Critique Miraculous - Le film [2023]

C'est une loi immuable de l'animation, quand une série pour enfants atteint un succès conséquent, son adaptation en film suit automatiquement. D'où l'arrivée très logique de Miraculous - Le film sur nos écrans...

Pour ceux ignorant des tendances des cours de récréation ou qui n'ont pas eu d'enfant ces 15 dernières années sachez que Miraculous est ce qu'on appelle un phénomène. Sortie en 2015 (et toujours en production en 2023 voyant paraître sa cinquième saison), la série animée Miraculous : Les Aventures de Ladybug et Chat Noir est une co-production française, sud-coréenne et japonaise ayant connu un grand succès à l'international. Elle est née de l'esprit de Thomas Astruc qui en assure le suivi et la réalisation depuis 2015 au sein notamment des studios d'animation Zagtoon fondés par Jeremy Zag. C'est par ailleurs ce dernier qui pousse dès 2018 à la création d'un film d'animation basée sur la série. Cela devient véritablement son projet puisqu'il en assure la production, le scénario (avec Bettina Lopez Mendoza), la composition musicale, l'écriture des chansons mais surtout la réalisation. Il souhaite faire une synthèse entre l'animation japonaise, les films de super-héros Marvel et les comédies musicales animées Disney. Un mélange pris en charge par des studios d'animation français que sont The Awakening Production (émanation de Zagtoon) et ON Animation Studios (Renaissance, Le Petit Prince...) et distribué par SND, filiale de M6. Plusieurs fois repoussé notamment à cause du Covid, le film d'animation en images de synthèse sort sur nos écran début juillet 2023 en étant considéré comme le deuxième film français le plus cher de l'histoire (derrière Valerian et la Cité des Mille Planètes) avec un budget à hauteur de 80 millions d'euros.

Le film se déroule à Paris et raconte les aventures de deux adolescents fréquentant le même collège. Marinette Dupain-Cheng, fille de boulangers, surtout connue pour être d'une maladresse incroyable tout en ayant du mal à se faire des amis. Elle est néanmoins proche de la sympathique Alya Césaire tout en étant la souffre-douleur de la superficielle Chloé Bourgeois. L'autre héros, Adrien Agreste, est le fils de Gabriel Agreste célèbre couturier qui est néanmoins devenu plus que distant depuis la mort de sa mère. Adrien s'enferme dans sa solitude via les études tout en ayant pour seul véritable ami le jovial Nino Lahiffe. Alors que Gabriel Agreste a mis la main sur un étrange artefact, il comprend qu'il pourrait avoir le pouvoir de ressusciter sa femme. Pour cela, il va utiliser l'artefact et se transformer en Papillon capable de transformer des personnes ressentant des émotions négatives en monstres semant le chaos dans Paris. Ce chaos pousse le gardien des Miraculous à confier la tâche de sauver Paris à de jeunes héros à travers d'étranges créatures appelées les kwamis. Marinette va donc se transformer en Ladybug tandis que Adrien devient Chat Noir. Deux héros costumés ayant de réels pouvoir et qui devront affronter leur premier ennemi dans la cathédrale de Notre-Dame. Les débuts sont durs car ils vont devoir apprendre à collaborer malgré le scepticisme de Marinette quant à sa destinée d'héroïne. Les deux adolescents vont devoir gérer leur vie quotidienne et leur nouvelle identité secrète car Papillon n'aura de cesse que de vouloir récupérer leur Miraculous. En parallèle, Marinette développe des sentiments pour Adrien qui lui tombe amoureux de Ladybug...

Pour ce qui est de son scénario, Miraculous - Le film est une adaptation fidèle de la série animée. D'une part car les débuts de Marinette et d'Adrien en tant que super-héros avaient déjà été racontés dans un double-épisode de la saison 1. A ce titre, le film est une réécriture des origines Ladybug et Chat Noir et est à prendre comme une version alternative de la série. Le film est très proche de la plupart des ses épisodes à savoir Papillon qui transforme des personnes en sorte de monstres malfaisants mettant le chaos dans Paris obligeant les deux jeunes héros sont chargés de résoudre la situation avec des affrontements assez acrobatiques tandis qu'ils sont un peu tourmentés par leurs sentiments amoureux. Si la série joue avec ses fans quant à la filiation entre Papillon et Chat Noir mais aussi entre cet amour impossible entre ses deux héros, le film à toutefois la bonne idée d'offrir de réelles conclusions. L'ensemble fonctionne donc grâce à un scénario efficace qui vise avant-tout le divertissement avec un nombre importants d'ennemis comme de scènes de combat et de chansons avec un final où les enjeux sont magnifiés comme il se doit. Les deux héros sont attachants et parfois touchants avec leur tourments intérieurs bien mis en avant. L'ensemble reste néanmoins très classique et surtout un peu trop naïf pour impliquer tous les publics. Le film souhaite parler de courage, du fait de croire en soi comme de s'impliquer quand le mal intervient. Le tout intégré dans la puissance du pouvoir de l'amour... Oui... On peut aussi regretter un épilogue un peu trop explicatif...

En tout cas, pour avoir accompagné de jeunes spectateurs assez fans de la série animée, le pari de Jeremy Zag est réussi car cela fonctionne parfaitement à leur yeux. Comme la sensation de se plonger dans un univers connu sur grand écran. Ceux connaissant par cœur la série verront que le film se concentre surtout sur ses jeunes héros et un peu moins sur leurs amis/camarades de classe qui servent surtout d'arrière-plan tandis que seuls Alya, Nino, Chloé et Sabrina sont de réels personnages secondaires. Autre aspect respectant complètement la série, la direction artistique. Elle mélange un aspect inspiré de la l'animation japonaise pour ce qui est du character design et une vision enchanteresse de la ville de Paris faîte de vieilles pierres, de couleurs chaudes et d'un ensoleillement perpétuel... On sent aussi que le film joue à fond la carte du Paris idéalisé faisant qu'il a parfois un aspect carte postale un peu trop prononcé. L'ensemble reste néanmoins coloré et agréable aux yeux comme l'est la série animée. On retrouve donc nos héros costumés accompagnés de leur mignonnes petites bestioles face à des ennemis dont l'apparence oscille entre le loufoque et le gentiment effrayant... Le film se veut aussi comique que la série mais l'humour fonctionnera surtout envers un jeune public que cela soit les vannes de nos héros ou les flatulences du kwami d'Adrien... La réelle nouveauté du film est son aspect comédie musicale qui le rapproche assez d'un Disney en ce qui concerne la fréquence des chansons comme leur utilisation dans le film. On a le droit à la balade de Marinette dans Paris pour introduire le personnage façon La Belle et la Bête ou encore sa libération mentale à la manière de La Reine des Neiges... Le pari était risqué et il n'est malheureusement pas totalement réussi. Les musiques reprenant le générique iconique de la série sont celles qui fonctionnent le mieux mais globalement cela reste de la chansonnette assez plate manquant cruellement de personnalité.

Jeremy Zag n'aura donc pas complètement réussi ses paris au niveau des chansons malgré un scénario efficace. En ce qui concerne la production, on peut néanmoins voir que Miraculous a réellement été pensé pour le cinéma et les améliorations vis à vis de la série sont bien palpables. L'animation mélangeant inspiration japonaise et le Pixar des années 2000 offre un résultat très satisfaisant. Les héros se battent avec une grande fluidité offrant quelques scènes épiques dans la veine des récits de super-héros. Les attaques des monstres ont un réel impact sur Paris démontrant que la production a vraiment voulu se surpasser par rapport aux aventures de nos héros sur petit écran. Que cela soit la créature à Notre-Dame ou une fête foraine attaquée, les combats sont épiques et transforment Paris en véritable lieu de bataille. Bref, l'ambition est réelle et le résultat complètement satisfaisant. Juste d'un point de vue technique, on sent encore une fois qu'une production seulement française ne peut encore rivaliser avec le haut du pavé américain que sont Disney, Pixar ou DreamWorks... La réalisation de Jeremy Zag est pour sa part très efficace dotée d'un montage dynamique qui encore une fois reste dans la lignée des films de super-héros ou des dessins animées musicaux Disney. La mise en scène fait correctement cohabiter le spectaculaire et l'intime avec de l'action toujours bien lisible comme quelques bonnes trouvailles visuelles. Autre bon point, le casting vocal du film reste le même que celui de la série avec les performances toujours aussi bonnes de Anouck Hautbois et Benjamin Bollen pour les personnages principaux remplacés par des chanteurs durant les morceaux musicaux. Le reste du casting comprenant des professionnels du doublage est au diapason.


On vous le conseille si vous aimez Miraculous : Les Aventures de Ladybug et Chat Noir, Les Nouveaux Héros, La Reine des Neiges...