Critique Le chaînon manquant [1980]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 2 janvier 2008 à 14h48

Oh aime terre, Oh aime ciel, Oh aime arbre !

Malgré la quasi absence d’estime publique - et surtout critique - générée par Blanche Neige, la suite, lors de sa courte carrière sur les écrans de cinéma, la sortie de ce film a au moins servi à une chose : la réintroduction de Picha, son créateur, dans le courant de l‘actualité. Aujourd’hui sexagénaire, cet ancien illustrateur d’Hara Kiri, artiste complètement déjanté et potache, sorte de Ralph Bakshi franchouillard, mérite certainement d’être mieux connu mais il faut dire que depuis vingt ans, le belge n’avait plus trop fait parlé de lui. Depuis, en fait, le dernier volet de son fameux triptyque rigolard et cochon, trois métrages d’animation que sont Tarzoon, le Chaînon manquant et le Big-Bang. D’ailleurs, de ces trois films, le meilleur est, à mon humble avis, le second…. et cela tombe bien car c’est de celui-ci que je vais vous entretenir. Le Chaînon Manquant raconte l’histoire épique de Oh, dernier rejeton du chef d’une tribu de « bidules » des cavernes qui le rejette pour défaut « d’anormalité ». Lâché dans la nature sauvage de l’an 196303 avant J.C., sa survie semble alors bien compromise, mais il a la chance de rencontrer un jeune brontosaure solitaire - lui aussi écarté du troupeau pour être né dans un œuf en forme de cacahuète - et ce colossal tas de viande devient alors son ami d’infortune, mais aussi son protecteur. En compagnie de ce dinosaure nommé Igua, Oh va donc grandir… et s’apercevoir qu’il possède des capacités d’adaptation bien étranges. En effet, Oh peut se tenir debout sur ses deux membres inférieurs, Oh peut fabriquer des objets, Oh peut faire du feu… bref, Oh est un homme ! Une révélation d’importance car elle va complètement bouleverser sa philosophie de vie : Oh se décide à faire bénéficier ses semblables de toute la somme de ses découvertes et il part alors en quête de sa tribu perdue.

En fait, en guise de quête héroïque, Picha nous offre une aventure loufoque au cours de laquelle cet homme nouveau (tous ses congénères ne sont que d’odieux monstres aux postures ridicules) rencontre toutes sortes de créatures complètement stupides, dotées souvent de morphologies absurdes ; animaux à une seule patte, oiseau avec un bec sur le cul, crocodiles à mâchoires désaxées, etc. Bref, que des espèces (erreurs, ou plutôt égarements de la nature ?) dont on comprend aisément la rapide disparition tant leur quête de nourriture quotidienne ou leur survie en milieu hostile se révèle un véritable chemin de croix. Parmi ces êtres improbables, Oh ! va cependant y trouver des compagnons de route, des amis, voire même des amantes passionnées. De Croak le ptérodactyle (un vantard invétéré qui va faire en quelque sorte office de mentor) au dragon qui pète du feu, en passant par la féline en chaleur, le lapin niqueur et la tribu des Gros Cons, tous ont un point commun : ils sont très drôles - et parfois même accompagnés d’un traitement assez pertinent qui s’aventure dans la critique sociale, laissant transparaître un inattendu second niveau de lecture.

De plus, à part les Gros Cons qui s’obstinent à bosser sans trop savoir pourquoi, tous ont la même obsession : ils ne pensent qu’à forniquer. Par conséquent, le Chaînon Manquant est un véritable lupanar préhistorique, avec des gags (souvent vraiment réussi comme quand un stégosaure male qui se retrouve coupé en deux pour avoir voulu honorer en levrette une congénère) qui se déroulent la plupart du temps en dessous de la ceinture. Notons cependant que des trois films de la période, celui-ci est le plus sobre dans le domaine du sexe explicite et de l’obscène, ce qui fait que même les jeunes adolescents ne seront guère choqués par la vision de ce festival de baise presque ininterrompu. Au niveau de la réalisation, le film, très épuré au niveau des décors et des figurations d’arrière champ, accuse un peu son age. A l’ère du numérique, une telle sobriété dans le dessin contribue à générer une impression de misère artistique, et cela bien que l’animation soit excellente ! Heureusement, l’humoristique trait de Picha rend les protagonistes principaux – surtout Oh – éminemment sympathiques et on oublie assez facilement ces aspects esthétiques pour se focaliser et se régaler d’une narration très agréable appuyée par une bande originale rock de grande qualité.

La conclusion de à propos du Film d'animation : Le chaînon manquant [1980]

Auteur Nicolas L.
70

Le Chaînon manquant est un dessin animé pour adulte très divertissant, à la condition que le spectateur apprécie l’humour potache et la blague grasse. Techniquement daté, avec son style très épuré, le film peut paraître aujourd’hui un peu trop démodé. Cet aspect est en fait son seul gros handicap, et si l’amateur des National Lampoon et des films d’Abraham-Zucker parvient à le surmonter, nul doute qu’il passera un excellent moment de franche rigolade… comme moi !

On a aimé

  • Si vous aimez l’humour potache, vous allez être servi Des personnages très sympathiques et très drôles Un fond de critique sociale Une excellente bande originale

On a moins bien aimé

  • Techniquement daté Ne convient pas à tous les publics

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