Critique Dinocrocodile : la créature du lac [2004]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 24 mars 2006 à 08h07
L’attaque du croco mutant
Les savants fous ont encore frappé. Décidemment incorrigibles. C’est à chaque fois la même chose, des irresponsables, grassement financés par des entrepreneurs encore plus immatures qu’eux, foutent un bordel pas possible en désirant encore une fois sauver le monde de la famine, des marées noires, du cancer, du SIDA, ou de Francis Lalanne, pour les plus téméraires.
Cette fois-ci, dans Dinocrocodile – un titre franchement génial -, c’est les scientifiques d’un laboratoire de génétique qui mettent la chaîne de l’évolution sans dessus dessous. Voulant bien entendu encore bien faire, ces incurables afficionados du Petit Chimiste et de Docteur Maboul visent à accélérer le processus de croissance des animaux, afin de les amener plus rapidement dans leur phase productrice. Il ressortent à l’occasion le vieux projet du docteur Matt Hastings, une expérience qui, dans les années 50, avait déjà abouti à une véritable catastrophe, avec cette araignée géante qui ravagea la petite ville de Désert Rock (Tarantula, Jack Arnold, 1955).
- Les vaches grandiront plus vite et donneront alors plus rapidement du lait, déclare à l’occasion d’une pub la chef de projet, emballée comme pas possible. Et les bœufs aussi'', ajoute t‘elle ensuite d’un air enjôlé. Euh, j’avoue, sur le coup, être resté perplexe.
Comme ces dingues ne font pas les choses à moitié, ils tentent leurs expériences non pas sur des lapins, des souris, des ch’tit singes ou des sosies de Rick Moranis – quelque chose de faible quoi, on ne sait jamais… la preuve plus loin – mais sur des bébés crocodiles. Probablement, qu’adulte, la maman croco donne un max de lait, entre deux bouchées de chair humaine. Peut-être bien.
Ceci étant, la garde de ces deux cobayes à joyeuse dentition est confiée à une idiote qui, lorsqu’elle se rend compte que les bébés éprouvettes se mettent sur la gueule, ne trouve comme unique solution que de pénétrer dans la couveuse – un nid de paille -, après avoir vainement tapoté son moniteur d’ordinateur qu’elle pense équipé d’un système tactile. On devine alors qu’elle n’a jamais travaillé pour ce radin de Roger Corman, c’est déjà pas mal si elle dispose d’un modèle LCD.
Elle s’aventure alors dans ce nid de haine avec comme seule arme un gadget d’autodéfense – rhhaa, j’en voient qui sourient, défense pas défonce, tsss – qui consiste en ces petits machins électriques qui font bzzz bzzz. Hum, bref… On se doute bien que l’animal mutant, car il mute en plus de grandir, va passer outre cette piteuse protection et croquer la belle laborantine. Ce qu’il fait. On est très déçu de voir peu de chose, le drame étant aperçu au travers de caméra de surveillances que Corman a récupéré sur les équipements des Predator, ou dans les surplus de l’armée datant de la guerre de Corée. On se rend compte ainsi que les capteurs de chaleur, c’est pas terrible pour les plans gores.
Bref, après ce meurtre, le crocodile mutant s’échappe et se réfugie dans un marais, en attendant des proies éventuelles. Bien entendu, cela ne va pas traîné avec, en guise d’apéritif, un employé des labos qui voulait attirer la bête, qui a grandi d’au moins 50 mètres en une nuit, avec un chien à trois pattes – si, si -, mais vachement malin. Parce que ce dernier, au moins, il en réchappe, alors que le quidam ne laisse comme souvenir à sa famille que des chaussures desquels émergent des moignons de cheville et deux bas de pantalon en tergal.
C’est alors qu’interviennent les héros. Car, bien sur il y en a. Il y a tout d’abord le shérif, débonnaire et volontaire, puis vient sa fille, adjointe à la récupération des animaux – la fourrière quoi -, un peu potiche mais doté de goûts vestimentaires attrayants, et son copain, un artiste forgeron au regard de chien battu. Puis arrive Crocodaïle Dundee, enfin la version chippendale du célèbre chasseur de sauriens, au sourire Pepsodent et la mise en pli parfaite, qui met moins de 48 heures pour parcourir la distance entre son feu de camp du bush australien et ce bled perdu des States. Un étrange personnage que ce chasseur, notamment lorsqu’il décide de mettre un chapeau par-dessus son bonnet, et qui est en fait engagé par les laboratoires pour récupérer discrètement la bestiole fugitive.
Pendant ce temps, dans les marais. - Pff, on a même pas réussi à tuer une biche,'' déclare à son pote un chasseur, tout en pataugeant dans la boue. C’est sur qu’en ces lieux, ils auraient plus de chance de trouver des crapauds. Les deux crétins qui ne sont probablement pas abonnés à une chaîne Nature sur le Cable sont alors punis de leur ignorance par le Dinoooccrrocôôoo – prononcez-le en chantant, c’est très drôle – qui a sacrément grandi et qui ressemble dorénavant à un tyrannosaure qui aurait pris un coup de mandale de King Kong sur la gueule. Une caractéristique qui lui donne un air ahuri, avec un sourire permanent.
Mais la faim de ladite bestiole n’est pas encore assagie. Elle bouffe ensuite le vélo du p’tit frère du forgeron, puis carrément le p’tit frère dans une scène extraordinaire qui nous laisse sur le cul, tant elle est surprenante, et décide finalement de passer par des canaux pour aller se dégourdir les pattes et les crocs dans le lac voisin, qui bien entendu sert de station balnéaire. On se rend alors compte de son admiration pour un fameux squale, car Dinoooccrrocôôoo entreprend de dévorer les baigneurs avec la même application que lui, à travers de magnifiques images de synthèse réalisées probablement sur le dernier ordinateur à la mode… en Ouzbékistan.
Les héros déboulent alors sur le lac, équipé du nec plus ultra pour la chasse au canard, avec en prime des seringues hypodermiques. Des seringues à l’efficacité testées d’ailleurs par le forgeron lorsqu’il s’en plante une dans la main et qu’il s’endort comme un ivrogne. N’écoutant que son courage, Crocodaïle plonge pour affronter le monstre comme un homme, un vrai, et arrive à lui enlever un écaille. Heureusement, le monstre, ayant probablement effectué son quota syndical de boulot pour la journée, se barre en laissant son adversaire con comme un balai, le manche de son couteau toujours dans la main. - Il m’a cassé mon couteau'', se plaint Crocodaïl. Tant que ce n’est pas autre chose, mon gars.
La battue organisée par les autorités ne donne rien, hormis une dizaine de kebabs supplémentaires pour satisfaire les appétits du monstre. On décide alors de changer de tactique et de piéger l’animal, pour ensuite le gazer. C’est un tunnel qui est choisit pour servir de nasse. Un fort moment dramatique arrive alors lorsque le Shérif choisit comme appât les chiens de sa fille, qui le prend très mal. Il s’en suit alors une scène d’une intensité émotionnelle poignante : - Tu ne peux pas faire ça, pas mes chiens, gémit-elle. - Il le faut ma fille, répond le père, volontaire... Et il enferme l’âme sensible et l’artiste dans une bagnole.
La nuit survient et Dinoooccrrocôôoo aussi, attiré par des chickens jetés à l’eau par un policier pue motivé. On le comprend. Surtout lorsque la bestiasse surgit de l’eau pour essayer de le croquer et qu’à l’autre bout de la radio, le shériff lui dit : - Attire le vers la rive.’’ Facile à dire.
Ben, figurez-vous le brave flic y arrive ! Le monstre arrive alors en plein cirque, car la défenseuse des animaux à réussi à se libérer de ses entraves, grâce à une performance gymnique qui nous fait vraiment regretter que la scène de baise de la nuit précédente n’est pas été plus explicite, et entreprend à cet instant même de libérer les cabots. Ca coure alors dans tous les sens, et on y comprend plus grand-chose, sauf que le pauvre animal aussi déboussolé que nous finit dans le piège. Et il subit alors la dure vérité de l’exécution par le gaz.
Puis vient une outro prévisible. La responsable des laboratoires génétiques arrivent alors pour profiter de la situation, avec cameraman et perchman, et elle va s’enfermer avec la bête, présumée morte. Probablement réveillé par le parfum enivrant de la scientifique, ou bien dérangé par l’ineptie de ses propos, Dinoooccrrocôôoo grogne un coup puis la bouffe avant de sortir de cette nasse trop mal fréquentée à son goût. Il décide alors de fuir la région et ce tournage en essayant de monter dans un train en marche. Malheureusement, il va apprendre que les contrôleurs des chemins de fer sont impitoyables envers les fraudeurs, même s’il s’agit de touristes…
La conclusion de Nicolas L. à propos du Téléfilm : Dinocrocodile : la créature du lac [2004]
La musique grandiloquente, pompée sur du Wagner, est complètement inadaptée, les effets spéciaux sont primaires et le scénario est éculé et dramatiquement prévisible. L’absence de suspense est totale, l’interprétation insipide – malgré les présences de Charles Napier et de Joanna Pacula -, et l’horreur aux abonnés absents. Reste que ce film est hilarant et parfois surprenant dans son traitement, avec quelques séquences inattendues – notamment de la mort de l’enfant – et d’autres si stupides qu’elles en deviennent irrésistibles. Un sacré nanar, je vous le dit
On a aimé
- L’humour involontaire
- Réalisation correcte.
On a moins bien aimé
- Scénario éculé et prévisible
- Interprétation fade
- Effets spéciaux médiocres
- Musique complètement incongrue.
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