Critique Society [1989]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le dimanche 22 janvier 2006 à 11h38
Welcome to the freak show !
Society raconte, en première lecture, l’histoire d’un jeune homme qui découvre de honteux et répugnants secrets cachés sous les bonnes manières de Beverly Hills. Mais, en grattant un peu dans cet abject déballage de séquences bien dégueux, le spectateur persévérant y trouve sans trop de difficulté une critique assez acide de la société contemporaine et de la lutte des classes…
Society est tout d’abord le premier essai d’un homme génial, inspiré et souvent complètement barge, Brian Yuzna. Né au Philippines, chirurgien dentiste durant de longues années au Brésil, Yuzna arrive tard dans un milieu qui lui est cher, le cinéma fantastique, investissant son argent et ses idées dans des productions remarquées comme Re-animator ou From Beyond. Un beau jour, doté d’une idée assez originale, il quitte la chaise de son bureau pour s’installer dans celle du réalisateur, et le monde du bis ne s’en est toujours pas remis…
Car Society est un véritable feu d’artifice de perversion dégoulinante, de libido exacerbée et d’immoralité. Lorsque le jeune Bill Withney découvre que ses parents essayent d’entraîner sa sœur dans une partouze, on assiste et on participe véritablement à une véritable descende aux Enfers, une plongée hallucinante dans la débauche et la pornographie. Dans ce film, Yuzna – comme une sorte de Lovecraft libidineux - assimile la haute société à un cercle privé perverti et sectaire ou le droit d’entrée ne s’accompagne que par une véritable fusion des chairs, une assimilation par mutation et où les corps se fondent, se mélangent et se réorganisent d’une manière véritablement sexuelle et orgiaque. Au sein de cette véritable caricature de la société, les organismes les plus faibles servent de fluide vital, de réserve d’énergie, aux classes dirigeantes. Elles ne sont la que pour être digérés et assimilés, et à l’occasion servent pour les plaisirs purement charnels.
Pour appuyer ses effets, Yuzna s’est adressé à un spécialiste, le japonais Screaming Mad George. Un génie du maquillage qui a déjà travaillé avec Yuzna et qui est un des techniciens comptant parmi les plus cotés d’Hollywood. Et le résultat de son travail est exceptionnel. On ne peut le cataloguer vraiment comme gore, mais il est littéralement dégoûtant, notamment lors de la gigantesque partouze finale, qui retourne vraiment l’estomac. L’imagination débordante et perverse des deux énergumènes n’a alors pas d’autres équivalences que leur sens de l’humour noir, un mariage qui permet à Society d’offrir au spectateur des monstres plus délirants les uns que les autres.
Cependant, avant d’arriver à cette dernière demi-heure apocalyptique, le spectateur doit assister à une très lente montée en puissance, avec ses longueurs, ses scènes inutiles et maladroites, qui orientent Society dans la gamme des sitcoms à deux balles dans le pur style Santa Barbara. Si l’on arrive à comprendre les objectifs de Yuzna, qui est de nous faire ressentir l’infructueuse tentative de conversion de Billy – par des séances de psychothérapie – puis sa mise à l’écart, il faut admettre que la mise en scène semble souvent bâclé et que le montage, négligé par un cinéaste peu consciencieux, est plus que primaire. Ce manque de maturité cinématographique est le véritable défaut du film, qui tourne en avantage dans la dernière partie, le cinéaste se lâchant complètement.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Society [1989]
Métaphore exubérante et potache, farce dégoûtante, brûlot social, série B ennuyeuse et mal réalisée, Society est un peu de tout cela. Et c’est ce qui fait son originalité. Résultat bon enfant des deux trublions du cinéma fantastique que sont Screaming Mad George et Brian Yuzna, ce film restera de toute façon dans les annales pour son final hallucinant avec cette ‘’réception’’ chez le juge Carter.
On a aimé
- Scénario intelligent
- Effets spéciaux anthologiques
- Humour noir très grinçant
- Dernière demi-heure paroxysmique
On a moins bien aimé
- Des longueurs dans la première heure
- Réalisation parfois négligée
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