Interview exclusive de Christophe Lambert à Gerardmer 2013
Le Highlander répond à nos questions avec gentillesse !
A SFU, on aime beaucoup Christophe Lambert, qui a représenté le genre qu’on défend pour le meilleur et pour le pire (dommage que la plupart des néophytes retiennent souvent plus le pire que le meilleur). C’était donc une immense joie de pouvoir le rencontrer à l’occasion du festival de Gerardmer 2013, dont il fut le président du jury. Nous avons ainsi pu poser quelques questions à, sans surprise, un homme humble, sincère, et très bavard pour notre plus grand plaisir. Christophe Lambert défend ainsi des réalisateurs pour lesquels il a travaillé, évoque sa participation à Ghost Rider 2, fait part de son admiration pour Sylvester Stallone, parle de Deux doigts sur la gâchette, des suites de Highlander ou de son rapport actuel au cinéma de genre. Transcription littérale de l’interview :
-Est-ce qu’être président du jury d’un festival comme Gerardmer ne vous donne pas envie de revenir au film fantastique et à la science-fiction ?
-Alors l’envie ne m’a jamais quitté complètement, mais à un moment donné j’ai eu envie plus de me retrouver en tant qu’acteur sur un plan purement humain, au sens purement affectif. La raison pour laquelle j’ai accepté de faire une petite participation dans Ghost Rider 2, c’est qu’en fin de compte le genre codifié de la science-fiction c’est pas qu’il me manque, mais j’ai envie d’y retourner de temps en temps. Je vous garantis que j’ai beaucoup de propositions dans le genre, je dirais même plus que d’autres, mais j’ai quand même fait quelques films et j’ai pas non plus envie de faire n’importe quoi, parce que dans un genre de cinéma on peut très vite faire n’importe quoi, il faut qu’il y ait une structure, une histoire. Et pour Ghost Rider 2 il y avait plein de trucs qui me plaisaient : mis à part la bande-dessinée, il y avait le fait que j’aime beaucoup Nicolas Cage, le fait que j’adore les deux metteurs en scène, et l’idée de mon look avec les tatouages partout me plaisait. Ce que je voulais c’était un peu un retour à ce genre de films, mais un retour discret (pas trop discret au niveau de la tronche que j’ai dans le film), et j’ai pris beaucoup de plaisir à le faire.
-Vous êtes aussi un businessman, vous avez beaucoup d’autres activités. Est-ce que parmi toutes ces activités, le cinéma n’est pas une sorte de récréation, un moment de détente ou vous pouvez expérimenter, vous lâcher un peu…
-Non non, le cinéma c’est ce que j’aime faire en priorité. Il y a eu des années ou j’ai tourné 4 films dans l’année, sinon en moyenne j’ai toujours fait un ou deux films par an, donc je me suis très vite aperçu que les 6 à 8 mois de l’année qui restaient je pouvais pas rester dans une pièce à regarder les murs et à me dire que je faisais rien…En fin de compte, à partir du moment ou on fait les choses avec passion et spontanément, pas en les calculant, tous les business se ressemblent. Vous savez, la base même d’un business, c’est la construction, c’est l’envie de créer, c’est l’envie de faire quelque chose, c’est l’envie de prendre un risque, d’essayer de l’aboutir, en un mot très simple c’est d’essayer. Puis après on voit : ça marche, ça marche pas…c’est le jeu.
-En plus d’être très diversifiée, votre filmographie est pleine de petites séries B peu connues mais très nerveuses et efficaces comme La Proie, Deux Doigts sur la gâchette, Adrenalin…Y’a-t-il un de ces films que vous voudriez particulièrement défendre ?
-Alors, pas forcément défendre, mais je vais vous dire une chose : moi qui suis quelqu’un qui aime la vie en accéléré, quelqu’un d’impatient qui déteste les temps morts, j’aurais aimé qu’Albert Pyun, qui est pour moi un metteur en scène phénoménal, vraiment un grand metteur en scène, c’est un metteur en scène compulsif, parce que son travail est compulsif : c’est un mec qui arrive à tourner 90 minutes de film avec des idées époustouflantes entre 3 jours et une semaine. Et donc moi j’aimerais que ce mec prenne deux à trois semaines pour faire un film, et à ce moment-là il peut exploser le cinéma, parce que les idées il en a, mais il veut aller tellement vite, il veut que ça carbure, quoi.
-Oui il tournait 3 ou 4 films par an pendant plusieurs années.
-Oui. Le plus long tournage qu’Albert Pyun ait fait, c’est avec Jean-Claude Van Damme (ndlr : Cyborg), ça a duré deux semaines. Sinon c’est entre trois jours et une semaine de tournage. Mais moi je pense que ce mec a un talent phénoménal.
-Il tourne encore de nos jours ?
-Oui oui il a des projets, il m’a proposé de faire un film de pirates mais ça ne s’est finalement pas fait…C’est un mec que j’aime beaucoup, pour qui j’ai une affection particulière. Sinon je défendrais avec plaisir Stuart Gordon, mais Stuart Gordon il a quand même laissé et il continue à laisser son empreinte dans le film de genre, sans parler uniquement de Fortress mais Ré-animator et tous les films qu’il a pu faire et qui sont d’une grande intelligence, d’une grande recherche, de beaucoup de travail…C’est un mec extraordinaire, d’une simplicité, d’une humilité, d’une gentillesse, il aime les acteurs, il aime le cinéma de genre, c’est un mec qui fait attention aux choses et aux gens.
-Avec du recul, quelle est pour vous la meilleure suite d’Highlander ?
-Je dirais la 3, qui aurait du être la suite logique du premier. Mais vous savez, là on parle de machines qui sont beaucoup plus grosses, au niveau du budget, au niveau des studios américains, et quand j’ai accepté de faire le premier, on a signé immédiatement, en même temps, pour le second. Et je peux vous dire que j’ai eu des grosses bagarres « gentilles » avec les producteurs, en leur disant « mais qu’est-ce que vous allez nous inventer, la planète Zeist, expliquer l’immortalité… » mais on s’en fout, d’expliquer l’immortalité ! On dit qu’il est immortel, on n’a pas besoin d’expliquer pourquoi ni d’où ça vient. Et la bagarre a été tellement loin que je leur ai dit « n’oublie pas une chose, c’est que quand le film va sortir, c’est moi qui vais faire la promotion ». Et pendant la promotion de Highlander, le retour, j’ai dit « Ecoutez, si le film s’appelait Les Envahisseurs de la Planète Zeist, il serait très bien ». J’ai passé mon temps pendant la promotion à dire « Si les aficionados d’Highlander s’attendent à voir la suite d’Highlander, il ne faut pas qu’ils aillent voir ce film », et les producteurs me disaient « mais t’es complètement cinglé, tu nous casses la promo etc. ». Le film a fait un carton au box-office, c’est pas la question, mais j’ai dit la vérité. Ce n’est pas la vraie suite, la vraie suite pour moi c’est Highlander 3.
-Est-ce que Deux doigts sur la gâchette (Gunmen) était censé être le début d’une franchise, comme L’Arme fatale ?
-Non je ne pense pas, franchement je pense pas. Pour moi c’est un film qui m’a plu parce que ça me rappelait un peu, et je dis « un peu » avec beaucoup d’humilité, l’univers et les relations que pouvaient avoir Eli Wallach avec Clint Eastwood dans Le Bon, la brute et le truand. Ces mecs qui sont diamétralement opposés, y’en a un qui est une espèce de voyou sympathique, puis l’autre qui est un flic pur et dur avec un coté revanche, et en fin de compte les deux se complètent et deviennent des vrais potes.
-Vous comptez retravailler avec Mario Van Peebles ?
-Pourquoi pas. Mais vous savez, il y a quand même une pléiade d’acteurs avec qui on a envie de travailler, avec qui on a déjà travaillé, avec qui on a plus envie de travailler, avec qui on a encore envie de travailler etc etc. Je me suis extrêmement bien entendu avec Mario Van Peebles, donc ça serait avec plaisir.
-Vous avez travaillé avec beaucoup de réalisateurs plus ou moins connus. Pour lequel vous auriez le plus d’attachement ?
-Y’en a plusieurs, y’en a pas qu’un…Vous savez, l’attachement avec un metteur en scène vient aussi de l’histoire qu’il raconte, du scénario qu’il vous a proposé, donc…J’ai un affectif extrêmement profond pour Max et Jérémie, qui n’a rien à voir avec le film de genre en tout cas celui du film fantastique mais qui a été une vraie rencontre, avec Philippe Noiret puis avec un personnage et avec un metteur en scène. Mais je dirais que l’attachement le plus profond que j’ai c’est avec Russell Mulcahy : c’est une personne très compliquée dans sa tête mais qui est d’une gentillesse, d’une inventivité, d’une imagination, d’une créativité qui est exceptionnel. Il a un coté très gamin, puis un coté très responsable, très adulte, parce qu’il a quand même supporté des films lourds au niveau du budget donc on peut pas se permettre de faire n’importe quoi. Il y a aussi Luc Besson. Subway c’était quand même une grande coure de récréation, mais avec des responsabilités et avec un sens des responsabilités comme peut l’avoir Luc. Puis j’ai une grande affection pour Gabriele Salvatores, avec qui j’ai fait Nirvana, qui est un film que j’ai adoré faire, j’ai aimé faire ce film, parce qu’il était d’une inventivité….Pour moi, en fin de compte je pense qu’avec un metteur en scène qui choisit un film, qui écrit un film, ce qui est important c’est l’histoire qu’il écrit : c’est un reflet profond de sa personnalité. Et quand Salvatores m’a proposé Nirvana, j’ai lu le scénario et j’étais sur le cul.
-Pour finir, si demain Stallone vous appelle pour jouer dans Expendables 3, vous répondez quoi ?
-J’vais vous dire, c’est marrant que vous me demandiez ça, parce que j’ai vu Stallone il y a un mois et demi. Il était dans le même hôtel que moi, on a passé deux heures ensemble et…on verra, on verra (ndlr : dit-il en souriant). Mais de toute façon bien sûr, oui c’est quelque chose que j’aurais envie de faire. Je vous dis franchement, j’ai quand même préféré le premier Expendables au deuxième. Ce qui me donne de l’espoir pour le 3, pas pour moi mais pour le film, c’est que généralement y’a toujours une petite chute avec le 2 et puis le 3 se reprend (ndlr : il pense sans doute aux Highlander). Mais voilà, il y a des trucs sympas dans le 2, mais moi je préfère le 1, au même titre que par exemple j’ai trouvé que John Rambo c’était magistral, et filmé d’une manière magistrale, parce que Stallone est un excellent metteur en scène. Et puis il fait pas dans la dentelle, c’est-à-dire quand il déchiquète, heu…woaw ! Voilà, ça j’ai adoré. Alors, on verra hein, pour Expendables 3. En tout cas Stallone c’est quelqu’un avec qui je m’entends bien, qui est humainement fantastique.
Voici le beau discours de clotûre de Christophe Lambert pour le festival de Gerardmer en 2013 :
Publié le samedi 11 mai 2013 à 20h58
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Christophe Lambert
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Commentaires sur l'article
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J'adore ce type !
Matt Murdock, le 12 mai 2013 15h34 -
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J'adore ce mec ! Même s'il a fait quelques bouses, je le trouve profondément sympathique ! Et perso, je fais parti des défenseurs d'Highlander 2, dans sa version Director's Cut cela dit, faut pas pousser non plus, la version cinéma était immonde ! ^^
Doctor Nico, le 12 mai 2013 16h18 -
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Cette façon de jouer selon ses envies et non pas un plan de carrière nous renvoie à l'image du grand gamin que nous voudrions tous être (ou que nous sommes restés pour certains !)
De plus, nous devrions tous remercier Christophe pour les pépites qu'il a apportées au cinéma bis.
Karas, le 12 mai 2013 23h59 -
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a quand un film lambert vs van damme^^
Shadow Nemo, le 13 mai 2013 22h48