Critique Tempête de boulettes géantes #1 [2009]

Avis critique rédigé par Bastien L. le lundi 8 août 2022 à 09h00

La Grande Bouffe

Critique de la version française.

Dans l'ombre des mastodontes que sont Pixar, Disney et DreamWorks, il existe plusieurs studios de production de films d'animations qui essayent, tant bien que mal, de tirer leur épingle du jeu. Parmi eux, il y a Sony Pictures Animations qui nous avait très agréablement surpris avec Tempête de boulettes géantes.

Créée en 2003 cette filiale américaine de Sony Pictures dédiée à l'animation en images de synthèse travailla directement sur plusieurs projets dont ce qu'il allait devenir Tempête de boulettes géantes qui fut au final le 3ème projet à sortir après Les rebelles de la forêt (2006) et le sympathique Les Rois de la Glisse (2007). Il s'agit d'une adaptation, très libre, d'un livre pour enfant écrit et illustré par Judi et Ron Barrett. Au départ confié à des réalisateurs français, les frères Paul et Gaëtan Brizzi, le projet patine jusqu'en 2006 voyant arriver des réalisateurs dont ça sera le premier film à ce poste : les Américains Phil Lord et Christopher Miller alors connus pour l'éphémère série animée Clone High (2002-2003) ainsi que leur participation à divers sitcoms en tant que scénaristes et producteurs dont How I Met Your Mother. La production fut très compliquée en ce qui concerne l'écriture du scénario puisque les deux Américains furent un temps renvoyés pour êtres remplacés. Pour au final être réintégrés tout en restant sur des sièges éjectables pendant un moment... Une fois le bon scénario trouvé, la production d'environ 100 millions de dollars pu se faire sans plus de problème pour un sortie mondiale en 2009 pour un certain succès (250 millions au box-office mondial) et surtout le statut d'une œuvre aujourd'hui sous-estimée.

 

Le film se déroule sur une île américaine fictive isolée au plein milieu de l'Océan Atlantique. La seule ville qui s'y trouve est en crise car son économie basée sur la pêche de sardines ne fonctionne plus. C'est dans ce lieu qu'a grandi le génie Flint Lockwood qui est capable depuis son plus jeune âge de créer des inventions incroyables. Malheureusement, ces projets révolutionnaires dans l'idée ne le sont jamais en pratique créant de nombreuses catastrophes comme la création de rats-volants devenus des nuisibles. Malgré le soutien de sa mère avant sa mort, Flint a du mal à s'entendre avec un père bourru qui aimerait qu'il arrête sa folie des grandeurs et l'aide à gérer le magasin de pêche. Flint est pourtant persuadé d'avoir créé l'invention du siècle à savoir une machine permettant de créer de la nourriture à partir d'eau. Il va la mettre en fonction le jour où le maire de la ville inaugure un parc d'attraction dédie aux sardines censé relancer l'économie de la ville et ayant attiré la journaliste stagiaire Sam Sparks en lien avec le continent. Mais quand Flint teste sa machine, celle-ci s'emballe et détruit le parc mettant aussi en danger les habitants. Alors qu'il est détesté de tous, la machine envolée dans le ciel commence à fonctionner et faire tomber une pluie de burgers. Flint devient donc le nouveau héros de la ville, un sujet passionnant pour Sam (que Flint trouve très attirante) mais aussi pour le maire qui y voit l'opportunité de lancer sa carrière politique. Malgré les dangers qui existent à trop utiliser la machine, Flint va céder à l'ivresse de la notoriété...

Il faut le dire, l'intrigue du film est assez convenue voire prévisible pour n'importe qui ayant dépassé l'adolescence. Ce qui ne veut pas dire qu'elle est simpliste ou bâclée. Elle est surtout calibrée avec des actes bien balisés et un rythme bien étudié. On ne sera pas surpris de ce côté là mais parce que l'intérêt est ailleurs. Si Tempête de boulettes géantes est un film bien écrit c'est surtout grâce aux thèmes qu'il aborde ainsi que son humour très efficace. Dans les thèmes abordés, le film se veut très universel tout en réussissant à faire mouche à travers évidemment le personnage de Flint. Le génie incompris qui toute sa vie cherche la reconnaissance de ses pairs comme de son père sans jamais la trouver à cause de son excès de zèle. La journaliste Sam Sparks qui tente de refouler son intelligence pour se fondre dans le moule de la blonde ingénue qu'on semble lui imposer. Le père qui n'arrive pas à dialoguer avec un fils surdoué dont les actions le dépassent clairement (le film offre par ailleurs un contrepoint intéressant avec le père policier pour qui rien n'est trop beau pour son fils). Le maire dévoré par ses ambitions mettant en péril sa communauté au profit de son ambition politique. La gestion difficile de la notoriété pour Flint qui a du mal à céder à la tentation même quand les problèmes sont mis sous son nez. Le tout est évidemment enrobé d'humour comme d'une intrigue de science-fiction mais cela fonctionne car les préoccupations des personnages sont terriblement humaines.

 

Ces qualités d'écritures sont sublimées par un excellent humour qui peut plaire à tous les membres de la famille. La fameuse double-lecture entre les enfants et les parents. Phil Lord et Christopher Millerr jouent véritablement sur tous les registres avec efficacité mais ce qu'on apprécie le plus c'est leur sens du détail. Lors de l'introduction du film, il y a une multitude de personnages comme d’inventions de Flint qui nous sont présentés. Et chaque détail sera tellement bien utilisé par la suite que cela soit pour un moment important de l'intrigue (les chaussures indestructibles...) ou des moments très drôles (la TV qui marche...). L'humour absurde est aussi très présent (ce qui est logique vu le concept du film) se révélant toujours efficace et sans jamais prendre trop de place par rapport au récit ce qui n'est pas toujours aisé. On salue aussi le fait que les scénaristes/réalisateurs aient flirter avec la limite de l'acceptable pour un divertissement familial comme un bataille de boules de neige très spéciale ou le personnage de « Baby » Brent. Mais la trouvaille géniale reste Steve le singe de Flint qui dispose d'un appareil traduisant oralement ses pensées offrant d'excellents moments. Enfin, le métrage est aussi très référencé dont le maire faisant penser à celui des Dents de la Mer pour ne citer qu'un exemple.

Un film basé sur un inventeur qui fait pleuvoir des aliments sur sa ville avait quand même un côté assez gueule qui a été écarté comme il a été dit. Néanmoins, le film ne déroge pas de sa promesse et nous offre des séquences assez hallucinante où il pleut littéralement de la nourriture que cela soit d'abord des burgers mais aussi d'autres types d'aliments dont de la crème glacé façon neige d'hiver. Sans aller dans des considérations internationales (faim dans le monde ect...), le film intègre ces pluies de nourriture dans ses réflexions avec l'obésité comme les indigestions que cela peut entraîner sans oublier la manière dont le capitalisme s'empare de la machine. Il faut néanmoins avouer que le concept était très intrigant et qu'il est génialement mis en scène. Le dernier acte pousse le délire bien plus loin quand les héros découvrent les environnements qui se sont crées autour de la machine. Un délire assez poussé mais qu'on accepte finalement tant cette partie se révèle épique. C'est à ce moment que la direction artistique prend réellement son envol alors que le reste était assez timide (sorti de la nourriture) avec un aspect très cartoon des personnages. Pour ce qui est de la musique de Mark Mothersbaugh, elle est malheureusement assez anecdotique tandis que les doublages français réalisés par des comédiens spécialisés dans cette pratique est assez convaincant.

 

Tempête de boulettes géantes ne pouvait clairement pas rivaliser avec les Pixar (Là-haut) et DreamWorks (Monstres contre Aliens) sortis la même année. Il s'avère donc un niveau en dessous de ce qu'est capable de faire la concurrence sans pour autant avoir de réelles tares même si le dernier acte est bien plus ambitieux. On a l'impression que les ressources allouées ont été plus importantes sur cette partie. Le film bénéficie ici le plus du moteur de rendu Arthur créé pour Monster House et capable de bien gérer les jeux de lumière. Cela se sent nous faisant regretter que tout le film ne soit pas au diapason techniquement. Sans vouloir vexer Phil Lord et Christopher Miller, on sent qu'il sont ici plus scénaristes que réalisateurs ou qu'il s'agit bien de leur premier film. La mise en scène est assez sage visant évidemment l'efficacité et étant très académique pour une comédie avec un sens du rythme très travaillé et un montage souvent au service des dialogues pour leur donner plus d'effet. Bref, rien de bien remarquable mais du très solide toutefois.

La conclusion de à propos du Film d'animation : Tempête de boulettes géantes #1 [2009]

Auteur Bastien L.
80

Tempêtes de Boulettes Géantes est une petite pépite de l'animation un peu trop ignorée à sa sortie. Partant d'un concept un peu fou, le film l'embrasse complètement pour nous servir une histoire riche en émotions car le scénario sait se montrer aussi drôle que touchant. Le film donne la sensation d'un bordel très bien organisé offrant ainsi le genre de folie qu'on aime voir sur grand écran. Un divertissement pour toute la famille qu'on revoit toujours avec plaisir.

On a aimé

  • Un concept génial très bien exploité
  • Aussi drôle que touchant
  • Une dernière partie épique
     

On a moins bien aimé

  • L'intrigue très classique
  • Techniquement en dessous de ce qu'on pouvait voir à sa sortie
  • Mise en scène très académique

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