Critique Les Aventures de Winnie l'ourson [1977]

Critique de la version française.

Le personnage de peluche Winnie l'Ourson est une véritable icône immédiatement reconnaissable auprès des plus jeunes depuis bien des générations. Un statut que notre ursidé doit en partie au film d'animation Disney Les Aventures de Winnie l'ourson.

Winnie l'Ourson et ses amis sont nés de la plume du l'auteur anglais A.A. Milne au milieu des années 1920. Une série d'aventures qui devinrent vite un carton international jusqu'à compter parmi ses amatrices les filles du grand Walt Disney aux Etats-Unis. Le géant du divertissement en acheta les droits pour en faire des courts-métrages. D'abord trois sortis entre 1966 et 1974 avant que la décision ne soit prise de les compiler pour une sortie cinéma en 1977. C'est donc le dernier grand classique d'animation de la firme aux grandes oreilles sur lequel Walt Disney fut impliqué malgré sa mort en 1966. Des courts-métrages réalisés par deux grands noms du studio ayant travaillé sur ses classiques depuis Blanche-Neige et les sept nains. D'abord l'animateur devenu réalisateur/producteur (rôles qu'il occupe déjà sur Robin des Bois sorti peu de temps avant) Wolfgang Reitherman pour les deux premiers courts tandis que John Lounsbery est le réalisateur du dernier. Sorti en 1977 aux Etats-Unis comme en France, Les Aventures de Winnie l'ourson n'est pas qu'une simple anthologie puisque des transitions assez fluides ont été réalisées spécialement pour le cinéma.

Les Aventures de Winnie l'ourson comprend donc trois courts-métrages. Le premier, Winnie l'ourson et l'arbre à miel, met en scène notre héros en quête de miel car il a très faim. Il va devoir monter dans un arbre où son met favoris est gardé par des abeilles. Ou bien en trouver chez un de ses amis. Le second court, Winnie l'ourson dans le vent, voit Winnie l'Ourson et son ami Porcinet vivre une journée cataclysmique entre vents violents et fortes inondations mais aussi d'étranges rencontres nocturnes pour Winnie. Le dernier cours, Winnie l'Ourson et le Tigre fou, raconte le ras-le-bol de Winnie l'Ourson, Coco Lapin et Porcinet à l'encontre de Tigrou et de sa manie de leur bondir constamment dessus. Ils décident alors de le perdre dans les bois pour lui donner une leçon.

Autant le dire clairement, on n'apprécie pas ce film d'animation pour ses différents scénarios qui s'avèrent assez simplistes comme beaucoup de courts-métrages d'animation pour enfants ceci dit. Il est à noté que Les Aventures de Winnie l'ourson est à l'époque le premier film Disney souhaitant à ce point s'adresser à un jeune public. Les histoires très simples pleines de bons sentiments et de personnages rigolos proposent des thématiques assez peu développées et faciles à appréhender. Les histoires se contentent de broder autour de la beauté de l'amitié ou des conséquences négatives d'avoir des comportements peu respectueux. Les adultes pourront en revanche être plus sensibles à l'idée du pouvoir de l'imagination car Winnie l'Ourson et ses amis sont avant-toit des peluches vivant des aventures grâce à l'imagination du jeune Jean-Christophe. Cette idée d'aventures imaginaires est accentuée par l'importance du narrateur et d'un livre racontant les différentes histoires où le 4ème mur est souvent habilement brisé. Même si l'ensemble est simpliste, cela n'empêche pas les enfants d'être littéralement scotchés devant ces aventures. Il est à noter que Winnie l'Ourson est loin d'être le héros le plus sympathique qui soit du fait de sa bêtise et de son comportement de pique-assiette pas toujours très respectueux. A ses côtés, on apprécie de retrouver le volontaire Jean-Christophe, le malchanceux Coco Lapin, le timide Porcinet, l'insouciant Tigrou, le bavard Maître Hibou ou encore le pessimiste Bourriquet.

Si les trois courts-métrages ont pu être facilement assemblés c'est aussi parce qu'ils partageaient la même direction artistique et la même narration à la manière d'une série. Une direction artistique proche du livre pour enfants et qui rappelle aussi Les Aristochats. Comme pour ce dernier, les décors assument complètement leur côté dessiné avec des traits de crayon apparent jusque dans l'animation se faisant un peu plus brute avec un aspect plus brouillon. Seulement son aspect par ailleurs, l'animation en tant que telle est une nouvelle fois exemplaire bénéficiant de la qualité de génies du passé (Frank Thomas, Eric Larson...) ou du futur (Don Bluth...). Les artistes comme animateurs donnent parfaitement vie à ces animaux en peluche se comportant comme des humains tout en gardant des caractéristiques propres à leur espèce. Les plus réussies étant les animations de l'imprévisible Tigrou mais là où les équipes de Disney se surpassent c'est quand Winnie doit subir l'attaque d'abeilles en furie ou qu'un vent violent s'en prend à la maison de Maître Hibou. Sans être aussi marquant d'un point de vue artistique que d'autres longs-métrages Disney, Les Aventures de Winnie l'ourson offre une sorte de cocon de beauté et de bonne humeur pour les plus jeunes.

Les mises en scène de Wolfgang Reitherman et John Lounsbery sont dans la droite ligne des productions Disney de l'époque à savoir très académiques venant de deux chefs d'orchestre visant à produire une œuvre cohérente tout au laissant soin aux animateurs d'exprimer leur art. Il y a quand même quelques degrés de folie bienvenue dans ces mises en scène à savoir l'utilisation du livre comme décors pour les personnages donnant donc des illustrations vivantes. Nos héros vont d'ailleurs plusieurs fois se déplacer en faisant attention au paragraphes ou au creux entre les pages... Une belle trouvaille. Les animateurs renouent aussi avec leur passé lors du cauchemar de Winnie rejouant la séquence des éléphants de Dumbo quand ce dernier a trop bu. Cela faisait longtemps que Disney ne s'était pas accordé une telle folie sur grand écran avec un déluge de couleurs, de créatures et de trouvailles visuelles incongrues. Un peu rafraîchissant dans un tel métrage. Pour ce qui est du casting vocal français, il est évidemment de grande qualité notamment grâce au légendaire Roger Carel prêtant sa voix à Winnie, Coco et Porcinet. Pour ce qui est des chansons, elles sont l’œuvre des excellents frères Robert B. & Richard M. Sherman (Mary Poppins, Le Livre de la jungle...) qui proposent une nouvelle fois des compositions de qualité dont la principale qui va longtemps rester dans votre tête.