Critique #Alive [2020]

Avis critique rédigé par Bastien L. le vendredi 29 juillet 2022 à 09h00

Lone Survivor

Depuis 20 ans, le zombie est clairement à la mode se voyant adapté à toutes les sauces et dans tous les pays. La Corée du Sud n'échappe évidemment pas à la règle à travers des succès internationaux tels que Dernier train pour Busan ou d'autres œuvres plus confidentielles comme #Alive.

Mais le zombie n'est pas le seul à avoir envahi nos écrans à l'aube du XXème siècle puisqu'il est accompagné du cinéma (comme des dramas ou de la K-Pop pour parler de la culture coréenne en général) venu du pays du Matin calme. Les années 2000 ont vu débarquer des thrillers marquants et des ambassadeurs tels que Kim Jee-woon (Deux soeurs, J'ai rencontré le Diable...) et surtout Bong Joon-Ho auréolé d'un oscar du meilleur film pour Parasite en 2019. Un cinéaste bien connu des amateurs d'imaginaire (The Host, Snowpiercer...) que le géant du streaming Netflix avait réussi à attirer dans ses filets avec Okja (2017) non sans polémiques. Le cinéma de genre coréen n'est d'ailleurs pas en reste puisque le succès du film de zombies Dernier train pour Busan, de Sang-ho Yeon, en 2016 pris tout le monde par surprise. Un succès qui dut interpeller Netflix quand la firme acheta les droits à l'international du projet #Alive. A la base, il s'agit d'une nouvelle adaptation du scénario du film américain Alone (2020) écrit par Matt Taylor. Ce dernier travailla avec le réalisateur de #Alive pour l'adapter à la société coréenne. Le film est ainsi réalisé par Cho Il-hyung dont c'est la première réalisation après un court-métrage et quelques expériences en tant qu'assistant réalisateur. Tourné fin 2019 dans la ville de Gunsan, le film fut distribué en juin 2020 dans les salles coréennes puis sur Netflix dans le reste du monde trois mois plus tard.

 

Le film met en scène Oh Joon-wo (Yoo Ah-in), un jeune homme se réveillant seul dans l'appartement familial d'un grand immeuble. Comme à son habitude, il streame ses parties de jeu vidéo quand il apprend des nouvelles inquiétantes. Des personnes devenues folles attaquent les personnes autour d'elles. Il peut ensuite voir de sa fenêtre le chaos que cela engendre jusqu'à que cela se propage jusque devant son appartement. Il recueille méfiant un de ses voisins qui semble blessé. Ce dernier se transforme alors sous ses yeux et tente de l'agresser avant qu'il ne réussisse à le sortir de chez lui. Il reçoit ensuite un message de sa famille lui intimant de se retrancher dans l'appartement et de tout faire pour survivre. Les jours passent tandis que la ville semble de plus en plus infestée de ces véloces infectés cannibales alors que les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles pour Joon-wo. Il va bientôt devoir aller chercher de quoi survivre en dehors de chez lui tout en recevant l'aide d'une alliée (Shin-hye Park) aussi inattendue que distante.

#Alive est un film de zombies aussi efficace que classique et cela se ressent évidemment dans son scénario. Le film est plaisant à suivre du début à la fin mais ne délivre par vraiment de surprise quand on est habitué aux récits mettant en scène des apocalypses zombies avec tous les poncifs du genre bien présents. Le héros qui découvre horrifié la transformation d'une personne, les vivres qui manquent peu à peu, les rues infestées, les victimes décimées sous son regard impuissant, les phases stressantes de recherche de vivres, les équipements de la ville qui cessent de fonctionner, les hordes dangereuses ainsi que les rencontres à double tranchant de personnes saines... Bref, ce classicisme est autant une qualité qu'un défaut. Une qualité car on est dans une sorte de zone de confort à même de contenter les amateurs de ce genre de production mais le chemin s'avère finalement assez balisé. Le film reste quand même proche du huit-clos car la majorité de l’intrigue se déroule dans l'appartement barricadé du héros permettant de traiter de manière satisfaisante les conséquences de l'isolement. Le tout sans que le rythme n'en pâtisse ce qui n’était pas une mince affaire. Outre cette interrogation sur l'état mental de plus en plus sombre d'un être humain contraint à se confiner (une certaine résonance avec l'actualité mondiale lors de la sortie du film même s'il ne s'en inspire pas vu qu'il a été écrit et tourné avant), le film intègre des technologies très récentes au genre comme le streaming, les drones ou la réalité virtuelle. Cela fonctionne même si c'est assez gadget.

 

Quand on lance un film de zombies, il y a parmi les principales interrogations ces trois dernières : quel type de zombie ? Quel niveau de peur et quel niveau de gore ? Sur les deux derniers points #Alive est plutôt sage surtout car il ne cherche pas vraiment à nous faire peur. Il y a très peu de jump scares et il préfère installer des moments de fortes tensions où le stress est bien présent sans vraiment se reposer sur les mécaniques de la peur installée par une atmosphère. Les zombies sont plus du genre L'Armée des morts que Walking Dead en termes de vélocité avec une intelligence plus poussée. Ils peuvent être aussi apparentés à des vampires tant ils semblent surtout attirés par le sang de leur victime que leur chair puisqu'ils attaquent en général le cou. Ce qui rend le film moins gore que d'autres récits de zombies mêmes si les maquillages spéciaux sont assez réussis et effrayant entre des yeux vitreux et des visages striées de sang via des plaies ouvertes. De quoi contenter les amateurs encore une fois. Cela offre aussi quelques affrontements dynamiques où les armes blanches sont très présentes. Outre ces séquences d'action plutôt réussie, le film peut s'apparenter au drame dans la gestion de l'isolement de Joon-wo avec quelques petites touches d'humour ponctuelles plutôt efficaces.

La mise en scène de  Cho Il-hyung est très propre avec une image léchée et une technique plutôt solide, dont les effets-spéciaux. Encore une fois, l'efficacité par un certain classicisme est visée avec un vrai travail sur le rythme qui aurait pu être un piège dans lequel le film ne tombe pas. Les plans s'enchaînent bien et le montage sait se faire dynamique au bon moment. La mise en scène ne fera clairement pas date même si l'on retient la manière dont le réalisateur nous distille judicieusement des indices et informations importantes pas des plans bien placés ou quelques gourmandises sympathiques comme un split-screen culinaire... On lui reprochera surtout la mise en scène de la transformation d'un infecté en zombie dans l'appartement du héros avec un effet saccadé qui tombe à plat. Le film repose évidemment beaucoup sur les épaules de Yoo Ah-in qui est sur l'écrasante majorité des plans. L'acteur expérimenté (Veteran, Burning...) s'en sort globalement malgré quelques scènes un peu surjouées par moments. Mais il arrive à se montrer touchant dans son désespoir qui apparaît au fur et à mesure comme dans sa maladresse naturelle avant d'être plutôt convaincant dans sa détermination. Face à lui on retrouve surtout l'actrice spécialisée dans les dramas à la TV, Shin-hye Park (Memories of the Alhambra, The Call...), qui est très douée dans son rôle de survivante endurcie qui a quand même du mal à cacher quelques fêlures. Les autres rôles secondaires, bien plus courts, sont au diapason.

 

La conclusion de à propos du Film : #Alive [2020]

Auteur Bastien L.
70

#Alive est une petite série B qui ne révolutionne à aucun moment le film de zombies mais qui s'avère en tous points efficace. Un film plaisant à regarder grâce à un rythme bien travaillé, de bons questionnements sur l'isolement, une mise en scène solide et des acteurs attachants.

On a aimé

  • Un film de zombie efficace
  • Un casting solide
  • La thématique de l'isolement bien traitée

On a moins bien aimé

  • Très classique
  • Donc sanss grande surprise
  • Quelques effets de mise en scène décevants

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