Critique Daffy et Porky sauvent le monde [2025]

Avis critique rédigé par Bastien L. le jeudi 20 février 2025 à 09h00

L'invasion des profanateurs de zygomatiques

Critique de la version française

Début 2025, les Looney Tunes semblent appartenir au passé d'où la surprise de retrouver ces personnages cultes au cinéma via deux de leurs représentants avec Daffy et Porky sauvent le monde.

Sans revenir à leurs origines, les Looney Tunes évoque pour les adultes plus de vieux souvenirs que des nouveaux à travers des personnages comme Bugs Bunny, Pépé le Putois, Marvin le Martien, Taz ou encore Bibi Bip et Coyote. Toute une galerie de personnages stars de cours-métrages d'animation depuis les années 1930 et héros de nos dimanches soirs avec Ça Cartoon. Des héros qui eurent plusieurs fois les honneurs du cinéma avec généralement un mélange entre animation et prises de vue réelles comme Space Jam (1996) ou Les Looney Tunes passent à l'action (2003)... Une licence qui reste un des joyaux les plus anciens de Warner Bros., parfois encombrant (voir le sort réservé à Coyote vs. Acme...) mais toujours bien vivant en témoigne la récente série animée Looney Tunes Cartooons (2020-2024). C'est de cette série qu'est née le film autour de Daffy Duck et Porky Pig puisqu'on y retrouve une des têtes pensantes au scénario, à la production comme à la réalisation : Peter Browngardt. Cela fait près de 20 ans que l'Américain travaille pour l'industrie de l'animation américaine quand il se voit proposer le projet par Warner Bros. Animation, producteur du film. Un projet modeste (autour de 15 millions de dollars) qui fut principalement animé par deux studios au Canada (Tonic DNA) et aux Philippines (Snipple Animation) avec un style traditionnel (ou « 2D ») acompagné de quelques effets numériques néanmoins. Le film sort chez nous en février 2025 (distribué par Le Pacte) soit un mois avant sa sortie américaine.

Le film se concentre sur les deux frères adoptifs Daffy Duck et Porky Pig qui ont été élevés par Jim le fermier. Si Porky est plus posé et raisonnable, Daffy s'avère un déclencheur de chaos ambulant. Une fois Jim parti, les deux frères sont seuls dans la maison qui leur a été léguée, deux adultes peu adaptés à la vie en société. Leur maison est une sorte de désastre sur poutres et doit passer une inspection pour savoir si elle est encore aux normes. Si nos deux héros s'échinent à la rendre présentable, ils n'ont malheureusement pas vu l'énorme trou dans leur toiture. Il se voit donc signifier la réparation sous 10 jours du toit sinon leur maison sera démolie. Malgré l'étrange matière verdâtre trouvée sur le toit, nos héros ne savent pas que le trou provient d'un objet extra-terrestre. Seul un astronome l'a vu et s'est rendu au site du crash puis a été possédé par un envahisseur apparemment belliqueux. En parallèle, Daffy et Porky n'arrivent pas à garder un job leur permettant de payer pour leur toiture. Alors qu'ils ruminent dans un diner, ils font la connaissance de la cochonne saveurologue Petunia qui est employée dans l'immense usine de chewing-gums de leur ville. Elle les encourage à venir y travailler ce qu'ils font avec succès. Néanmoins, Daffy aperçoit l'astronome qui se déplace avec la matière verdâtre qu'il déverse dans la cuve à chewing-gums qui sont ensuite livrés dans toute la ville. Daffy se rend rapidement compte que les chewing-gums prennent le contrôle de leur mangeur et veulent se multiplier tels des zombies. Le problème c'est qu'il est le seul à être au courant de cette invasion et n'est pas le témoin le plus crédible qui soit...

Daffy et Porky sauvent le monde est un film qui a le regard résolument tourné vers le passé. D'abord en redonnant vie sur grand écran à des personnages tels que Daffy Duck et Porky Pig mais aussi en prenant le pari de l'animation traditionnelle tout en offrant un scénario parodiant des grandes classiques du cinéma de SF des années 1950-1960 (on pense à L'invasion des profanateurs de sépultures ou les premiers films de zombies) comme des films catastrophes spatiaux des années 1990. Cela donne une œuvre ayant un scénario très référencé (sans que ces références soient pesantes toutefois) et qui développe un charme assez désuet comme le sentiment de voir un métrage assez anachronique pour 2025. Mais cela fonctionne globalement car les personnages sont attachants, le rythme est bien présent avec des péripéties qui s'enchaînent avec beaucoup d'humour. Un humour qui rend parfaitement hommage à l'héritage des Looney Tunes avec de l'absurde, de la violence cartoon comme des dialogues bien sentis. Le problème du scénario est qu'il est bien trop trop classique dans sa construction et qu'il a du mal à gérer les différentes surprises qu'il met sur son chemin. Certes le film est absurde et se veut avant-tout comique et parodique. Mais l'absurde est aussi un bon moyen pour les scénaristes de masquer de nombreuses facilités. Dire qu'ils sont 11 scénaristes derrières le projet... Comme si chacun avait mis son grain de sel et que Peter Browngardt a du en proposer un résultat potable. On apprécie néanmoins cette aventure bon enfant qui prône l'acceptation des qualités et défauts de sa famille comme de ses amis pour enfin avancer et réussir que cela soit sentimentalement, professionnellement ou pour sauver le monde d'une invasion alien.

On va se mettre d'accord sur une chose : Daffy et Porky sauvent le monde est le divertissement idéal pour tous les parents fréquentant ce site et voulant partager leur passion de la SF avec leurs enfants. Un film familial d'invasion extra-terrestre avec supplément zombie on ne voit pas ça tous les jours. Cette ambiance est ici bien respectée avec le premier infecté qui crée un effet domino, le lanceur d'alerte jugé fou ou le retranchement des non-infectés qui vont finalement contre-attaquer. Cela fonctionne bien jusqu'au dernier tiers de l'aventure qui part plus dans l'absurde (du moins bien plus que le reste du récit) en proposant un twist peu convaincant. Au moins le film assume pleinement sa folie et n'essaye pas de constamment arrondir les angles avec des héros qui ont réellement peur, des blagues en dessous de la ceinture (Daffy a vraiment du mal à contrôler son popotin...) et un petit aspect body horror à base de chewing-gums. Malgré cette ambiance SF/horreur, le spectacle reste tout public et avant-tout drôle car la direction artistique offre des ennemis roses chewing-gum sans jamais se montrer inquiétante. Une DA qui renvoie indéniablement à l'idée qu'on se fait des Looney Tunes que ce soit l'aspect des personnages, des créatures comme décors ou des animaux anthropomorphes s'insèrent parfaitement dans celui des humains. Certes il n'y a pas de grandes prises de risque d'un point de vue visuel (sauf certains passages en musique) mais l'ensemble reste attachant.

Avec un tel budget, il ne faut pas s'attendre à ce que le film puisse concurrencer ce qui se fait de mieux d'un point de vue animation américaine, japonaise et même européenne. Pourtant Daffy et Porky sauvent le monde s'en sort bien. L'ensemble est bien fluide en respectant les codes des Looney Tunes avec quelques passages plus ambitieux notamment lors des nombreuses scènes d'action. Mais encore une fois, cela reste très conventionnel sans jamais vraiment nous impressionner. On reste quand même loin des grands classiques Disney des années 1990 ou le travail des studios Ghibli pour citer des sommets de l'animation traditionnelle. Le métrage inclut toutefois des passages en images de synthèses qui sont intégrés au sein du métrage de manière assez convaincante malgré quelques passages qui le sont moins. L'animation est donc de qualité, avec quelques bonnes idées mais qui ne va jamais nous impressionner réellement. Un peu comme la mise en scène de Peter Browngardt qui respecte comme il faut les codes des vieux cartoons Looney Tunes mais aussi la grammaire des films d'horreurs (dont ceux de zombies) des années 50-60. Il impose un véritable rythme à son récit que cela soit dans l'action comme dans l'humour avec un cinéaste qui assume pleinement de faire un cartoon sans pour autant jamais nous donner l'impression de regarder un série animée sur grand écran. Du solide. Pour ce qui est des voix françaises, elles sont confiées à des spécialistes du doublage et cela fonctionne bien que ce soit la folie de Daffy (Emmanuel Gajiro) ou le bégaiement de Porky (Michel Mella).

On vous le conseille si vous aimez L'invasion des profanateurs de sépultures, Space Jam, Ça Cartoon...

La conclusion de à propos du Film d'animation : Daffy et Porky sauvent le monde [2025]

Auteur Bastien L.
68

Daffy et Porkey sauvent le monde est un divertissement familial plaisant qui semble venir d'un autre temps avec son animation traditionnelle, ses personnages presque centenaires et sa parodie de vieux films de science-fiction comme d'horreur. Il en résulte une sorte de série B animée qui assume ses références comme son humour protéiforme souvent absurde. L'ensemble est correctement exécuté (avec un bémol pour le scénario) mais manque clairement d'un supplément d'âme comme d'ambition pour en faire un incontournable.

On a aimé

  • Un récit divertissant et bien rythmé à l'humour efficace
  • L'ambiance parodie de vieux films SF/horreur
  • L'animation traditionnelle américaine n'est pas morte

On a moins bien aimé

  • Un scénario misant trop sur l'absurde
  • Cela met un peu de temps à démarrer
  • L'impression constante qu'il manque quelque chose pour que ça décolle
  •  

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