La Princesse de Mars : interview de Jon Favreau
Je ne vois pas dans le même registre que le Seigneur des Anneaux...

Voici, à l’occasion d’une rencontre entre Quint, de Aintitcool, et le réalisateur Jon Favreau, une partie de l’interview dont le sujet portait sur le travail du cinéaste. Cette partie concerne un sujet qui nous interpelle au plus au point, puisqu’il s’agit de l’adaptation par la Paramount du premier livre de la Sage du Guerrier de Mars (La Princesse de Mars) écrite au début du 20ième siècle par le célèbre Edgar Rice Burroughs.
QUINT : Alors… de grandes nouveautés pour vous en ce moment, hein ?
JON FAVREAU : Evidemment car je vais réaliser John Carter, cinématographiquement, c'est un peu comme si je sortais avec Jennifer Aniston dans la vraie vie. Soudainement, tout le monde semble s'intéresser à ma carrière.


QUINT : Bien, c’est également valable pour votre réalisation de Zathura. Maintenant, les fans de Scifi vont vous voir comme un spécialiste du genre.
JON FAVREAU Oui, c’est très intéressant car jusqu’à présent, j’étais plutôt présent dans le milieu des gosses, et je vais maintenant affronter l’examen minutieux des fans de SF, mais nous avons vraiment mis le paquet, et je suis très curieux de voir comment les gens vont réagir car notre approche de la SF est très différente de ce que l’on peut voir actuellement.
Pour revenir un peu à John Carter, je suis en train de prendre mes marques car les deux précédents réalisateurs qui ont été impliqués ont une approche de la réalisation très différente de la mienne. Ils sont tous les deux très polyvalents, surtout (Robert) Rodriguez qui est capable d’aborder tous les styles de réalisation. Je suis plus spécialisé. Je n’ai pas ce panel de capacités. J’ai tendance à être quelqu’un qui se concentre plus sur la narration puis je choisis des gens qui sont compétents dans leur secteur et qui sont inspirés par le matériel. Puis ensemble, nous construisons une stratégie basée sur les aspects importants du film.

QUINT : Bien, Kerry Conran et Robert Rodriguez sont tous les deux de gros utilisateurs d’FX . Sur Zathura vous avez fait le maximum pour utiliser autant de maquettes et d'effets matériels que possible...
JON FAVREAU Oui. Je pense que le but le plus important pour moi en tant que réalisateur, à cause de mes anciennes fonctions d’acteur et d’écrivain, est de m’attacher à l’humanité des personnages. Je n’ai pas encore d’avis sur les choix qui ont été fait jusqu’ici sur l’adaptation, mais je trouve que les livres, surtout le premier, est le reflet parmi du mythe selon Joseph Campbell. Tout ce qu’il y a faire est de conserver la totalité de ce mythe et vous aurez une histoire qui pourra supporter une grande quantité d’effets spéciaux et de pyrotechnie, mais on doit maintenir l’intégrité de ce qu’a écrit Burroughs.
Le personnage de John Carter est un véritable archétype et c’est ce qui était intéressant car si vous respectez vraiment cet aspect, vous pouvez avoir quelque chose de visuellement très amusant. Je pense que c’est ce qui fait la grande force des films de Star Wars, surtout le premier, car il est très proche du mythe. Joseph Campbell lui-même admettait que l’histoire de Star Wars était dans la lignée des religions mondiales et allait aussi loin dans ses aspects mythologiques.
C’est ce qui est si excitant. En tant que réalisateur, cela vous donne quelque chose où vous pouvez vous accrocher, même pour un film unique. C’est pour cela que le Seigneur des Anneaux est si puissant. A nouveau, vous avez une mythologie sur laquelle tout repose et vous n’avez qu’à la respecter. Sur tous les films sur lesquels j’ai travaillé, j’ai lutté pour imposer cet aspect là, car ils étaient très généralistes. J’ai essayé sur Made, Swingers et Elf. J’insiste, j’ai vraiment essayé. C’est très excitant. J’en suis a un moment de ma carrière ou j’ai accompli différentes choses. J’ai acquis suffisamment de technique pour diriger un groupe de personnes talentueuses à travers différents aspects techniques tout en maintenant une très forte connexion avec les personnages et l’histoire développée dans le livre.
QUINT : Ce qui est génial dans le livre est que chaque action fait avancer la quête de John Carter, ou renforce son amour pour Dejah Thoris. Le résultat visuel, si l’adaptation est fidèle au matériel, ne sera pas vide, vous le savez ?
JON FAVREAU Oui. C’est vrai.
QUINT : surtout dans les deux premiers livres qui sont relativement gros. Toutes les choses dites font avancer l’histoire.
JON FAVREAU Il y a dans le livre des questions auxquelles il faut répondre. Il y a des choses qui n’entrent pas facilement dans le scénario, mais thématiquement elles sont très fortes et si vrais que aussi longtemps que vous suivrez cette trame vous pouvez résoudre tous les problèmes.
Mon instinct me dicte à faire le contraire de tous ce que les gens feraient. Le plupart aborderaient le sujet comme de l’épique. Je l’aborderais comme une histoire très individualiste. J’approcherais non pas comme l’histoire du livre, mais plutôt comme les manuscrits qui sont à l’intérieur du livre. Je vais me consacrer à l’histoire de John Carter sans perdre de temps dans les détails de tout ce qu’il y a autour pour ne pas que le public y voit plus d’importance qu’ils n’en ont réellement. Cela aurait satisfait les puristes qui voudraient qu’on utilise toutes les pages du livre, mais mon instinct me pousse à me concentrer sur John Carter.
QUINT : Bien, comme le Seigneur des Anneaux l’a prouvé, si vous gardez l’essence du livre et essayé de capturer son esprit, la plupart des fans vous pardonneront d’aborder l’histoire de manière un peu différente.
JON FAVREAU : Ils l’apprécieront si j’arrive à leur donner les mêmes émotions que lors de la lecture du livre. Aussi, quand j’y pense, je ne le vois pas comme une grande fresque épique. Je ne vois pas dans le même registre que le Seigneur des Anneaux. Peut-être que l’on arrivera finalement à ce point, mais toutes ces batailles avec tant d’effets spéciaux… c’est probablement intéressant la première fois que vous en voyez, mais tout au long du film, ça finit par créer une distance émotionnelle. Cela revient à regarder un jeu vidéo.
QUINT : Oui. Mais tout dépend comment vous procédez. Dans le Retour du Roi, la raison pour laquelle la bataille des Champs de Pelennor fonctionne si bien est que Peter Jackson s’est focalisé sur des endroits précis au cœur d’une plus grande bataille, nous permettant de suivre les personnages principaux auxquels on est attaché, et pas seulement en nous submergeant de scènes de bataille de masse. C’est la même chose si vous avez une armée de plus de 10000 hommes. Cela vieillira sauf si vous vous concentrez sur les personnages principaux.
JON FAVREAU C’est vrai. C’est vrai… vous savez, Braveheart fut très efficace. Mais je pense que la première fois que les gens ont vu une scène de bataille calculée sur Massive, ils ont été juste éblouis par la technologie. Mais maintenant c’est du déjà vu. Maintenant, c’est comme regarder des scènes de masse de Cecil B. DeMille. Cet artifice ne compense pas la pauvreté d’une narration.
J’ai donc envie de garder ce film très intime et personnel au début. L’un des exemples de films que j’ai cité à la production est La Planète des Singes. Il ne se perd pas à essayer d’expliquer les cotés technologiques. Il a été fait comme un voyage personnel dans un monde étrange, une culture étrange, une société étrange et la manière dont il est amené à les comprendre et à communiquer avec eux.
Mais en fait, finalement, on comprend ce qu’un type ressentirait si cela se passait vraiment. C’est une histoire fantastique et il est dans les responsabilités du réalisateur celle de la mettre dans un contexte où le public se sentira émotionnellement concerné. Si cette connection existe et qu’elle est maintenue, on peut pousser les choses plus loin. Il n’y aura pas de perte d’excitation, d’excitation visuelle.
L’autre gros défi est les Tharks. Comment créer un ensemble de personnages qui soit une race extra-terrestre et qui…
QUINT : Qui ne ressemblent pas simplement à des hommes en costumes ?
JON FAVREAU: Qui ne ressemble pas… à un homme dans un costume.
QUINT : Ou un gros blob en FX
JON FAVREAU Ouais. Vous avez les deux possibilités. Vous pouvez faire comme dans Terre Champ de Bataille, en prenant des hommes tout en leur donnant une apparence et une taille aussi différente que possible, ce qui au final n’est pas très crédible, ou vous prenez la solution de Gollum, qui est très coûteuse et de plus, lorsque vous aurez 6 gollums en train de discuter, il sera difficile de les différencier. Cela ne fonctionne bien qu’avec un seul. De plus, les performances d’acteur en souffrent.
Ce que je voudrais essayer de trouver est une solution pour que je puisse sélectionner des gens pour incarner les Tharks en fonction de leurs performances d’acteur, et pas seulement pour placer leur voix derrière des marionnettes d’FX. Ceci dit, il faut que je fasse le point sur ce que les FX modernes sont capables de me donner, mais mon avis est que je dois m’orienter sur un mélange de matériaux réels améliorés par des FX, pour accentuer les caractéristiques. Je ne peux pas juste leur mettre de grosses chaussures et des bras en caoutchouc.
Cela va être un challenge, et nécessiter beaucoup de recherches. Je pense que la Planète des Singes, l’original, même si le maquillage gênait les mouvements faciaux, ce que je voudrais éviter, on était capable de différencier les singes. On savait que Roddy McDowell était là et il a pu faire une extraordinaire performance, avec beaucoup d’émotion.
J’ai discuté avec une personne qui a travaillé récemment dans le Art Department de ce film et nous avons parlé de la prestation de Boris Karloff dans Frankenstein. Son visage est le résultat de la performance de l’acteur, et il a simplement été accentué avec des prothèses. Des prothèses faciales primitives excessivement chères. Une sorte de pré-latex. Ce que je veux dire, c’est que c’était un procédé horrible et que de plus le truc fondait, mais il n’interférait pas sur le jeu. Il doit y avoir aujourd’hui un équivalent numérique à cela.
Je pense que le plus gros défi est d’humaniser les Tharks et la manière dont vous allez écrire l’histoire et transformer ces êtres en personnages cinématographiques.
QUINT : Tout ce que je voudrais dire au sujet des Tharks est Keith David.
JON FAVREAU: Vous aimez Keith David. A cause de sa voix ?
QUINT : j’entends sa voix lorsque je lis Tars Tarkis
JON FAVREAU : Une autre chose intéressante vient des informations venant de toutes les personnes qui ont été impliquées dans le projet… Je n’avais aucune idée des 75 années de problèmes de développement qu’il y a eu pour ce film.
QUINT : Comme le dessin animé?
JON FAVREAU: Tout. Voulez dire le concurrent de Blanche Neige chez Disney ? Ce dessin animé ?
QUINT : Ouais
JON FAVREAU Ouais. Tout le monde a essayé de s’impliquer dedans et d’obtenir les droits. Plus j’en parle avec les gens, plus j’ai l’impression de me retrouver comme Jack Nicholson dans Chinatown, en apprenant la complexité de la chose et le nombre de personnes mêlées à cette affaire. C’est très décevant de voir tous ces gens talentueux qui ont été impliqués sans le projet ne puisse aboutir et j’espère que les technologies actuelles vont permettre de changer les choses et de rendre cette histoire filmable.
C’est vraiment très excitant, cet aspect est le plus curieux et je vais peut-être m’enliser là-dedans durant les années à venir.
QUINT : vous dites que vous ne pensiez pas qu’ils aient cernés le film, cependant…
JON FAVREAU Le script, oui.
QUINT : Donc, vous allez voir quelqu’un d’autre que Ehren Kruger ?
JON FAVREAU Oui. Je pense que qu’il faut que nous trouvions quelqu’un qui soit traditionnellement plus proche du matériel original du livre. Je n’ai jamais rencontré Ehren. Je sais, en tant qu’écrivain, que l’on se sent frustré lorsque le fruit d’une longue écriture, d’un long travail, n’est pas retenu. Mais là, nous avons besoin de sang nouveau. Je ne sais pas à quel niveau ce qu’il a été vient de lui ou lui a été imposé. Je sais seulement que ce schéma ne me parle pas, dans le sens qu’il ne correspond pas à ce que me donne les livres.
Je pense qu’il faut juste trouver quelqu’un qui soit bon au niveau de la structure. Souvenez-vous, je suis là pour aider au le reste, les personnages, l’humanité, les dialogues. Je n’essaye pas de réinventer ces personnages, j’essaye juste de trouver leur essence. Je suis très confiant en mes capacités de compréhension des échanges humains entre ces peuples, en tant qu’écrivain et réalisateur. J’ai besoin donc de quelqu’un qui puisse m’aider à mettre en morceau la structure de cette œuvre, sans être forcé à prendre des décisions sur ce qui doit être gardé ou enlevé.
Je pense que l’on structurer en actes autour desquels l’on peut construire, mais reste à résoudre les problèmes logistiques de la langue et les problèmes techniques au niveau de la physiologie des extra-terrestres et des créatures. La seule chose qui ne me préoccupe pas, cependant, est d’essayer d’en réinventer une car c’est trop similaire à nombreuses œuvres qui ont choisies cette ossature comme base, depuis presque 100 ans. Cela ne préoccupe pas cela ressemble à Star Wars ou Flash Gordon. Vraiment, tout ce qui a été fait dans ce style de SF est inspiré de Burroughs. Mais je pense que puisque tout ce qui a été déjà fait tourne autour de lui, cela vous donne la liberté de le suivre et de ne pas craindre de ressembler à des œuvres venues par la suite.
QUINT : Puisque le scénario ne vous convenait pas, vous avez été dans la situation privilégié d’en demander un autre au studio, bien qu’ils aient déjà payé pour le premier… et je suis sur qu’ils ont accepté parce que vous signez sur le film…
JON FAVREAU Hé bien, c’est un nouveau départ et cela faisait partie de ce qui était amusant. J’avais rencontré Brad Weston à l’époque où il n’était pas encore à la Paramount. Nous avions essayé de travailler ensemble car nous venions tous les deux de la comédie. Après nous faits un tas de projets de comédie… et pour être honnête, à presque 40 ans, il n’y a pas grand-chose dans ce domaine que je n’est pas déjà fait.
Je suis arrivé à un point de ma carrière de réalisateur où j’ai envie de faire des choses visuelles et cinématographiques et je veux explorer les technologies tout en conservant l’aspect émotionnel de la narration, mais je ne suis pas pour autant plus irrévérencieux dans mes goûts. Aujourd’hui, je suis un père, je suis marié. Je ne vois pas les choses de la même façon qu’à l’époque où j’ai fait Swingers, et c’est le type de progression que me demande mon cœur.
Je vois que mon fils a 4 ans… Vous savez, je lui ai lu John Carter le soir, avant de s’endormir, et cela l’a transporté, bien qu’il ne comprenne pas tout. C’est quelque chose qui m’appelle directement et pas juste en tant que cinéaste, mais aussi spirituellement je pense que c’est une histoire vraiment merveilleuse à raconter.
Après que nous ayons eu une grande réunion avec Brad et que nous étions débarrassés de tous les sujets habituels sur les concepts de comédie… ces films sont très lucratifs et très amusants et j’adore les regarder, mais dont je ne sais pas si j’ai encore envie d’en faire.
Vraiment tout à la fin, au moment de payer la note, je lui ai dit, ‘’Ou en est-on avec John Carter ?’’ Et il a dit qu’il était dans une sorte de croissement et que quelques changements d’aspects étaient possibles ; dans le script, le changement d’équipe, ou des décisions sur le choix de carrière de Kerry. Je n’en étais pas vraiment sur, mais j’ai espéré que ce genre de matériel soit disponible.
J’ai travaillé sur le matériel de base et comme il devint effectivement disponible, alors que les droits arrivaient à la date de renouvellement, j’ai été les voir et j’ai présenté mon travail.
La base était : rester proche des livres, conserver l’intimité. Conserver la véritable émotion. Ne pas essayer de transformer cela en quelque chose qu’il n’est pas. Je pense que ça, en plus de ce qu’ils avaient entendu sur Zathura et grâce au succès de Elf, m’a fait gagner leur confiance. Ils ont discuté avec Estate (Burroughs) et Estate leur a proposé de prolonger les droits suite à mon engagement sur le projet. Je fus très flatté.
Au final, je me sens redevable, dans un sens, à Estate. Je veux rester très fidèle a ce que Burroughs a fait et je sais que Burroughs a rejeté un grand nombre d’opportunités d’en faire un film parce les propositions ne respectaient pas l’esprit des livres. Aussi, sans être précieux ni vouloir me sentir écrasé par ce poids, je veux vraiment retranscrire l’esprit de l’histoire.

QUINT : Donc, j’en déduis que John Carter restera un soldat de la Guerre de Sécession
JON FAVREAU Ouais, et je leur avais déjà dit. J’ai tenu à conserver cet aspect. Je pense que cette histoire pourrait aussi arriver à un soldat d’aujourd’hui, mais je pense que cela n’est pas que symbolique. Si vous en faites un soldat revenant du Moyen-orient, cela change toute l’histoire. Il ne pourrait être ni un cavalier ni un épéiste.
QUINT : sa qualité d’épéiste représente une grosse partie du livre et est aussi essentielle dans l’image de John Carter.
JON FAVREAU Oui, cela ajoute de la crédibilité au personnage. Vous trichez déjà sur la gravité, pour faire de lui quelqu’un de supérieur, vous savez, un Starship Trooper. C’est déjà assez stylisé. Vous prenez déjà beaucoup de liberté artistique au sujet de la vie sur Mars. Vous demandez au gens de faire un bond la haut comme ça, sans poser un million de questions. Je ne veux pas détruire encore plus la plausibilité. Je pense aussi qu’il soit une officier d’une armée qui n’existe plus depuis longtemps correspond vraiment au personnage et fait de lui ce qu’il est. Je pense que scarifier cela ôterait un des aspects du personnage que vous ne voyez même pas lors du développement, mais que vous remarquez lors du tournage et quand vous visionnez le film.
Mon opinion a ce sujet est, ‘’ne passez pas trop de temps sur le passé ! Allons rapidement sur Mars !’’ le scénario commence alors qu’il se trouve dans le désert avec son ami, ils sont attaqués par des indiens et ils sont sur Mars. Je veux aller sur Mars !
Dans La Planète des Singes, ce qui a été expliqué dans les films suivants a, à mon avis, détruit la crédibilité. Quand il (Heston) apparaît et sort de la capsule, je ne me suis pas posé toutes ces questions. Pour une quelconque raison, tout avait un sens. Et le final avec la Statue de la Liberté vraiment efficace. Ce n’est pas comme si je n’avais rien compris. Je comprenais ce qu’il fallait à travers ces indices. Même chose avec Alien. Je comprenais tout ce que j’avais besoin de savoir. Ainsi que Star Wars. Je ne pense pas que les gens aient besoin de plus d’explications que le nécessaire. Si c’était le cas, ils préfèreraient les épisodes 1, 2 et 3 de Star Wars plutôt que les 4, 5 et 6, et je pense pas que ce soit le cas.
Je pense que vous devez rester fidèle au mythe, rester conscient de la vérité émotionnelle des personnages et de la romance et tout prendre place derrière.
QUINT : Qu’allez-vous garder du team de Kerry ?
JON FAVREAU Je n’aime pas vraiment ce que Kerry a assemblé durant la période de cette équipe, mais en discutant avec les gens qui ont collaboré avec lui, j’ai vu que sa sensibilité n’était finalement pas si loin que mon avis sur le matériel. Je pense que Kerry a discuté avec un tas de personnes différentes dans le Studio, je pense aussi que développer un tel sujet est un poids très lourd pour quelqu’un qui n’a pas d’expérience politique avec les studios et que les réalisateurs doivent avoir les caractéristiques pour résoudre cette équation.
J’ai été très chanceux dans mon métier d’acteur, puis d’écrivain, et j’ai travaillé sur de nombreux films indépendants, et je sais comment obtenir ce qui m’est prioritaire. Mais malheureusement, comme parfois le métier de réalisateur, c’est une danse politique et je sais que l’ancienne équipe est dans une situation difficile que même moi je n’y peux rien. Il y a un tas de projets dans lesquels j’ai été écarté parce qu’il fut difficile de concerner les gens à mon sujet.
Je pense que s’ils avaient suivi plus sincèrement leurs instincts, ils auraient obtenu quelque chose d’un peu différent et ils n’auraient peut-être pas été écartés du processus. Ma façon de pensée est qu’il y aura un tas de projets à venir où ils pourront travailler sans être concerné par cette notion d’aspect.
QUINT : L'esthétique du film...Vous savez, j'ai l'édition des années 70 avec les illustrations de Frazetta…
JON FAVREAU Je les ai aussi. Pour moi, la base du travail vient des tableaux de Frazetta. De la même manière que pour les films de Conan, dans lesquels John Milius s’est basé sur Frazetta. C’est le base et la finalité. A partir de là, vous ajoutez les dessins de William Stout et vous obtenez une bonne idée visuelle de ce qu‘inspire les livres.
J’ai même de vieux comics Golden Keys. J’ai juste écumé eBay. Tous ceux qui ont faits des offres sur les produits John Carter ces derniers mois a eu avoir à moi. Mais je veux maintenant mettre tout ça de coté dans mon esprit et faire des tests sur les capacités techniques disponibles et trouver ce qui peut me permettre d’arrêter la pendule entre le vieux Yoda et le nouveau Yoda. Il peut y avoir quelque chose qui se situe au milieu et qui serait le meilleur des deux mondes.
Bien sur, la technologie aura sa place dans la narration, mais aussi loin que je regarden je vois Frazetta… Les peintures de Frazetta sont même accrochées au mur dans mon bureau de production de Zathura. Si vous regardez les Zorgons, regardez les armures que Stan Winston a dessiné pour ces hommes lézards, elles sont très inspirées des armures des Tharks.
Quand il a été annoncé au début que c’est Robert Rodriguez qui allait réaliser le film, mon département artistique s’est dit,’’Oh man, regardez !’’ car nous sortions à peu près du même travail. Aussi je pense que le travail de Frazetta était en quelque sorte engagé avec lui. Il est amusant de voir que tous les réalisateurs de ma génération partagent les mêmes influences. Je sais que Rodriguez est un grand fan de Conan et nous sommes toujours excité par ce genre de trucs.
Quand les choses ont évolué et que le matériel est devenu disponible, j’étais très enthousiaste et j’ai saisi l’occasion. J’ai examiné tous ce que les autres réalisateurs ont faits avant moi, même la période pré-Conan de Rodriguez ; Je pense qu’ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes et qu’ils étaient passionnés et je prend tout ce qui peut rendre le film meilleur. J’ai très peu d’ego dans ce cas la. La meilleure idée l’emporte. Du moment que c’est bénéfique pour le film.
Heureusement, les gens qui ont travaillé sur le film avant moi vont le suivre de près. J’aimerais entendre leurs avis car ils ont consacré beaucoup de temps au projet. Il y a eu beaucoup de fausses routes dans ce projet et je voudrais éviter que ce genre d’erreurs se reproduise.
Harry m’a parlé durant une heure et demie la nuit dernière au sujet de l’historique de ce projet. Il deavrait écrire un article pour expliquer qu’il remonte à l’époque de Blanche Neige, de Disney, puis de Harryhausen et il paraît même Lucas si est intéressé avant de réaliser Star Wars… et, vous savez, on peut même ajouter John Boorman a cette liste de gens qui ont compris le potentiel de ce matériel. Dans un sens, c’est un peu intimidant mais cela me rassure dans l’idée que ce matériel est suffisamment puissant pour construire non seulement un seul film, mais toute une franchise.

QUINT : Aussi, faire plus d’un seul film est sensible de vous intéresser ?
JON FAVREAU C’est en partie ce que j’ai dit à Paramount, que je voudrais être plus qu’un seul réalisateur de passage sur un seul film. Je veux m’assurer de ne pas trop prendre dans les autres livres afin de d’éviter de ne plus pouvoir continuer après.
QUINT : Bien. Du moment que l’on puisse voir les Hommes Plantes du deuxième livre. Ces choses me foutent une trouille terrible.
JON FAVREAU Ouais ! Ils sont effrayants…Mais il y a des choses dans le livre qui sont… vous savez, vous devez composer avec les conséquences religieuses, vous devez composer avec un tas de commentaires sociaux. Burroughs avait une position très ferme sur la religion et les différents aspects de son temps, mais en définitive je pense que les livres sont corrects, spirituellement. Ce que Carter représente et ce que les autres cultures représentent, c’est un avertissement sur forme de conte de ceux qui pourrait être notre futur et je ne voudrais pas supprimer cela.
Si vous voulez faire un film dans cette optique, il doit présenter une pertinence sociale qui n’est pas évidente au premier regard, mais le message passera discrètement si le public apprécie et s’amuse. L’aspirine dans la compote de pomme, comme on dit, et c’est vraiment ce que je veux faire.
(traduction laborieuse d'un Bastable heureux)

Auteur : Nicolas L.
Publié le vendredi 14 octobre 2005 à 18h55
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