A noter que le personnage aux commandes d'un Viper ne peut être tué. Si le Viper est détruit, le malheureux joueur se retrouve à l'infirmerie.

Le déroulement des parties est très fluides. Les règles, très accessibles (le manuel est très clair, avec des textes accompagnés de nombreux schémas) mais pas simplistes, sont très fluides et rythment bien la partie. Tous les personnages, même les moins prestigieux, sont intéressants à jouer. Il n'y a pas de personnage privilégié. De plus, pour autant que les joueurs soient des fans de la série (comme nous!), l'ambiance autour de la table est absolument géniale car chaque personnage est si bien retranscrit que l'on peut presque voir apparaitre des instants "roleplay". Par exemple, au cours d'une partie, j'ai incarné Gaius Baltar (qui a dit: "cela ne m'étonne pas!"?), et j'ai en vain accusé (à raison) un joueur d'être un Cylon. Personne, parmi les autres joueurs, ne me croyait sincère.... et les Cylons ont gagné la partie!

Le seul petit problème de Battlestar Galactica est, à mon avis, un équilibre des forces. D'un avis général, de par ma propre expérience et les avis receuillis sur le web au gré des forums, les joueurs Cylons sont avantagés. Ils gagnent nettement plus souvent. Personnellement, je conseille d'utiliser la variante fournie par la règle, qui est d'ajouter deux niveaux de ressource supplémentaire à chaque jauge. Mais à part ce petit détail, Battlestar Galactica, ce n'est que du bonheur ludique!