Bifff 2018 : Notre dernier jour et le palmarès
Du cinéma pluriel...

Et voilà, le BIFFF 2018 est terminé. Ce fut une bonne cuvée (en tout cas de ce qu'on en a vu), entre des projections globalement intéressantes et la venue de Guillermo Del Toro qui a rythmé la deuxième partie du festival. Petite review des derniers films qu'on a vu, et palmarès de cette édition.

The Cured

Des années après que l'Europe ait été ravagée par le virus Maze, qui transforme les humains en monstres cannibales, un antidote est enfin trouvé, mais les souvenirs restent... Et Sean Brown est hanté par ce qu'il a fait. Alors qu'il revient vivre chez sa belle-sœur devenue veuve, la peur et la suspicion risquent de plonger de nouveau le monde dans le chaos.

L'idée du scénariste/réalisateur David Freyne pouvait être séduisante, c'était une façon de réinventer le film de zombies en imaginant une réinsertion partielle du virus et sur le "comment" les vivants et les guéris allaient pouvoir à nouveau vivre ensemble face à un traumatisme. Mais cela fonctionne pas vraiment dans le cas présent. Pourquoi ? Le film est froid, les personnages sont froids, le rythme et lent, très lent, pour au final rester dans les clichés de films de contaminations. Quant à Ellen Page, on ne peut pas vraiment dire qu'elle soit impliquée dans l'affaire, faisant juste un travail correct (même s'il faut dire que son personnage n'est pas un exemple d'écriture).

Texte et avis de Richard B. : 4.5/10
Vincent L. : 4,5/10

Cold Skin

Dans les années vingt, un officier météorologique de l'armée est envoyé sur une île en Antarctique pour étudier les climats. Celui-ci y fait la rencontre d'un vieux gardien de phare russe. Lors de la première nuit, l'officier se fait attaquer par d'étranges créatures...

Adaptation d'une oeuvre de Albert Sánchez Piñol intitulée La Peau froide (La pell freda, 2002), Cold Skin de Xavier Gens est une sorte de croisement entre Duel dans le pacifique et Alamo. D'un côté, on a deux hommes que tout oppose qui vont essayé de s'allier, de l'autre un phare perpétuellement assailli par l'attaque des mystérieuses créatures aquatiques. Visuellement le film de Xavier Gens est d'une beauté incroyable et d'un perpétuel dépaysement (l'île est magnifique). Le soucis est qu'on a du mal à établir vers où le traitement va réellement. Est-ce le relationnel entre le personnage de David Oakes et Ray Stevenson, ou les liens avec la créature interprétée par Aura Garrido ? D'où vient cette haine ? Pas de réponse. Pourquoi les créatures attaquent ? Pas de réponse. Quant à l'évolution des personnages ? On passe d'une saison à une autre sans que rien change vraiment hormis la barbe qui pousse et la météo qui change. Est-ce imputable au scénario ou au livre ? N'ayant pas lu le dernier difficile à dire. C'est d'autant plus dommage que l'idée d'incompréhension entre cultures et la folie du cloisonnement sont toujours des sujets à traitement intéressant, surtout que derrière l'ambiance est bien instaurée et qu'on est souvent conquis par l'image. C'est donc avec une impression mitigée qu'on ressort du film.

Texte et avis de Richard B. : 6/10
Vincent L. : 5/10

Baahubali 2 : La Conclusion

Shivudu, un jeune villageois découvre sa vraie identité, de descendance royale. Il sauvera la reine Devasena asservie par le terrible Bhalladeva dont le seul et unique objectif est de garder son trône, et donc de tuer le fils de son ennemi : le roi Baahubali.

Si je devais parler de cette suite de l'excellent La légende de Baahubali, je dirais :  supra inventif, jouissif, primaire et barbare...  Bref, le pied total à condition de rentrer dans le côté extrême du cinéma indien, ici, poussé à son maximum. Certes on perd l'aspect découverte qu'on avait pu avoir à la vision du premier film de S.S. Rajamouli (réalisateur de Eega), les effets spéciaux semblent qualitativement un poil en dessous, mais franchement quel film monumental, c'est un peu comme si on avait là le digne héritier de la saga du Seigneur des Anneaux, qui irait croiser du Conan le barbare tout en reniant pas sa culture indienne. Les adjectifs qualificatifs ne manquent pas, manque de chance, il est déjà sorti en France l'année précédente et pour l'instant aucune édition Blu-ray/DVD semble d'actualité. Reste l'espoir Netflix, ce dernier permettant de temps à autre au français de découvrir le cinéma indien.

Richard B. : 8/10

Butcher 4 : Victor Crowley

La saga Hatchet continue son petit bonhomme de chemin avec un quatrième opus signé par le réalisateur du premier film, Adam Green. Comme le titre l'indique si bien, on va retrouver le boogeyman Victor Crowley, toujours aussi increvable, toujours aussi violent. Il s'en prend ici à deux groupes perdus dans les bayous, d'un côté une équipe de télé-réalité venu faire un reportage sur lui, d'un autre une équipe de cinéma venu tourner un film. Ah oui, les plus attentifs me diront que Victor Crowley est mort dans l'opus d'avant. C'est vrai. D'ailleurs, le héros du film également est mort dans l'opus précédent, mais il revient quand même... Bah, on s'en fout non ?

Et oui, les films qui composent la saga Hatchet (titrée Butcher dans la langue de Molière...) ne sont pas vraiment connus pour la profondeur de leurs scénarios. La franchise s'est en effet toujours fait remarquer par l'extrême crétinerie de ses scripts, un aspect d'ordinaire rédhibitoire, mais ici légèrement contrebalandé par deux petites`qualités : d'une part un côté second degré qui se moque plutôt bien des codes du genre, d'autre part des meurtres violents et extrêments gore propres à réjouir l'amateur de slasher. Bref, les films Butcher ont toujours été de petits plaisirs coupables uniquement aptes à satisfaire les fans purs et durs de ce genre de cinéma. On le sait, et, au bout du compte, on peut même passer un agréable moment dès lors que l'on sait ce qui nous attend : un spectacle regressif, violent, graphique et occasionnellement drôle. Et je suis allé voir Victor Crowley dans cet état d'esprit.

Mais même avec toute la meilleure volonté du monde, il est difficile d'apprécier Victor Crowley tant le film est un bon gros ratage. Adam Green essaie ici de reproduire la formule qui fit le succès du premier film (humour + violence), mais il ne parvient jamais à la retrouver. Il faut ainsi attendre plus d'une heure de film pour que l'action ne commence, et même si celle-ci est une nouvelle fois plutôt fun et très graphique, elle ne dure malheureusement que quinze petites minutes. Avant cela, il faut se coltiner des tentatives d'humour qui ne fonctionnent quasiment jamais. La gestion du second degré est catastrophique et ne fonctionne pour ainsi dire jamais : les effets sont trop appuyés, et le détournement des codes du genre est très très pauvre. Du coup, les protagonistes n'ayant absolument aucun intérêt (ni dans ce qu'ils disent, ni dans ce qu'ils font, ni en terme de charisme), on s'ennuie profondément. Reste à se mettre sous la dent quinze petites minutes d'un massacre final amusant (si on est fan du genre), des effets spéciaux à l'ancienne et la présence de Kane Hodder qui apporte tout sa puissance physique au boogeyman. C'est vraiment maigre...

Vincent L. : 3/10

Freehold

Petit long-métrage très malin tiré d'un fait divers, Freehold raconte une cohabitation non-souhaitée entre deux hommes. L'un est l'occupant officiel de l'appartement, l'autre vis dans les recoins et les placard, ne sortant et ne vivant que lorsque le premier est absent. Dans le genre pitch bizarre, Freehold suscite la curiosité, et on se demande en premier lieu comment Dominic Bridge va réussir à tenir ce pitch sur la durée. Et bien sans trop en dire, sachez que Freehold fonctionne, il fonctionne même très très bien.

Dans le genre, on n'avait pas vu aussi réussi depuis le Malveillance de Jaume Balaguero. Cette collocation non-souhaitée est impeccablement traitée, entre comédie noire et véritable thriller, le tout saupoudré d'une petite touche d'émotion. L'effet est d'autant plus réussi qu'il convoque forcément l'expérince du spectateur : une chaussette égarée sur laquelle on ne parvient pas à mettre la main, la télé qui est allumée en rentrant, la certitude qu'il restait des pâtes alors que non... Et si tout cela était l'oeuvre d'un indésirable vivant chez vous ? Je ne spoilerai pas outre mesure, car il est bon de garder tout la surprise en regardant ce film. Ce que je peux vous garantir, c'est que dans le genre, Freehold est une belle petite réussite !

Vincent L. : 7/10

Palmarès 2018

​Allez, pour finir, voici les récompenses remises lors dans cette édition du BIFFF. Pour rappel, le jury international était cette année présidé par le "trauma" Lloyd Kaufman !

PRIX DE LA CRITIQUE : Dhogs

PRIX 7e PARALLELE : Blue my Mind (Mention spéciale à The Place)

PRIX THRILLER : Memoir of a murderer

COMPETITION EUROPEENNE : The Cured

COMPETITION INTERNATIONALE : Inuyashiki (corbeaux d'argents pour Mon Mon Mon Monsters ! et Tigers are not afraid)

PRIX DU PUBLIC : Tigers are not afraid

Auteur : Richard B.
Publié le lundi 16 avril 2018 à 16h00

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