Critique L'Arbre des Liens #2 [2022]

Les éditions Lucca nous avait agréablement surpris avec un roman hybride entre fantasy et science-fiction il y a quatre ans, La Voie des Morts, premier volet d’une saga ambitieuse, La Veilleuse d'âmes. Le deuxième opus, L’Arbre des Liens vient d’arriver sur les étals des libraires et s’orientent vers de la science-fiction pure, du space opera fin et original toujours empreint d’anthropologie. En effet, l’autrice Alexis Demey est chercheuse dans ce domaine des sciences humaines et utilisent ses connaissances dans le comportement humain pour apporter de la profondeur à l’écriture de ses personnages et son étude des comportements humains en temps de guerre pour affiner son intrigue.

Le premier tome, après un prologue dévoilant les enjeux spatiaux de la saga, débute sur Terre. Nous y suivons une étudiante, Maya qui a l’étrange faculté de voir les morts. Alors qu’elle poursuit un fantôme, Maya bascule dans un nouveau monde. Il s’agit d’une planète lointaine dont la culture est très différente et où elle découvre sa véritable identité. Maya est en fait, Isis, une protectrice dont le rôle est primordial. Elle essaie désormais de comprendre qui elle était avant de perdre la mémoire alors que les souvenirs et la personnalité de Maya sont toujours bien ancrés en elle.

La guerre entre les secteurs est proche, les enjeux sont grands et Isis est la stratège de sa fratrie. Fratrie avec laquelle elle a beaucoup de mal à recréer du lien et qui compte pourtant sur ses talents de meneuse pour le conflit à venir.  La peur ronge la jeune femme qui sait qu’elle ne peut pas échouer. Pourtant, elle ne se reconnait pas encore en Isis, à la personnalité bien différente, intransigeante et sournoise.

Si l’intrigue tourne autour des deux personnalités de Maya, anthropologue à la découverte de mondes inconnus ou stratège impitoyable chargée de maintenir un équilibre fragile entre différentes factions, ce tome fait la part belle avec de la science-fiction entre hard science et space opera. Les proches d’Isis sont plus développés et des flash-backs permettent de mieux comprendre la personnalité de la guerrière et ses relations au sein de la flotte. Les enjeux sont immenses et la tension à l’approche de la guerre est palpable. Et Maya n’en a pas fini de démêler les fils de ses personnalités. Le roman est riche, dense et Alexis Demey nous fait le plaisir d’expliquer en fin de roman certains éléments théoriques d’anthropologie qui éclairent ses choix dans son roman. Passionnant !