Critique Passé virtuel [1999]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 8 janvier 2008 à 15h54
Ame en transit temporel….
Alors qu’il revient d’un voyage virtuel dans un monde fantasmé calqué sur l’Amérique des années 30, le professeur Fuller est assassiné. La police en vient rapidement à soupçonner son collègue, le jeune professeur Douglas Hall, d’autant plus que des témoins affirment l’avoir aperçu sur les lieux du crime.
Affirmant son innocence, Douglas décide alors de mener sa propre enquête. Il va recevoir l’aide inattendue de la jolie Jane, qui se prétend la fille du professeur Fuller.
Avant ce Passé Virtuel, celui du cinéaste allemand Josef Rusnak est assez obscur. Assistant –réalisateur de Roland Emmerich sur le Godzilla de 1998 (celui avec Jean Reno accroc au café, vous vous en souvenez ?), il doit probablement à son compatriote la possibilité de mettre en image un scénario qu’il a adapté lui-même du roman D.F. Galouye, de Simulacron-3.
Spécialiste du thriller teuton et de la fiction policière, Josef Rusnak construit alors une sorte de mille-feuilles filmique sur lequel s’empilent de manière très ordonnée des éléments de réalité virtuelle, de philosophie théologique et de film noir. En effet, comme Alex Proyas avec son Dark City (lui-même déjà inspiré par le Blade Runner de Ridley Scott), le cinéaste choisit de centrer sa narration au cœur d’un univers sombre aux accents hard-boiled. La période des années trente, avec ses secrets, sa prohibition, ses femmes fatales et ses perversions, est en effet le lieu idéal pour créer dans l’esprit du spectateur une excitante sensation de dangereuse sensualité. C’est d’ailleurs en cet univers virtuel que le apparemment sage professeur Fuller dévoile ses penchants pour les plaisirs de la chair.
Ce qui est intéressant, ce que cet aspect de ‘’voyage’’ temporel ludique n’est en fait que la partie émergée de cet iceberg narratif qu’est le script de Passé Virtuel. Le spectateur, par différents indices (comme Jane Fuller, qui présente au cœur des années 2000 un look rouge baisé et coiffure sophistiquée fortement daté « années folles »,), se doutent bien que derrière cette simple expérience ludique se cache quelque chose de bien plus complexe mais il lui est difficile de cerner la vérité avant le dernier tiers du film (et encore, faut-il qu’il soit habitué aux récits de faux-semblants comme ceux de Dark City ou de Sixième Sens). Ainsi, malgré quelques incohérences inhérentes au genre, Josef Rusnak parvient plutôt bien à nous mener là ou il veut, dans un univers un peu dépressif à l’atmosphère étouffante.
Plus maladroite est sa façon d’amorcer quelques questionnements philosophiques sur l’intégrité de l’âme humaine. Il pose ainsi de manière un peu trop abrupte la question : les créateurs de ces unités virtuelles doués de capacité de réflexion et d’émotion peuvent-ils être considérer comme des dieux ? Un questionnement « frankensteinien » peu argumenté et qui se traduit par les ficelles scénaristiques finalement les plus discutables, comme cette transition de « l’âme » de l’unité virtuelle dans celle de l’utilisateur quand cette unité se voit détruite volontairement ou accidentellement, emportant l’esprit de l’hôte dans le néant.
Du coté de la distribution, petit budget oblige, pas de grandes stars en haut de l’affiche. Craig Bierko, avec son air de faux détective des années 30 s’en sort très assez bien dans une interprétation où il doit mettre en valeur trois personnalités bien différentes. Dans le rôle de la femme fatale, on trouve une actrice peu connue, Gretchen Mol. Avec son physique très classique, elle est tout à fait à son avantage, elle sera d’ailleurs particulièrement remarquée quelques années plus tard dans un rôle assez proche, celle de la célèbre pin-up Bettie Page dans le biopic du même nom. Finalement, le comédien le plus reconnu est Vincent D’Onofrio, qui incarne deux rôle, celui de l’assistant de Douglas, et son alter ego, un serveur d’un grand hôtel des années 30 complètement barge.
Pour finir, parlons un peu de l’aspect technique. Signalons que les effets spéciaux sont plus que corrects. Ils concernent essentiellement la mise en forme d’une Amérique rétro, une nation jeune et pleine de fougue, hérissée de derricks et sillonnée de grandes avenues à peine achevées. A travers quelques plans assez furtifs, ils nous montrent aussi l’environnement portuaire d’une grande agglomération en 2024. Quand à la réalisation, si elle pêche un peu par un manque de rythme - à demi-voulu – elle a le mérite de se mettre totalement au service de l’histoire. On perd donc en moments d’excitation et de suspense ce que l’on gagne en fluidité dans le déroulement de l’intrigue. Pour être plus clair, on est plus proche du cinéma de Jules Dassin que de celui de Michael Bay.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Passé virtuel [1999]
Au regard de l’importance de son budget, de la réputation de son créateur et de la notoriété de son casting, Passé Virtuel est une bonne surprise. En effet, même si elle n’est guère trépidante, son histoire est très agréable à suivre et ne souffre que de peu d’incohérences. La réalisation de Josef Rusnak est certes très sobre mais absolument pas ennuyeuse, elle se consacre essentiellement à développer une intrigue construite sous forme d’un puzzle. En jouant de modestie, le cinéaste nous offre au final un spectacle intriguant et original.
On a aimé
- Un scénario bien écrit
- Une réalisation sobre, au service de l’histoire
- Une ambiance assez captivante
- Une interprétation de bonne facture
On a moins bien aimé
- Quelques incohérences mineures
- Développement philosophique un peu timoré
- Un manque de rythme qui peut prêter à l’ennui
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