Critique The Suicide Squad [2021]
Avis critique rédigé par Bastien L. le samedi 4 septembre 2021 à 09h00
The S-Team
Alors que Marvel semble constamment savoir où aller au cinéma lui permettant d'enchaîner les succès depuis plus d'une décennie, c'est nettement moins le même son de cloche chez le rival DC Comics qui lui semble constamment se chercher. The Suicide Squad actuellement sur nos écran en est une autre preuve éclatante.
The Suicide Squad est un film de James Gunn. Plus qu'une simple information, cette affirmation fait aussi office de description comme de note d'intention tant le réalisateur américain imprime de son univers cette seconde adaptation de la série de comics Suicide Squad (ou parfois appelé L'escadron Suicide chez nous). James Gunn s'est d'abord fait connaître dans les années 1990 par des scénarios et autres créations au sein de l'écurie Troma via Troméo et Juliet notamment. Il réalise ensuite son premier film en 2006, la comédie horrifique Horribilis avant d'effectuer un virage super-héroïque. D'abord avec le très barré et réaliste Super (2010) puis dans une ambiance space-opera via le très sympathique Les Gardiens de la Galaxie (2014) et sa suite (2017) chez Marvel. Des succès faisant que tout allait bien dans le meilleur des mondes pour James Gunn avant que ne soient exhumés de vieux tweets à l'humour trop douteux pour Disney/Marvel faisant de lui un indésirable éjecté du futur troisième opus des Gardiens de la Galaxie (qu'il a depuis repris en main). En parallèle, DC Comics et Warner avaient commencé leur univers de films connectés avec notamment Suicide Squad en 2016. Un film largement égratigné par la critique mais surtout plus que rentable permettant d'ambitionner une suite comme des spin-offs (dont le récent Birds of Prey). Warner profita du renvoi de James Gunn pour lui offrir un pont d'or et le réalisateur jeta son dévolu sur L'escadron Suicide en en proposant pas réellement une suite même si le film se situe clairement dans le même univers. Il put en écrire le scénario dès 2018, le tourner fin 2019 et nous le proposer durant l'été 2021 avec un casting solide composé de Margot Robbie, Idris Elba, John Cena, Viola Davis ou Sylvester Stallone. Si le film est beaucoup mieux accueilli par la critique, il est pour l'instant un échec en ce qui concerne son exploitation au cinéma (150 millions pour 185 de budget) même s'il est sorti en même temps sur HBO Max.
The Suicide Squad se situe après le premier film alors que la directrice d'une branche spéciale de la C.I.A. Amanda Waller (Viola Davis) décide de recourir à des supers-vilains prisonniers afin de les envoyer sur l'île des Caraïbes de Corto Maltese ayant récemment subi un coup d'état peu favorable aux intérêts américains. Elle envoie ainsi deux équipes dont une menée par le militaire Rick Flag (Joel Kinnaman) aux côtés de Harley Quinn (Margot Robbie) et d'autres personnages bigarrés aux pouvoirs assez spéciaux. L'autre équipe est menée par l'assassin mercenaire Bloodsport (Idris Elba) aux côté du nationaliste violent Peacemaker (John Cena), de Ratcatcher 2 (Daniela Melchior) capable de contrôler les rats, de Polka-Dot Man (David Dastmalchian) capable de lancer des confettis venant d'une autre dimension et d'un homme-requin surpuissant King Shark (doublé par Sylvester Stallone). Une équipe de marginaux, souvent très dangereux, qui va devoir apprendre à fonctionner ensemble afin de réaliser une mission bien précise : infiltrer le centre de recherche secret de Jötunheim et y détruire une super-arme pouvant menacer la planète. Chemin faisant, ils vont en découvrir plus sur ce qu'il se trame vraiment sur l'île tout en devant intervenir auprès de l'escadron de Rick Flag.
Sans être un gros défaut, il faut quand même avouer que l'intrigue globale de The Suicide Squad n'est pas ce qu'on retient le plus. Pour ne pas se mentir, elle est assez simpliste et prévisible servant juste de vecteur pour que James Gunn puisse y glisser ses personnages, ses idées comme ses thématiques. L'intrigue reste néanmoins assez calibrée pour un blockbuster avec ce qu'il faut de péripéties, de scènes d'action et de passages attendus pour en faire un divertissement assez adulte, on y reviendra. Ce qui est assez intéressant de noter sur les thématiques du film c'est qu'elles reprennent assez celles de Suicide Squad, version 2016. Tout d'abord il y a l'idée de savoir faire équipe et s'ouvrir aux autres tout en exorcisant ses démons en choisissant de faire le bien. Ensuite il y a le fait que les vrais méchants sont à chercher du côté des Etats-Unis et de la C.I.A. à travers le personnage de Amanda Waller. Sauf que James Gunn pousse ces thématiques beaucoup plus loin avec bien plus de cynisme comme de réalisme. Certes, la C.I.A. tient encore le mauvais rôle mais Gunn démontre une nouvelle fois comment les Etats-Unis créent des ingérences dans le reste de l'Amérique latine qui sert aussi de cachettes pour des secrets inavouables. De plus, le personnage de Peacmaker, patriote forcené, appuie bien cette idée. Pour ce qui est de l'aspect « naissance d'une équipe » cela est traité avec beaucoup d'humour, avec quelques scènes touchantes mais aussi avec un réalisme montrant que certaines divergences restent inconciliables pouvant entraîner des dissensions trop fortes.
Ce qui fait la force et la qualité du film c'est qu'il offre une réelle vision d'auteur, celle de James Gunn qui nous plonge dans un divertissement réservé aux adultes (le fameux R-Rated américain) où la violence graphique se fait assez décomplexée voire plutôt gore par moments. Les personnages principaux sont souvent amoraux et le sang gicle abondamment à travers des morts souvent stylisés. Il y a une sorte d'esprit libre parfois politiquement incorrect chez James Gunn qui transparaît par moments (notamment l'attaque d'un camp supposé ennemi par Bloodsport et Peacemaker) avec l'idée d'offrir un spectacle parfois très con de manière totalement assumée. Rien qu'à voir la galerie plus qu'improbable des super-vilains choisis pour figurer dans film... L'exemple le plus flagrant est celui de Polka-Dot Man dont l'histoire est finalement aussi glauque que pathétique. Sans parler de l'équipe complètement improbable autour de Flag et Quinn. N'étant d'ailleurs pas une énorme connaisseur de l'univers DC Comics, je dois avouer ne connaître que très peu des personnages apparaissant à l'écran. Apparemment, James Gunn aurait adapté dans l'esprit des histoires de Suicide Squad des années 1980 scénarisées par John Ostrander. De même, n'essayez pas d'insérer ce film de le DC Extended Universe si ce n'est la présente de Waller comme de Quinn. Cette dernière reste toujours aussi charismatique mais on sent qu'elle a été parfois un peu ajoutée au chausse-pied faisant un peu office de pièce rapportée... Outre un humour noir et parfois pas très fin, le film pourra déranger par sa grande violence graphique qui tend vers le crade/gore faisant que certains auront du mal à adhérer. Enfin, on sent quand même qu'une trop grande liberté pour James Gunn lui a fait pousser quelques délires un peu trop loin. Mais là encore, tout est histoire de goût. L'effet négatif étant que j'ai trouvé le film moins efficace quand il veut nous émouvoir.
Ce qu'on peut saluer en revanche c'est que James Gunn s'est donné les moyens de ses ambitions. On sent qu'il est à l'aise à diriger des grosses productions intégrant parfaitement la charge d'effets spéciaux et d'images de synthèse venant donner corps à sa vision. Malgré ses ambitions dans ce domaine, James Gunn réussit toujours à nous offrir de très belles idées de mises en scène histoire de rendre son film encore plus déglingué et divertissant avec parfois certaines gourmandises qu'on lui pardonne. Il sait autant tisser de belles images que de proposer des idées un peu barrées qui rendront intéressant la vision qu'il a de ses personnages. Il maîtrise aussi bien le rythme lié à l'humour (les excellentes interactions entre les personnages), que l'action (toujours lisible) comme les moments plus posés. On sent qu'il s'est fait plaisir en y injectant ses idées violentes et crades de sale gosse pour notre plus grand plaisir. Cela reste assez rare dans le cinéma de super-héros d'avoir une œuvre qui semble totalement appartenir à son réalisateur, surtout avec un tel budget. Il permet de mettre en lumière un casting très solide à commencer par Idris Elba (RockNRlla, Thor et ses suites...) extrêmement charismatique tout en donnant vie aux failles de son personnage. A ses côtés, Margot Robbie (Suicide Squad, Birds of Prey...) maîtrise totalement la bipolarité loufoque de son Harley Quinn tandis que John Cena (12 Rounds, Crazy Amy...) démontre ici qu'il peut être un bon acteur rendant son personnage aussi risible qu'inquiétant. Enfin, Joel Kinnaman ou Viola Davis font correctement le job comme pour le reste du casting où l'on retrouve des fidèles de James Gunn dans des rôles plus ou moins importants comme Michael Rooker ou Nathan Fillion...
La conclusion de Bastien L. à propos du Film : The Suicide Squad [2021]
The Suicide Squad est un divertissement de haute-volée assumant complètement son côté bête, sale et méchant grâce à des personnages attachants, des dialogues savoureux, une violence graphique efficace comme une mise en scène parfaitement maîtrisée. Une œuvre représentative de l'univers de James Gunn qui prend quelques risques qui ne plairont certes pas à tous. Mais c'est tellement bien fait qu'on en redemande, d'autant plus que le film reste assez pertinent dans les thématiques qu'il aborde.
On a aimé
- Un délire complètelent assumé aussi drôle que violent
- La mise en scène de James Gunn qui fourmille d'idée
- Les dialogues
On a moins bien aimé
- Une intrigue prétexte
- Harley Quinn ayant du mal à s'insérer dans le film
- Les "séquences émotion"
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